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EAN : 9782072496301
Gallimard (05/03/2015)
3.8/5   40 notes
Résumé :
"Prince de l'ambiguïté", personnalité ondoyante, maître de l'équivoque, François Mitterrand a souvent déconcerté ses contemporains : vichyste et résistant, homme de droite devenu chef de la gauche, anticommuniste allié aux communistes, dénonciateur de la Ve République dont il finit par incarner comme personne les formes et les usages les plus discutables. Cet homme doublement enraciné dans sa Saintonge natale et dans son fief du Nivernais, aussi féru de littérature ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'adore Michel Winock, et je déteste François Mitterrand.... Ça, c'est dit... La biographie est bien écrite mais l'affection que l'auteur porte à "l'oeuvre de Mitterrand" est trop manifeste à mon goût, et certains éléments plus sombres de son Histoire n'apparaissent pas forcément.

En fait, ce livre met en évidence un élément fondamental pour comprendre l'oeuvre politique de Mitterrand. Il s'agit d'un homme formé par le régime parlementaire, ces "républiques de l'éloquence" où le pouvoir se conquiert grâce à la formation de coalitions dans les couloirs de l'assemblée. Tout était permis, même la "politique des boules puantes" pour avoir le pouvoir, ainsi s'explique à mon sens l'inconstance intellectuelle de Mitterrand sur l'ensemble de sa carrière. Finalement, l'oeuvre de "rassemblement de la gauche" engagée par Mitterrand et consorts dans les années 1960 et 1970, n'est que la formation d'une coalition à une autre échelle et sur une plus longue durée, en accord avec la temporalité de la Ve République. Peu importe les convictions, l'essentiel pour lui était d'avoir le pouvoir, d'où ce rattachement aux idées de gauches, de cet homme initialement de droite... Alors bien entendu, une fois au pouvoir, la constitution et le fonctionnement de la Ve République lui conviennent bien, même après avoir écrit "Le coup d'État permanent" en 1964, qui dénonçait l'action du Général de Gaulle, et faisait de lui un dictateur (pourtant son livre a pu être publié que je sache...).

Une fois le pouvoir entre les mains en 1981, le discours socialiste est oublié, et le mouvement de nationalisation de l'économie est un échec. Très vite, Mitterrand commence à parler de son "grand dessein" : l'Europe. La construction européenne, que je sache, est l'opposé même de toute construction d'une économie socialiste. Alors bon, je fais vite, mais mon but ici n'est pas de réécrire cette biographie... Je ne parlerai donc pas du délitement progressif de l'État (fondement de la démocratie à mon sens) qu'il a engagé dans tout ce processus (schegen, zone euro, tout ça entame les pouvoirs régaliens)...

Non, plus intéressant je pense, est le constat que l'on peut faire sur les répercussions sur la gauche en France jusqu'à aujourd'hui. Car l'abandon du programme socialiste (idéologiquement) initialement défendu par Mitterrand et l'ensemble des mouvements de gauche coalisés va créer la crise existentielle du Parti Socialiste d'aujourd'hui. L'absurde frappe la gauche. Mitterrand définit au début des années 1990 le nouveau projet du PS : "entretenir la solidarité sociale dans une économie libérale". Mais voilà, aujourd'hui il semble que le PS n'ait plus de raison d'être. C'est un parti coincé entre le libéralisme de leur père spirituel et le désir de "social" de leur électorat. Alors pour exister, il ne reste plus qu'à se considérer comme le dernier rempart contre le "fascisme"... Mitterrand a-t-il détruit le Parti Socialiste? Oui je le pense.

Pour finir, il faut souligner la corrélation entre le comportement de Mitterrand et le fonctionnement de la cour des rois. Il y a les grâces, les disgraciés (Bérégovoy), les mignons (Jacques Attali), le dauphin (Laurent Fabius)...

