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Michka Assayas (Préfacier, etc.)Marina Dick (Traducteur)Jean-Michel Espitallier (Traducteur)
EAN : 9782859205607
174 pages
Le Castor Astral (08/10/2004)
4.06/5   9 notes
Résumé :
(4ème de couverture)
Syd Barrett, le génie perdu de Pink Floyd.
Charismatique et prodigieusement talentueux, Syd BARRETT a proprement inventé la scène psychédélique anglaise en 1966. Après avoir fondé Pink Floyd et publié deux albums solo devenus cultes, il a rapidement sombré dans la drogue, incarnant une des plus tragiques énigmes du rock. Reclus dans la banlieue de Cambridge, il n'a plus donné la moindre interview depuis une trentaine d'années, se m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Mister Barrett...
Ce livre retrace la brève mais intense, incursion de Roger Keith Barrett dans le monde de la musique, qu'il a marquée à tout jamais de son empreinte, sous le nom de Syd Barrett, son génialissime alter-ego.
Syd Barrett a été le fondateur, compositeur, guitariste et chanteur du groupe Pink Floyd. Puis il a disparu au bout de 6 ans, disparu de toutes scènes médiatiques ou artistiques, pour se retrancher derrière les murs du jardin de la maison de sa mère, à Cambridge, Angleterre.
Là, il a vécu en reclus, refusant toutes interviews ou toutes questions relatives au Floyd ou à Syd Barrett.
Que s'est-il passé pour que ce jeune homme charmeur et doué devienne cet ermite un rien paranoïaque ?
Certains disent que les drogues ont grillé son cerveau et qu'il est simplement devenu fou...
Tim Willis, l'auteur de ce passionnant livre-enquête, et moi-même, sommes convaincus que ce n'est pas aussi simple, et qu'il serait réducteur de conclure que Syd Barrett était "barré", et que ça devait finir comme ça...
Roger/Syd était talentueux, doué pour les arts en général. Il avait ce don étrange de synesthésie - il pouvait voir la couleur des sons, et ressentait plus que n'importe qui le pouvoir que pouvait avoir la musique mélangé avec des images. Il était aussi très doué pour l'écriture, et écrivait de la poésie surréaliste. Il peignait aussi.
A 19 ans, encore étudiant en beaux-arts, il fonde son premier groupe de rock, avec déjà Roger Waters, son ami d'enfance. Ce n'est pas concluant au début. Mais le Pink Floyd ne tarde pas à naitre de ce joyeux bordel expérimental.
Ils jouent sur les campus, ils prennent du l.s.d. comme beaucoup de jeunes de cette époque (le lsd ne sera interdit qu'en 1965. de nombreux étudiants chimistes en fabriquaient. il était très facile de s'en procurer...) et font la fête. Leurs concerts attirent de plus en plus de monde, et c'est rapidement un succès. Leur musique est psychédélique, et avec le charisme et les paroles de Syd, le groupe trouve son identité : psychédélique expérimental.
Leur premier "tube", Arnold Layne, accompagné d'un petit film délirant, arrive vite dans les charts anglais. Leur créativité sur scène fait fureur à Londres. Les dates s'enchainent à un rythme effréné : un concert tous les soirs, ou presque, pendant un an... Cela laisse des traces. Surtout que Syd Barrett donne tout à chaque fois : leurs concerts peuvent parfois durer toute la nuit, jusqu'à l'aube, c'est de vrais performances expérimentales visuelles et auditives, artistiques, que font vivre les Floyd à leur publique, toujours plus nombreux et fidèle.
Barrett est adulé par les filles, et les garçons rêvent de lui ressembler ou d'être son ami. Syd s'en moque. Seules compte la musique et la liberté. Et la fête aussi, qu'il fait sans mesure, comme tout le monde. Et les drogues, certains témoins disent qu'il en prenait beaucoup, d'autres disent pas tant que ça...
