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Jean-Pierre Pugi (Traducteur)
EAN : 9782290356906
924 pages
J'ai lu (29/03/2007)
3.39/5   101 notes
Résumé :
A l'hôpital Mercy General, la psychologue Joanna Lander s'est spécialisée dans les EMI, les expériences de mort imminente. Elle tente de rassembler les bribes d'éléments que ramènent ceux qui, pendant quelques minutes, sont passés de l'autre côté. Hélas, les sujets sont rarement assez lucides pour fournir des données fiables. Lorsqu'un brillant neurologue, le docteur Richard Wright, lui propose de travailler sur des EMI artificielles simulées par l'injection d'une d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Passage
Traduction : Jean-Pierre Pugi

ISBN : 9782290356906

Pavé de plus de neuf cents pages, en format poche, "Passage" souffre parfois de quelques longueurs. Mais la passion de l'auteur pour son sujet et le plaisir qu'elle prend à écrire, l'humour également dont elle saupoudre largement un thème plutôt difficile, que certains trouveront sinistre - le "passage" où se propulse l'esprit après que la dernière étincelle de vie ait quitté le corps - et l'optimisme avec lequel elle ne cesse d'envisager la question amènent le lecteur à l'esprit ouvert à se montrer plus qu'indulgent. Soulignons aussi qu'il s'agit ici de S. F. et qu'on ne rencontre ni spectre, ni zombi, ni cadavre en décomposition - vu le thème, on aurait pu.

Connie Willis part d'une idée très simple : dans un hôpital américain, une psychologue, Joanna Lander, travaille sur les expériences de mort imminente - EMI en abrégé. En termes plus clairs et moins effrayants, il s'agit de ces comas auxquels la science n'a toujours pas trouvé d'explication logique, qui voient le patient se transformer en légume pendant des semaines et même des années, et qui se terminent un beau jour par une espèce de résurrection, l'esprit et la parole revenant audit patient sans qu'il soit pour autant capable de raconter ce qu'il a vu, fait et dit pendant sa longue absence. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact : il arrive que le patient ait des souvenirs - comme le fameux "tunnel de lumière" qui, pour les cadors de la Science-Qui-Sait-Tout ne serait qu'une hallucination provoquée par le cerveau. D'autres, qui ont de l'imagination et n'ont pas oublié leur catéchisme, se rappellent avoir vu des anges et les êtres qu'ils avaient aimé mais qui les avaient quittés pour gagner l'Au-delà. Et puis, bien sûr, il y a ceux qui affirment avoir vu Dieu en personne mais à ceux-là, on réplique en général qu'ils ne sont pas les premiers et qu'il y en a d'autres qui l'ont vu avant eux et sans tomber pour ça dans le coma

Associée, faute de mieux, à Maurice Mandrake, lequel est si farouche partisan du "tunnel de lumière" qu'il cherche à influencer en ce sens tous les rescapés d'EMI lui tombant entre les pattes - il faut dire que, de ces expériences, réelles ou inventées, Mandrake tire un certain nombre d'articles et surtout de livres qui se vendent comme des petits pains - Joanna ronge son frein. Jusqu'à ce que le neurologue Richard Whright lui propose de travailler à ses côtés. Lui, son projet, c'est de provoquer des EMI sur un petit nombre de volontaires dûment triés sur le volet et d'aboutir à des résultats indubitablement sérieux et scientifiques. Wright bien sûr n'est pas croyant et, pour lui, après la mort physique, il n'y a plus rien. Joanna, pour sa part, veut bien se laisser convaincre - tout plutôt que les bondieuseries écoeurantes et sirupeuses de Mandrake et ses partisans - mais il lui faut des preuves et, pour les obtenir, elle est prête à payer de sa personne.

Tel est le point de départ de ce qui, sous l'apparence d'un récit S. F., se révèle une réflexion bien plus profonde qu'on pouvait s'y attendre sur la survie de l'esprit après la Mort. Willis ne tombe jamais dans le mélodrame : ce n'est pas dans son caractère. Comme elle se méfie des excès que représente dans son livre le personnage de Maurice Mandrake, elle ne recourt pas non plus au mysticisme, pas même à la spiritualité - ou alors, c'est très subtil . Au début, lorsque Joanna se retrouve elle aussi sur l'un des ponts d'un navire qu'elle imagine être le "Titanic", c'est par une impression de mystère qui, au fur et à mesure des expériences subies, se transforme en une angoisse assez glauque que le lecteur partage très vite, que la romancière accroche son public. Peu à peu, il devient pour Joanna quasi vital de trouver la solution de l'énigme posée par les EMI et, contrairement aux démarches respectives de Mandrake (dominée par l'intérêt financier et le désir de célébrité) et de Wright (il veut tout simplement prouver que la science a raison), celle de Joanna, sans doute parce qu'elle est femme, cherche à unir raison logique et survie de l'esprit.

