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EAN : 9782283033661
352 pages
Buchet-Chastel (07/10/2021)
3.15/5   20 notes
Résumé :
« L'humanité ne supporte que peu de réalité. C'est pour cela que nous inventons des histoires. ».
Genève, 1816. Dans un territoire perdu entre rêve et réalité, au bord d'un lac rendu invisible par une pluie sans fin, Mary Shelley fait germer une histoire : celle d'une vie et de son créateur. Alors qu'elle subit plusieurs fausses couches, puis assiste à la mort de son jeune enfant, la jeune écrivaine est vite possédée par cette histoire qui la hante, celle d'u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman surprenant qui mérite un petit détour car il présente une multitude d'idées, de pensées philosophiques sur la vie, l'âme, la mort, l'après celle-ci, de réflexions psychologiques sur la folie, autour d'une thématique dominante autour de l'intelligence artificielle et des robots sexuels.

Sa structure situe différentes phases de temps et de personnages :

-- la première en 1828 avec rien moins que Byron, Shelley et leurs femmes, du moins seulement deux d'entre elles, Mary Shelley et sa demi-soeur dans les bras de Byron

-- la deuxième au XXIème siècle, avec une narratrice, Ry, trans, je dis narratrice car elle est quand même davantage encore femme qu'homme puisqu'elle a conservé ses organes hormis les seins, et un scientifique opportunément nommé Victor Stein, ainsi qu'un marchand de robots sexuels capables de performances surprenantes

L'alternance des époques évite au lecteur toute lassitude, du moins est-ce mon ressenti, car elle permet de naviguer entre deux histoires qui s'imbriquent quelque peu, tout en prenant, surtout pour celle contemporaine, des chemins complexes. Alors, effectivement, on ne suit pas tout avec le même intérêt, tout en trouvant son compte du fait de la variété des situations évoquées.

Les dialogues sont assez savoureux et quelquefois pleins d'humour, les scènes de sexe assez décalées, les femmes n'ayant quand même guère droit au plaisir, surtout dans l'époque du couple Shelley.

L'héroïne reste Ry dont la transexualité lui permet de comprendre aussi bien les perceptions féminines que masculines, et deux autres femmes jouent un rôle annexe non négligeable, une journaliste opportuniste, Polly, et une croyante, Claire, qui voit le divin partout. Ces trois femmes, ou deux et demie, interfèrent entre elles et, là encore, c'est plutôt plaisant de suivre leurs digressions, leurs ressentis, leurs sentiments et convictions.

Est-ce vraiment une histoire d'amour? Ou d'amours? En tout cas c'est une véritable oeuvre littéraire qui tient la route et qui peut séduire tout lecteur acceptant les décalages qui en font la richesse.
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Un roman avec deux fils conducteurs distincts, deux époques, mais des réflexions foisonnantes qui se recoupent.

Le premier fil est celui de Mary Shelley qui écrit le roman Frankenstein. Elle est la fille de Mary Wollstonecraft qui a écrit « Défense du droit de femmes » en 1792. Elle aurait de qui tenir, mais la jeune Mary n'a pas été élevée par sa mère qui est décédée peu après l'accouchement. En écrivant le roman Frankenstein en compagnie de son amant le poète Shelley, Mary réfléchit à ce qui fait l'être humain et ajoute des émotions à sa créature. C'est aussi l'époque de l'industrialisation où des machines remplacent les travailleurs dans les usines de tissu, provoquant des troubles sociaux. Si une machine peut faire cela, pourra-t-on un jour avoir une machine qui écrira la poésie?

L'autre fil met en scène un médecin transgenre du futur qui rencontre un producteur de poupées-robots-sexuels. C'est un autre rapport au corps et au genre, mais aussi des réflexions sur ce qu'est l'avenir de l'être humain si son travail est remplacé par l'intelligence artificielle.

Un roman intéressant, mais discontinu, qui renseigne et provoque la réflexion plus qu'il n'amuse.

