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EAN : 9782264062314
480 pages
10-18 (04/09/2014)
3.97/5   298 notes
Résumé :
En 1968, dans un village côtier du Labrador, un enfant mystérieux voit le jour. Ni homme ni femme, intersexué. Il n’y a que trois personnes qui sachent le secret. Les parents de l’enfant, Jacinta et Treadway, et une voisine, Thomasina, capable de tenir sa langue.

Les parents décident pour l’enfant quel sera son sexe aux yeux de la société. Mais, à mesure qu’il grandira, son autre « nature » refusera de se taire et l’accompagnera tout au long de sa déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
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""Ce qui frappe le plus dans ce livre une fois qu'on l'a reposé avec l'envie de le recommencer, mais dans le désordre, c'est une forme d'indécision dans la trame et les personnages. Ce n'est pas exactement de l'indécision, mais ce que les éléments peuvent imposer de détours et d'improvisations au vol d'un oiseau qui finira pourtant par se poser là où il avait la vague impulsion de le faire au moment où il a pris son envol. Et ce que le récit a d'erratique, de fragmenté parfois, épouse parfaitement le propos du roman, qui est d'accompagner cette chimère bien réelle qu'est un hermaphrodite dans son évolution tâtonnante. (…)
L'enfant naît en 1968 au Labrador, d'un père trappeur, Treadway, trappeur de père en fils, et d'une femme, Jacinta, qui a grandi à Saint-Jean-de-Terre-Neuve, la plus grande ville de cette région septentrionale du Canada. La voisine qui l'aide à accoucher dans sa baignoire en compagnie de deux autres amies s'appelle Thomasina. Elle est la première à s'apercevoir que le bébé est doublement déterminé. Pendant quelques jours, les deux femmes ne savent trop que faire de cette nouvelle, et elles n'en parlent pas à Treadway. Jacinta préfèrerait laisser les choses aller leur cours. Mais Treadway, sans qu'on lui dise rien, devine que son enfant a une double nature. C'est lui qui décide que ce sera un garçon et qu'il s'appellera Wayne. Alors commence le long parcours opaque fait de chirurgie, de traitements hormonaux lourds et de non-dits, d'un petit garçon qui renferme, chirurgicalement occultée, une petite fille. À l'adolescence, la partie enfouie de Wayne se manifeste par une indétermination qui met son père sur des charbons ardents, par une amitié féminine au lieu de la sociabilité masculine de rigueur, mais pas seulement. Treadway, la personne la plus positiviste du récit, et qui l'est jusqu'à l'aveuglement, ne peut rien contre le formidable entêtement biologique de la vie, qui ne cesse de contredire l'éducation opiniâtre qu'il impose, avec amour, à ce fils qui est, qu'il le veuille ou non, son fils-fille. (...)
Ce roman est remarquable à bien des égards. D'abord, comme la vie même, il se contente d'entreposer en désordre des faits et des liens de causalité plus ou moins décousus. Il nous abandonne à certains moments paroxystiques, faisant confiance à notre imagination pour reconstituer les scènes absentes. (…) Comme une ligne de trappe, comme une existence, la progression du récit peut être masquée par la neige, détournée par une rivière, arrêtée par un éboulis, modifiée et contournée. Chacun des trois personnages principaux, Wayne-Annabel, Thomasina et Treadway, suit son propre chemin, sans jamais s'éloigner des autres, qui forment une composante essentielle de son propre paysage. Thomasina joue le rôle d'un phare, Wayne-Annabel apprend à vivre dans un monde sans merci. Paradoxalement, c'est son père trappeur qui lui donnera les outils de son indépendance, tandis que Thomasina sera, d'une certaine façon, son guide. Treadway, lui aussi, apprend à vivre. Cet homme qui passe sa vie à tuer et construire, en symbiose totale avec son milieu, quand il ne sait à qui se vouer, demande conseil aux rapaces. Mais surtout, il écoute leur avis. (…)
Si bien qu'au bout du compte, nous aussi pouvons élargir ce dilemme absurde à toutes les formes d'identités qui en nous ont besoin, pour accéder à l'existence, d'en éliminer une autre. Wayne-Annabel n'est pas un homme, ni une femme. le fait d'être à la fois l'un et l'autre fait de lui une créature composite qui n'est pas l'addition de deux identités, mais une autre identité. Et comme Thomasina, la lectrice-lecteur « … voit dans la différence de l'enfant une grâce étrange qu'il faut protéger. Un atout fragile, peut-être même un pouvoir. »"
Lonnie dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/anna..
