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Critique de belette2911


MAGNIFICOS !! MARAVILLOSO ! Voilà un roman qui ne laisse pas son lecteur indemne. J'en ressors secouée, dégoûtée, ébranlée, et ma vision, déjà assez sombre sur les États-Unis, n'en ressortira pas blanchie, mais assombrie, une fois de plus.

Ce roman est une véritable plongée au coeur des narcotrafiquants et de la lutte, perdue d'avance, menée par quelques flics incorruptibles mais qui ne sortiront pas grandis de leur combat.

Oui, Art Keller veut éradiquer le clan Barrera, narcotrafiquants en puissance, surtout depuis la mort atroce de son collègue... Oui mais... La fin justifie-t-elle les moyens ? A force de vouloir la peau de quelques gars (qui le méritent amplement, hein), on finit par se retrouver avec des dégâts collatéraux qui ne feront qu'ajouter des spectres aux nuits de Keller. L'enfer est pavé de bonnes intentions, c'est bien connu.

Et notre Art Keller, de par son comportement un peu borderline et sa soif de vengeance, deviendra presque cet homme qu'il n'aurait jamais voulu devenir. On est loin de l'image du chevalier Blanc et à force de traquer les chiens Barrera, il a chopé leurs puces.

Pas de manichéisme. Ici, les méchants ne font pas QUE dans la drogue, le mal ou la torture, ils construisent aussi des hôpitaux, des écoles pour les défavorisés, et les gentils Américains ne sont pas des anges, mais possèdent un côté obscur à faire pâlir Lucifer en personne.

La quête du pouvoir les rend fous et ils sont prêts à tout pour l'assouvir ou la conserver. Personne n'est ni tout noir ni tout blanc, tout est nuancé et c'est au lecteur à juger.

Oui, les Américains ont créé la Bête et l'ont nourrie avant de vouloir l'éradiquer. Pire, en voulant l'éliminer, ils ne font que la renforcer ! Vous brûlez nos champs de pavots ? On s'en moque, on passe à la culture de coca (et pas cola) ailleurs. A force de vouloir arrêter la coulée de cocaïne, les Américains ne font qu'augmenter le prix de la dose et enrichir les cartels qui peuvent soudoyer des politiciens, des flics, et tutti quanti.

Dilapider des millions de $ pour lutter contre les cartels de drogue, mais pas un "cent" pour aider les drogués qui voudraient s'en sortir et qui ne possèdent pas une assurance santé digne de ce nom... Construire plus de prison pour enfermer les dealer, mettre plus de flics... Noyer les champs de coca sous du défoliant à triple dose, foutant en l'air tout l'éco système du coin, empoisonnant les nappes phréatiques, empoisonnant les hommes, les enfants, les bêtes... Tout le paradoxe américain est là !

Les Américains dépensent du fric à ne pas guérir les symptômes et ignorent tout de la maladie. Les futiles non-solutions... Là, ils sont forts !

Oui, ce pavé que j'ai pris en pleine gueule m'a retourné les tripes. Oui, j'ai apprécié certains personnages qui auraient dû être détestables (Callan, O-Bop, Nora, Adán et Art Keller) parce tout en eux n'était pas méprisable.

J'ai aimé ce mélange entre personnages de fiction et réalité (le tremblement de terre au Mexique, le scandale de l'affaire Iran-Contra, la guérilla en Amérique du Sud, les FARC, les références à plusieurs politiques américains dont le tristement célèbre Bush Sr. - là, sûre que je vais être fichée ! - , la mafia dans le quartier de Hell's Kitchen).

Cette alternance entre l'enquête de Keller sur 25 années - et pas facile quand on ne sait pas qui est est clean ou pourri dans le système Américain - l'incursion dans le clan des Irlandais à Hell's Kitchen, la présence de la mafia, d'un évêque, d'une belle prostituée de luxe... Toutes ces histoires séparées et ce brassage de personnages qui, à priori, n'ont rien à voir entre eux, avant qu'on ne les retrouve tous impliqués dans le bazar,... Magnifique !

Une leçon à tirer ? Dans cet Enfer, tout le monde est susceptible de se faire baiser un jour où l'autre...

Quand les Américains pensent avoir niqué les gomeros en faisant partir en fumée leurs champs de pavots, en fait, ils se font eux-mêmes baiser (hampe du drapeau comprise) par les gomeros qui ont tout prévu. "Mhouahahaha, la sécheresse allait tout détruire" fait-il... Ah tiens, non... L'arroseur est arrosé... avec des balles ! Par celui qu'il avait soudoyé... qui un jour tombera à cause de... La roue tourne et vous écrasera sous elle, qui que vous soyez.

Non, dans ce monde infernal là, vaut mieux pas mettre les pieds : aujourd'hui, vous êtes craint, vous êtes dans le cartel régnant, le Seigneur du quartier ou dans la "Famille" et demain... paf, paf, deux balles dans la tête, la nuque, la bouche, le bide, les corones,... Au choix !

Les 600 premières pages se lisent à leur rythme, c'est pas du page-turner en puissance, mais je ai les tournées sans problème, passionnée que j'étais pas cet univers de la drogue et cette vaine lutte; transportée par "cette vision grandiose de l'Enfer et de toutes les folies qui le bordent" (dixit James Ellroy).

Il faut s'imprégner de ces pages, les aspirer lentement, les laisser se diffuser dans vos veines, dans tous les pores de votre peau, dans votre esprit. On ne commence pas cette lecture par-dessus la jambe, comme un quelconque roman. C'est du lourd !

Les 200 dernières pages ? Waw ! No répit ! Tout se met en place et oui, une fois de plus, certains vont se faire couillonner... À force de se croire invincible, on finit par trébucher et on se fait écraser par la roue qui tourne toujours...

Mais n'allez pas croire que vous aurez du Happy End, on est dans un chef-d'oeuvre certes, mais dans du Noir !

Pour ma 700ème critique ici, je ne pouvais pas publier une critique sur un roman moyen, il me fallait du costaud, du chef-d'oeuvre. Voilà qui est fait.

Me reste plus qu'à lire un "Mickey" pour me remettre de mes émotions grandioses ressenties à la lecture de ce pavé et remercier ceux qui m'ont donné envie de le lire grâce à leurs critiques dithyrambiques.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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