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EAN : 9782330081584
238 pages
Jacqueline Chambon (06/09/2017)
4.12/5   82 notes
Résumé :
S'appuyant sur des faits réels, ce roman bouleversant raconte le destin de Filiz, une jeune Kurde vivant dans un village reculé de Turquie. Mariée à 12 ans et mère à 13 ans, elle va vivre terrorisée sous la coupe d'un homme violent qui pense qu'une femme bien tenue par son mari doit toujours être ornée de "bijoux bleus" ...
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Je croyais emprunter un livre apaisant , une romance d'été : mal m'a en a pris .......
Voici un ouvrage bouleversant lu d'une traite, la gorge serrée, révoltée, clouée à ma chaise, jusqu'à la dernière page apportant in extremis une touche de résilience bienvenue ....
C' est l'histoire de Filiz, basée sur des faits réels , une jeune fille vivant dans un village reculé de Turquie.
L'innocente Filiz , mariée à douze ans , mère à treize ans , soumise et terrorisée sous la coupe de son mari, Yunus, dédaigneux et méchant , brute , qu'elle sert comme une esclave domestique.
La belle - mère , dite " l'araignée", tisse sa toile , lui interdit de manger, même enceinte , et le mari fort de son statut d'époux , transforme la sexualité conjugale en viol avéré chaque jour et grossesses non désirées .
Des "bijoux" bleus ,bleu pâle ou bleu foncé ne tardent pas à recouvrir son corps , fruits de la tyrannie et des coups qui sont la signature du borné Yunus.
Indifféremment il la bat avec un outil en bois ou en fer qui déterminera la nuance de "bleu" .
Elle subit cette violence sans broncher , se tait , ainsi que ses enfants Halil , Selin et Séda battus comme plâtre eux aussi ........tout ceci à huit- clos ........
L'indicible est raconté crûment sans fioritures , en phrases et chapitres courts , presque minimalistes , des mots qui claquent et résonnent d'une extraordinaire poésie , douce , baignée de couleurs et de lumière , paradoxe d'un tel ouvrage.
Comment de par le monde , peut- on rabaisser une femme au niveau d'un chien ? ( dans notre pays les chiens sont bien traités)
Folie, imbécilité , orgueil masculin , obscurantisme d'un autre âge ?
Heureusement le 1er août 1998, les voisins ont appelé les urgences et la police , une page se tournera , Fiiiz et ses enfants s'en sortiront ........
Elle voit enfin la lumière de la liberté .......
Un livre poignant à ne pas mettre entre les mains d'âmes sensibles !
" Des coups pleuvent du plafond.
Des coups pleuvent des murs.
Des coups surgissent des interstices du parquet .
Un coup . Deux coups . Un coup . Deux coups .
Tu me bats à mort mais tu ne m'atteins pas
Il me brise le nez, me brise les deux mâchoires .
Il me brise les bras et les côtes .
Il brise la table de nuit, le bois du lit, les dessins des enfants tombent du mur .
Tu veux ma vie , mais tu es mon bourreau ..."

Traduit de l'allemand par Pierrick Steunou chez Actes Sud.
Un premier roman qui a reçu le prix Mara -Cassens en Allemagne .
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Filiz est née en Turquie au milieu de ses nombreux frères et soeurs. Attirée par un garçon, elle se marie très vite avec lui. Mais le bonheur n'est pas là comme elle l'attendait, ce sont les bijoux bleus qui fleurissent sur son corps...
L'histoire de Filiz est basée sur une histoire vraie, elle raconte par petites touches son enfance, et tout de suite après son entrée dans la vie adulte, brutale. Son mari n'a aucune considération pour elle, un mot ou un regard qui ne va pas, pas d'humeur et c'est les coups qui tombent. Longtemps, elle subit cette violence qu'elle recouvre de mots plus doux. On ne distingue parfois difficilement le rêve et la réalité... Un cauchemar qu'elle traverse avec ses enfants, une vie impossible. Cette souffrance n'est pas normale mais ces femmes battues n'osent parfois rien faire pour sortir de cette violence qui est parfois banalisée.
Un témoignage que j'ai lu d'une traite, qui m'a mis les larmes aux yeux.
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Une très jeune fille turque se laisse enlever et épouser, contre l'avis de ses parents, par un jeune homme qui s'avèrera extrêmement violent et la frappera presque tous les jours, ainsi que leurs trois enfants. Elle trouvera son salut, bien tardivement cependant, en Autriche où ont émigré.
L'imagination permet à Yildiz d'échapper à sa condition de femme battue, de femme esclave et harcelée. Elle est constellée de bleus, d'où le titre du roman, et comme le sont plus ou moins les femmes de son village.
Nous connaîtrons son sort dans les deux dernières pages, cette histoire véridique m'a tenu en haleine jusqu'au bout et m'a donné des frissons.
J'aurais aimé entendre aussi parler des femmes battues autrichiennes (pas seulement turques, il y en a dans tous les pays) et savoir comment empêcher un tel homme de nuire.
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Chaque mot claque comme les coups qui pleuvent, les humiliations, les viols. Voilà la vie de Filiz qui a fuit sa famille pour vivre avec Yunus, qui deviendra son mari pour le pire.

