Il s'agit du dernier tome et du dernier épisode de la série. Il constitue à la fois le tome 22 (en VO), 23 ou 25 en VF, de cette série, mais aussi l'épisode 150, initialement paru en 2015, écrits par
Bill Willingham comme tout le reste de la série depuis le premier numéro.
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- Farewell (histoire principale, 78 pages, dessins et encrage de
Bill Willingham, mise en couleurs de
Lee Loughridge) ' L'histoire est racontée par Ambrose Wolf qui l'écrit dans un futur plus ou moins lointain. Il évoque la suite du duel entre Prince Brandish et Lancelot. Il y a un combat de magie, le retour d'un personnage cru mort, un affrontement sans pitié entre 2 soeurs, et bien des choses encore.
Bill Willingham et
Mark Buckingham ont donné plusieurs interviews pour accompagner la parution de ce dernier épisode, pour bien préciser que s'ils ne s'interdisaient pas de revenir à cet univers, ils avaient la ferme intention de réaliser une rupture durable d'avec ces personnages. Cette première partie de ce dernier tome apporte une conclusion à l'intrigue principale et à de nombreuses intrigues secondaires. le scénariste a préparé cet arrêt de longue date, ayant déjà évoqué la fin de Fableville dans les épisodes 139 & 140 (tome 20). Il avait déjà commencé à raconter les dernières histoires d'un certain nombre de personnages dans le tome précédent. Dans l'épisode 134, 2 personnages décédés avaient tenu une conversation sur le thème du départ qui s'appliquait de manière manifeste à l'arrêt de la série un an plus tard.
Le lecteur retrouve avec plaisir les dessins de Buckingham pour une dernière fois.
Willingham découpe son récit en courts chapitres de 4 à 8 pages, passant en revue de nombreux personnages, avec des scènes de foule, comme des scènes intimistes. le dessinateur est impliqué à 100% avec des personnages magnifiques, des images immédiatement lisibles, empreintes de ces plis et replis, caractéristiques de son encrage. Outre le plaisir indéniable de contempler ces personnages devenus si proche du lecteur en 150 épisodes, il y a également celui lié aux différents lieux, ainsi que les structures de pages caractéristiques, avec leur bordure verticale.
En prime, la mise en couleurs de
Lee Loughridge est magnifique de bout en bout. Elle ressemble à de l'aquarelle, avec des teintes légèrement délavée pour donner un aspect intemporel aux images. Ces pages sont splendides de bout en bout, qu'il s'agisse de scènes d'action (un nouveau duel à l'épée), de scènes de destruction massive, de scènes de foules. le lecteur les apprécie d'autant plus qu'il sait que ce sont les dernières. Il n'y a effectivement pas d'équivalent dans les comics contemporains.
Le lecteur attentif (et avec une bonne mémoire) revoit donc passer de nombreux personnages de premier plan (le vieux Roi Cole, maire de Fableville) ou très secondaires (June Rodney, Junebug qui emménageaient à Fableville dans l'épisode 130).
Willingham recentre donc son récit sur les 2 soeurs, en incluant les enfants de Blanche Neige et Bigby. L'intrigue principale est résolue de manière entièrement satisfaisante, à la manière de ce scénariste (il suffit de se souvenir de la guerre contre l'Adversaire). Il ne se contente pas d'apporter une résolution en bonne et due forme, il envisage également une autre alternative en montrant en quoi elle aboutissait à une impasse, et était donc inenvisageable. Arrivé à la fin, le lecteur n'a qu'un regret, à savoir que l'intrigue secondaire relative à Camelot n'ait pas donné lieu à plus de développement.
Interrogé par un journaliste,
Bill Willingham a indiqué que de son point de vue le thème principal de la série, le fil conducteur fut celui de la famille. Mais il ajoute qu'il appartient à chaque lecteur de se forger sa propre opinion quant à l'interprétation qu'il fait de ces histoires. Il y a autant de lectures qu'il y a de lecteurs. Effectivement, le thème de la famille est présent de façon explicite ou sous-jacente tout au long de chaque histoire.
Il est possible de mettre en avant un autre thème encore plus évident : celui de la littérature de l'imaginaire.
