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sur 520 notes
Après un premier roman historique épique et haletant, « La Religion », Tim Willlocks remporte à nouveau les suffrages élégiaques de la presse avec son nouveau livre « Les douze enfants de Paris ». Honnêtement, on se demande un peu pourquoi... le roman commence pourtant bien avec une description frappante et haute en couleur du Paris du XVIe siècle. Dans les premières pages, on emboite le pas à Mattias Tannhauser, chevalier de Malte et ancien mercenaire, alors qu'il franchit les portes de la capitale pour venir y retrouver son épouse Carla et leur enfant à naître. Malgré sa grossesse, la jeune femme a été convoquée par la reine-mère Catherine de Medicis pour venir jouer de la musique au mariage de Marguerite de Valois et de son cousin béarnais Henri de Navarre. Mais, comme chaque amateur d'Histoire le sait, ce que Paris fête aujourd'hui, elle le déchirera demain... La nuit même de l'arrivée de Tannhauser, le massacre de la Saint-Barthélemy débute et quand le chevalier se précipite chez la veuve protestante qui hébergeait son épouse, il découvre la maisonnée dévastée, ses membres massacrés et la jeune femme disparue. Dévasté par l'angoisse et ivre de rage, Tannhauser se lance à la recherche de Carla, laissant dans tout Paris une trainée de cadavres et de blessés mutilés.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais d'abord pousser un petit coup de gueule contre les critiques de la presse française. Après avoir parcouru une demi-douzaine de chroniques, j'ai l'impression que deux journalistes sur trois rapprochent « Les Douze enfants de Paris » des romans des Guerres de Religion d'Alexandre Dumas. C'est idiot. le seul point commun entre Willocks et Dumas, c'est qu'ils ont tous les deux écrit sur la Saint-Barthélemy, point-barre (et encore, Dumas n'y consacre-t-il qu'une poignée de chapitres) ; narrativement et stylistiquement, ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Loin des intrigues de Cour que nous promettait la quatrième de couverture du roman de Willocks et qui formaient le coeur de l'oeuvre de Dumas, « Les Douze enfants de Paris » se déroule presque intégralement au ras des pavés de la capitale. le personnage principal évolue dans un enfer de boue, de crasse et de sang où les membres de la noblesse ne font que de fugitives et spectrales apparitions. Non que ce parti-pris soit une mauvaise idée, au contraire ! C'est même un des gros points forts du récit et les premières 200 pages séduisent par leur réalisme, leur crudité et leur noirceur décomplexée.

Le problème, c'est que le roman ne fait pas 200 pages, mais 900 pages et que ces 900 pages sont remplies à 80% de baston. Attention, je n'ai rien contre un peu d'action, mais un roman de cette longueur constitué presque exclusivement de têtes coupées, de membres tranchés et de ventres ouverts, c'est trop, beaucoup trop ! Je ne jouerai pas non plus les vierges effarouchées : je savais à quoi m'attendre en matière de violence brute en ouvrant le roman – la Saint-Barthélemy, ce n'est pas une guerre, c'est un massacre et on ne décrit pas un massacre en mâchant ses mots – mais la violence n'est pas seulement crue chez Willocks, elle est surtout redondante et, au final, assez lassante. Faut dire que, même avec la meilleure volonté du monde, il n'y a pas mille façons de décrire une mort violente, et, qu'au bout de la vingtième décapitation, Willocks commence forcément à se répéter… A force de regarder Tannhauser courir à travers la ville et enchaîner combat sur combat, j'ai fini par être tout à fait blasée, à bailler quand j'aurais dû frémir et à confondre ses innombrables et médiocres adversaires les uns avec les autres. Oh, je comprends le message qu'a voulu faire passer l'auteur : l'absurdité des massacres religieux, la folie du meurtre, etc… N'empêche, je me suis un peu emmerdée.