Le livre fourmille de personnages dont certains, comme Maisie, la petite fille atteinte d'une maladie cardiaque qui risque de l'emporter d'une minute à l'autre et Ed Wojakowski, un ancien de la Navy septuagénaire dont on ne saura jamais vraiment s'il affabule ou pas, sont particulièrement attachants. Quant à la fin du roman, elle a de quoi surprendre et vous confortera certainement dans l'idée que le "passage" n'est peut-être pas aussi simple et universel que tous les Mandrake et tous les Wright du monde cherchent à nous le faire croire.

Connie Willis : un auteur original, à découvrir. ;o)
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Allez ! Parlons d'abord des choses qui fâchent. Ce livre est long. Très long. Trop long. Plus de 900 pages, ça commence à faire beaucoup. Évidemment pas quand il s'agit d'écrire une épopée comme le Seigneur des Anneaux, mais ici, il faut bien reconnaître que nous sommes loin de la même veine épique.
Non. L'histoire, toute l'histoire, tiendrait en quelques pages. Joanna Lander est psychologue au Mercy General. Elle s'est fait une spécialité des E.M.I. Des expériences de mort imminente. Ce phénomène décrit les sensations éprouvées par les personnes en état de mort clinique avant d'être réanimées. Les témoignages recueillis comportent un certain nombre de points communs : un bruit difficile à identifier, un tunnel, une lumière vive, la présence de proches déjà décédés ...
Dans le domaine elle a un rival, Maurice Mandrake, auteur d'un livre : La lumière au bout du tunnel. Lui aussi interroge les personnes ayant survécu à un coma profond. Mais à la différence de Joanna qui essaie d'interférer le moins possible avec le témoignage de ceux qu'elle interroge, Mandrake n'hésite pas à les influencer. Pour obtenir les réponses qui l'arrangent.
Un beau jour, Joanna croise la route du Dr Wright. Ce dernier cherche à l'associer à des recherches qu'il mène sur les E.M.I. Il tente de reproduire celles-ci artificiellement sur des volontaires à l'aide de certaines substances chimiques pour ensuite analyser les réactions sur l'organisme afin de tenter de déterminer ce qui se produit lors de ces expériences (ne m'en demandez pas plus. D'abord je n'ai rien compris, ensuite je n'ai rien retenu).
Bon, tout ça, en délayant un peu, ça nous fait 300 pages. Allez, 400 parce que c'est vous. Mais 900 !!!
Il faut dire que dans ce roman, Connie Willis se plaît (se complaît ?) à répéter inlassablement les mêmes choses. C'est Joanna qui passe son temps à fuir Mandrake. C'est Joanna qui parcours l'hôpital en long en large en travers. D'est en ouest. de haut en bas. C'est le Dr Wright qui se perd dans le labyrinthe en 3 dimensions qu'est le Mercy General. Je n'ai pas le souvenir d'avoir lu la description d'un établissement aussi complexe. Il faut dire qu'il est le résultat de la réunion de plusieurs bâtiments qui n'étaient pas conçus à l'origine pour communiquer entre eux. C'est Joanna qui rend visite à la petite Maisie. Joanna qui rend visite à son ancien professeur d'anglais et à sa nièce. Ce sont les soirées tombola (soirées vidéo) au cours desquelles Vielle, la meilleure amie de Joanna, essaie de caser celle-ci avec Richard Wright. Et puis bien sûr tous les récits des différentes E.M.I. vécues par les volontaires du programme.
C'est ainsi qu'on va retrouver, tout le long du récit, une succession des passages susmentionnés. Passage a tout d'une hélice ADN en fait. Et à la longue, cela peut un peu devenir ennuyeux. D'autant que le roman se termine de façon assez décevante. L'explication finale n'est pas loin d'être consternante, du moins n'est-elle pas exceptionnelle. Tout ça pour ça, est-on tenté de se dire. de plus, la fin ouverte permet les interprétations les plus fantaisistes en complètes oppositions avec les caractères plutôt rigoureux de Joanna et Richard.
Bon, à la réflexion, quand j'évoquais les choses qui fâchent, je crains bien qu'en fait, cela concerne tous les aspects du roman.
Je suis pourtant arrivé à bout de ma lecture. Par quel miracle ? Eh bien il faut avouer que Connie Willis sait écrire et sait nous raconter des histoires. Et puis, on a envie de savoir comment tout cela se termine. Mais autant j'avais particulièrement aimé Sans parler du chien autant avec Passage, j'ai un peu souffert. Connie Willis reste malgré tout une auteure que je garde à l'oeil. Et je lirai sans aucun doute le prochain de ses livres à sortir en poche. À condition bien sûr qu'il fasse une taille raisonnable.
(Chronique écrite le 19 juin 2011)
Lien : http://aruthablog.blogspot.fr/
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Une autrice réputée et primée, un livre sur un thème fascinant, celui des expériences de mort imminente. Une lecture qui se présente a priori sous de bons auspices donc !
Et pourtant j'ai vite senti que j'allais être déçu. Les personnage m'ont paru creux et inintéressants, ne m'inspirant ni empathie ni intérêt, à l'exception de l'un d'eux, une enfant gravement malade d'une maladie cardiaque et dont la survie ne tient qu'à l'espoir d'une greffe.
Un décor assez invraisemblable, le livre se déroulant dans un hôpital labyrinthique où il faut d'abord changer d'aile et grimper de trois étages pour descendre de cinq à la cafétéria perpétuellement fermée (une sorte de running gag du livre, mais sans côté amusant) et une héroïne qui se comporte comme un animal traqué, cherchant perpétuellement à éviter de croiser certaines personnes dans l'hôpital, notamment un auteur à succès qui écrit sur le sujet qu'elle étudie, quitte à recourir à des subterfuges plus ou moins invraisemblables comme prendre un taxi pour changer d'aile de l'hôpital... A se demander l'effet recherché par l'autrice. Peut être quelque chose d'humoristique ou d'anxiogène, mais moi j'ai juste trouvé ça ridicule. Quelle adulte diplômée, stable et surchargée de travail ferait une telle chose pour ne pas croiser quelqu'un sur son lieu de travail ?