Mais un autre danger pèse sur Syd Barrett : la pression. La pression des concerts, de la célébrité, et la pression du 2ème album, qu'il faut enregistrer vite, pour surfer sur la vague de la célébrité, et ça, c'est bien sur les producteurs qui le veulent.
Les dates s'enchainent et s'enchainent... Syd devient de plus en plus bizarre. Il ne participe plus aux concerts comme avant. Il reste parfois sans rien faire sur scène, les yeux dans le vide. le groupe engage alors David Gilmour, un de leurs anciens camarades d'université, pour prendre le relais de Syd à la guitare. Waters prend la partie chant avec Gilmour. Syd et le groupe ont besoin de vacances. Ils partent en Espagne et dans le sud de la France. Ils en avaient besoin. Syd plus que les autres. A leur retour, ça semble aller mieux pour Barrett. Il est pus présent sur scène, et propose même des nouveaux morceaux.
Mais cela ne dure pas, et Syd est à nouveau instable et pas fiable pour les concerts. A tel point qu'un soir, en voiture pour aller jouer, ils omettront volontairement d'aller chercher Syd... qui viendra au concert par ses propres moyens, et voyant Gilmour à sa place, quittera les lieux sans rien dire.
Puis il y eut l'incident de l'enregistrement... Syd et les autres ne se voyaient pratiquement plus. Syd de son côté avait décidé d'enregistrer ses propres morceaux. Un jour il vient au studio lors de l'enregistrement de Dark Side of the Moon, auquel il n'avait pas été convié... Personne ne le reconnait, à l'entrée, on ne veut même pas le laisser entrer. Il faudra que Waters lui-même vienne le reconnaitre, avec peine, car Syd s'était rasé la tête. Il restera quelques minutes, et repartira, sentant que les autres sont choqué par son changement.
Suite à cela, Syd Barrett retournera à Cambridge chez sa mère pour ne plus jamais reparaitre.
Syd Barrett était mort. Roger Keith Barrett lui survivait. Roger n'a jamais plus voulu parler de cette époque.
Je pense que Barrett a très mal vécu son éviction sournoise du groupe qu'il avait fondé. Imaginez son sentiment le soir du concert loupé, de voir un autre installé à sa place, sans que personne ne lui ait rien dit...
Ajoutez à cela sa fragilité mentale due à sa trop grande sensibilité, son excès de lsd... Sa clairvoyante intelligence lui a sans doute dit qu'il n'arriverait plus jamais à atteindre ce degré de génie qu'il avait eu pendant une courte période.
Il fut une sublime étoile scintillante et fulgurante dans la constellation pullulante et monotone de la musique psychédélique. Il y laisse son empreinte lumineuse et intemporelle. Syd Barrett est mort en 1972. Roger Keith Barrett est mort, lui, en 2008.
Et pour moi il n'avait rien à voir avec le côté sombre de la lune et il restera toujours le joueur de flûte aux portes de l'aube...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Janvier 68.
Quatre concerts eurent lieu lors des quinze jours suivants, au cours desquels la contribution de Barrett fut modeste. Dans un petit film de l'époque, on le voit assez heureux, se joignant à une bande de jeunes gars pour entamer une espèce de farandole dans les coulisses.
"Mais en réalité, dit Gilmour, il était plutôt pathétique." Un soir où ils devaient jouer à Southampton, le 26 janvier, les musiciens (sans Barrett) revenaient d'une session de travail dans le centre de Londres et roulaient vers le sud, en direction de Richmond. Comme ils arrivaient au carrefour de Holland Park Avenue et de Ladbroke Grove, l'un d'eux -personne ne se souvient qui - demanda : " On passe prendre Syd ?" "Laisse tomber", répondirent les autres. "Il ne va pas nous emmerder." Barrett, qui n'avait probablement pas noté qu'il devait jouer ce soir-là, ne jouerait plus jamais avec le groupe qu'il avait façonné à son image. Mais il ne sortirait jamais de leur esprit.
