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EAN : 9782207130728
336 pages
Denoël (25/02/2016)
3.66/5   161 notes
Résumé :
Adam Fisk s'est installé à Toronto pour suivre des études de graphisme que lui finance sa grand-mère. Là, il s'est inscrit à un programme payant pour déterminer à laquelle des vingt-deux Affinités il appartient. Adam est un Tau, une des cinq plus importantes de ces nouvelles familles sociales théorisées par le chercheur Meir Klein. Quand la grand-mère d'Adam, diminuée par une attaque, est placée dans une maison de retraite, le jeune homme n'a plus les moyens de suiv... >Voir plus
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Robert-Charles Wilson confirme une fois de plus à quel point il est un écrivain fasciné par l'être humain. Et quel meilleur sujet pour traiter à la fois d'actualité et du comportement humain, que celui du développement d'un réseau social poussé à son extrême et transposé uniquement dans le monde réel et non plus uniquement dans le monde virtuel ?

L'auteur s'attaque donc à différentes thématiques, mais l'objet central demeure son observation de la société. le schéma est le même que pour Spin, à savoir qu'il fait intervenir un phénomène, ici il s'agit d'une intervention purement humaine et expliquée résidant dans la création d'un programme amenant des personnes répondant aux même critères secrets à se rencontrer et se créer une communauté. Puis après invention et présentation de ce phénomène, il laisse dérouler les événements, il observe et narre les conséquences sur les différents protagonistes. Et bien évidemment, au début seuls les avantages sautent aux yeux et donnent envie, puis se pose le problème du communautarisme, du rejet des autres, du sectarisme, de la discrimination, de la quête de pouvoir, et tout ce qui en découle.

C'est raconté de belle façon avec une narration à la première personne. Un personnage principal qui n'est jamais parvenu à trouver sa place et à s'identifier complètement à sa famille qui se compose de personnages extrêmement singuliers. Cette famille est marquée par l'absence totale de la mère du héros, absence de l'histoire même. Cette figure maternelle a été remplacée dans le coeur du narrateur par sa grand-mère, mais celle-ci se trouve être en fin de vie dès le début du livre. Et finalement, il se sent beaucoup plus proche de sa belle-mère, mais surtout de son demi-frère par alliance, lui aussi enfant solitaire, marginal et incompris.

Wilson nous montre à quel point le narrateur se retrouve alors dans la configuration parfaite d'un jeune homme ayant un besoin vital de se trouver une vraie famille, basée non pas sur des liens de sang, mais sur un amour et une confiance mutuelle. L'homme n'est pas fait pour vivre seul, il a besoin des autres, surtout si ceux-ci lui correspondent par un certain degré d'affinités.

Voilà, je ne vais pas tenter de faire un exposé de science sociale et sociétale, mais vous aurez, je l'espère, compris tout l'enjeu et le questionnement de ce roman captivant.
L'auteur met donc en balance la communauté dans laquelle on nait, que l'on ne choisit pas, avec celle que l'on trouve soi-même ou que l'on nous propose. Est-il possible de conjuguer les deux ? Peut-on oublier d'où on vient, et tirer un trait sur nos obligations et nos responsabités par rapport à notre origine familiale et sociale ? Est-ce que l'on se renie soi-même au final ?

Et encore, il y a bon nombre de questions supplémentaires qui se posent au fil de cette lecture.

Si le sujet vous intéresse, n'hésitez pas il est traité avec brio par un écrivain possédant une plume formidable.
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Robert-Charles Wilson est un auteur humaniste, avant d'être un écrivain de SF. Ce nouveau roman en est sans doute la preuve la plus évidente.

Il faut dire que l'idée même de cette histoire lui permet de mettre en avant cette qualité comme rarement jusqu'à présent. Car le roman parle surtout de relations interpersonnelles, au point de me faire même penser que ce livre n'a pas grand-chose à voir avec de la science-fiction.

