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EAN : 9782362800856
495 pages
Editions Thierry Marchaisse (01/10/2015)
3.83/5   3 notes
Résumé :
La Ve République se met en place, le marxisme bouche l'horizon intellectuel, la guerre d'Algérie semble interminable... Nous sommes en 1958, Michel Winock a 20 ans. «Dévoré par la politique», il s'ennuie en licence de Lettres et décide de devenir historien.

On découvrira dans ses notes quotidiennes un peintre de notre temps, à l'art du trait et du portrait digne de nos moralistes. Un observateur méticuleux des affaires publiques, des médias, des confl... >Voir plus
Que lire après Journal politique : La République gaullienne (1958-1981)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De la fin de la guerre d'Algérie gérée par le général de Gaulle à l'élection de François Mitterrand en 1981, l'historien Michel Winock livre presque au jour le jour ses impressions du moment, des écrits non corrigés à posteriori. C'est passionnant parce que c'est l'Histoire de la France racontée de façon vivante non dénuée d'ironie par un esprit affûté, un homme de gauche qui défend ses idées avec suffisamment de recul pour éviter l'écueil de la pensée sectaire. Les plus âgés d'entre nous retrouveront avec plaisir des événements inscrits dans leur propre histoire, les jeunes générations découvriront l'histoire de la Ve République vécue et rapportée par un témoin très crédible.

Merci à Babelio et aux Editions Thierry Marchaisse pour cette lecture.
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Nul besoin de présenter Michel Winock, universitaire et historien, prestigieux hagiographe de la Vème République, de ses Présidents, de ses partis, de ses parlementaires et de ses citoyens.
Grâce à Masse Critique de Babelio, j'ai été destinataire de son dernier ouvrage « Journal politique » La République gaullienne 1958-1981.
L'historien nous livre là un trésor inestimable, ses notes personnelles, celles précisément qui lui ont permis de livrer des ouvrages de référence.
Point d'analyse prospective dans ses notes quotidiennes, mais plutôt des impressions, des ressentis, de la nostalgie parfois et comme il le dit lui-même dans l'avant-propos : « Cet ouvrage sent le grenier (…) le journal suit et reproduit les carnets que j'avais commencé à écrire à la fin de mes études secondaires, vers le milieu des années cinquante. »
Pas de construction méthodologique, de scrupules d'historien, de précautions oratoires, Michel Winock nous livre un matériau brut de fonderie, et c'est là tout l'intérêt de cet ouvrage.
500 pages de révélations sur ce que pense l'historien Miche Winock au moment où se produisent les faits qui ont marqué l'histoire de cette Vème République que certains voudraient voir aujourd'hui disparaitre au profit d'une VIème.
Autre intérêt de l'ouvrage, sa forme séquentielle, si les faits sont présentés de façon chronologique, nul besoin d'en suivre l'ordre, le lecteur peut picorer au gré de son envie, aller de l'une à l'autre des périodes de ce journal. C'est ce que j'ai fait avec, plaisir, bonheur et vague à l'âme, tant certains événements sont inscrits dans notre histoire personnelle.
Quelques exemples :
Commençons par la fin et remontons le temps comme si nous étions dans la machine de H.G. Wells, euh, non, celle de M Winock :
Dimanche 10 mai 1981 – A 20 heures, toute la famille crie de joie : Mitterand est élue Président de la République. Les enfants me poussent jusqu'à la place de la Bastille (…) Dans ma tête me vient la formule des historiens de la révolution de février 1848 « Illusion lyrique ! » (…) l'alternance démocratique fonctionne enfin ! Mais quels lendemains ?
Dimanche 5 mai 1974 – Election présidentielle. Chaban éliminé. (…) Toutefois je dis ce soir à JMD (Jean-Marie Domenach) que Mitterand devrait être battu : ses 43 % du premier tour me paraissent déjà en deçà du minimum capable de créer le mouvement populaire à même d'entamer l'anticommunisme primaire qui sera le meilleur allié de Giscard.
Mardi 9 Avril 1974 – le clan Pompidou a tenté aujourd'hui un dernier assaut contre Chaban Delmas en engageant Messmer à se déclarer candidat.
Lundi 8 avril 1974 – A midi, Giscard rendait publique sa candidature. Mise en scène impeccable. Il choisit (…) la mairie de Chamalières en Auvergne – et fait explicitement référence à l'Auvergne dans sa déclaration.
L'Auvergne est triplement symbolique :
De l'héritage pompidolien (…) je suis de la même race et de la même famille que notre cher disparu
Du centre géographique de la France (…) terre des Arvernes et de Vercingétorix
Du Français fondamental (…) Les forges de Vulcain compensent superbement les légèretés inquiétantes d'une monnaie papier en péril.
Le Plomb du Cantal, du plomb dans la tête.
Mardi 2 avril 1974 – A 22 heures, le film que présentait la télévision est brusquement interrompu. On nous annonce la mort de Georges Pompidou. (…) Les grandes manoeuvres vont commencer.
Lundi 3 juin 1968 – Pour ce weekend de Pentecôte, l'essence a rejailli des pompes. La France est sauvée.
Dimanche 1er janvier 1967 – Dans son allocution d'hier, De Gaulle a réaffirmé la responsabilité des Américains dans la guerre du Vietnam : « Guerre injuste (…) guerre détestable (…) elle conduit une grande nation à en ravager une petite. »
Ces mots suscitent la réprobation des américanophiles du Figaro qui regrettent un peu cependant « des méthodes condamnables ».
Lundi 7 mars 1966 – La France se retire de l'OTAN. Les bases américaines (…) devront être évacuées d'ici le 1er avril prochain. Exercice de nationalisme tranquille et sans grands risques : on sait bine qu'en cas de menace venant de l'Est, les Américains brandiront toujours au-dessus de nos têtes leur parapluie. de Gaulle le sait, mais il ne supporte pas la subordination militaire (ou autre) de la France à l'oncle Sam.
Mercredi 3 octobre 1962 – Depuis quelque mois je suis en possession de ma première voiture : une brave 2 CV, pleine de bonne volonté, achetée d'occasion. Je l'appelle familièrement Clémentine.
Mercredi 22 août 1962 – Attentat au Petit-Clamart contre De Gaulle, qui rate de peu. du coup, on mesure le vide politique de la France. Qui est prêt à marcher sinon le « Fascisme» (vocable facile pour désigner tout ce qu'il y a en France de demi-soldes (…)) La gauche murmure à peine. Les mauvaises langues disent qu'elle râle. Sommeil ou agonie ?
Vendredi 13 mars 1959 – Hier saisie de l'Express ; La liberté d'expression dans la république gaullienne n'est qu'une fille sur le trottoir toujours bonne pour le panier à salade.
Finissons par le début :
Dimanche 2 mars 1958 – Ce soir les journaux nous ramènent au réel : « 30 000 hommes nouveaux pour l'Algérie. » Qui résiste à cette guerre, que Guy Mollet flétrissait naguère et qu'il assume aujourd'hui aveuglément ?
Une lecture agréable qui vous replonge dans l'ambiance parfois difficile à imaginer vue d'ici et maintenant (GAG).
Un livre à recommander aux jeunes générations abreuvées de jeux vidéo, de téléréalité, de rap, de réseaux sociaux et autres « 50 minutes inside »…mais là je fais mon vieux c…