Dommage dans un sens, car « Les douze enfants de Paris » n'est pas non plus un mauvais roman et quelques belles idées et beaux personnages m'ont permis de m'accrocher jusqu'au bout, notamment le personnage de Grymonde, monstre difforme et touchant régnant sur la pègre parisienne, sa mère un peu sorcière Alice, et surtout ces douze enfants de Paris évoqués dans le titre du roman. Quand les hommes deviennent loups, le loup se transforme parfois en ange gardien et, au rythme de ses sanglantes déambulations, Tannhauser recueillera autour de lui une petite tribu d'enfants perdus. Orphelins de fraîche date ou miséreux de toujours, ceux-ci s'accrocheront désespérément à cette figure meurtrière mais curieusement bienveillante à leur égard. Entre deux effusions de sang, naissent alors quelques moments d'émotion et le lecteur maussade s'éveille assez pour s'attendrir sur ses petites vies balayées par la folie des adultes. C'est beau, c'est bien, mais ce n'est pas assez pour compenser les lourdeurs de l'ensemble du roman.
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Et voilà, je viens de finir les 24 heures chrono de la Saint-Barthélémy, je me suis jetée à corps perdu dans la bataille. Encore une quête de pouvoir et de richesses sous couvert de guerre de religion. En une nuit, l'éblouissante Paris est devenue l'éclabloussante Paris avec ses rues pavées de cadavres.
Tannhauser est de très mauvaise humeur sa famille est en danger, Carla,enceinte, a été enlevée et Orlandu à disparu.Tout au long du roman, Mattias et Carla n'auront qu'un but sauver leur famille, chacun de son côté va affronter la mort et dans le même temps, la vie pleut sur eux avec la naissance de leur fille et des enfants qui se joignent à eux et qu'is vont prendre sous leurs ailes.
Et c'est dans cet univers en huit-clos car toutes les portes de Paris sont fermées que tous les personnages seront confrontés à des actes extrêmes par amour, ils comprennent l'horreur de leurs actes mais ils n'ont pas le choix si ils veulent sauver leurs protégés (il convient de dire que c'est une autre époque bien moins humaine que la notre, où la fin justifie les moyens). Tim Willocks étant médecin,il se fait l'immense plaisir de nous offrir moult détails d'anatomie lorsque Tannhauser se transforme en machine à tuer, un vrai régal !
Dans ce livre, ce qui est très intéressant c'est cette dualité de tous les instants qui m'a fascinée. Les personnages que je connaissais depuis son autre livre : La religion, sont plus approfondis, ils trainent leurs vieilles blessures. En fait tout ce qui leur est arrivé auparavant conditionne et justifie leurs actions mais en même temps au plus profond des ténèbres ils conservent cette lumière et cet amour qui les animent.
Ce livre est sensé faire partie d'une trilogie, Tim Willocks a mis la barre très haut car ses personnages ont pris de l'épaisseur avec une certaine part de mysticisme qui n'est pas sans me déplaire. le prochain tome va être un sacré défi pour lui. En attendant quelques mois de repos me feront le plus grand bien après toute cette agitation.
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Paris, 1572, ça pue la saleté, la merde et les entrailles. Ça pue aussi le huguenot, ce mécréant qui se croie supérieur et que les catholiques haïssent plus que tout. Pas grave, la Saint Barthélemy c'est pour aujourd'hui...

Matthias Tannhauser est de retour et vous allez vite voir qu'il n'est pas content. C'est pas grave, nous, on est bien content de revoir sa trogne.

Il n'est pas content donc, car sa femme enceinte en visite à Paris a été enlevée. Et ça Matthias, il ne va pas le pardonner. Et ils vont prendre cher ceux qui se mettront en travers de sa route. Parce que quand tu mords Tannhauser, il fait un malheur !

Après un dantesque et époustouflant "La Religion", Tim Willocks nous conte la suite des aventures de Matthias Tannheuser dans un nouvel opus apocalyptique au cœur de Paris. Un Paris de cauchemar avec des habitants crades, des rues souillées et emplis de souillons. Un Paris dégoulinant de sang et croupissant sous les cadavres en putréfaction.

Mais comment se renouveler après un premier volume qui frappait (c'est le cas de le dire) aussi fort ?

