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EAN : 9782330097646
203 pages
Actes Sud (07/02/2018)
3.11/5   18 notes
Résumé :
À la chute de l'Empire ottoman, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Albanie connaît, comme le reste du monde, de profonds changements. Les nouveaux dirigeants souhaitent moderniser le pays et imposer leurs lois sur l'ensemble du territoire, mais ils se heurtent à la résistance farouche des montagnards du Nord, qui continuent de vivre selon le Kanun, le code ancestral de ces régions reculées que l'on dit hantées depuis la nuit des temps. Au printemps 1924,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce n'est peut-être pas très délicat à avancer comme argument de ma part, mais cet ouvrage constitue une chance exceptionnelle pour vous échapper pendant quelques heures des dernières informations sur la pandémie et ne pas souffrir de confinement. L'ouvrage d'Anila Wilms combine, en effet, une histoire à suspense de double assassinat avec une évocation originale de la population albanaise de juste après la Première Guerre mondiale, les rivalités politiques dans le Balkan avec des intrigues pétrolières entre grandes puissances. Un mélange heureux et agréablement écrit qui vous feront perdre toute notion du temps.

Le 6 avril 1924, sur le pont de la rivière Droga (peur en Français), près du village Mamurras à 40 kilomètres au nord-ouest de la capitale albanaise Tirana, est effectué une découverte horrible et macabre : une voiture abandonnée au milieu du pont, portières ouvertes, avec un mort au volant et un autre sur la banquette arrière. Une 3e victime se trouve étendue à quelques pas de la bagnole, également baignant dans le sang. Une fusillade les a tous les 3 criblés de balles.

Les 2 morts sont de jeunes voyageurs américains qui voulaient découvrir ce pays à part. L'un s'appelle Dan E. Marvin et est marié et l'autre, Gregory C. DeBurgh, est le fils d'un sénateur californien. La 3e victime se nomme Dod Kakarriqi, était le chauffeur du véhicule et est retrouvé dans le coma.

D'après le droit coutumier des montagnards du nord de l'Albanie, connu sous le nom de "Kanun" ou Canon, un des piliers de ce code de conduite est l'hospitalité, l'autre la vendetta ou la dette de sang. Tuer un hôte, tels ces jeunes touristes américains, est considéré comme le crime absolu !

Un personnage central est Julius G. Grant, l'émissaire des États-Unis à Tirana, un homme sérieux et consciencieux, qui aura fort à faire pour tenir son chef à Washington, le secrétaire d'État aux affaires étrangères, au courant du développement de l'enquête criminelle pour mettre la main sur les responsables du meurtre de ses compatriotes.

En même temps il faut qu'il se débrouille pour obtenir une concession importante sur les gisements pétroliers albanais en faveur de la Standard Oil de John D. Rockefeller. Seulement la concurrence est dure, puisque son homologue britannique, sir William Harris essaie de même pour l'Anglo-Persian Oil Company de William Knox D'Arcy. Tâche d'autant plus délicate pour notre Julius que sir William est un faux jeton comme seule la perfide Albion sait en produire.

Anila Wilms en choisissant avec soin ses personnages locaux qu'elle décrit avec verve et maestria nous livre un riche panorama de la population albanaise de cette époque, allant du riche "bey" propriétaire terrien et figure dominante, en passant par les moins fortunés citadins de la capitale, les pauvres travailleurs agricoles, jusqu'aux rustres et misérables montagnards du haut nord du pays.

Tous ces braves gens se rencontrent de préférence au Bar Bristol, où sous l'oeil vigilant du patron Demi, les Albanais se lancent dans des conciliabules parfois particulièrement animés. le dénommé Keno Effendi y assure souvent la touche comique. Ainsi, lorsque le crieur public vient annoncer toutes les libertés qui sont suspendues à la suite du double assassinat, il remarque : "Je ne savais pas qu'on avait autant de droits ! C'est bête de l'apprendre juste au moment où on nous les retire".

Dans les 205 pages de son roman, l'auteure ne perd jamais de vue le double meurtre brutal du début en nous sert régulièrement de petites bribes d'informations et sans jamais, dans le narratif sur son pays... perdre le nord.

