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Critique de Cath36


Cath36
29 décembre 2013
J'ai retrouvé avec bonheur la petite musique schubertienne de l'écriture de Béatrice Wilmos, qui raconte les pires douleurs avec tact et délicatesse, toujours très attentive à ses personnages, un peu à la manière d'un Modiano. Dans ce récit où une enfant raconte l'amour de sa mère pour un jeune allemand qui a fui l'Allemagne nazie et qui en aime une autre, dont nous ne savons que le prénom, Esther (prénom qui en dit tout de même long sur sa situation), Wilmos décrit par petites touches la situation peu enviable de ces allemands qui, exilés de leur pays après y avoir été torturés, furent rejetés partout car ils étaient considérés comme faisant partie des ennemis. A travers le regard à la fois un peu voilé, naïf et pourtant sagace de l'enfant, Wilmos nous fait toucher du doigt à la fois le courage, l'amitié et l'amour mais aussi les lâchetés et les abominations qui régnaient dans ce chaos qu'était devenu la France pendant et après la guerre. Que peut l'amour dans un tel climat de haine et de violence, entre l'humanisme héroïque de certains et la déshumanisation des autres ?
"-Ne me demande rien, je t'en supplie. Je ne peux plus rien te donner. Il détache mes bras de son cou, se dégage de mon étreinte, lentement, comme s'il craignait que je trébuche à nouveau. Ses doigts glissent le long de mon bras, caressent mon poignet, la paume de ma main. Il recule, les yeux toujours posés sur moi. Il tient l'extrémité de mes doigts, recule encore. Sa main retombe, ne me touche plus. Cette fois, c'est fini. Il a tourné le dos et, tout de suite, le noir de l'allée l'a happé."
Très beau texte vraiment, à la fois sobre et pur, mais aussi réaliste et douloureux.
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