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Critique de Fortuna


Nous sommes cette fois en plein massacre de la Saint Barthélemy. Les guerres de religion qui divisent la France entre catholiques et protestants durent déjà depuis dix ans.
Le 22 août 1572, alors qu'une chaleur caniculaire règne sur Paris, l'amiral de Coligny, chef des Huguenots, est assassiné. C'est alors le signal, et dès le 24 août la population parisienne va se livrer à une sanglante tuerie contre les protestants.

Quelques jours auparavant, le 18 août, la fille de Catherine de Médicis, Marguerite de Valois épousait le futur Henri IV. Carla était invitée à y jouer de la musique avec une amie huguenote. Concert symbolique qui sera finalement annulé. Une menace de mort pèse sur elle.
Mattias Tannhauser débarque quelques jours plus tard à Paris pour retrouver Clara qui est sur le point d'accoucher. Il ne connait ni la ville ni l'endroit où se trouve sa femme. Dès le début, après un aperçu sur Paris depuis les hauteurs de Notre-Dame, il se présente au Louvre, au coeur des intrigues du pouvoir. Il rencontre entre autres le duc de Retz auquel il conseille de couper les têtes de tous les dirigeants protestants. Et lui-même va prendre une part très active au massacre...

Comme dans "La Religion", l'absurdité de ces guerres religieuses est illustrée, dénoncée dès le début par la constatation que personne ne sait exactement pourquoi il se bat. Il faudrait pour cela des connaissances en théologie que peu possèdent. Ce sont donc des scènes d'une cruauté et d'une sauvagerie parfois assez insoutenables qui se succèdent. On peut parfois penser que Willocks en rajoute mais malheureusement le fond historique est réel. On peut se souvenir des scènes épouvantables décrites dans les "Tragiques" d'Agrippa d'Aubigné à propos de cette période.
A travers toutes les péripéties et les rencontres de nos personnages, toute une série d'enfants déjà plus ou moins grandis et capables de tuer, vont les accompagner. Ces enfants, dont le nombre douze est certainement symbolique (il est difficile d'en faire le décompte exact) sont à la fois victimes et acteurs du drame, issus de tous les milieux, souvent confrontés dès le plus jeune âge à des destins d'adultes. Seul celui de Matthias et Clara personnifiera l'innocence.

Le tableau que nous peint Tim Willocks est terrifiant mais la précision de la reconstitution de Paris de l'époque, les descriptions très détaillées de la vie quotidienne, des scènes de meurtres, nous le rend très proche et très vivant. La forme rappelle le roman feuilleton avec beaucoup d'action et de rebondissements, ce qui peut donner l'impression parfois de longueurs. Il est malgré tout moins réussi que le premier volume : multiplicité des intrigues et des personnages parfois difficiles à suivre, redondance des scènes violentes. Tannhauser apparait sous un jour très sombre, répandant des litres de sang sur son passage. Âmes sensibles s'abstenir. Et un bon conseil : constituer un glossaire des personnages peut s'avérer précieux.
Malgré ces quelques réserves, l'oeuvre est puissante et ne nous laisse pas indemnes.
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