Elle qui rêvait, comme toutes les filles, de grand amour. Filiz APPARTIENT, corps et âme à Yunus, c'est son esclave dans tous les sens du terme.

Et cela ne suffira pas. Les enfants y passent aussi, lorsque la mère n'y suffit plus.

Le pire, c'est les paroles de sa mère, venue lui rendre visite en Autriche, qui a assisté à la violence que Filiz subit et qui lui dit avant de repartir : « Il faut que tu donnes plus d'amour à ton mari, sinon tu vas le perdre. Que deviendront alors les enfants ? »

Ah ça elle en a des bijoux bleus, Filiz, elle les collectionne. du bleu le plus pâle au plus foncé, en passant par le noir et le rouge… Des bijoux de toutes les nuances de bleus ! Ne vous fiez pas au titre, ce n'est pas un roman à l'eau de rose. Et c'est tiré d'une histoire vraie.

Un premier roman choc qui fait frémir de la tête aux pieds. J'ai les poils qui se hérissent en fermant la dernière page.

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« Les bijoux bleus des femmes portent la signature des hommes. L'outil, bois ou fer, et le nombre de coups, déterminent la nuance de bleu »

Bien joli titre que propose Katherine Winkler pour son premier roman inspiré de faits réels: la descente aux enfers d'une jeune kurde mariée à 13 ans, esclave conjugale d'un mari brutal qui la passe à tabac quotidiennement, mère de jeunes trois enfants, eux aussi communément battus comme plâtre.

Des petits chapitres courts pour des tranches de vie, une construction minimaliste, des mots simples, rudes, qui claquent comme les coups sur la peau. Une plume appropriée pour éloigner le cauchemar du quotidien. Juste les faits, car jamais ne s'expriment les sentiments de douleur, de révolte, de haine. Par atavisme archaïque, la femme battue n'est que silence assourdissant. À peine voit-on poindre un désir de suicide pour s'échapper.

On plonge véritablement dans l'horreur en huit clos, avec très peu de contexte extérieur. Dans ce récit à une voix, jamais l'homme ne s'explique. Peut-on parler de folie ou d'obscurantisme d'une société où la femme est moins considérée que le chien?
Un témoignage éprouvant pour tenter de comprendre les abîmes mortifères de la dépendance et de l'amour mêlés, de l'impuissance personnelle et culturelle.

On lit fasciné, révolté, le souffle court, même si les faits sont connus, déjà racontés dans d'autres histoires sur des cultures arriérés et patriarcales.
Un douloureux chemin vers une intégration réussie.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis debout dans l'étable entre les vaches dans un casier vide, les mains posées sur la barre métallique. Yunus se tient derrière moi, La Fourche dans les mains. Il me frappe avec le manche en bois. Les coups sont sourds, le bois résonne sourdement . En moi . Il frappe de plus en plus fort . Quand ses forces le lâchent , il frappe avec les dents en fer de La Fourche ...
TAPIS qu'on bat . "
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On frappe.
J'ouvre, tête et regard baissés. Le Hodja du village se tient sur le seuil, le serviteur de Dieu.
Tête et regard baissés, à voix basse, je réponds à ses questions. Mon mari dort. Sa mère n'est pas là.
Les yeux baissés je le salue d'un signe de tête et la porte se referme quand je sens la paume de Yunus me décoller la tête des épaules.
Yunus me conduit à l'étable et me traînant sur le sol caillouteux de la cour. Il va chercher une corde et me la passe autour du cou. Il met longtemps à trouver le nœud qui lui convient. Il jure. Je ne dis pas un mot.
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Dans ma tête je tiens ma comptabilité des recettes et des dépenses, la paix achetée, les coups épargnés et les coups reçus.
Combien de coups pour moi sont un coup pour les enfants ? Combien de coups de poing valent combien de coups de queue ? Combien cela coûte-t-il d'empêcher un coup ? Combien pour empêcher un viol ?
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J'entends les voisines chuchoter. Elles se penchent vers moi et me murmurent à l'oreille la chanson des femmes bleues. Tel est ton destin, tu dois vivre ainsi, même s'il est un chien. Nous devons toutes vivre ainsi, nous devons souffrir, nous ne pouvons rien faire pour nous venir en aide.
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Quand mon père entre dans la maison, le silence entre avec lui. Nous nous levons, nos yeux se regardent et se mettent d'accord. Yildiz place une chaise derrière mon père, Fatma lui ôte la veste des épaules, je cours vers le fût dans la cuisine et tire de l'eau dans un bol, trois louchées. Fatma est accroupie devant mon père, elle a défait ses lacets. Elle tire le pied droit par le talon, je suis accroupie à côté d'elle et m'occupe du pied gauche. Le pied de mon père est humide et chaud, je le trempe dans l'eau fraîche et je lave la journée de sa plante de pied. Zehra me tend la serviette, je sèche le pied en le frottant et ma main le fait glisser dans la sandale.
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