Dans le tome 6 de Fables,
Jack Horner est banni à tout jamais de Fabletown. le présent recueil commence à cet exact moment et Jack est en train de faire de l'auto-stop sur une autoroute américaine avec pour bagage un attaché case contenant un million et cent mille quarante deux dollars. Il est rapidement pris en stop par un groupe de sacs plastiques menés par une jeune femme accorte et emmené dans un centre de détention pour Fables. Là il retrouve plusieurs Fables dont une bien connue des lecteurs de la série de
Bill Willingham. Et il ne lui faut pas longtemps pour organiser une évasion (presque) parfaite.
Attention, si vous êtes un fan de la série Fables, celle de Jack ne sera pas forcément votre tasse de thé. Cette série dérivée possède sa propre voix et n'est ni une copie à bas prix, ni un décalque. Cette première histoire aborde l'américanisation des contes européens. le méchant de l'intrigue est une caricature de
Walt Disney (1901-1966) qui s'est fixé comme objectif de rendre les contes inoffensifs en les abêtissant.
Willingham et Sturges utilisent cette métaphore pour pointer du doigt les versions dégénérées des contes européens réécrit pour se conformer aux critères politiquement corrects des dessins animés des studios Disney.
Jack Horner est un héros pourvu dans solide sens pratique mais d'une intelligence sélective. Les autres personnages de contes qui apparaissent ne sont pas tous à leur avantage (
Willingham ou Sturges doit avoir une dent contre
Alice au Pays des Merveilles). Jack possède une morale très élastique et est égocentrique à souhait. le concept de village de retraite forcée évoque le Village du Prisonnier sans tomber dans le plagiat. Et la fin de l'histoire indique clairement qu'il ne s'agissait que d'une situation de départ, et que le tome suivant se déroulera dans un autre endroit.
Les dessins de ce recueil (épisodes 1 à 5 de la série mensuelle) sont clairement son point faible. Ils sont loin de pouvoir prétendre rivaliser avec ceux de
Mark Buckingham et
Steve Leialoha. Ils sont agréables à regarder, ils illustrent efficacement l'intrigue, les décors sont assez précis pour que le lecteur puisse se projeter dans les lieux visiter et les personnages sont tous facilement identifiables. Mais les expressions des protagonistes sont moins fines, les décors sont moins élaborés, les postures des personnages sont plus communes. Ces épisodes bénéficient tout de même des magnifiques couvertures de
James Jean.
Cette histoire est agréable à lire, le ton est plus "poil à gratter" et acerbe que celui de Fables, les provocations sont plus directes (violence avec hémoglobine à gogo, nudité mais sans aller jusqu'à être frontale...), les personnages sont plus cyniques et la moralité est mise à mal. À la fin de ce volume, le lecteur a envie de savoir quelles seront les prochaines péripéties auxquelles Jack devra faire face.