Tout ça laisse apparaître le mystère que constitue François Mitterrand pour nous. Il ne laisse pas indifférent, adoré ou honnit. Cette biographie, même très favorable, a le mérite d'inviter à la réflexion, et d'être bien écrite.
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Une excellente biographie, passionnante, ni laudative, ni à charge, dans un style travaillé, une attention portée à la qualité de l'écriture pas toujours présente chez les historiens.
François Mitterrand était on le sait, un personnage ambigu, énigmatique et complexe qui a fasciné beaucoup plus par sa personnalité que par ses idées et son action politique. Michel Winock retrace son itinéraire personnel et politique de son enfance charentaise, sa jeunesse à Paris, son passé de pétainiste avéré et de résistant incontestable, du ministre contestable qu'il fut sous la IV République (notamment en 1956 pendant la guerre d'Algérie), de son opposition à De Gaulle et à son "régime" auquel il s'est parfaitement accommodé à partir de 1981.
Sa ténacité, sa volonté d'indépendance, sa force dans l'adversité, sa capacité lorsqu'il est au fond de l'abîme à remonter à la surface, sa grande culture et son goût pour la lecture qui l'arrache à l'enfermement font partie des traits les plus séduisants voire fascinants de sa personnalité. En revanche, sa tendance à jouer de sa séduction et de son ascendant sur les autres pour manipuler, humilier, ses qualités de stratège mises au service d'un maintien au pouvoir coûte que coûte, son machiavelisme, ses compromissions, ses amitiés sulfureuses (même si la fidélité en amitié est honorable) sont beaucoup plus contestables.
Action économique plutôt négative de la gauche au pouvoir selon Michel Winock. Action plus positive dans les domaines culturels et sociétaux. Au final, en permettant l'alternance, François Mitterrand a contribué à consolider les institutions de la Vème République qu'il contestait.
J'ai préféré la première partie de la biographie, notamment la période de l'Occupation qui correspond bien à la complexité du personnage et de l'époque que nous avons bien du mal à juger aujourd'hui.
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Babelio Michel Winock François Mitterrand


Dans l'avant-propos du livre , Michel Winock précise que la biographie de Mitterrand qu'il présente n'est « ni exhaustive ni fragmentaire ». Vaste et difficile exercice que de retracer le parcours de cet homme au parcours politique long et sinueux, à la personnalité complexe et secrète.
Michel Winock expose un travail d'historien. Il retrace l'enfance de François Mitterrand, enracinée dans un terroir entre Saintonge et Guyenne, il recadre le parcours politique de ce jeune provincial d'origine bourgeoise et catholique dans l'histoire tourmentée de la France des années 1930. Michel Winock expose les épisodes controversés en s'appuyant sur les travaux récents qui éclairent les choix et orientations de François Mitterrand pendant la guerre et reprend le qualificatif de « vichysto-résistant ». Comment concilier la remise de la francisque avec l'entrée en Résistance ?
Développer l'habileté, la maîtrise et les ambiguïtés de François Mitterrand dans la vie politique des IV et Vème Républiques permet à l'auteur de resituer l'homme dans une période riche en évènements et en ruptures. Sa « conversion » au socialisme est analysée dans ses actes : son rapprochement stratégique avec les communistes, sa décision de nationaliser les grands groupes industriels et bancaires après 1981… Il présente les limites de l'homme politique : François Mitterrand ne fut pas un visionnaire , ses prises de position sur la décolonisation, l'écroulement du monde communiste … l'attestent. Farouche opposant à la Constitution de la Vème République, il excella dans son application à son profit après son élection à la Présidence.
Michel Winock évoque l'homme privé, sa double vie , l'homme cultivé et lettré, son charme et ses talents oratoires…, sa parfaite connaissance des arcanes politiques et ses talents de « tacticien talentueux » …
L'épilogue de l'ouvrage permet à Michel Winock de dresser un bilan nuancé et intéressant de cette longue carrière. le style et le sens de la synthèse contribuent à la réussite de l'ouvrage.


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Encore un excellent Winock!

Comme beaucoup de fils de bonne famille catholique, Mitterrand est fort proche des milieux faschistes et de l'extrême droite. Il entre dans la résistance après s'être évadé de prison et en sortie de guerre, s'appuyant sur son goupe d'anciens prisonniers, obtient très jeune un poste de ministre de l'intérieur puis de la justice.

Beau parleur et séducteur, il privilégie les petits partis ou il peut briller et s'oppose au 'despotisme' de De Gaule. Son ambition, unifier la gauche et en devenir le leader et il commence par s'allier à la force politique la plus importante, les communistes.

Danielle refusant le divorce en 58, le couple trouve un modus vivendi 'moderne'.

