Les Médicis : L'âge d'or du collectionnisme

QUATRE SIÈCLES D'AMATEURS D'ARTS

Cosme dit "L'ancien", Laurent dit "Le Magnifique", Léon X et Clément VII tous deux papes Médicis, Cosme 1er le Grand-Duc, Catherine et Marie, deux Reines de France : Rarement une famille aura su associer son nom à une ville, Florence, et lui donner une telle reconnaissance, une telle splendeur, se fut-elle installée tant par ruse que par force sur d'antiques rêves de République (d'ailleurs bien éloignée de ce que nous pouvons en penser aujourd'hui), quoi qu'elle eût à voir avec la tyrannie, l'autocratie et un exercice du pouvoir qui, vu avec notre jugement actuel, nous semblerait fort probablement révoltant.

Car oui, cette famille aux facettes multiples a eu un poids dans l'histoire. Non seulement elle a conditionné les époques qu'elle a traversées mais aussi la civilisation dont nous avons hérité aujourd'hui.
L'influence de certains de ses membres a pesé, au cours des siècles, sur la culture européenne et occidentale. Ils exercèrent sur l'art, la poésie, l'architecture, l'esthétique en général, les sciences et les mentalités un pouvoir certain. Ils accompagnèrent aussi très concrètement ou même sollicitèrent le passage de l'humanisme de la Renaissance au siècle des Lumières.
Le développement de Florence est indissolublement lié aux actes, à la politique des Médicis. C'est de leur tempérament, de leurs inclinations qu'a dépendu le développement de Florence.

C'est en quelque centre vingt-sept pages très richement illustrées que cet ouvrage de Massimo Winspeare, Les Médicis : L'âge d'or du collectionnisme, tente avec rigueur et passion de présenter chacun des acteurs fameux de cette famille au destin en tout point étonnant, de son fondateur Jean de Bicci au tournant du quattrocento à sa dernière représentante, Anne Marie Louise, Princesse Palatine et soeur cadette de Jean Gaston, l'ultime Grand-Duc Médicis, au milieu du 18ème siècle. Chaque biographie présente à la fois quel fut le rôle politique - dans certains cas religieux ainsi que pour ces deux papes que comptèrent la famille - ainsi que leur apport aux lettres, aux arts et, très souvent grands bâtisseurs tant pour des raisons strictement pratiques qu'à des effets de propagande, à l'architecture.
Cosme 1er en est, sans aucun doute, l'un des exemples les plus flagrants puisque c'est sous son règne que Vasari fit agrandir le Palazzio Vecchio, demeure du duc et de son gouvernement tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Et c'est sous sa souveraineté que fut engagé ce qui allait plus tard devenir l'un des plus beaux musées au monde, cette incroyable Galerie des Offices.
Florence et les Médicis, se sont aussi les poètes Dante Alighieri, Boccace, c'est encore le Giotto, Donatello, Paolo Ucello, Pétrarque, Pic de la Mirandole, Michel-Ange, Andrea del Verrocchio, Léonard de Vinci, Vasari, Benvenuto Cellini, etc, etc, etc... Tous n'étaient pas florentins de naissance mais tous ces noms, et tant d'autres, doivent un peu voire presque tout, de leur vie d'artiste jusqu'à leur célébrité posthume à ces fameux Médicis, fins lettrés, parfois eux-mêmes poètes (Laurent le Magnifique), amateurs invétérés de belles choses et collectionneurs alertes.

Un livre rapide sans doute mais parfaitement abordable, synthétique, aux photographies et choix d'illustrations d'un très bon rapport qualité/prix, l'ensemble dressant un panorama général précieux pour qui souhaite approcher un peu de cette dynastie à nulle autre pareille.

Petite précision : cet ouvrage est la traduction d'un ouvrage édité par un éditeur d'art italien, Sillabe, acquis sur place. Mais sans aucun doute est-il parfaitement possible de l'acquérir par commande directe ou sur internet.

Acheté au Palais Pitti lors d'une visite à Florence, ce livre fascicule remplit exactement sa mission : nous offrir d'un seul coup d'oeil une vision panoramique sur 3 siècles de Médicis. Tous les membres ne sont pas traités avec la même rigueur (ils n'ont pas tous laissé les mêmes traces) néanmoins l'évolution globale de la famille est bien retracée, les reproductions sont satisfaisantes et les informations principales sont faciles à retrouver. Une lecture pratique et enrichissante.