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« Lorsque l'enfant parait, le cercle de famille applaudit à grands cris », nous a clamé Victor Hugo.
Mais ici, lorsque le bébé de Jacinta et de Treadway nait, il y a comme une gêne. Oh, bien sûr, personne n'en saura rien, à part Thomasina, la sage voisine qui a accouché la jeune mère. C'est elle qui « se plaçant comme un arc bienveillant » au –dessus de Jacinta, lui révélera l'anomalie.
Mettons tout de suite un mot sur cette anomalie : il s'agit de l'hermaphrodisme.

Si Jacinta accepte cela, son mari par contre est bloqué. Non, il ne faut pas que le reste de la communauté « sache », non, l'enfant ne doit pas côtoyer les autres muni de ses 2 sexes. Quelle honte, quelle infamie ! Et pourtant, Treadway est foncièrement gentil, mais il a peur. Lui qui sillonne plusieurs mois par an ses lignes de trappe, - nous sommes au Labrador, et les grands espaces sont le domaine des hommes pendant que les femmes restent seules à la maison - , il est incapable de communiquer ce qu'il ressent. Mais une chose est sûre pour lui : ce bébé doit avoir l'apparence d'un garçon. Et c'est parti pour l'opération, les pilules...

Nous suivons pas à pas l'évolution du bambin qui se révélera très sensible, très ouvert au monde et à l'art. Attentive et aimante, Jacinta fait preuve d'une grande psychologie envers son enfant.
Thomasina veille...
C'est à l'adolescence que la paix relative se brisera et provoquera une onde de choc.

Ce roman très pur, plein de lumière et de silence, de musique et de beauté, raconte le heurt entre la vie rêvée et la réalité. Chacun, à sa manière, doit faire front. Et c'est difficile, très difficile. La deuxième moitié du roman est d'ailleurs beaucoup plus dure et sombre souvent dans la noirceur.

Ce roman nuancé et subtil raconte l'intime face à une société conservatrice et millénaire.
Il raconte la difficulté d'être, pour tous.
Il raconte les joies, les peurs et les rêves d'un jeune tiraillé entre ses deux facettes.
Finalement, il atteint l'universel.
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'C'est l'histoire d'un enfant qui , en 1968, au sein d'un bourg côtier du Labrador, au Canada , naît , ni garçon ni fille : Hermaphrodite.......seuls ses parents , et Thomasina, une voisine très proche sont au courant .
On décide de faire opérer l'enfant : ce sera Wayne-----le choix du père-----
C'est un livre fin , rare,qui prend un relief particulier dans ces contrées ancrées dans la nature sauvage, froide et inhospitalière du Labrador avec ses coutumes et ses rituels, ce qui confère encore plus de mystère .........
L'auteur nous fait partager , sans pathos , avec une tendresse et une grâce sans pareils, tout au long, avec dignité , émotion et doigté , l'évolution de Wayne, le rapport qu'il entretient avec son corps, ses souffrances , ses doutes, ses espérances, ses choix à l'adolescence, il n'a personne à qui se confier ........entre un père incapable de communiquer, taciturne, qui chérit la nature sauvage , qui se fond presque en elle et une mère aimante , à l'écoute , qui perdra parfois ses repères et l'énergie qui était la sienne .......