Un texte qui rappelle rappelle aussi que la défense du droit des femmes n'est pas un sujet neuf…
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« (…) l'intelligence artificielle n'est pas sentimentale – elle tend naturellement vers les meilleures solutions possibles. L'humanité n'est pas la meilleure solution possible. »
Après Marc Dugain et son roman Transparence, Jeanette Winterson propose sa version améliorée de l'homme du futur : un cerveau couplé à un corps robotisé. En d'autres termes, l'isolation céphalique avant que la mort cérébrale ne survienne, l'extraction des données neuronales et l'abandon des organes inutilisables pour une transformation minérale de l'être humain.
Le passé et le présent se chevauchent dans ce roman historico-futuriste, où l'on voit Mary Shelley dans les affres de la conception de son Frankenstein un soir de 1816 sur les bords du lac de Genève et Victor Stein, un chercheur spécialiste en cryogénisation, pour qui le corps humain se compare à « un assistant qui maintient le cerveau en vie », lequel, par extrapolation, doit être remplacé par un nouveau support, moins fragile et non putréfiable, pouvant être associé aux fonctions cérébrales. Deux créatures sorties de l'imaginaire humain s'interpellant à plus de deux siècles de distance.
FranKISSstein, lecture aussi divertissante que méditative et qui me réconcilie avec la plume de Jeanette Winterson
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Jeanette Winterson, née le 27 août 1959 à Manchester, est une romancière britannique et Frankissstein Une histoire d'amour, son nouveau roman, vient de paraître.
1816. Mary Shelley (1788-1851) est mise au défi d'écrire une histoire de fantôme par son époux, le poète Percy Shelley (1792-1822) et son ami Lord Byron (1788-1824). Un défi relevé de main de maitre puisque la jeune femme inventera le docteur Frankenstein et sa créature. de nos jours en Grande-Bretagne, Ry Shelley, médecin transgenre, fournit des membres humains à Victor Stein son amant, un pionnier dans la recherche sur l'intelligence artificielle (IA) menant un projet aussi fou que secret. de son côté, Ron Lord, fabrique des robots sexuels pour répondre à toutes les pulsions masculines.
Le vrai bon roman du moment ! Enfin !
La narration fait courir en parallèle, deux époques, deux personnages aux idées folles, deux idées qui n'en font qu'une, faire revivre les morts, prolonger la vie et voyons plus loin encore, supprimons le corps pour n'en conserver que l'essentiel, le cerveau. Waouh !
Jeanette Winterson fait très fort avec cet extraordinaire bouquin, autant par le style que par le fond. Les chapitres alternent les époques, nous revivons la vie de Mary Shelley, leurs voyages avec son époux en Italie, leur amour intense, les décès de leurs enfants, la conception de son fameux Frankenstein, le lecteur se sent petite souris surprenant leurs conversations, partageant leur intimité, écoutant avec intérêt leurs échanges d'idées. Cette partie du livre était déjà très bien à elle seule, les autres chapitres se déroulant de nos jours sont eux, renversants.
L'angle narratif mêle l'humour (Ron Lord est un type très basique, un peu lourdingue mais non sans un certain bon sens populaire parfois), l'amour (les Shelley) ou une certaine conception de l'amour entre Ry, le transgenre (femme devenant homme) et Victor le savant fou ou visionnaire (?), la culture, car les références sont multiples (littéraires, scientifiques etc.), les réflexions politiques (piques anti-Brexit) ou sociales (« Quel est l'intérêt du progrès s'il ne bénéficie qu'à quelques-uns pendant que tous les autres souffrent ? »).
Quant aux (nombreux) thèmes traités dans ce livre, ils touchent aux fondamentaux de l'être humain, soulevant des questions qui laissent le lecteur bouche bée, comme par exemple : et si demain l'Homme s'exonérait du biologique, par transfert (téléchargement) du contenu de son cerveau dans une machine, donnant à celle-ci une conscience ?
Fascinant, excitant, inquiétant et faisant réfléchir. Je ne sais pas quoi dire de plus pour vous pousser à lire ce roman magistral que j'ai adoré.

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J'aurais aimé vous dire d'entrée que j'ai adoré ce roman mais ce n'est pas le cas et c'est bien dommage car certaines thématiques abordées sont passionnantes : l'intelligence artificielle, le genre, l'identité sexuelle, la robotique, la cryogénie, le future de l'être humain, l'idée de repousser la mort avec l'idée de transhumanisme, d'une conscience téléchargeable. J'avais hâte de voir ces sujets développés à travers l'histoire.

J'ai trouvé très intéressant le parallèle fait avec l'oeuvre et la vie de Mary Shelley, comme une sorte de miroir entre le XIXème siècle et le monde contemporain, voir un peu futuriste. Deux époques et des personnages transposés d'une époque à une autre. On retrouve par exemple Mary Shelley, sous le nom de Ry. le docteur Frankenstein, lui, s'est transformé en Victor Stein et ainsi de suite. Un mélange assez original entre personnages fictifs et littéraires. L'idée est super.

C'est bien pensé et ça se lit facilement. le style est fluide, les chapitres s'enchaînent à un bon rythme mais l'histoire manque de subtilité, les échanges entre les personnages sont parfois peu intéressants et décevants car ils n'apportent pas grand chose au récit, à mon sens et ne sont pas assez stimulants.
Ils semblent déjà robotisés, n'éprouvent que peu d'émotions, de sentiments, et manquent de consistance.
L'amour se réduit surtout au sexe. Les scènes et descriptions à caractère sexuel sont d'ailleurs nombreuses, volonté de provoquer l'indignation, de dénoncer, c'est très insistant surtout au début, ça finit par déranger, comme si on voulait faire passer un message en force.
Ry, est toujours obligé de se justifier en tant que personne transgenre alors qu'elle ne devrait pas. J'aurais aimé un personnage avec plus de consistance.
Même chose pour Victor Stein, personnage ambigu, qui s'efface rapidement aussi. Ron incarne un gentil commercial, fier de son commerce de robots sexuels, persuadé que c'est l'avenir et que dire de Claire, qui mêle la religion à la discussion ! Les personnages du XIXème siècle ne sont pas plus attachants!