Le personnage à éviter en question, une sorte d'antagoniste trop amical plutôt qu'hostile, est tellement caricatural et prétentieux qu'il en perd tout intérêt, et les autres personnages secondaires sont insipides.
Là où le livre, de presque 1000 pages tout de même, aurait pu en profiter pour développer un peu son thème de fond, on n'y trouve que des références fugitives ou allusives à des oeuvres connues (comme les livres de Raymond Moody), ou des explications médicales totalement absconses ou rébarbatives pour le profane en biochimie, comme des noms de produits chimiques utilisés pour induire certaines réactions.
Là où d'autres auteurs (comme Robin Cook) arrivent à faire de la vulgarisation scientifique passionnante et accessible dans certains de leurs livres, l'autrice a juste réussi à rendre ces passages plus ennuyeux que le reste du livre. Entre ça et l'absence d'intrigue et de chute, je me suis ennuyé presque tout au long de sa lecture.
Pourtant, avec un sujet aussi captivant là il y avait matière à éclairer et intriguer le lecteur de bien des façons. Je suis peut être passé à côté de ce qui fait l'intérêt de ce livre, mais je l'ai trouvé beaucoup trop long et sans intérêt.
Et l'éditeur de mon exemplaire (J'ai lu) non plus ne devait pas avoir envie de trop se donner de peine, car mon exemplaire était plein de fautes de grammaire, d'orthographe, de noms propres remplacés par d'autres, et d'espaces manquants. Rien qui empêche la compréhension évidemment, mais ça n'aide pas non plus à l'immersion.
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J'ai eu énormément de mal à lire ce livre. Si j'osais, je dirais qu'il est mortellement ennuyeux ... oups trop tard ! je l'ai écrit !
C'est long, c'est monotone, on s'ennuie, le premier rebondissement se produit après le chapitre 40, et en attendant, on sombre ... comme le Titanic.
Ça tombe bien, puisque du Titanic, on en soupe jusqu'à la dernière ligne !
On devient presque incollable sur la catastrophe de 1912 ...
Même à la fin, on se dit "Tout ça pour ça ?" mais on éprouve un immense soulagement d'avoir survécu à sa lecture.
Le synopsis était pourtant alléchant. En réalité, Joanna collabore avec Richard. Elle devient même son cobaye, faute de volontaire de qualité.
Pendant ses EMI chimiques elle se croit sur le Titanic et de ce fait, passe son temps à en trouver la preuve, ou la preuve qu'elle se trompe.
Le personnage de Richard commence seulement à être intéressant après LE gros rebondissement dont je parlais plus tôt.
La petite Maisie, malade du coeur, est attachante, tout comme Kit, la nièce de l'ancien prof d'anglais de Joanna.
Vielle, l'amie urgentiste de Joanna est creuse et son personnage n'apporte rien à l'histoire.
Mandrake, quant à lui, est une caricature de chercheur médiatisé à outrance.
En bref, même si vous avez du temps à perdre, passez votre chemin, prenez un autre passage !
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Si vous connaissez Connie Willis , vous ne serez pas dépaysé avec cet ouvrage et vous y retrouverez la plupart de vos « repères » habituels : un livre d'une épaisseur conséquente (900 pages), certaines longueurs (comme d'habitude), un démarrage "difficile" (il faut plusieurs centaines de pages pour que l'histoire commence vraiment), des passages répétitifs (souvent on a une fausse impression de déjà lu), des personnages toujours très attachants mais parfois si incroyablement énervants quand ils partent en mode « je gamberge et je vais péter les plombs », un véritable roman qui vous absorbe jusque tard dans la nuit et on plus on avance dans le livre , plus on se sent absorbé.
En tout cas, on ne peut qu'admirer le tour de force de Connie Willis : comment avec ce presque huit-clos - car 90% de « l'action » se passe au sein du Mercy General ce gigantesque hôpital qui est à lui-même un personnage du livre – arrive-t-elle à nous passionner autant ? Les recherches de Joanna et de Richard n'ont pourtant rien de follement excitant au premier abord, et le peu de vie privée en dehors de l'hôpital n'a rien non plus de transcendant – mais comme d'habitude Connie Willis grâce à ses talents de narrateur arrive toujours à nous intéresser même avec les choses les plus anodines qui soient.
Concernant le sujet principal du livre, les Expériences de Mort Imminente, ce n'est pas vraiment gai, et je vous déconseillerai de lire ce livre si vous êtes plutôt déprimé, mais il est traité de manière sobre et on ne tombe à aucun moment dans le sordide, le spiritisme ou le religieux.
Pour ce qui est de la fin, qui dure pratiquement 200 pages (et oui), je vous laisse juger, l'auteur ne voulant pas trop s'aventurer en proposant une réponse à la question principale de l'ouvrage, on reste avec un sentiment un peu mitigé après avoir tourné la dernière page.
Au final, un bon livre, qui plaira au fan de l'auteur, mais qui en même temps les laissera sur un petit sentiment de frustration, comme si l'oeuvre était un peu inachevée.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "Tout est prêt ?" fit soudain Richard [le neurologue] près de son oreille gauche, ce qui l'incita à chercher son bras à tâtons. "Vous êtes toujours décidée ?"