On sent le vertige , le trouble intérieur d'un corps qui ignore sa différence et la découvre peu à peu ......., la détresse et la tristesse de Wayne ........
Ce que j'ai surtout apprécié c'est la façon dont l'auteur décrit sans juger, sans nous imposer quelque message que ce soit ni sa propre vision ........
Le style poétique est imagé .L'écriture délicate , intimiste, précieuse nous fait découvrir la force du corps sur le psychisme .
La pudeur dont l'auteur use pour décrire son personnage est remarquable .
C'est une oeuvre totalement originale , un texte hors du commun, élégant et sensible qui nous invite à la réflexion et à la tolérance, à sortir de notre méfiance et de nos préjugés , à propos de la perception de la "Différence ".
Une oeuvre pétrie de lumière qui conte les désillusions, les peurs et les doutes d'un jeune homme très courageux tiraillé par sa double identité !
Je remercie l'amie de Babelio ( elle se reconnaîtra ) qui m'a incitée à acheter ce livre rare , à part .
Un ouvrage à relire , qui restera longtemps dans nos mémoires !
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Sa naissance a lieu dans la région du Labrador au Canada, en mars 1968. Jacinta, sa mère, met au monde l'enfant dans sa baignoire, assistée de sa meilleure amie, Thomasina. Lorsque cette dernière la libère, elle constate que le nouveau-né est hermaphrodite.
Son père, Treadway, décide qu'il sera un garçon et qu'il s'appellera Wayne. Sa mère nommera l'enfant, ma fille, dans l'intimité, et Thomasina, Annabel, du nom sa fille décédée auparavant.
Kathleen Winter raconte l'histoire de cette personne avec une intelligence rare, une vérité naturelle, une simplicité qui enlève tout envie de contester ou d'être scandalisé, qui annihile toute répulsion. Il n'est pas question de sensationnalisme, ni d'en faire un drame. Non, le drame c'est plutôt les autres.
C'est l'histoire d'un enfermement, celui d'une fille prisonnière du corps de garçon que lui ont façonné la science des traitements hormonaux et d'un père, ancré dans sa lutte pour la survivance au milieu d'un monde hostile, à la logique darwinienne. Dans ce monde-là, la troisième possibilité est obligée de se frayer un chemin sous couvert d'anonymat, silencieusement. La dualité des identités est consentie, acceptée. Il y a connivence entre Annabel et Wayne. La fille et le garçon coexistent et apprennent à se découvrir au fil des années.
Thomasina décrit parfaitement cette troisième possibilité :
« Je n'appellerais pas ça une maladie. J'appellerais ça une différence. Une différence signifie une tout autre manière d'être. Ça pourrait être fantastique. Ça pourrait être d'une incroyable beauté si les gens n'avaient pas si peur. »
« Annabel » de Kathleen Winter fait partie des rencontres heureuses que l'on peut faire en tant que lecteur. Il enrichit un débat qui n'a jamais autant été présent dans notre société, celui des identités et du caractère schizophrénique de chaque individu.
Un roman que je recommande vivement.
Traduction de Claudine Vivier.
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Roman sur la quête d'identité, telle qu'elle soit, sur la quête de liberté individuelle, sur la quête du soi-même, sur l'acceptation.
Wayne est au centre de l'histoire mais n'est pas, selon moi, le personnage principal unique : autour de lui gravitent Wally, Thomasina, Treadway.
Au final, ce roman est la construction intérieure de chaque personnage, que ce soit individuellement ou les uns envers les autres. Chaque être évolue au fil du temps. Chacun en quête de sa propre vérité, de sa liverté et surtout de sa sérennité.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Kathleen Winter. J'y ai retrouvé un style apaisant qui m'a fait penser à Tracy Chevalier.
En revanche, la couverture de cette édition ne m'a pas parlé, elle m'a même limite dérangé, perturbé. Face à cette couverture, j'ai ressenti un certain malaise qui ne représente absolument pas ce roman et le sentiment que dégage cette histoire. J'aurai plutôt misé sur un paysage du Labrador avec des silhouettes au loin...