Ce second opus malgré des qualités évidentes n'est pas du même acabit.
L'histoire de la Saint-Barthélemy telle qu'elle nous est contée ici est moins opulente et riche que le siège de Malte du livre précédent.
L'envie d'en proposer un pavé de 1000 pages devient dès lors une opération risquée. Surtout que le choix de Willocks a été de délaisser l'aspect politique au détriment du massacre. Inévitablement, l'auteur enchaîne les longueurs et les répétitions. De plus, 1000 pages de massacre, ça peut vite faire beaucoup.
Cette dernière affirmation est évidemment exagérée à escient par votre chroniqueur, Tim Willocks ayant une large palette d'émotions à faire passer. Et plus d'un tour dans son sac à malices.

1) Ce livre, c'est avant tout une magnifique histoire d'amour qui va faire vibrer chaque parcelle de votre corps. Vous serez vite subjugués par ce lien indéfectible qui unit Matthias à Carla, sa femme. Deux êtres aux caractères et tempéraments diamétralement opposés mais aux âmes inexorablement mêlées.

2) Mais ce n'est pas tout, au delà de la violence extrême, c'est bien le rapport à l'enfant, le questionnement sur la maternité et la paternité qui sont au centre du livre.
La difficulté de donner naissance à un enfant (physiquement ou métaphoriquement), de l'élever, de lui donner une direction, une voie, un chemin. Que ce soit pour un jour ou pour la vie.
La paternité n'est-elle que biologique ou se développe-t-elle intuitivement ? Comment se positionner en modèle ? Avec quelle légitimité ? Oui, ce livre est loin d'être aussi bourrin qu'il en a l'air et son titre n'est pas anodin. L'est-il jamais quand il est judicieusement choisi ?

3) Les personnages principaux (et il y en a beaucoup !) sont admirablement croqués. A commencer par Tannheuser évidemment, cette espèce de guerrier aux talents multiples, icône fascinante d'un monde en perdition, un vengeur quasi-indestructible et à la rage meurtrière. L'autre personnage effarant créé par Willocks est Grymonde dît l'Infante, sorte de Quasimodo au QI et à l'intelligence développés dont la puissance fait rugir les pages où il figure. Et évidemment, tous autres enfants du titre couvés par Matthias et dont chacun est un joyau de la couronne apposé sur le crâne de Willocks.
Pour le reste du casting, on se perdra plus dans la multitude de personnages secondaires mais vu les durées de vie de beaucoup d'entre eux, ce n'est pas bien grave.

On pourra donc reprocher à Tim Willocks son manque d'ambition au niveau de la trame et une répétition des scènes gores à outrance. Oui mais voilà, le bonhomme est talentueux et même ses répétitions valent leur pesant d'or. C'est répétitif mais c'est viscéral, charnel, organique.
Il puise son écriture dans le sang, tel un encrier mortel, pour alimenter sa verve et faire bourgeonner les sensations qu'il plante en nous tout le long de son récit.

Et pourtant, dans ce bruit, ce tumulte, cette fureur émerge de la sagesse, du bon sens, de la pensée philosophique et pacifique. La patte Willocks. Cet homme a un talent fou.

"C'est un mauvais jour, dit Tannhauser, mais il passera, comme le font tous les jours, bons ou mauvais. Et même dans un mauvais jour, on peut trouver de bons moments, en cherchant bien."

"- Pourtant les saisons tournent.
- Ah, elles tournent ! Comme le font les étoiles, comme une roue sans s'arrêter. Elles ne connaissent ni mois, ni années, ni commencement, ni fin, parce qu'il n'y a pas de fin. Il n'y a que ce qui vient après. Combien de temps dure un rêve ? Ou un souvenir ? Ou une étreinte ? Et si on ne peut pas répondre à ça, comment pourrons-nous dire combien de temps dure une vie ? Sans parler de la Vie Elle-même ?"
3.5/5

Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Bienvenue dans le 1er livre sang pour cent hack and slash. Beaucoup de sang, beaucoup de vomi, de matières fécales, de violence ridicule à force de redondances et un scénario épais comme un cil de mouche. Ici c'est simple, un gars, sorte de clone d'Arnold Schwarzenegger et de tous nos chers acteurs du film de genre, se retrouve à Paris, non pas pour aller chez Michou, mais le jour de la saint barthélemy, c'est ballot quand même, il doit retrouver sa femme et comme à l'époque y avait ni le métro, ni les portables ben du coup il chope une antenne bien spéciale la spontone et comme le bonheur c'est simple comme un coup de fil, notre héros complément taré et psychopathe ne se lasse pas d'exploser son forfait et par là même ses adversaires qui ô surprises sont tous plus mauvais les uns que les autres au combat.
En 937 pages, notre bonhomme tue et c'est un euphémisme au moins autant de mecs que Stallone dans les Rambo et il ne subit en tout est pour tout qu'une blessure par caillou lancé par une fronde.
Évidemment il tire à l'arc et touche au but à chaque fois.
Bref ça démarre fort, on nous promet Ellroy rencontrant Dumas au final c'est plus Terminator contre les Charlots.
Y a quelques chouettes descriptions, le pire dans ce livre c'est que notre héros est tellement taré qu'il n'a peur de personne, n'a aucun remords et au final il n'y aura aucun affrontement, aucun adversaire à sa taille.
A mon avis au moins 600 pages de trop, une violence qui pourrait faire venir de nouveaux lecteurs de cette littérature et les aiguiller vers de meilleurs auteurs.
Quelques chouettes personnages, une séance de tarot qui n'arrive pas a la cheville de celle de Tournier dans vendredi, Alexandre Dumas reste au-dessus, même si l'écriture de Willocks est plus contemporaine.

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CHALLENGE PAVES 2014/2015 (7/10)

Cruelle déception que ce pavé de plus de 900 pages qui aurait pu être réduit de moitié, sans que l'histoire ait réellement à en souffrir. Pour cela, il aurait simplement fallu supprimer toutes les scènes si finement décrites de meurtres, pendaisons, décapitations, émasculations, éventrations, énucléations en tout genre. Effectivement , le récit se déroule pendant la nuit de la St Barthélemy où le sang des protestants a coulé à flots mais au milieu de toute cette frénésie, je n'ai plus compris qui tuait qui et surtout pourquoi. J'ai donc sauté allégrement (si je puis dire !) pas mal de lignes qui n'apportait rien à l'intrigue (et même elle, j'ai eu du mal à la saisir...). L'émotion qu'il aurait été normal de ressentir devant ce massacre historique a totalement été annihilée par cette effusion de sang, véritable boucherie, que l'auteur a pris plaisir à nous offrir.

le côté historique du roman qui était sensé me plaire au départ, n'a duré que le temps des premiers chapitres où l'on fait la connaissance de Mattias Tannhauser, chevalier de Malte arrivant à Paris à la recherche de sa femme Carla, enceinte, invitée en tant que musicienne au mariage de Marguerite de Valois, soeur du roi et catholique avec son cousin protestant, Henri de Navarre. Vu les évènements, celui-ci ayant été annulée, Carla a dû se réfugier chez une autre musicienne... huguenote. Quand Mattias retrouve sa trace, la maison a été pillée et ses habitants massacrés.

La seule image qui ait trouvé grâce à mes yeux, c'est la description de Paris en 1572 : son coeur des Halles et sa cour des Miracles avec à sa tête un nouveau Quasimodo qui m'évoquait celui de Hugo dans "Notre-Dame de Paris". Grégoire, Carla et Amparo, Estelle, Alice, les Souris, quelques beaux personnages ont malgré tout émergé de la fange.

Je reste sur une impression très négative et accorde un 2/20 pour le talent d'avoir pu remplir plus de 900 pages avec une plume uniquement trempée dans le sang.