L'angoisse qu'elle perçut dans sa voix dissipa la sienne. Elle sourit. Dans sa direction, espéra-t-elle.

- "Absolument. Je veux résoudre l'énigme du tintement ou du bourdonnement une bonne fois pour toutes.

- D'accord. Vous risquez de ne pas voir grand chose. Deux essais sont parfois nécessaires pour trouver le bon dosage.

- Je sais.

- Vous y tenez vraiment ?

- Vraiment", dit-elle, sincère. "Que le spectacle commence."

Elle lâcha son bras.

- "Entendu," fit-il.

Quelqu'un - lui ? Tish ? [l'infirmière] plaça les écouteurs sur ses oreilles. Joanna se détendit dans le silence du bruit blanc et les ténèbres, pour attendre que le sédatif fasse effet. Elle respirait profondément. Inhaler. Expirer. Inhaler. Expirer. Ca ne marche pas, se dit-elle avant de noter un son.

Tish avait dû mettre le casque de travers. Elle allait en faire la remarque lorsqu'elle prit conscience de ne plus être dans le labo mais dans un milieu plus exigu. Elle pouvait toucher des parois sur sa droite et sa gauche. Un cercueil, se dit-elle avant de le juger trop large et de remarquer qu'elle était en position verticale. Elle baissa les yeux vers son corps, sans le voir car l'obscurité était totale. Elle leva la main devant son visage sans la discerner non plus, et sans percevoir le déplacement de son bras.

Je ne vois rien à cause du masque. Elle voulut le retirer mais ne le trouva pas. Elle avait de nouveau ses lunettes et venait d'effleurer son front. Les électrodes avaient disparu, ainsi que les écouteurs. Elle tâta son bras. Pas d'intraveineuse.

