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EAN : 9782228911443
173 pages
Payot et Rivages (17/09/2014)
3/5   5 notes
Résumé :
L'enfant a besoin de parents à bousculer, à aimer, de qui être aimé, à haïr et à craindre, car c'est dans ces interactions qu'il fait l'apprentissage de la vie en société. Quelles sortes de tensions, positives ou négatives, émanant des parents ou des enfants, parcourent la famille et la rendent plus forte et solide, ou, au contraire, contribuent à la désintégrer ? Quelles sont les conséquences sur la vie familiale de la dépression de l'un ou des deux parents ? Et qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un jour, un clochard un brin taré est venu prendre la paire de ciseaux sur le comptoir du bar pour m'inviter à lui filer de la bouffe rapidement. Je lui ai donné une barre de chocolat qu'on vendait une balle –ce sera pris sur le compte de la maison. Non, je n'ai pas bon coeur, j'avais juste envie de pas me faire planter le mien par les lames des ciseaux. le taré n'avait sans doute pas vraiment faim, gras comme un phoque, et les poubelles des alentours débordant de bouffe pas terminée. Même moi je pourrais récupérer leur contenu et inviter mes potes pour un apéro si je m'en donnais la peine cinq minutes.


Vous avez donc d'une part le taré qui recherche sans le savoir quelque chose de bon qui a été perdu à un stade précoce : cette disparition suscite en lui de la colère. C'est comme quand vous perdez vos clés de voiture alors qu'on vous attend à l'autre bout de la ville pour prendre l'apéro. Et vous avez d'autre part la menteuse (moi) qui sait ce qu'il faut céder de sa personnalité pour donner à l'autre ce dont il a besoin. On appelle ça le faux self, c'est comme transformer de l'or en plomb. En plus de ça, la menteuse agit avec le sourire, comme si elle était heureuse de faire du gâchis. Dans le fond, ça peut faire naître la haine. Mais ça ne se verra pas tout de suite.


Les tarés, en agissant comme ils le font, témoignent de leur espoir de retrouver une mère suffisamment bonne, un environnement familial suffisamment bon, des relations suffisamment bonnes. C'est comme ça qu'on travaille en société. Donald dit que la société démocratique c'est pas trop mal, à condition que ça ne concerne que des individus sains d'esprit ayant atteint la maturité psychologique (c'est rare). Mais aux autres, on ne devrait pas leur imposer la démocratie « puisque le simple fait d'entreprendre cette tâche suppose d'appliquer de l'extérieur une force qui n'est efficace que si elle vient de l'intérieur, de la bonne santé mentale de chaque individu ». Pas vraiment de solution proposée. On leur fait quoi aux insanes ? Puisqu'ils ne méritent pas la démocratie, on les pend à des crochets et on joue à la boxe avec ? Donald ne dit rien de tout ça mais suggère une réponse avec finesse, en se concentrant uniquement sur le cas des gosses. Selon lui, on a vu une forte amélioration de l'équilibre psychologique des enfants antisociaux lorsqu'on les a placés dans une structure d'accueil privilégiant un grand nombre d'individus, une hiérarchie qui sait imposer de l'autorité et des règles strictes. Bref, le bagne.


Moi, je n'irai pas au bagne. Je suis gentille comme tout, je donne des barres au chocolat aux gens qui veulent me planter des ciseaux dans le coeur, comme à l'école maternelle. En fait je suis juste conne mais chut. Jésus Christ aimait bien faire pareil. Ce que veut révolutionner Winnicott avec son concept de « suffisamment bon » c'est que, peut-être, ce taré n'a pas subi de déprivation de la part de son environnement lorsqu'il était gosse. Peut-être que sa mère était trop parfaite et l'a submergé, peut-être était-elle dépressive ou psychotique, peut-être ce taré a-t-il été élevé par une louve et, quoiqu'en disent Rémus et Romulus, ça suffit à peine à remplacer une figure maternelle. Quand on y réfléchit bien, presque aucun individu n'a réussi à grandir sainement dans une famille et pourtant, il le faut bien. Et pourquoi ? Parce qu'un début aussi calamiteux dans la vie, c'est presque comme une maladie qu'on aura envie de guérir par la suite, en fondant à notre tour une famille. Ainsi se suivent les générations. Fonder une famille, c'est l'espoir de guérir d'être né dans une famille. le gosse apparaît là comme un fantasme, comme un espoir, comme un leurre, comme un gadget. le gosse permet à un des parents (aux deux pour les plus chanceux) de devenir fou, de régresser ou de vivre par substitution. Tous ces parents-là sont des raclures. Ils attendent quelque chose de leur enfant, quelque chose qui les excède. « C'est une chose terrible [genre] et pourtant vraie qu'il n'y a parfois pas d'espoir pour les enfants tant que les parents sont en vie ». C'est pour ça que Donald nous dit : famille, soyez seulement suffisamment bonne. N'oubliez pas votre gosse au fond d'une poubelle mais ne le placez pas non plus sur le trône lorsque vous mangez la choucroute en famille.


