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Critique de le_Bison


Silence. Aucun bruit ne s'envole de ces terres, lointaines contrées perdus dans la solitude des espaces et le silence qui se perd au-delà de l'horizon. Je n'entends que la complainte du vent venu mourir dans ces lieux sauvages que les autorités ont appelé Montana ou Wisconsin. Peu importe la frontière de l'état, lorsque je lève les yeux, je vois cette lune, clair de lune, blue moon, et ses étoiles qui scintillent tout autour. Dire que le silence est complet serait injuste et même irrespectueux envers mes compagnons nocturnes de ce soir, bêtes à poil, loups et coyotes hurlant à la mort aussi leur peine et leur solitude.

Et je suis bien, là, assis dans mon rockin' chair, rock in my ranch. Une guitare, une petite bière ou une bouteille de rye, un roman millésimé littérature de l'ouest, « Terres d'Amérique ». Les sabots dans la bouse, l'odeur du vrai ouest sauvage en prime. Walk on the Wild Side. Sauvages, comme des petites nouvelles tristes et sombres de l'Amérique profonde. Prendre même la route Sixty-Six, une boite de Huit-Six entre tes cuisses, descendre même jusqu'au Texas, y perdre son stetson envolé par la poussière et le retrouver sur la tête de Kris Kristofferson ou de Townes van Zandt. J'entends, tout au long de ces nouvelles, des mélodies country sans artifice, peines de coeur, grandeurs d'une solitude.

Sans faire de bruit pour ne pas altérer le silence de la nuit, je tourne les pages sans envie de faire de pauses. Ou si, justement... Si l'entrain m'attire, j'ai envie de prendre mon temps, d'y savourer chaque nouvelle comme on savoure un BBQ Ribs sorti du feu, d'y tremper mes lèvres comme si c'était la dernière bière qui accompagnait ma putain de vie, d'y entendre la musique d'une brochette de marshmallows roses crépitant de bonheur sur un feu de camp au milieu d'une nature vidée de nature humaine. Images éculées d'une certaine Amérique, certes, mais que je contemple entre les lignes, comme des lignes de pêches alignées sur le Bighorn Reservoir. Prendre son temps pour pêcher le bonheur.

Est-ce qu'il y a quelque chose de plus beau que de se retrouver seul, au bord de ce lac, entouré d'une nappe de brouillard et de silence, d'attendre que le soleil se lève – ou se couche -, et de feuilleter des histoires à la Thomas McGuane ou à la Jim Harrison. Et puis, ce soir, au clair de lune, c'est un nouvel auteur que je découvre, du talent dans un premier recueil de ses contes, sauvages et américains, au coeur de l'Amérique et des réserves indiennes, Callan Wink. Un auteur qui a illuminé ma lecture, jeune écrivain que je suivrai encore, s'il veut toujours m'embarquer dans ces grands espaces, car ce recueil est aussi bon qu'un sandwich au saucisson avec une bière fraîche, le clapotis de l'eau noire berçant une vie de silence sous le clair de lune.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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