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Difficile de croire que ce livre suivant des aventures de Mattias Tannhauser puisse être aussi puissant que le premier tome, La Religion. Encore plus difficile de penser que le second serait non seulement à la hauteur, mais d'une force de frappe évocatrice encore plus impressionnante. C'est le cas. Je suis refait. Heureux et plus que comblé.
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Nous sommes cette fois en plein massacre de la Saint Barthélemy. Les guerres de religion qui divisent la France entre catholiques et protestants durent déjà depuis dix ans.
Le 22 août 1572, alors qu'une chaleur caniculaire règne sur Paris, l'amiral de Coligny, chef des Huguenots, est assassiné. C'est alors le signal, et dès le 24 août la population parisienne va se livrer à une sanglante tuerie contre les protestants.

Quelques jours auparavant, le 18 août, la fille de Catherine de Médicis, Marguerite de Valois épousait le futur Henri IV. Carla était invitée à y jouer de la musique avec une amie huguenote. Concert symbolique qui sera finalement annulé. Une menace de mort pèse sur elle.
Mattias Tannhauser débarque quelques jours plus tard à Paris pour retrouver Clara qui est sur le point d'accoucher. Il ne connait ni la ville ni l'endroit où se trouve sa femme. Dès le début, après un aperçu sur Paris depuis les hauteurs de Notre-Dame, il se présente au Louvre, au coeur des intrigues du pouvoir. Il rencontre entre autres le duc de Retz auquel il conseille de couper les têtes de tous les dirigeants protestants. Et lui-même va prendre une part très active au massacre...

Comme dans "La Religion", l'absurdité de ces guerres religieuses est illustrée, dénoncée dès le début par la constatation que personne ne sait exactement pourquoi il se bat. Il faudrait pour cela des connaissances en théologie que peu possèdent. Ce sont donc des scènes d'une cruauté et d'une sauvagerie parfois assez insoutenables qui se succèdent. On peut parfois penser que Willocks en rajoute mais malheureusement le fond historique est réel. On peut se souvenir des scènes épouvantables décrites dans les "Tragiques" d'Agrippa d'Aubigné à propos de cette période.
A travers toutes les péripéties et les rencontres de nos personnages, toute une série d'enfants déjà plus ou moins grandis et capables de tuer, vont les accompagner. Ces enfants, dont le nombre douze est certainement symbolique (il est difficile d'en faire le décompte exact) sont à la fois victimes et acteurs du drame, issus de tous les milieux, souvent confrontés dès le plus jeune âge à des destins d'adultes. Seul celui de Matthias et Clara personnifiera l'innocence.