Ainsi, après avoir calmé le taré avec sa barre au chocolat, ai-je appelé les molosses du coin pour qu'on le vire à nouveau dans la rue à coups de pieds dans le cul. Un peu de paix, bordel !

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
[La dépression] est simplement ce que nous éprouvons tous de temps à autre. Nous ne voulons pas qu’on nous secoue comme un prunier pour nous sortir de cette humeur, mais un véritable ami nous tolère, nous aide un peu, et attend.
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Il y a quelque chose d’encourageant […] quand la dépression prend la forme d’une inquiétude à propos de quelque chose. […] Ce n’est pas à nous d’aider cette femme à parvenir à la véritable source de son sentiment de culpabilité […]. Ce que nous pouvons faire, c’est offrir un peu d’aide pendant un certain temps à l’endroit exact où l’individu exprime un échec, et ainsi lu communiquer de l’espoir.
[…] Nous savons que nous avons rempli notre rôle en agissant indirectement sur la maladie de cette femme et en renforçant sa capacité à résoudre un combat intérieur qui l’engageait si pleinement dans l’inconscient.
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La première [tendance] de l’individu est la tendance […] à s’éloigner de la mère, puis à s’éloigner du père et de la mère, et ensuite de la famille, chaque étape offrant une liberté accrue d’idées et de fonctionnement. L’autre tendance travaille dans la direction opposée et c’est le besoin de préserver, ou d’être en mesure de regagner la relation avec le père et la mère réels. C’est cette seconde tendance qui fait de la première un élément de croissance au lieu d’une perturbation de la personnalité de l’individu.
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J’ai une amie qui fait du conseil conjugal. Elle n’a pas eu une grosse formation sauf en tant qu’enseignante, mais elle a un tempérament qui lui permet d’accepter […] le problème tel qu’il lui est présenté. Elle n’a pas besoin de se livrer à une enquête pour savoir si les faits sont vrais ou si le problème ne lui est présenté que d’un seul point de vue ; elle prend simplement ce qui vient, et endure le tout. Ensuite le client rentre chez lui ou chez elle en se sentant un peu différent, et souvent même en trouvant une solution à un problème qui lui avait paru sans espoir. Elle fait un meilleur travail que beaucoup de gens qui ont suivi une formation spéciale. Elle ne donne quasiment jamais de conseils, parce qu’elle ne saurait pas quel conseil donner et parce qu’elle n’est pas le genre de personne à le faire.
En d’autres termes, les gens qui sortent de leur domaine de compétence peuvent être parfaitement efficaces s’ils sont capables de cesser aussitôt de donner des conseils.
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Dans notre travail thérapeutique, nous sommes profondément impliqués avec un patient ; nous traversons une phase où cette implication nous rend vulnérables (comme l’est la mère) ; nous sommes identifiés à l’enfant qui est temporairement dépendant de nous à un degré alarmant ; nous assistons à la perte du ou des faux self ; nous voyons le commencement d’un vrai self, un self doté d’un moi fort parce que, comme la mère avec son bébé, nous avons été capables d’offrir un soutien à ce moi.
[…] Ce que nous faisons dans la thérapie, c’est tenter d’imiter le processus naturel qui caractérise le comportement de toute mère avec son propre bébé.
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Vidéo de Donald W. Winnicott
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Robert Maggiori, philosophe, membre fondateur Avec Sébastien Talon, psychanalyste et psychothérapeute
Gare à le perdre! L'enfant le cherche toujours, le tient dans ses mains, le met dans sa bouche, et sans lui ne peut s'endormir. Pourquoi le nounours, le bout de tissu, la girafe ou le petit singe – autant de formes de doudou – sont si importants? Qu'est-ce qu'un « objet transitionnel »? « Ce n'est pas l'objet qui est transitionnel, l'objet représente la transition du petit enfant qui passe de l'état d'union avec sa mère à l'état où il est en relation avec elle, en tant que quelque chose d'extérieur et de séparé. » (Donald Winnicott)
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