Ce récit est une anticipation, dans un avenir très proche (on compte en années, en peu d'années) et nous présente ce que pourraient devenir les réseaux sociaux de demain. Pas seulement les réseaux virtuels, mais bien ceux qui mettent en relations les personnes en réel.

Wilson a imaginé ce futur relationnel par l'entremise d'une société ayant développé des algorithmes sociaux qui classent les gens selon leurs Affinités. Les affinités ainsi mises en lumière font que les personnes qui se ressemblent ne se quittent plus lorsqu'ils s'assemblent. Comme s'ils se comprenaient, sans avoir besoin de beaucoup communiquer.

Une thématique parfaite pour parler d'humanité. Une idée forte qui permettrait de rendre le monde meilleur. L'inter-compatibilité comme solution aux maux de notre société. du moins sur le papier.

La taxonomie (science des lois de la classification) au service d'un monde qui est en train de se détruire, entre haines qui conduisent à la guerre (même loin du Canada où se déroule l'action) et lente destruction de la nature. Si on se regroupe pour mieux se comprendre, peut-on régler le problème sans tomber dans des dérives sectaires ? Quel sujet passionnant !

Comme à son habitude, Robert-Charles Wilson nous fait réfléchir sur notre monde, pose des questions, nous aide à examiner la société avec un autre regard. Comme toujours, il le fait sans jamais porter de jugement, sans se positionner en donneur de leçon. Et surtout, oui surtout il raconte une histoire et met en scènes des personnages dans le cadre d'un vrai divertissement.

Car chez Wilson, les personnages sont plus importants que tout. Chacun, à son petit niveau, apporte une pierre à l'édifice qui permettra à notre société de se construire (ou de s'écrouler). Une sodalité des temps modernes racontée à travers les yeux de personnages touchants et profondément humains. C'est en ça que ce livre est si attachant et si intensément prenant.

Le parti pris de l'auteur d'en faire un roman assez court (325 pages) est à la fois étonnant, mais loin d'être décevant. Paradoxalement, j'aurai bien vu Wilson développer davantage son idée maîtresse, et pourtant le roman est parfaitement cohérent tel qu'il est. Il aurait pu développer davantage l'aspect géopolitique, mais a volontairement axé son histoire sur les relations humaines. C'est bien le sens de ces affinités, non ?

Les affinités est un roman magnifique, une belle réussite d'un Robert-Charles Wilson qui va à l'essentiel et qui a surtout trouvé ici un parfait terrain de jeu pour mettre en lumière ses profondes valeurs humanistes. Amateurs de SF ou non, allez-y les yeux grands ouverts.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Adam Fisk, étudiant en graphisme, passe, à reculons, des tests de la société Interalia, afin de savoir à quelle affinité il appartient. Il espère enfin vivre dès qu'il saura à quel groupe il appartient et ainsi s'intégrer à des personnes ayant le même regard que lui sur la société. Adam est un être solitaire, inadapté à la société. Il est issu d'une famille américaine aisée, réactionnaire, au « racisme sélectif », où les apparences et convenances sont les seules comportements admissibles. N'ayant pas suivi la route tracée par son père et préféré des études de « lopette » c'est sa grand-mère qui lui paye ses études à Toronto au Canada, loin de la famille.
Les affinités ont été créées par un téléodynamicien israélien Meir klein, on compte vingt-deux d'Affinités primaires et secondaires, nommés d'après les lettres de l'alphabet phénicien. Les tests consistent en une prise de sang, des visionnages de textes sons et images, un Irm et des tests interactifs.
Les résultats démontrent qu'il est un Tau , une des cinq plus importantes nouvelles familles sociales. Chaque affinité se subdivisant localement. Lors de sa première rencontre avec sa tranche, il a l'impression d'avoir trouvé sa famille.