Mai 68 et le printemps de Prague contribuent à une nouvelle explosion de l'union de la gauche mais 1981 le consacre enfin. Son socialisme marxiste suranné du premier septennat doit évoluer vers une 'sociale démocratie' moderne et malgré cette marche arrière entre autres concernant les nationalisations, le mittérandisme de la fin du deuxième septenat commence à puer.
Mauvais bilan économique et social, poussée du chômage, révélation des scandales des écoutes téléphoniques, du Rainbow Warrior, corruption qui n'a rien à envier à ses prédécesseurs, nombreux mensonges sur son passé à Vichy, sa fille Mazarine, son état de santé.

Contrairement à un homme d'idéal tel que Clémenceau, il me semble que Mitterrand mérite plutôt une réputation d'intrigueur et de recherche du pouvoir à tout prix.
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François Mitterrand – de Michel Winock
L'auteur réalise une biographie équilibrée et passionnante de ce héros romanesque de la politique française d'après-guerre. Ce livre met en lumière la vie d'un homme comme un ensemble de contradictions au sein d'une seule et même cohérence.
C'est l'histoire d'un enfant de la bourgeoisie catholique devenant l'icône d'un mouvement révolutionnaire-progressiste, d'un anti-communiste rassemblant la gauche au-delà des clivages, d'un opposant à De Gaulle devenant le monarque de la république gaulliste, d'un homme de culture et de tradition en plein coeur de la modernité. C'est le cheminement insaisissable d'un socialiste converti, d'un romantique politique, d'un président qui avait une ambition culturelle pour la France.
On suit son parcours de jeune homme de droite, de prisonnier de guerre, de Vichysto-Résistant, de jeune ministre, d'opposant au Coup d'Etat permanent, de bâtisseur du Parti Socialiste. On l'accompagne dans son implantation locale et partisane, dans ses luttes d'hommes et de pouvoir, dans ses réussites et ses naufrages. de ses deux échecs aux présidentielles jusqu'à la victoire le menant au plus long règne de la Vième République. Les moments les plus sombres de sa vie ne sont pas occultés, mais des clés sont données pour les rendre intelligibles.
C'est également une plongée dans l'histoire de la Gauche, dans ses fondements, ses divisions, ses rassemblements et ses crises. C'est un éclairage sur la situation présente du Parti Socialiste, où comment un courant socialiste révolutionnaire est devenu un parti socialiste, puis social-démocrate, et maintenant libéral-jacobin ou social-libéral. On comprend mieux les racines des divisions actuelles et ses conséquences.
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critiques presse (3)
NonFiction
22 juillet 2015
Une vision historienne et subjective de l'homme Mitterrand par Michel Winock.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Lexpress
24 avril 2015
Un portrait tout en finesse, qui lève le masque d'un roi de l'ambiguïté.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
18 mars 2015
Michel Winock n'est pas un thuriféraire idolâtre, non plus qu'un un adversaire compulsif. Aucune nostalgie donc, mais, dans le style qu'on connaît à l'auteur, une écriture passionnante et un récit scrupuleusement rivé aux faits.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Vous vous sentez discrédité, mis à l'écart; vous avez l'impression que c'est irréversible et vous vous laissez aller, alors que la vie, en réalité, est toute puissante et que le lendemain matin, la semaine suivante, ou bien, pour ceux qui sont patients, un an, deux ans après, les pièces du puzzle changent de place. C'est mon tempérament. (François Mitterrand)
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Mais les morts, les vrais morts qui se confondent avec les souvenirs politiques, tristes ou joyeux, hantent aussi la jeunesse de François Mitterrand. Mort de l'oncle Robert qu'il n'a pas connu mais dont Eugénie n'a cessé de porter le deuil sa vie durant. Mort en 1931 de cette grand-mère Eugénie, dont il était le petit-fils préféré et qu'elle a appelé à son lit d'agonisante: "Je garde le privilège d'un amour véritable". Mort de sa chère mère en 1936. mort du grand-père Jules la même année. Dix ans plus tard, mort du père... "Je me disais qu'il fallait être, dans la vie, fidèle aux morts". Mitterrand ou l'homme qui médite sur les tombes et qui sera toujours hanté par le grand mystère de la mort.
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La mémoire travaille toujours obscurément à replâtrer les débris du passé qui ne s'accorde plus avec ce que l'on est devenu
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Une biographie très réussie, assez neutre et détaillée à souhait. L'auteur a pu prendre un recul intéressant qui fait entrer F.Mitterrand dans le cercle des personnages historiques.
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Toutefois, il s'est découvert non seulement une vocation, mais une ambition : le pouvoir l'aspire, le pouvoir l'attend.
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Videos de Michel Winock (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Winock
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
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