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Critique de bobfutur


On pourrait démarrer par une longue discussion — à bord d'une voiture en planque, ou à la table d'un fast-food crasseux, à la manière d'un film de Tarantino — sur l'histoire tourmentée des suites, des numéro 2, compilant exemples et contres-exemples, évoquant le Parrain ou bien Mad Max, et pointant, qu'en littérature, les exemples sont plus rares, le tome II étant souvent écrit sans attendre le succès du tome I, voir une simple question d'édition. On n'en serait pas beaucoup plus avancés, mais on aurait probablement bu quelques bières… sans parler du le Big Mac…
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Dans ma critique de la Griffe du Chien, j'avais apprécié le fait que l'auteur prenne le risque d'en écrire une suite, dix ans après. Au vu de ma note, vous voyez bien qu'une certaine déception a ponctué la lecture express de cet ultra-violent Cartel ; note qui peut paraître assez basse, juste la moyenne, afin de bien marquer la différence avec le premier… que d'autres ici, à tort, ne marquent pas suffisamment… On va encore parler du respect des goûts de chacun, et s'arrêter là… Ou bien analyser froidement ce qui différencie un quasi-chef d'oeuvre, d'une suite un peu poussive…
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La force du premier tome vient d'un équilibre subtil entre Histoire et action, d'une rare efficacité à les ancrer dans les cultures mexicaines et américaines. C'est un peu laborieux d'analyser tout ça, l'harmonie, va savoir… surtout que cela démarrait plutôt bien, avec une bien utile carte du Mexique en ouverture…
Et puis l'on parle d'un sujet hautement violent, carrément révoltant, tristement insoluble…
Prudence, donc.
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Oui, je me suis lancé dans un truc un peu pénible… pour se détendre, on parlera à la fin de certains de mes collègues (dans la restauration) vegan-intersectionnels, qui se bourrent le pif à tour de bras entre deux tirades à tendance moraliste…
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Don Winslow utilise beaucoup les phrases courtes, avec retour à la ligne; du rythme, du choc, qui n'est malheureusement ici plus contrebalancé par des paragraphes plus longs, comme s'il n'avait plus de temps à perdre, à vouloir condenser autant de faits et d'actions en si peu de pages… Oui, ces 700 pages s'avalent comme un drive-in Taco Bell… nauséeux car reprenant un grand nombre d'événements réels, qui auraient sans doute mérité un traitement plus long, le gore mis à part…
(Paginé comme chez Saramago, ce livre ferait moins de 250 pages…)
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L'escalade de l'horreur prend une tournure blasante, probablement à dessein.
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En ouverture, il rend hommage aux journalistes disparus durant la période couverte, un monument aux morts, non-exhaustif, de cette guerre ignoble. Il reste d'une grande lucidité quant aux responsabilités de chacun.
Il accentue cette psychologie taillée à la serpe de ses personnages. Cette dernière souffrait déjà légèrement dans le premier volet; ici, cela se voit trop, dommage.
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L'influence décisive du type de drogues consommés sur la culture d'une génération n'est plus vraiment évoquée — comme la généralisation de la cocaïne a pu faire basculer les années 80 dans le culte de l'individu — alors que l'on rentre ici dans l'âge d'or de la meth' aux USA (en Europe, la cocaïne devient omniprésente, son prix ayant diminué de moitié).
Les livres officiels n'en parlent sans doute pas assez, renvoyant à la marginalité ce que la bourgeoisie ne veut considérer comme essentiel.
Ce Cartel donne l'impression que c'est un problème spécifique, alors que la Griffe du Chien l'englobait dans L Histoire.
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Tout cela n'empêchera pas d'achever la série par La Frontière (qui reçoit une note moyenne pour le moment plus haute que le premier) car comme toujours, la littérature appelle davantage que l'audio-visuel à des recherches et de l'introspection, de ce sujet si complexe, moteur-fantôme fumant de l'économie mondiale.
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Donc pour reprendre la comparaison avec des films connus, cette suite ressemble à l'Alien 2 de James Cameron, la finesse du premier restée à bord du vaisseau, avec le huitième passager…
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« On est combien ? T'appelles ? T'as un numéro ? Attends, regarde sur mon iphone, oui, celui avec l'autocollant green214Q+++… »
(désolé pour le cliché, mais j'ai travaillé avec pendant deux ans, un fléau qui ne pose pas autant de problème de conscience qu'il ne devrait…)
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