La science-fiction transparait ici par petites touches infimes et délicates via des allusions, paraboles ayant une base scientifique.
L'anticipation, sociale, est notre futur proche. le futur imaginé par l'auteur ne se réalisera certainement pas dans son ensemble, mais les idées qu'il développe seront sans aucun doute présente dans notre quotidien dans quelques années, et pour certaines le sont déjà.
Le thème du réseau est traité de manière individuel, familial et sociétal. Qu'est-ce qui fait que deux individus se regroupent. Qu'est-ce qu'un groupe ? Comment nous regroupons nous ? Par quelles affinités : de race, de croyance, de couleur, de politique… Qu'est ce qui fait une société ?
Les sujets de la dynamique sociale, de l'organisation sociale, de la coopération sont abordés et vulgarisés clairement.
La deuxième partie du livre explore plus profondément le concept des affinités et de ses conséquences : Affinité – identité – exclusion – jalousie, et les différents groupes ou exclu qui rivalisent. Chaque groupe ayant sa propre structure, idéologie et intérêts différents, les murs frontières se dressent et les conflits deviennent inévitables. le groupe se referme sur lui, ne voyant dans l'Autre qu'incompréhension.

Comme toujours chez Robert-Charles Wilson, il est du côté de l'humain, ne s'interdisant pas des digressions dans la vie et le quotidien de ses personnages pour nous les rendre proche et comprendre au mieux leur psychologie et humanité. Au détour d'une conversation familiale, d'un appel téléphonique, nous apprenons que des évènements géopolitiques se produisent au travers le monde, que la technologie a évolué.
Les affinités nous sont contées depuis leurs émergences jusqu'à leur paroxysme, d'un point de vue individuel. Roman wilsonien, le narrateur n'est pas un héros, juste un individu lambda au prise avec un réel dont il ne détient pas les commandes, mais dont il doit, ou ne doit pas, s'accommoder.
La structure du récit suit le fil habituel du romancier : Un événement déclencheur qui est analysé par le narrateur sur le court, le moyen et le long terme. Mais l'analyse de l'évènement nous est aussi restituée à travers d'autres regards, par différents procédés stylistiques. Ce qui nous amène à nous interroger sur ce que nous ferions à la place du narrateur.
Les articles, extrait de document en ligne naturellement pour un ouvrage de science-fiction, qui émaillent chaque partie, nous permettent de prendre connaissance des analyses qui sont faites du phénomène des Affinités, et permettent d'ancrer la fiction dans le réel. La pluralité des points de vue fait réfléchir le lecteur sur des points auquel il aurait pu ne pas penser.
Le parallèle avec la mise en réseau informatique est fait habilement. Les personnages sont authentiques, avec leur héroïsme et leur bassesse, ni tout à fait blanc et parfois très noir.
L'écriture est simple, mais le style et syntaxe sont parfois soutenus…

Premier sujet qui fâche : Traduction et/ou correction parfois hasardeuse « Il approchait des soixante-dix ans et était davantage intimidant par son intelligence et sa réputation que par sa présence physique qui le rendaient. » « Ça pourrait être utile d'avoir des visages suspects dont dire à nos agents de sécurité de se méfier. »
Ce ne sont que deux exemples parmi de nombreux autres.
Problème de l'édition électronique ?

Deuxième sujet qui fâche, le prix 22 euros, 16 pour la version numérique, pour 330 pages. Même si ce tarif est malheureusement dans la moyenne de ce qui se fait actuellement, je trouve cela trop cher et ne favorise pas une démocratisation de l'accès à la culture pour les jeunes, les précaires et autre public en difficulté. La lecture devient désormais un loisir de luxe. La science-fiction est souvent considérée comme une littérature de gare pour ados boutonneux, ce n'est plus le cas, le cliché devrait être le bourgeois bien en chair.
Je sais que l'écrivain doit être rémunéré convenablement, que la traduction, l'illustration, le travail d'édition ont un coût, mais il est dommage de devoir attendre trois mois que le livre soit disponible dans une médiathèque (si par chance vous n'habitez pas en milieu rural) ou un an pour la version poche lorsque nous désirons simplement lire un auteur ou un livre qui nous plait. le livre doit rester populaire, et l'accès à la culture le plus large possible.
En outre, une version numérique vérolée par des DRM, la coupe est pleine.
Et un travail de relecture et de correction bâclées…

