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Critique de Lutopie


Et si on réunissait les contes de fées européens, toutes ces histoires et ces royaumes originellement séparés, en une seule et même histoire, on les réunirait où, au Royaume-Uni ? Nenni ! Ils s'exilent Outre-Atlantique, aux Etats-Unis où l'on retrouve les princes et les princesses, ces aristocrates déchus, dans les rues de New-York - un New-York underground - quelque peu sordide. de l'urban fantasy qui fonctionne à merveille, cool.

La communauté de Fabletown, c'est une ville dans la ville. Woodland.
Blanche-Neige règne dans les hautes sphères de la politique puisqu'elle est en charge du contrôle de Fabletown ; qu'elle canalise comme elle peut l'énergie débordante du personnel des contes qui risque fort de troubler l'ordre public. Il s'agit de cohabiter avec les habitants de New-York, the Mundanes, et il faut recourir à quelques subterfuges, il faut du Glamour, pour se fondre dans la masse. Une règle essentielle étant : "not reveal fable nature". Il faut que les personnages des contes gardent leurs secrets bien gardés pour ne pas perdre de leur charme ...

Sauf que voilà, le Prince Charmant, il ne peut pas s'empêcher de séduire, c'est sa nature de pervers narcissique. Il couche avec tout ce qui bouge, et s'enfuit au petit matin après avoir laissé un mot où il demande à sa nouvelle conquête de s'occuper de sa lessive et il signe : "your handome prince du jour" (en français dans le texte). Vive la séduction, ouais. On est très loin du monde merveilleux de Disney (qui raconte un peu n'importe quoi aux enfants). Et puis, n'oublions pas que les contes traitent la question sexuelle. Il s'agit d'un mariage et d'enfants à la fin. Il doit bien se passer quelque chose pour que les enfants apparaissent, parce que tout ne se fait pas par magie.
Dans la vraie vie, il arrive que les princes et les princesses divorcent, après.

"No more happily ever after" – "No more happening ever after".

Dans ce New-York sordide, Bigby, le sheriff de Fabletown, enquête sur la disparition de Rose Red (Bill Willingham m'a d'ailleurs rappelé son existence, je l'avais oublié celle-là, elle avait complètement disparu de mon esprit). Rose Red, c'est la soeur de Blanche-Neige, dans un autre conte de Grimm. Sauf que voilà, on découvre sa chambre ensanglantée, tapissée du sol au plafond. J'ai trouvé l'enquête bien menée et le personnage de Bigby est charismatique. On se croirait dans un James Ellroy. On enquête et j'imagine que cet aspect a bien plu à ceux qui ont repris ce comics pour le jeu vidéo : The Wolf Among Us.

Tout le monde se souvient du passé de Bigby. Certes, il s'appelle Bigby et non Big Bad Wolf mais tout de même, on oublie pas les violences perpétrées dans le passé. Blue Beard (qui est loin d'être innocent) le lui rappelle : "Most of us knew it was only a matter of time before you reverted to your old ways, Bigby. Nature cannot be denied". le cochon que Bigby héberge (parce qu'il a détruit sa maison), ne se prive pas de le lui rappeler, lui aussi. le cochon pratique le crash on my couch et Bigby lui propose du bacon au petit-déj. C'est trash comme humour, certes un peu violent, mais ça fonctionne bien, aussi. Les contes originels sont cruels et la cruauté fonctionne bien, ici aussi.

On a une certaine atmosphère, l'esprit des contes de fées avec une touche de subversion européenne et une touche de corruption américaine. Graphiquement, c'est très sympa ; et surtout, adapté au contenu. On dirait du Roy Lichtenstein pour ce qui est du dessin des personnages, du pop-art, ce qui modernise le personnel des contes qu'on retrouve dans les bureaux de New York ou dans des appartements plus ou moins miteux. Roy Lichtenstein ... le Liechtenstein, c'est aussi le pays d'un château de contes de fées et ça me plaît cette coïncidence par l'intermédiaire de l'art du réel et du merveilleux. Les décors sont réussis et les grands espaces fourmillent de détails, de multiples appels à l'imaginaire (parce qu'on s'amuse à retrouver les différentes références). J'ai même retrouvé Alice au pays des Merveilles au premier plan d'un feu de camp (elle semble extérieure à la scène, comme si elle ne devrait pas être là, et elle regarde fixement le lecteur, comme si elle avait quelque chose à dire).
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