Je fais une EMI. Je suis dans un tunnel. Mais ce n'était pas le terme qui convenait. Il s'agissait d'un passage. Pourrais-tu le décrire ? se demanda-t-elle avant de scruter les ténèbres. ... [...]
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[...] ... - "J'ai entendu un drôle de bruit, puis je me suis retrouvée dans ce tunnel", déclara Mrs Davenport.

Joanna rapprocha le dictaphone.

- "Pourriez-vous le décrire ?

- Le tunnel ?"

Joanna attendit la suite. Toute question - même un simple "dans quelle mesure ?" - eût influencé les réponses des personnes qu'elle interrogeait sur leur expérience de mort imminente et, comme la plupart des gens avaient tendance à meubler les silences, se taire était presque toujours suffisant. Mrs Davenport faisait toutefois exception à la règle et elle contempla interminablement la potence à perfusion avant de tourner la tête vers elle, l'expression interrogatrice.

- "Vous rappelez-vous autre chose, à son sujet ?"

Mrs Davenport s'accorda une minute de réflexion.

- "Non ... C'était trop sombre.

- Sombre."

Joanna le coucha par écrit. Elle prenait des notes pour ne pas risquer de tout perdre si son magnétophone tombait en panne ou si elle manquait de cassettes. Ce qui lui permettait en outre d'apporter des précisions sur les attitudes et les intonations du sujet. Bouche pincée, des réticences. Mais les témoignages les plus fiables venaient souvent des personnes les moins communicatives, lorsqu'on était patient.

- "Vous avez parlé d'un bruit. Pourriez-vous le décrire ?

- Un bruit ?" répéta Mrs Davenport, comme surprise par sa question.

Aussi patient que Job, compléta mentalement Joanna avant de consulter ses notes.

- "Vous avez déclaré : "J'ai entendu un drôle de bruit, puis je me suis retrouvée dans ce tunnel." Ce bruit, l'avez-vous remarqué avant de pénétrer dans ce passage ?

- Non ..."

Mrs Davenport se renfrogna.

- "Enfin, si. Je ne sais pas trop. C'était un tintement ... (Elle hésita.) Ou un bourdonnement."

Elle regarda Joanna qui veilla à garder une expression neutre. Le moindre sourire d'encouragement ou froncement de sourcils eût également influencé le sujet.

- "Un bourdonnement, je crois ..." finit par conclure Mrs Davenport. ... [...]
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Ils disent que les morts ne peuvent nous parler, mais ils le font ! Les gens cités dans ce livre sont morts il y a longtemps, en plein océan, à des milles de tout lieu habité, mais ils nous parlent. Ils nous adressent toujours des messages... des messages d'amour, de courage et de mort ! Voilà ce que sont l'histoire, les sciences et les arts. Ce qu'est la littérature. Ceux qui ont quitté ce monde avant nous nous envoient des messages du passé, d'outre-tombe, parce qu'ils ont des choses à nous dire sur la vie et la mort ! Ecoutons-les !
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Elle avait eu tort, au sujet de la punition des morts... Ce n'était ni l'espoir ni l'oubli, mais le souvenir des promesses non tenues et des adieux négligés, quand il était impossible d'y remédier.
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La véritable torture de l'enfer n'était peut-être pas due au feu et au soufre, la damnation pouvait être d'entretenir de l'espoir quand la poupe se dressait hors des flots, que les flammes, la lave ou le train arrivaient droit sur vous. C'était d'imaginer qu'il existait encore un moyen de s'en tirer, d'être sauvé in extremis. Comme dans un film.
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Vidéo de Connie Willis
Blitz : L'intégrale de Connie Willis aux éditions Bragelonne
Oxford, futur proche. L'université est définitivement dépoussiérée : historien est devenu un métier à haut risque. Car désormais, pour étudier le passé, il faut le vivre. Littéralement. Michael Davies se prépare pour Pearl Harbor, Merope Ward est aux prises avec une volée d'enfants évacués en 1940, Polly Churchill sera vendeuse en plein coeur du Blitz, et le jeune Colin Templer irait n'importe où, n'importe quand, pour Polly... Ils seront aux premières loges pour les épisodes les plus fascinants de la Seconde Guerre mondiale. Une aubaine pour des historiens, sauf que les bombes qui tombent sont bien réelles et une mort soudaine les guette à tout moment. Sans parler de ce sentiment grandissant que L Histoire elle-même est en train de dérailler. Et si, finalement, il était possible de changer le passé ?
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