Troisième sujet qui fâche : le résumé de la quatrième de couverture. Est-il logique de dévoiler toute l'intrigue du roman ? Car oui, ce résumé est un résumé complet du livre.
Robert Charles Wilson étant un formidable conteur, nous sommes pris par l'histoire, que l'important est le chemin, pas la destination, mais il est dommageable que nous ne pouvons pas nous questionner sur où l'auteur veut en venir.
Gros carton rouge aux éditions Denoël

Les affinités est un très bon roman sur les interactions interpersonnelles qui peut être lu par les amateurs du genre comme par les autres.
Je vous le conseille vivement.
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Les Affinités est un roman qui semble à peine baigner dans la science-fiction, or c'est tout un art de transmettre une impression à la fois prémonitoire tout en restant ancrer dans la réalité. D'autant plus que Robert Charles Wilson ne cherche pas à nous éblouir les mirettes avec un gigantisme ahurissant comme dans Les chronolithes ou à nous faire décrocher la mâchoire de stupéfaction devant des effets spectaculaires ou des technologies révolutionnaires. Non, l'auteur bouleverse notre avenir avec une science molle, une matière mal-aimée, un domaine qui ne vend pas du rêve : la sociologie.

Le procédé employé par RC Wilson ne nous est pas inconnu puisqu'il est similaire aux Chronolithes. le roman est vécu à travers une seule et même personne, Adam Fisk; le lecteur vivant son intimité ne peut percevoir qu'avec davantage d'acuité et d'émotion les événements qui sont contés.

Cette narration intimiste et personnelle procure de l'émotion, ainsi qu'un attachement important vis à vis d'Adam. le lecteur se sent impliqué et concerné par toute cette aventure. le roman ne se résume pas au seul aspect du coeur.

L'intrigue est bien menée, et tout s'agence de manière à déboucher sur la conclusion imparable. Alors inutile de chercher des fusillades, des batailles et des courses poursuites à qui mieux-mieux, ce roman se joue sur la construction d'une opposition de plus en plus délétère.

En effet, Adam Fisk a une relation plutôt pourrie au sein de sa famille, et n'est malheureusement pas la fierté de son paternel, tout le contraire de son frère aîné. A Toronto, où il poursuit des études de graphistes, il pousse les portes d'une agence qui lui permettra de déterminer s'il peut intégrer une des 22 affinités et le cas échéant, laquelle. Les algorithmes sociologiques rendent leur verdict : il sera Tau (de l'alphabet grec, et non pas l'abréviation d'une bête à corne).

Dès la première réunion, c'est le coup de foudre! Lui, qui ne connaissait qu'un univers familial fait de dépit, d'angoisse, d'amertume et de déception, plonge avec délice au sein d'une petite communauté de Taus qui partagent une harmonie de pensée et de ressentis remarquables.

Ces Affinités révolutionnent les réseaux sociaux tels que nous les connaissons, elles vont bien au-delà de ceux-ci en mettant en relation des personnes taillées pour une collaboration pleine de compréhension et d'harmonie. Cela fait même rêver tant que l'algorithme tranche dans le sens positif. Ce Choixpeau sociologique va plus loin que ce que nous connaissons à l'heure actuelle. La force du roman puise ses fondations sur la cohérence de ce qui est décrit et qui existe de nos jour à un degré moindre. Les réseaux sociaux sont loin de se résumer à des sites de rencontres, FB, les blogs ou votre club de tennis. Ce dernier est un des noyaux les plus simple, voire primaire, et le fonctionnement décrit par RC Wilson s'apparente à des systèmes plus importants tels que les fraternités et sororités américaines (aux lettres grecques, en passant…) dont l'influence n'est pas négligeable. Nous pouvons évoquer le lobbying politique et/ou économique. Même en France, nous avons une confrérie de ce genre qui noyaute toute la structure politique et administrative du pays avec l'ENA.