Donc, après avoir passé le cap de cette couverture, j'avoue avoir fait une très belle découverte littéraire que je conseille fortement.
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critiques presse (1)
Telerama
06 mars 2013
On a tous un roman un peu rare, un peu bizarre, totalement à part, qu'on offre à ceux qui semblent le mériter. Un livre cher qu'on partage avec les personnes dignes de confiance [...] Annabel fait partie de ceux-là. Sitôt ouvert, il vous emplit d'une émotion indéfectible
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Les angoisses d'un enfant ne sont pas celles d'un adulte. Elles le rongent et cette souffrance n'est vraiment pas nécessaire. Pourquoi les adultes croient-ils les enfants incapables d'entendre la vérité ? Pourquoi s'obstinent-ils à refiler à leurs enfants les mensonges que leurs propres parents leur ont refilés, alors qu'ils se souviennent sûrement de la détresse qu'ils avaient ressentie quand ils pleuraient tout seuls dans leur lit, en proie à des peurs que personne n'avait pris la peine de les aider à surmonter ?
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"Le processus d'éloignement survient dans toutes les familles restreintes composées d'un mére, d'un pére et d'un enfant unique. Tôt ou tard s'ouvre pour chaque enfant un monde nouveau, peu importe la qualité de l'amour qui régne au sein du foyer ......
Amour profond , amour raté, amour compliqué, amour qui s'efforce de garder un enfant au chaud sous des couches de peur ou de prudence. Un beau jour, les couches commencent à tomber......"
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- Vous vouliez vraiment devenir une danseuse de ballet?
(...)
- Je dansais toute seule dans la cuisine quand il n'y avait personne. Si tu pouvais espionner ce qui se passe dans toutes les maisons de Saint-Jean , et de l'île de Terre-Neuve par la même occasion, et dans celles du monde entier pendant qu'on y est, tu y verrais des femmes danser toutes seules. Les hommes n'en ont aucune idée. Tu fais probablement partie des trois ou quatre douzaines d'hommes qui le savent sur cette terre. Parce que je te l'ai dit. Mais tu es encore un jeunot. Tu as le temps d'oublier.
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A Croydon Harbour, il n'y a nulle part où fuir la luminosité d'une journée d'hiver ou l'éclat aveuglant d'une journée d'été.Nulle part où se tapir en secret dans l'ombre, en compagnie de ses rêves. Et si vous êtes en panne de rêves ou si vous les avez perdus, aucun écran argenté ne vous aidera à les retrouver ou vous chuchotera comment en fabriquer de nouveaux. Il faut se débrouiller tout seul, à Croydon Harbour. Au chapitre de l'imagination, on est livré à soi-même et c'est ce que désirent la plupart des habitants de l'endroit. C'est pour cette raison qu'ils sont venus ici, ceux qui arrivaient de pays comme l’Écosse, l'Angleterre et même les États-Unis; ils sont venus ici pour oublier les rêves collectifs d'un vieux monde et s'enorgueillir de leurs empreintes de pas sur un sol que n'avaient foulé avant eux que les peuples autochtones et le caribou sauvage. A cette époque, si vous apparteniez aux peuples Innu ou Inuit, vous n'aviez nul besoin de cinéma. Le cinéma était une de ces illusions créées par l'homme blanc pour compenser sa propre cécité. Cet homme blanc qui, par exemple, ignorait que la vie palpite à l'intérieur des pierres. Imaginez!
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Lorsque Treadway ressent le besoin de parler, il s'adresse à une nyctale boréale qu'il a rencontrée quand il avait dix sept ans. Lui et la chouette boréale partagent certaines caractéristiques physiques. Tous deux sont de petite taille comparativement aux autres membres de leur espèce.Tous deux possèdent un corps compact, rond, fiable mais à première vue sans grâce. La nyctale boréale est l'un des oiseaux les plus discrets et les plus modestes qui soient.
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