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Merci à Masse Critique pour ce récit.

Si comme moi vous n'étiez pas né(e)s, le récit de l'auteur est compliqué à percevoir.
Nous suivons jour après jour (à quelques jours/ semaines près parfois), les actualités politique, diplomatique, internationale and co.
Néanmoins, ce livre permet de découvrir certains éléments et en discutant de faits avec les personnes qui ont connu cette période chaque anecdote devient un sujet de conversation !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Année 1969
Dimanche 16 novembre
La livraison d'Esprit de novembre présente un remarquable ensemble de textes sur la "contestation en URSS", qui témoignent du beau combat que mène actuellement toute une partie de l’intelligentsia "soviétique". Contre les réalités d'un régime totalitaire en pleine contradiction avec ses principes fondamentaux et constitutionnels, ils font face. Précisément, ce mouvement, clandestin par la force des choses, s'appuie sur une connaissance parfaite de la Constitution soviétique, pour défendre la liberté d'expression et les autres libertés prétendues légales. Une littérature clandestine - les samizdats - se répand : une nouvelle génération , qui n'a pas connu la terreur stalinienne, ose affronter la raison d'Etat. Le procès inique de Siniavski et Daniel, l'intervention des chars soviétiques pour briser le "Printemps de Prague" ont provoqué des critiques, voire des manifestations. Des écrivaines courageux osent affronter leurs juges et leurs procureurs la tête haute. Il faut retenir ces noms : Guinzbourg, Litvinov, Boukovski, Galanskov, Grigorenko, lesquels, parmi d'autres, honorent un esprit de liberté, qu'on désespère si souvent de rencontrer chez les hommes formés par l'URSS. Plus profondément, il se peut que les bases mentales du régime soviétique commencent à s'effondrer : les jeunes gens qui ont forgé leurs premières réflexions au moment de la déstalinisation constituent la première génération du doute.
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Videos de Michel Winock (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Winock
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
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