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EAN : 9782864327875
89 pages
Verdier (12/03/2015)
4/5   4 notes
Résumé :
Tout commence en Inde, à Ellorâ, où le narrateur déambule sans fin dans des temples bouddhistes creusés dans le roc. De temps à autre, il se plonge dans la lecture du bref journal d'Ilsé Aichinger, Kleist, mousse, faisans. Une phrase le transporte soudain en 1943, le jour où son grand-père reçoit un courrier lui annonçant qu'Adam, le troisième de ses fils, est mort au front, comme ses deux frères avant lui. La mère du narrateur apprend la triste nouvelle par cette f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mère et le crayon s'appuie sur les notes de lecture d'Ilse Aichinger et Peter Handke prises par le narrateur lors d'un voyage en Inde. de ces quelques citations, il dévie et déroule les souvenirs de sa famille, ceux de sa mère et de sa grand-mère, ces femmes qui apprennent un matin que leur troisième fils, leur troisième frère est à son tour mort au front pour défendre sa patrie nazie. Josef Winkler revient sur des souvenirs d'enfance forgeant une génération, et rend ainsi hommage aux femmes de cette époque troublée. Troublée je le suis aussi à lire ces récits qui pourraient tout aussi bien prendre place dans une campagne française. La guerre est la même de chaque côté des frontières pour celles qui attendent. A vous écrire, je reprends pied dans le récit. En commençant cet article, je pensais vous parler de l'écriture remarquable de Winkler et surtout de ma saturation quant aux récits d'enfance (avec Edouard Louis, Peter Nadas, Alexis Jenni, Piotr Bednarski), surtout ceux datant des années 40. Je finis par m'en lasser aussi beaux et bien écrits soient-ils. Cela dit, en vous écrivant et en en prenant connaissance aussi de la biographie de Josef Winkler, j'apprends que l'Inde est un thème récurrent dans plusieurs de ces romans (Shmashana et Sur les rives du Gange), et puis cet autre titre Cimetière des oranges amères formant un poème à lui seul, et puis cette écriture autrichienne qui file et se défile, ses phrases qui n'en finissent pas, admirablement traduites par Olivier le Lay dont j'ai peine à vous sélectionner un extrait tellement les paragraphes s'enchainent avec justesse et sont indissociables les uns des autres. Il est certain maintenant que je reviendrai prochainement vers Josef Winkler, sans doute pour un roman un peu moins autobiographique – ou simplement moins lié à l'enfance et à la guerre – j'ai le sentiment que j'ai beaucoup à apprendre de cet auteur et que son expérience ne peut que me faire grandir moi aussi. Bref, je m'emballe… Voilà ce que j'appelle une vraie rencontre en littérature, une porte ouverte qui m'ébauche de futures très belles lectures.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Dans l’enfance aussi, il y avait des miroirs, mais à une plus grande distance. Peu à peu nous nous rapprochons de nous-mêmes, l’espace qui nous entoure s’amenuise, bientôt nous voici au plus près. Encore un pas et nous brisons le miroir à coups de poing, nous nous coupons, nous saignons. Ou nous nous immobilisons. » En lisant ces quelques phrases d’Ilse Aichinger, extraites du chapitre « Notes éparses » de son recueil Kleist, mousse, faisans, que j’emportai en Inde l’été passé et dans la lecture duquel je ne cessais de me plonger quand, à Ellora, déambulant pendant six heures à travers les sanctuaires bouddhistes, temples monolithes creusés à même la roche, nous nous octroyions quelque répit, il me revint à l’esprit – « et la parole prit son envol » – la Madonna della seggiola de Raphaël, qui surmontait les deux lits de mes parents, et se reflétait sur le mur d’en face dans ce miroir dont le large cadre, comme les armoires et les lits de la chambre, avait été ouvragé dans le bois du grand noyer qui poussait jadis devant la maison des parents de ma mère, non loin du pommier Gravenstein sous la ramure duquel, étant enfants, nous trottions en poussant notre ballon, jusqu’à ce que la tête nous tourne, ou, nous hissant sur la pointe de nos orteils, nous cueillions les pommes Gravenstein d’un jaune cireux, toutes piquetées, tavelées de carmin, marchant parfois sur les fruits pourrissants qui jonchaient le sol ou sur ces guêpes au fuselage jaune-brun qui, surgies là-haut dans le grenier de leur ballon de papier gris, nous épouvantaient tant, et que nos semelles enfouissaient dans la chair tendre et juteuse des pommes Gravenstein. C’est à l’aplomb de ce vieux miroir, le premier miroir que j’ai perçu vraiment – oui, je pris pour vraie l’image spéculaire -, où l’on voyait apparaître, légèrement déformés, La vierge à la chaise de Raphaël, avec son visage fier et débonnaire, le petit enfant Jésus qui, dans son giron, tout potelé, glisse subrepticement la main sous son châle vert pour lui palper les seins, et, à l’arrière-plan, les mains jointes en une prière, l’ange au regard affligé et soucieux – il entend déjà s’enfoncer les clous de la crucifixion -, que se trouvait, dans un petit cadre, le portrait en noir et blanc, triste et un peu flou, de ma grand-mère maternelle, morte à l’âge de soixante ans d’avoir eu le cœur brisé, quelques heures après que le médecin de famille, venu de l’autre rive de la Drave, lui eut administré une ultime piqûre au cœur, comme on disait alors, cette même grand-mère qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, perdit en une seule année trois fils encore dans la fleur de l’âge, les frères de ma mère, âgés respectivement de dix-huit, vingt et vingt-deux ans quand ils trouvèrent la mort sur les champs de bataille. « Comment ne voudrais-je pas garder le deuil, puisqu’il n’y a plus qu’en lui que je me retrouve ? » écrit Ilse Aichinger. Et : « Qu’est-ce à dire : la mort ? […] En novembre fleurissent encore des boules de neige. A quelles profondeurs sommes-nous descendus ? Sauriez-vous me dire s’il est tard, quand sonnent les dix coups ? Je ne puis pas lire l’heure. »
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Video de Josef Winkler (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Josef Winkler
En 1981, Josef Winkler loue une chambre dans une ferme de montagne de Carinthie, non loin de son village natal, afin d'y terminer son roman Langue maternelle (trad. Bernard Banoun, Verdier, 2008, prix de traduction Gérard de Nerval de la SGDL 2009). Ce dernier achevé, sa logeuse entreprend de lui raconter son histoire, qu'il enregistre au magnétophone. Comme d'autres, en 1943, elle et sa soeur furent arrachées à leur famille ukrainienne et amenées de force par l'armée allemande dans la campagne autrichienne, pour y travailler dans une exploitation agricole et ainsi compenser le manque de main-d'oeuvre. Josef Winkler découvre alors cette réalité occultée par l'histoire officielle autrichienne. Avec L'Ukrainienne, il donne la parole à cette femme, dont il livre une autobiographie bouleversante.
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