En fait, le groupe n'était pas préparé à ça. Si les musiciens étaient en pleine gloire et connaissaient un succès croissant, ils pensaient, sur le moment, que la vache à traire psychédélique serait de courte durée, et que la débandade leur pendait au nez. Comme dit Waters, Barrett représentait "la poule aux oeufs d'or". Mais leur leader était devenu un tel poids lors des tournées qu'il valait mieux désormais s'en passer - même s'il restait leur principal atout.
Avec le recul, ce moment est considéré comme un tournant majeur, aux retombées considérables, de l'histoire du rock. Mais aucun de ses acteurs, à l'époque, n'en prit la mesure - sans doute en raison des engueulades qui s'ensuivirent pendant plusieurs semaines. Et c'est alors que Wright se mit à raconter à son colocataire (Syd Barrett) qu'il sortait acheter des clopes - pour disparaitre en fait plusieurs jours et partir en tournée.
Il n'en reste pas moins vrai que Barrett possédait le planning du groupe. Waters se souvient qu'il se pointa un soir avec sa guitare au cours d'un concert à l'Imperial College : "Nous avons dû lui dire avec la plus grande fermeté qu'il ne pouvait remonter sur scène avec nous."
Un autre soir il débarqua au Middle Earth, vêtu de ses fringues Chelsea, se planta bien en face de la scène et fixa Gilmour durant toute la durée du concert. Le "plan Fred"(Fred était le surnom de Gilmour) consistait à faire rentrer Gilmour dans le groupe, et non pas à remplacer Barrett. ET voilà qu'il en était réduit à regarder son vieux copain jouer ses propres riffs. Nul doute qu'il fut profondément blessé par un tel traitement - et qu'il continue de l'être quand il doit y repenser.
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- Monsieur Barrett ?
- Oui.
Sa voix est plus grave que dans tous les enregistrements, il a encore plus l'accent cockney dans les interviews télévisées de 1967. Derrière lui, le hall est propre mais vide, le parquet essentiellement recouvert d'un linoléum. J'évoque quelqu'un de son enfance qui lui est cher. Cette personne doit venir à Cambridge dans quelques semaines et se demande si Barrett aimerait qu'elle passe le voir.
- Non.
Il reste là, debout, me regardant fixement, moins gêné que moi par l'image qu'il donne de lui en caleçon.
- Alors, tout va bien ?
- Oui.
- Vous peignez toujours ?
- Non, je ne fais rien, dit-il (ce qui est exact puisqu'il est en train de me parler). Je m'occupe juste de cet endroit, pour le moment.
- Pour le moment ? Vous songez partir ?
- Je ne vais tout de même par rester ici toute ma vie/
Il s'interrompt une fraction de seconde, lâche avec désinvolture un "Bye-bye" auquel je ne m'attendais pas, et claque la porte.
Me voilà seul, comme tant d'autres avant moi, essayant de reconsidérer ce qu'il a voulu dire . "Je ne vais tout de même pas rester ici toute ma vie." Veut-il dire : "Un jour, il faudra bien que je quitte cette maison" ? Ou bien est-ce une allusion au sort qui nous attend tous ? Un message codé selon lequel il pourrait revenir au monde - et nous montrer, peut-être de nouvelles oeuvres ? Le fait qu'il m'ait ouvert la porte en caleçon révèle -t-il une forme d'assurance naturelle, d'excentricité, ou pire ? Je reviens sur mes pas, traverse la rue principale jusqu'à ma voiture et rédige un mot que j'espérais délicat : "Cher Monsieur Barrett - Je suis désolé d'avoir interrompu votre bain de soleil. Je n'ai pas eu le temps de préciser que je suis en train d'écrire un livre sur vous... " Je plaide ma cause, donne mon numéro de téléphone et retourne vers l'allée cimentée.