J'espère qu'Anila Wilms ne va pas se mettre à faire de la couture ou de la dentelle au lieu d'écrire de fins romans, car honnêtement j'aimerais bien lire un deuxième ouvrage d'elle de cette qualité, si possible.
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Voici un roman historique s'inspirant d'un fait réel, l'assassinat de deux américains sur la route du Nord au printemps 1924, en Albanie.
Ce crime est contraire au "KANUN, "le code ancestral de ces régions plaçant l'hospitalité au plus haut rang des vertus.
Ce fait qui a touché le fils d'un sénateur américain plonge le petit état qui connait de grands changements au lendemain de la première guerre mondiale ( malgré la résistance farouche des montagnards de Nord, adeptes du KANUN ) dans une profonde crise diplomatique qui risque de dégénérer en guerre civile ..
Mais que faisaient donc ces deux américains sur la route du Nord? Ces régions reculées que l'on disait hantées depuis la nuit des temps ?
Cela devient une affaire d'état : journalistes, diplomates, habitués des cafés se passionnent....
Leur présence était - elle liée aux nombreuses rumeurs qui prétendaient que la région recèlerait d'abondantes ressources pétrolières ?
Qui a bien pu vouloir leur mort?
Pourquoi l'effervescence s'empare t- elle de la capitale ?N'en disons pas plus.
L'auteur se sert intelligemment de l'histoire en mélangeant ,tel un polar , les légendes albanaises , au coeur de cette Albanie , secrète et méconnue au bouillonnement politique du lendemain de la grande guerre. .....
Elle signe une espèce de parabole habile et documentée sur la modernisation à marche forcée d'un pays , le poids immense des traditions, les conflits d'intérêt , les codes ancestraux,la diplomatie et les ambassadeurs, les résistances de toute sorte, les rancoeurs , la haine , l'esprit de vengeance, la situation de Tirana,les rouages d'un système , l'autorité du KANUN , l'enquête des journalistes et le travail des services secrets qui s'en mêlent ....
Une rude expédition sur des routes poussiéreuses et défoncées ...
C'est bien écrit , un premier roman traduit de l'allemand par Carole Fily chez Actes Sud actes noirs .
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Ce roman est paru chez Actes Sud dans la collection Actes noirs.
Certes, il y a un double meurtre et une enquête.
Mais il s'agit surtout d'un roman qui nous emporte dans l'Albanie des années 1920 alors que le pays savoure (?) sa jeune indépendance face à l'Empire ottoman.
Cette indépendance suggère la mise en place d'un gouvernement stable ce qui représente une gageure. En effet, les forces en présence prétendent toutes à exercer le pouvoir et les dissensions se font ressentir jusque dans la chair des représentants politiques et religieux.
L'indépendance est par ailleurs un concept fragile car, alors que débute le récit en 1924, les Anglais et les Américains sont très présents via leurs ambassadeurs. Ceux-ci manipulent les représentants politiques qui cherchent des appuis pour obtenir le Graal : la possibilité de forer puisque des études laissent penser à des gisements de pétrole sur ce territoire tout neuf.
Voilà pour l'intrigue.
Ce roman représente une page d'histoire qui m'était inconnue et c'est ce qui m'a donné la motivation pour le terminer. le style, lui, est très inégal et rend rapidement la lecture ennuyeuse.
L'autrice est albanaise et elle s'est probablement amusée à raconter les aventures « picaresques » des Albanais mais le contraste avec le style adopté à d'autres temporalités du récit est déconcertant car il n'y a pas de délimitation.
Bref, j'ai mis 2 mois pour en voir le bout. La narration manque de structures mais j'ai appris beaucoup de choses.
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L'Albanie est un pays méconnu. Nous ne connaissons pas son histoire, sa culture. Rien. Nada. Que dalle. Que pouic.

Par contre, dans nos pays, circulent des tas de clichés sur ses ressortissants. À tort ou à raison puisque dans un peuple, il y a de tout : les bons comme les moins bons, comme les méchants, les dangereux.