Court, efficace et jouant à la fois sur l'émotion et l'intellect, Robert Charles Wilson nous délivre un roman percutant et mémorable.

critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2017/0..
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Tout d'abord, merci à Babelio, Masse critique et aux Editions Gallimard.

"Les affinités" est un roman d'anticipation à très court terme. L'auteur examine les possibles à partir d'un sujet d'actualité: les réseaux sociaux et leur empreinte sur la société. Il extrapole à partir d'une question apparemment banale: peuvent t'ils obtenir suffisamment de force économique et sociale pour prétendre au pouvoir politique..? Et quelles seraient les conséquences de leur accession au plus haut niveau ..?

"Dragon déchu" de Peter F. Hamilton décrivait, entre autres, une société où la notion de patriotisme d'entreprise avait remplacé celle de patriotisme de nation. En gros, le citoyen mourrait sur le champ de bataille spatial au nom d'une entité boursière; l'ennemi étant celui d'en face, en allégeance financière à une autre, tout aussi immatérielle. Les frontières disparaissaient, l'actionnariat forcené légitimant tout, même le pire.

"Les affinités" de Wilson fonctionnent sur un postulat à peine différent. La situation de départ est néanmoins d'apparence beaucoup plus philanthropique, l'humanisme légendaire de l'auteur passant par là. "Les affinités" sont des groupes sociaux (5 principaux et 21 annexes de moindres importances) constitués à partir de tests bénévoles mais payants qui consistent, pour un individu donné, à définir à quel groupe sociétal il appartient. La somme des données amassées permet de l'intégrer (ou pas) à l'une des 26 affinités existantes. Ce qu'il est aidera ses affinitaires à oeuvrer dans le sens commun.

Il y a là quelque chose du gestalt fusionnel imaginé par Sturgeon dans "Les plus qu'humains" quand l'union fait la force. Chaque affinité est farouchement autonome, opportuniste, orgueilleuse et déterminée; se sent investie du devoir d'accoucher de la meilleure des sociétés possibles. Ce au profit de ses seuls sociétaires et paradoxalement au nom d'un objectif sociétal idéalisé différent d'un rêve à l'autre. Deux d'entre elles, les Taus et les Hets ont des ambitions sociale, économique et politique immodérées, elles rêvent de mainmise absolue. Des jeux d'influence sans pitié se trament dans l'ombre, le pouvoir ultime est si proche pour l'une des deux que la mort de l'un des affinitaires de base n'est rien, qu'un détail mineur appartenant à la victoire ou la défaite.

Ainsi se côtoient sur ce petit monde fermé qu'est notre Terre d'ici à quelques années à peine : un système géopolitique traditionnel au bord du conflit nucléaire en début de roman (il n'apparait qu'en background occasionnel), deux sociétés "affinitaires" sans frontières et sans pitié aucune l'une pour l'autre, des recalés aux tests (sans affinités diagnostiquées) et des réfractaires (presque des apatrides volontaires), des systèmes religieux qui... etc.

Le reste appartient aux péripéties imaginées par l'auteur.