Le tableau que nous peint Tim Willocks est terrifiant mais la précision de la reconstitution de Paris de l'époque, les descriptions très détaillées de la vie quotidienne, des scènes de meurtres, nous le rend très proche et très vivant. La forme rappelle le roman feuilleton avec beaucoup d'action et de rebondissements, ce qui peut donner l'impression parfois de longueurs. Il est malgré tout moins réussi que le premier volume : multiplicité des intrigues et des personnages parfois difficiles à suivre, redondance des scènes violentes. Tannhauser apparait sous un jour très sombre, répandant des litres de sang sur son passage. Âmes sensibles s'abstenir. Et un bon conseil : constituer un glossaire des personnages peut s'avérer précieux.
Malgré ces quelques réserves, l'oeuvre est puissante et ne nous laisse pas indemnes.
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Autant le dire j'attendais avec impatience de lire ce nouveau roman de Tim Willocks car je gardais un souvenir très vif de son précédent : La Religion
Diable d'auteur qui sait choisir les périodes d' l'histoire ! Après le siège de Malte, le voilà arrivant à Paris en pleine Saint-Barthélemy, avouez qu'il y a des périodes plus calmes que celles-là. Tout le roman se déroule sur 36 heures et les narrateurs se succèdent au gré des péripéties.
La date ? 23 Août 1572, Mattias Tannhauser toujours chevalier de Malte mais maintenant homme marié avec sa bien aimée Carla de la Pénautier, vient chercher sa dulcinée à Paris où invitée pour ses talents musicaux, elle a assisté au mariage de la reine Margot et du futur Henri IV alors qu'elle est enceinte et pas loin d'accoucher.
Autant dire qu'il arrive dans une pétaudière plus que dangereuse.
Soit je rentre dans les détails de l'intrigue et là on en a pour un moment, soit je choisis de garder le silence, c'est dit même sous la torture je ne parlerai pas !!
Tim Willocks a un talent de conteur indéniable même, même quand il en fait un poil trop. C'est assez époustouflant mais parfois un peu intolérable question violence. Cet écrivain fut médecin et sa connaissance de l'anatomie rend certaines scènes plus que réalistes, il sait où planter un poignard pour faire un maximum de dégâts. Allez si je veux être un peu critique je dirais que le livre aurait gagné à être un peu moins long de quelques dizaines de pages mais c'est une critique douce parce que globalement je me suis laissée prendre au jeu de l'intrigue et des personnages et je suis sortie de là un peu échevelée.
Massacres, combats, chausse-trappe, embuscades, un récit où on décapite, on éventre, on empale, on a droit à toute la panoplie et....on y prend du plaisir !
Willocks a eu la bonne idée d'ajouter des personnages secondaires qui sont parfaits, ah cette fille aux rats, ce roi des voleurs.... le petit peuple de Paris est présent et bien vivace.
Le décor c'est la violence et la sauvagerie des guerres de religion en France, si vous avez vu le film de Tavernier : Mademoiselle de Montpensier, vous en avez eu un bref aperçu.
Willocks en bon psychiatre explore la folie humaine, ses ressorts, ses manifestations, l'honneur n'est plus qu'un mot creux, tout est bon pour se débarrasser d'un ennemi, d'un « hérétique » tout est permis.
La documentation sur cette nuit de la Saint Barthélemy est impeccable car elle fait ressortir les dernières avancées historiques sur le sujet. On voit les répercussions de l'attentat contre l'amiral de Coligny, les tergiversations du roi, le rôle de la populace.
On est dans un Paris qu'avait su peindre Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les descriptions des ruelles, véritables égouts à ciel ouvert, des bouges et de la crasse qui est présente jusque dans les salles du Louvre, sont saisissantes.

C'est un Dumas qui a pris des leçons dans un atelier d'écriture, la Reine Margot en comparaison est un livre pour enfants.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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J'ai vu pour la première fois Tim Willocks dans l'émission La Grande Librairie et il m'avait assez fasciné. Il venait parler de son nouveau roman, Les douze enfants de Paris et j'ai été absorbé par son discours.
Alors, voilà, j'ai trouvé son opus dans ma chère bibliothèque municipale et je me suis ruée dessus.
Tim Willocks nous livre là une somme, et quelle somme!!! Déjà, une somme par la taille du livre, tout de même plus de 920 pages. Et ensuite, une somme par l'histoire en elle-même, la nuit de la Saint Barthélémy, en France, à Paris, cette nuit tragique de l'Histoire de France, dans laquelle il plante un décor incroyablement réel!
Cet épisode, un des plus violents et les plus sanglants de notre histoire, est traité avec virtuosité et si précisément que le lecteur se retrouve transporté dans ce Paris puant, hyper violent, sale et sombre. Et au travers de cet épisode tragique, nous suivons en parallèle l'histoire de Mattias Tannhauser d'un côté, chevalier de Malte, guerrier farouche et de sa femme, Carla, musicienne et surtout enceinte et proche de la délivrance. Chacun va rencontrer des personnages qu'on ne peut pas traiter de secondaires tellement ils sont rayonnants dans les mots de Willocks, Grymonde, roi des Cours de Paris, Estelle, enfant sauvageonne, Grégoire, le valet difforme, Juste, le protestant rescapé, Pascale, force brute et courageuse, et que dire des Souris, petit rôle mais véhiculant tant d'histoires terribles, et Alice, maman de Grymonde et moitié "sorcière", belle, forte et visionnaire, qui rencontre Carla et qui se fond en elle...
Bref, Mattias et Carla doivent se retrouver sur Paris, mais les "évènements" le décideront autrement. le lecteur côtoie alors la fange parisienne et humaine, les complots et des combats à donner la nausée tellement les descriptions sont réalistes (on retrouve là je pense le passé de chirurgien de l'auteur qui nous décrit tous les détails avec l'ultime précision!!), mais aussi de la douceur (oui, oui, parfois), l'amour, puissant, brut, comme il sait l'être parfois, la tendresse et l'attachement, bref, tous les sentiments dont l'homme peut être capable.
Oeuvre fantastique que j'ai dévoré malgré le volume, et à aucun moment dans ma lecture je ne me suis lassée ou ennuyée!! Vite, vite, "Religion" maintenant!!
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« L'homme qu'elle aimait était un homme voué à verser le sang. Il s'était engagé à cette fidélité très longtemps avant de savoir à quoi il se vouait, lorsque des hommes pas très différents de ceux qui jonchaient le rivage avaient mutilé la vie qu'il aurait pu obtenir du royaume des possibilités ».