Albanie, 1924… La Grande Guerre est terminée, je n'ai encore lu que quelques pages et déjà mon intérêt a été happé par ce que l'auteure nous raconte sur ce petit pays des Balkans.

Le meurtre des deux Américains, qui est un fait réel, va servie de base à l'auteure pour nous parler de l'Albanie, de ses habitants, de ses politiciens, de son pétrole et de ceux qui le convoitent.

Ces derniers temps, j'ai vraiment été mettre mon nez dans la pourriture des politiciens, des diplomates, des gros industriels… Bref, je n'étais pas au pays des Bisounours mais plutôt chez Magouilles & Cie.

Ne cherchez pas un enquêteur, pour ce crime, mais plutôt une chasse à l'homme, une erreur de justice puisque l'on pendra des innocents. Ne cherchez pas non plus du bon sens, il n'y en a pas, les gens parlent à tort et à travers au café du coin, parlent pour ne rien dire, inventent, essayent de se rendre intéressant.

On se croirait sur les réseaux sociaux, quand tout le monde trolle ou cause pour ne rien dire.

Passant d'un personnage à l'autre, afin de nous montrer les points de vue les plus larges et comprendre un peu mieux l'Historie de l'Albanie, l'auteure donne l'impression d'oublier nos deux tués sur la route du Nord, mais pas du tout ! Ils sont toujours là, leur ombre plane sur tout ce qui se déroule en Albanie à ce moment-là !

Ce roman policier est un mélange d'Histoire, de légendes, de culture de cette Albanie que l'on ne connait pas, que l'on connait mal.

Par exemple, le Kanun (les codes de lois édictés par les califes et sultans de l'ancien empire ottoman) ne régit pas uniquement le code d'honneur et les vendettas, mais aussi les travaux publics et l'accueil de l'hôte.

Mêlant habillement la géopolitique, la diplomatie, explorant l'âme humaine et les jeux de vilains des politiciens, ce petit polar nous emmène dans une Albanie qui n'a rien à voir avec celle que l'on voit sur les affiches des agences de voyage.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Incipit :

"Depuis toujours, on racontait d'étranges histoires sur la région des montagnes du Nord ; histoires à l'image du caractère singulier et frondeur de ses habitants, selon l'opinion répandue dans le reste de l'Albanie. Ainsi cette querelle qui avait éclaté au début de la Grande Guerre entre les Autrichiens et les montagnards, lorsque l'armée autrichienne occupait le nord du pays. les premiers voulaient transformer en voie rapide l'ancienne route des caravanes qui traversait les montagnes, les seconds s'y opposaient. Dans le Kanun, le code ancestral des montagnes, il était écrit : "la route a des mesures précises : une hampe et demie. Elle doit être suffisamment large pour qu'un cheval lourdement chargé ou une charrette à boeufs puisse y circuler...."

Le ton est donné,rappelant Kadaré. Je pensais que le Kanun régissait le code d'honneur et les vendettas, je ne savais pas qu'il s'appliquait aussi aux détails des travaux publics.

le roman se poursuit comme un polar. Une voiture tombe dans une embuscade. Des bergers trouvent ses occupants morts. On imagine que l'enquête cherchera les coupables, les motifs, peut être les commanditaires....

L'histoire se poursuit à Tirana "modeste bourgade où l'on vendait autrefois du miel et du fromage de chèvre" devenue capitale d'un état Albanais encore balbutiant après la Grande Guerre. Les victimes sont deux Américains, le meurtre a des retentissements diplomatiques.