Bill Willingham et les artistes qui l'ont accompagné ont mis en scène des personnages issus de fables, contes et légendes pour des histoires sans cesse renouvelées, sans aucun retour à un statu quo tiède et confortable. Enfin,
Bill Willingham a disséminé avec parcimonie quelques références littéraires, ce tome citant le poète
Ted Hughes (Edward
James Hughes, 17 août 1930 - 28 octobre 1998), et évoquant la célèbre maxime de Lord Acton sur le pouvoir absolu.
Le scénariste s'est parfois reposé sur une dichotomie Bien/Mal assez pratique en termes de dynamique d'intrigue, mais même les bons ont toujours conservé une part d'ombre, y compris dans les moments les plus basiques. Il a tenté à une deux reprises de s'aventurer dans des terrains politiques, avec une maladresse telle que le lecteur ne regrette pas qu'il n'ait pas persisté dans cette voie.
Le profil psychologique de chaque personnage n'était pas très fouillé, ni très complexe. Néanmoins le comportement de chaque personnage relevait de celui d'un adulte et pas d'un adolescent. Au fur et à mesure des crises à affronter, le lecteur a pu apprécier les valeurs de chaque personnage. de ce point de vue-là, ils étaient tous dotés de solides convictions, à commencer par le Prince Ambrose et sa ferme décision de refuser de s'aligner ou de compromettre ses valeurs.
Si cette série a pu durer autant de temps (depuis 2002 jusqu'en 2015), c'est à la fois parce ses créateurs ont refusé de faire du surplace, mais aussi parce qu'ils ne se sont pas reposés exclusivement sur le monstre du mois, ou le nouveau personnage recyclé à partir de contes et légendes oubliés. Ils ont su faire ressortir l'humanité des protagonistes, ainsi que leur fibre morale. À ce titre, ce dernier tome conclut la série dans la même tonalité. 5 étoiles.
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- Pour ce dernier tome,
Bill Willingham a fait les choses en grand et a inclus de nombreux autres récits pour être sûr d'avoir rassasié ses lecteurs. Il ne s'agit en rien de bouche-trous assemblés à la va-vite, mais plutôt d'éléments narratifs de nature diverse venant compléter le récit principal. Cela commence dès la couverture qui dispose de rabats intérieurs. Ainsi l'illustration de couverture correspond en fait à un dessin unique occupant l'équivalent de 3 pages, dans lequel Nimit Malavia a représenté 177 personnages, tous répertoriés et identifiés à l'intérieur pour que le lecteur les reconnaisse tous.
Après le récit principal illustré par
Mark Buckingham, viennent des histoires courtes de 1 à 6 pages qui ont pour thème la dernière histoire de tel ou tel personnage, de premier plan ou secondaire. Chaque histoire est dessinée par un artiste différent. Ils sont au nombre de 25, avec certains ayant déjà illustré un épisode de transition (comme
Niko Henrichon), d'autres des histoires courtes (comme Gene Ha), et même quelques artistes de la dernière heure (en particulier 6 pages dessinées par
Neal Adams pour la dernière histoire de Noël).
Steve Leialoha (l'encreur attitré de Buckingham sur la série) est également de la partie et dessine la dernière histoire de Boy Blue.
Non content de permettre au lecteur de voir un destin possible pour une multitude de personnages, il raconte également (en 1 page chacun ou presque) comment la prophétie relative aux enfants de blanche Neige et Bigby s'est accomplie. Il montre ce qu'il est advenu de Fableville après la dernière bataille racontée dans la première partie. Il a même inclus une page (dessinée par
Bryan Talbot) relative à la dernière histoire du personnage incarnant la Mort. Il y a une postface de 2 pages dont les 2 tiers rédigés par
Bill Willingham en guise d'adieu, l'autre tiers étant rédigé par
Mark Buckingham, 2 pages de scénario pour montrer à quoi ressemblent les documents envoyés par
Bill Willingham au dessinateur, et 2 pages de sketchs très succinctes de Buckingham, ainsi qu'un trombinoscope de tous les créateurs ayant participé à ce dernier épisode.
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- À la fin de ce tome, le lecteur est effectivement rassasié, satisfait que ces créateurs aient pu achever leur série dans d'excellentes conditions, mais avec un petit pincement au coeur en se disant que c'est fini, que cette série qui l'aura accompagnée pendant plusieurs années de sa vie n'est plus là.