Adam Fisk, en mal de positionnement familial et économique stable, passe les tests d'affinité. Diagnostiqué Tau, il intègre une communauté qui par les jeux d'entre aide, lui assure une assise sociale importante et reconnue. Il est désormais à cheval entre un ancien modèle social qu'il rejette, mais dans lequel subsistent encore certaines amitiés et amours importantes qu'il souhaiterait ménager, et un nouveau qu'il espère totalement sien et Tau. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Les forces de R. C. Wilson sont multiples.
Son oeuvre est reconnue, encensée, plébiscitée par le fandom SF via ses postulats de départ forts, étonnants, ambitieux, complexes, proches de ce sens of wonder qui est le Saint Graal du SF-fan. A peine lui reproche t'on parfois de ne pas vraiment aller jusqu'à l'extrême bout de ses idées (c'est dire leur force d'impact sur les sociétés qu'il décrit).
Il est en outre suffisamment "transfictionnel" pour enchanter le lecteur de littérature générale. Il inclut dans ses trames flamboyantes des héros à hauteur d'homme qui trimballent leurs problèmes d'hommes, qui interagissent aux rythme de leurs défauts et qualités. Wilson ne véhicule pas de super-héros, il brasse ses personnages dans des situations qui les dépassent.
S'ajoutent à ce portrait d'auteur un humanisme presque palpable et un talent d'écriture qui use de simplicité pour décortiquer des phénomènes sociétaux et (pseudos)scientifiques très complexes.

PS: il y a aussi un peu de "L'Oreille Interne" de Silverberg dans ce roman: dans le sens de la grandeur et de la décadence d'un don: solitaire chez Silverberg, collectif chez R.C. Wilson.


Lien : https://laconvergenceparalle..
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Nous sommes l’espèce la plus coopérative de la planète... possédez-vous un seul objet que vous ayez entièrement fabriqué de vos mains avec des matériaux extraits par vos soins de la nature ? Et sans ce réseau de collaboration, nous sommes aussi vulnérables que des antilopes à trois pattes au milieu du territoire des lions. Mais en même temps, quel talent nous avons pour la cupidité, pour l’indifférence morale, pour des guerres de conquête à tous niveaux, du jardin d’enfants jusqu’aux Nations unies. Qui n’a pas souhaité pouvoir sortir de ce piège ? C’est comme si nous étions faits pour vivre dans une espèce de famille de conte de fées, dans une maison où les portes ne sont jamais fermées à clé et n’ont jamais besoin de l’être. Toutes les utopies à la manque sont un rêve de cette maison. On en a tellement envie qu’on refuse de croire que ça n’existe pas et ne peut pas exister.
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Mon dernier type régulier, c'était le père de Suze. Il a pris un boulot de monteur sur un pipeline dans l'Alberta à peu près au moment où je suis tombée enceinte. Mais c'était quelqu'un d'assez distrait. Il a oublié de laisser une adresse en partant.
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Comme toi, Jenny, je me suis toujours imaginé qu’il devait y avoir une place pour moi dans le monde. Tu sais de quoi je parle. Tu marches dans la rue par une nuit d’hiver si froide que tes pas sur le trottoir plein de neige font un bruit de verre pilé, de la lumière jaune s’échappe des fenêtres des maisons inconnues et tu surprends un moment d’une banalité exquise — une petite fille qui met la table, une femme qui fait la vaisselle, un homme qui tourne les pages d’un journal ; il te vient alors l’idée qu’en franchissant la porte d’entrée de cette maison, tu pourrais avoir une existence flambant neuve, les gens à l’intérieur te reconnaîtraient et te feraient bon accueil, tu t’apercevrais que tu connaissais depuis toujours cet endroit et que tu n’en étais jamais vraiment parti. […]
Il se trouve, Jenny, qu’il existe bel et bien une porte de ce genre. Il existe bel et bien une maison pleine de voix aimables et généreuses. Cette maison existe et j’ai eu la chance de la trouver.
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Je suis désolé pour mon père. Vraiment. Mais je n’ai jamais été beaucoup plus pour lui qu’une pensée après coup et une distraction. Il m’a nourri, toléré, et offert une place dans sa demeure. Ce pour quoi il mérite d’être remercié, j’imagine. Mais ça n’est absolument pas de l’amour et je ne peux pas dire que je l’aie vraiment aimé un jour.
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Et à vrai dire, coucher avec une femme mariée me gênait un peu. Non pour des questions de moralité, mais parce que c'était franchement asymétrique.
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