"...ce qui était arrivé était aux antipodes de l'esprit du Kanun. En Albanie, refuser l'hospitalité à un étranger était considéré comme la plus grande ignominie qui soit. Et pour les habitants des montagnes, l'hôte n'était pas seulement intouchable ; l'hôte, pour eux était sacré"

Journalistes, diplomates, habitués des cafés se passionnent pour ce qui est devenu une affaire d'Etat. le roman policier cède le pas à un roman historique se déroulant pendant  "une période difficile de la jeune démocratie albanaise" , la crise dans cet état balkanique après que le premier ministre ait essuyé un attentat en avril 1924. Différentes factions se disputent le pouvoir :  le Premier ministre, Fuad Herri, s'appuie sur les montagnards et la tradition, l'évêque Dorothéus revient d'émigration en Amérique et veut moderniser les moeurs politiques, les beys, enfin, ne veulent pas céder le pouvoir qu'ils détiennent depuis l'Empire Ottoman. Les puissances étrangères ne restent pas inactives : Américains et Britanniques convoitent le pétrole albanais. Serbes, Monténégrins et Grecs, verraient d'un bon oeil des rectifications de frontière à leur profit. Mussolini étendrait volontiers sa sphère d'influence à l'Albanie. Certains Albanais voit dans le fascisme un recours providentiel. Après des siècles de domination de la Sublime Porte les règles de la démocratie occidentales fonctionnent très imparfaitement, d'autant plus que la corruption est de rigueur. Les dessous-de table sont courants aussi bien dans la construction que dans l'obtention des concessions pétrolières.

"rafle tout ce que tu peux aujourd'hui, demain est dans les mains d'Allah". 

Le récit de la crise politique est loin d'être ennuyeux. Au contraire, le ton est tantôt burlesque tantôt ironique. J'ai beaucoup souri en lisant, et parfois ri à haute voix. 

"la sagesse populaire sait que les beys intelligents et les chevaux verts, cela n'existe pas"

L'énigme finit pas se résoudre (mais je ne vous raconterai pas comment). On peut aussi voir une parabole pour les "ingérences humanitaires", alors, la Société des Nations, aujourd'hui certaines ONG. 

Ce roman, basé sur un fait historique, est cependant une fiction, les noms ont été changés et l'auteur a pris des libertés littéraire. 

Lecture jubilatoire! 
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"L'Albanie était méconnaissable.
Les plaies de la Grande Guerre étaient encore à vif, le chaos s'était installé, une épouvantable pauvreté partout, des réfugiés de guerre, la grippe espagnole , le typhus et le choléra .
Adnan Bey avait une peur bleue des épidémies ...Les armées européennes avaient introduit dans le pays leurs mœurs corrompues ...."
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Guerre ! Guerre !
Grande Guerre !
Victoire en Albanie et victoire en Flandres !
Et meurent les autres, les autres, les autres....

Extrait du poème de Kurt Tucholsky "Guerre à la guerre"

(page 23).
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Les montagnards s’étaient toujours défendus par les armes contre ces intrus qui traversaient le pays d’est en ouest, ou l’inverse, combattaient pour la Croix ou le Croissant ou même vénéraient les dieux des steppes mongoles.
Quand, toutefois, ils s’implantaient, ces étrangers n’allaient jamais au-delà des vallées. À aucun moment ils n’avaient touché au cœur des montagnes. Il y avait des endroits où jamais encore un soldat ou un fonctionnaire étranger n’avait mis les pieds. Et puis, de toute façon, ils avaient tous fini par battre en retraite un jour ou l’autre. Les montagnards n’avaient eu de cesse de les repousser : les Ottomans, les Serbes, les Autrichiens. Il ne restait d’eux que leurs sépultures, les carcasses de leurs chevaux, ou bien, comme après la dernière guerre, leurs épaves rouillées, désormais envahies de ronces, au bord des routes.
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La route a des mesures précises. Nul véhicule qui fût plus grand et plus rapide qu’une charrette à bœufs ne devait y circuler : si l’on ouvrait ce passage, le monde entier déferlerait dans les montagnes, telle une avalanche de pierres dégringolant dans la vallée au printemps, et comme dans le monde il y avait plus de mal que de bien, ce serait la mort de leur région.
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Si l’on en croyait la légende, d’effroyables nymphes et autres créatures des eaux et des forêts attaquaient les marcheurs. La nuit, depuis qu’une compagnie française avait sauté à cet endroit, les esprits des morts y rôdaient, poussant des cris qui résonnaient d’un écho sinistre.
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