Une lecture très enrichissante. Livre écrit par un Médecin qui a 25 ans de pratique et qui dénonce le paternalisme ambiant dans le milieu médical, l'utilisation des femmes comme consommatrices principales alors même que la majeure partie des médicaments ne sont pas testés pour elles. À la fin de chaque chapitre il donne des références pour aller plus loin.
Martin WINCKLER vulgarise et explique la contraception "quoi et pour qui" il n'hésite pas à passer en revue les effets secondaires et indésirables, les dangers en fonction des profils, pourquoi chaque contraception doit s'adapter et, le plus important, que c'est le.la patient.e qui a le dernier mot. Un véritable soignant est celui qui respecte celui qui vient pour être soigné.
C'est un livre qui fait du bien car il démontre que les hommes peuvent réellement comprendre les femmes, comprendre l'importance de la lutte pour l'égalité, c'est un véritable féministe qui admet d'ailleurs apprendre encore tous les jours, qui lutte, qui n'a pas peur de se dire radical, qui utilise d'ailleurs l'écriture inclusive et la règle de proximité pour l'orthographe.
Le seul et unique bémol que j'ai relevé dans les 500 pages de cet ouvrage c'est un point sur la contraception où, pour le citer : "la prévention des grossesses non désirées est un problème trop sérieux pour le confier aux hommes" c'est gênant parce que cela revient à dire que les hommes ne sont pas capables de se responsabiliser et de comprendre, comme il l'a fait pourtant, à quel point c'est une question sérieuse. Je pense qu'au contraire il faut se battre pour que cette charge repose sur les deux sexes et plus seulement sur les femmes. Pour moi, le paternalisme se révèle dans cette réflexion qui décharge les hommes de leur responsabilité sur la question. Mais ce n'est qu'un détail face à l'immense travail effectué par ce médecin. Je suis officiellement une grande fan !
Au delà de l'auteur, toutes les femmes devraient avoir l'ouvrage dans les mains, pour mieux se connaitre mais surtout pour connaitre leurs droits en toute circonstances, pour ne pas devenir otage du corps médical. Je l'ai conseillé à plusieurs amies déjà, notamment celles qui vont avoir ou qui ont eu des enfants (référence :
Accouchement, les femmes méritent mieux de
Marie-Hélène Lahaye, 2018). Il existe encore trop de violences obstétricales et il les dénonce allègrement.
P.55 on voit même à quel point c'est un jeu de dupes. Face à certains symptômes les médecins donnent des placebos voir des perturbateurs (ex : un médicament qui déclenchent des saignements pour rassurer sur les règles, pour autant ça ne peut pas être une preuve d'ovulation, c'est donc uniquement pour avoir la paix !)
Il a déjà constaté à plusieurs reprises que des prescriptions se contredisent parfois parce que les médecins ne cherchent pas à savoir qui ils ont en face, les conséquences sont parfois affreuses et notamment des grossesses non désirées ! (au temps pour les anti-IVG qui parlent constamment de négligence)
Il rappelle régulièrement que les DIU ne sont pas dangereux pour la fertilité (Je ne sais pas vous mais moi c'est ce qu'on m'a seriné quand j'étais plus jeune)
La synchronisation des menstruations féminines est un mythe (là encore, j'y croyais dur comme fer). Pour les douleurs pendant les menstruations le spasfon est moins efficace que l'ibuprofène, son efficacité est même quasi inexistante (études à l'appui) mais sert de placebo. (ce qui n'est pas un jugement de valeur, il croit aux bienfaits du placebo, c'est juste qu'encore une fois c'est un jeu de dupe)
Toujours dans ce focus sur les menstruations, il explique qu'avoir mal ce n'est pas "normal" c'est à dire que c'est une perception qui varie et qu'il y a toujours une cause. Pendant longtemps les femmes qui se plaignait de douleurs chroniques étaient qualifiées d'hystériques (on revient sur le concept d'hystérie à la fin)
En France, il y a un retard sur la question (pour changer) :
- En Suède, une ONG a lancé une certification pour les entreprises "règles friendly" qui mettent en place une adaptation du temps de travail, qui mettent à disposition des protections hygiéniques dans les toilettes
- En Indonésie et au Japon il y a des congés menstruels, ç a a été discuté en 2017 en Italie. A noter qu'ils sont peu utilisés car ils restent tabous.
Question contraception pour les plus jeunes il présente l'idée de la "boite à pilules du lendemain et préservatifs" à disposition des adolescents, qu'il a lui-même mis en place pour ses enfants. Ouvrir le dialogue, se montrer ouvert et confiant tout en leur laissant vivre leur vie. Super idée à répandre à mon goût.
Question virginité : c'est une construction sociale ! Et c'est basé sur des faits scientifiques : il n'y a pas toujours d'hymen, pas toujours de saignement. Il n'existe AUCUN moyen de certifier de la "virginité" d'une femme et il n'hésite pas à pointer du doigts ses confrères qui pratiquent la reconstruction d'hymen, l'excision ou qui délivre des certificats de virginité. Il qualifié ces actes de violence envers les femmes, ni plus ni moins. La virginité n'est qu'une invention du patriarcat pour contrôler les jeunes femmes.
Question IVG : il l'écrit noir sur blanc : j'avais le droit d'être endormie localement OU d'avoir une anesthésie générale, j'ai eu de l'aspirine p*tain ! de même, du personnel médical m'avait bien dit que les pilules du lendemain tout comme les avortements pouvaient compromettre ma fertilité. C'EST FAUX et même si dans mon cas ça m'importait peu dans la mesure où j'ai toujours su que je ne voulais pas d'enfants, ce sont des mensonges terribles aux oreilles de celles qui en veulent.
Toujours à mettre dans la tronche des anti-IVG : la moitié voire les 2/3 des femmes qui ont recours à une IVG utilisaient un moyen contraceptif : l'erreur est souvent humaine, dû à une mauvaise contraception (imposée par le soignant bien souvent) et il ne faut pas oublier que pour chaque moyen de contraception il existe une promotion d'erreur.
Contrairement aux idées reçues, depuis 1990 les chiffres n'ont pas évolué, on compte 215 000 IVG/an.
Question accouchement : il dénonce les pratiques violentes : il y a deux fois trop d'épisiotomie en France (l'OMS préconise 10%, en France on monte à 20%), pratiquée non pas pour la mère ou l'enfant mais pour faciliter la vie du médecin, idem pour les déclenchements ! Souvent il s'agit de respecter l'emploi du temps du médecin par les besoins de la patiente.
Question de genre : Enfin une explication génétique du sexe, enfin des arguments scientifiques, je comprends mieux désormais les positions de genre, d'identité et de sexe. C'est très pertinent pour ceux qui ont tendance à moquer, minimiser, dénigrer les gens qui ne se sentent pas appartenir au genre qui leur a été attribué à la naissance.