Comme j'atteignais le portail, je le vis agenouillé, occupé à arracher les mauvaises herbes dans un angle du jardin, près de la nouvelle clôture. Cette fois-ci, je remarquai une souche soigneusement entretenue, dernier vestige, sans doute, de l'arbre mentionné par les journalistes d'Actuel.
- Hello, lui dis-je, je viens de vous écrire un petit mot.
- Hum, lâcha-t-il en continuant de jeter des racines derrière lui sans lever les yeux.
- Puis-je le laisser ?
Il me fixa droit dans les yeux, mais ne répondit pas. Il portait à présent un short kaki et des gants de jardinage avec lesquels il risquait d'avoir du mal à prendre mon message - aussi fus-jet tenté de le poser sur sa brouette.
- Dois-je le mettre dans la boîte aux lettres ?
- ça ne me concerne pas, dit-il.
Alors je m'exécutai.
- Bonne journée, dis-je en repartant. Au revoir.
Il ne répondit pas, et je n'ai toujours pas de réponse à ce jour.


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(note de kris334 : pour mieux comprendre la situation, voici la traduction de "have you got it yet" : tu l'as chopé, là ?)
Le 3 janvier 1968, Gilmour fut sollicité pour passer une audition, ce qu'il accepta. On réserva donc une salle de répétition dans le nord de Londres, pour une semaine, avant que le groupe ne reparte en tournée.
L'incident le plus célèbre provoqué par Barrett cette semaine-là se produisit quand il arriva à la répétition en annonçant qu'il avait écrit une nouvelle chanson intitulée : "Have You Got It Yet ?" Il devait chanter la question, et Waters répondre : " No." Il faut s'imaginer Syd jouant un rythme à deux temps sur sa guitare : "have you got it yet ?" [un-deux, un-deux, "No".] Puis, un ton au-dessus : "Have you got it yet ?" Puis un ton plus bas : "Have you got it yet ?" Water finit par trouver la tonalité, mais Barrett n'arrêtait pas maintenant d'en changer, plus bas, plus haut, n'importe quoi sauf la même. Et cela dura cinq ou six minutes, Barrett continuant à ne jamais faire deux fois la même chose. "Non, non et non !", s'écria alors Waters. Ce n'est que plus tard qu'il réalisa ce qu'il était en train de faire, dit-il aujourd'hui. Barrett lui demandait juste de ne pas "faire" une chanson qu'il était impossible de (et que personne ne pouvait) faire. Une sorte de performance artistique absurde.
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En janvier 1967, après un premier essai le mois précédent, le groupe obtint une résidence au fameux UFO -- " Yoo-Fo" -, une sorte de mini-Roundhouse au sous-sol du Blarney's Pub, sur Tottenham Court Road. Les soirées, appelées "Night Trippers", étaient coproduites par Joe Boyd, un américain anglophile. elles avaient lieu tous les quinze jours et débutaient à 22 heures, pour s'achever au petit matin vers 4 heures 30. Ce fut le début d'un époque de folie. Durant tout le temps où Barrett resta dans le groupe, ils furent littéralement idolâtrés par un public citadins branchés, comme à l'UFO, et électrisaient aussi les discothèques des coins de province les plus reculés.
D'un bout à l'autre, l'année fut épuisante. En plus des concerts, Pink Floyd - qui cherchait à se faire signer dans un maison de disques - multipliait les répétitions et les demos souvent brutes de décoffrage.
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Mais toute cette histoire aurait été sans importance si Barret n'avait été ce grand artiste que nous connaissons,peintre de paysages sonores,inventeur d'images,poète du niveau de Dylan-et peut-etre meme de Keats.Meme son accent bizarre,qui lui était pourtant naturel,devenait de l'art; il sera d'ailleurs plus tard imité par David Bowie et Marc Bolan.Qu'il ait eu ou non le don de synesthésie,comme Nabokov,son ambition était de solliciter la vue aussi bien que l'ouie-en s'adressant directement aux sens avec des oeuvres qui étaient moins de simples chansons que de véritables créations.
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