Certains passages sont franchement déconcertants, désopilants et l'humour que j'ai deviné en dessous n'a pas pris. J'ai trouvé ce roman ni vraiment humoristique, ni vraiment horrifique. L'horreur est bien sûr présente par moment, dans le terrible sous-sol de Victor Stein où de terrifiantes expériences sont menées, mais elle se dissipe vite. L'atmosphère, elle, reste bien sombre, assez glauque et brumeuse, j'ai apprécié.

Une chose est sûre, les dialogues sont difficiles à suivre (absence totale de tirets et de guillemets) et la réflexion pas aussi vivifiante que je l'espérais. J'ai été assez peu captivée par l'histoire. C'est une vision du futur pessimiste, visant sans doute à choquer, à agacer et ça fonctionne.

Certaines idées sont excellentes et c'était vraiment prometteur, mais je suis déçue par cette lecture.
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critiques presse (3)
Bibliobs
07 janvier 2022
Dans « Frankissstein », la romancière britannique remet au goût du jour, et à la pointe de l’intelligence artificielle, la légendaire créature de sa compatriote Mary Shelley.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
21 novembre 2021
L’écrivaine anglaise livre sa version pour le XXIe siècle du chef-d’œuvre de Mary Shelley. Une expérimentation littéraire couturée, suturée – et électrisante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
25 janvier 2021
Dans son plus récent opus, Frankissstein, dont la traduction française vient d’être publiée au Québec, la romancière nous entraîne dans un fascinant jeu de miroirs entre le XIXe siècle romantico-gothique de la romancière Mary Shelley et une Angleterre contemporaine post-Brexit
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Cette vie est-elle un rêve désordonné? Le monde extérieur n'est-il qu'une ombre, tandis que la substance est ce que nous ne pouvons ni voir, ni toucher, ni entendre, mais appréhender malgré tout?
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Mais il y avait en moi quelque chose d'une gardienne de phare, et je ne craignais ni la solitude ni la nature dans sa sauvagerie.
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Il y a un problème, Ron, et la solution à ce problème n’est pas réconfortante. D’un point de vue médical et légal, la mort survient suite à une défaillance cardiaque. Votre cœur s’arrête. Vous rendez votre dernier soupir. Mais votre cerveau, lui, fonctionnera encore pendant environ cinq minutes. Ou dix, ou quinze dans les cas extrêmes. Le cerveau meurt parce qu’il est privé d’oxygène. Il s’agit de tissus vivants comme le reste du corps. Il est donc possible que notre cerveau sache que nous sommes morts avant de mourir à son tour. Vous vous foutez de moi. Je ne me fous pas de vous, Ron.
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Je surplombai à présent la ligne des toits de la demeure, les cheminées se dressant à travers le rideau humide de pluie fumante telles les oreilles d'un animal gigantesque. J'avais la peau perlée d'eau claire comme si on m'avait brodée d'eau. il y avait quelque chose de bon dans ma nudité ornementée. Mes mamelons étaient comme ceux d'un dieu de la pluie. La toison de mon pubis, toujours fournie, grouillait pareille à un obscur banc de poissons. La pluie s'intensifiait régulièrement comme une cascade sous laquelle je me serais tenue. Mes paupières étaient trempées.
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On dit que l'amour est simple parce qu'il naît spontanément.
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Rencontre animée par Elisabeth Philippe - Interprète : Marguerite Capelle
« L'humanite ne supporte que peu de realite. C'est pour cela que nous inventons des histoires. »
Geneve, 1816. Dans un territoire perdu entre reve et realite, au bord d'un lac rendu invisible par une pluie sans fin, Mary Shelley fait germer une histoire : celle d'une vie et de son createur. Alors qu'elle subit plusieurs fausses couches, puis assiste a la mort de son jeune enfant, la jeune ecrivaine est vite possedee par cette histoire qui la hante, celle d'un homme qui voulait en finir avec la mort.
En Grande-Bretagne, au lendemain du Brexit, Ry Shelley, un chirurgien transgenre qui se presente comme un etre hybride, fournit des membres amputes a Victor Stein pour un projet d'intelligence artificielle.
Avec ce roman d'une audace folle, Jeanette Winterson nous livre une vision vertigineuse de notre humanite : son histoire, son futur, son essence. Selectionne pour le prestigieux Booker Prize, FranKISSstein est aussi un grand texte sur la position hybride de l'ecrivain, a la fois createur et prisonnier de sa creation.

À lire – Jeanette Winterson, FranKISSstein, trad. de l'anglais (Grande-Bretagne) par Céline Leroy, Buchet Chastel, 2021.
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