Si cette citation arrive à la page 914 des Douze enfants de Paris, ce qu'elle nous révèle nous l'avons su bien plus tôt : oui, Mattias Tannhauser aime à éviscérer son prochain, et, c'est un fait, Tim Willocks (ou son traducteur, mais je ne parierais pas forcément là-dessus) aime à faire des phrases aussi emberlificotées qu'un intestin extrait d'un ventre à coup de spontone.
Bref, autant le dire tout de suite, on a été assez déçu par cette suite de la religion, premier et grand roman épique d'une trilogie annoncée de l'auteur anglais.

Après le siège de Malte, on retrouve donc le Templier un tantinet psychopathe Mattias Tannhauser à Paris où, à la veille de la Saint Barthélémy, il est venu retrouver sa femme, Carla, comtesse de la Penautier, qui, bien que sa grossesse arrive à son terme, a tenu à venir jouer de la viole de gambe au mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois. Mais les retrouvailles de l'équarisseur en chef de la musicienne sont reportées sine die pour cause de massacre de protestants. Et Mattias de courir d'un coin de Paris à l'autre en découpant de manière on ne peut plus oecuménique protestants et catholiques, hommes ou femmes, qui se trouvent sur son chemin afin de retrouver Carla, enlevée par une bande de brigands à la solde d'un mystérieux commanditaire.

Tout n'est pas mauvais dans Les douze enfants de Paris. Il y a même du très bon ; en particulier la description très imagée et percutante du cloaque puant qu'est le Paris de l'époque ainsi que, bien entendu, celle de l'intérieur d'un être humain, que Tannhauser se plaît à mettre à l'air libre dans à peu près une page sur quatre. Ainsi, comme dans La religion, Tim Willocks plonge littéralement son lecteur dans la merde et le sang avec un talent consommé ; ce qui, en fin de compte, fait de son roman une lecture distrayante malgré ses défauts.
Parmi ceux-ci, on relèvera d'abord l'inanité du scénario. On ne comprendra jamais vraiment bien pourquoi Carla est prise en otage – quand le mystérieux commanditaire tombe entre les pattes de Mattias, ce dernier, plutôt que de lui demander ses raisons, préfère le dépecer – et l'on se demande si tous les allers-retours du héros sont utiles à autre chose qu'à accumuler les scènes (plaisantes, il est vrai) de Docteur Maboul sans anesthésie. Par ailleurs, aussi amusants soient les trépanations, éviscérations, énucléations et autres démembrements, et aussi trépidantes soient certaines des courses contre la montre de Tannhauser et de ses compagnons, Les douze enfants de Paris souffre incontestablement de sacrées longueurs. On peut donc aussi se demander – mais la réponse se trouve sans doute dans la question – si 930 pages étaient vraiment nécessaires.

En fin de compte, après avoir beaucoup apprécié La religion et espéré avec impatience la publication de ces Douze enfants de Paris, c'est avec circonspection que l'on attendra le troisième volet des aventures de Tannhauser.

PS : Quelqu'un a-t-il réussi à faire le compte des douze enfants ?

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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