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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
De nos jours, une telle phrase serait considérée comme un brin provocatrice, et surtout politiquement incorrecte, puisqu'on n'arrête pas de nous bassiner avec des concepts de développement personnel, épanouissement, quête du bonheur. Au point, paradoxalement, de mettre une pression dingue et de culpabiliser ceux qui n'atteignent pas cet état d'euphorie rose-bonbon malgré cours de yoga, huiles essentielles, séances de thérapie par le rire ou abonnements à la revue Psychologies.
Mais je m'égare, ceci est une autre histoire.
Parce que Mme W. n'a pas pensé à tout ça lorsqu'elle a asséné cette phrase à sa fille adoptive Jeanette (l'auteur du livre), quelque part dans les années 70. Tout ça parce que celle-ci a osé lui avouer, à 16 ans, qu'elle était homosexuelle. Cette fameuse phrase constitue une charnière dans la vie de Jeanette, elle consomme la rupture définitive entre la mère et la fille. Non pas que jusque là Jeanette ait grandi dans l'ambiance idyllique d'une famille formidable où plus belle est la vie. Bien au contraire. A des années-lumière de tous les principes éducatifs conçus dans l'intérêt de l'enfant et de son épanouissement, Mme W. ne connaît qu'une seule vérité : celle de l'Apocalypse, qui viendra enfin la délivrer de cette misérable vie terrestre. Cette vie qui n'a qu'une fonction : être un long Purgatoire avant la mort et le Paradis. Et Mme W. entend bien partager avec son entourage cette « philosophie » aussi irrationnelle que malsaine. C'est ainsi que Jeanette grandit sans imaginer que les relations familiales peuvent être chaleureuses, et sans savoir que l'amour maternel et filial existe.
Enfant adoptée, donc « abandonnée », elle chercher à se construire une identité au milieu de la vie étriquée et des vexations et punitions auxquelles sa mère adoptive, pourtant en demande d'enfant, la soumet. Autodafé des livres que Jeanette cachait sous son matelas, nuits d'hiver passées dehors sur le pas de la porte en sont les exemples les plus frappants. Cela vous forge certes un caractère de dure à cuire, mais cela génère surtout un sérieux handicap relationnel et émotionnel pour cette adulte en devenir.
Ce récit autobiographique d'une incommunicabilité et d'une incompréhension totales entre mère et fille est sidérant et vous fait ouvrir des yeux ronds comme des billes face à la méchanceté de cette marâtre aigrie.
Instable, fragile, colérique, le mental cabossé, Jeanette se sauvera de l'abîme par la littérature, dont elle fera son métier.
Ce livre est d'ailleurs un peu à l'image de son parcours de vie chaotique : la narration n'est pas linéaire, parfois même décousue. Au début, l'auteur s'attarde trop sur son 1er livre « Les oranges… », faisant craindre une resucée de celui-ci. le texte, non dénué d'humour (noir et vachard), bourré de phrases « aphorismes », rend bien l'état d'esprit de son auteur, entre rage et révolte, désespoir et instinct de survie. L'état d'esprit de quelqu'un qui se bat surtout contre lui-même pour sortir de sa prison intérieure, à la recherche de ses racines.
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"Pourquoi être heureux quand on peut être normal" ? Telle est la phrase que s'entend dire Jeanette Winterson lors de l'un de ses derniers échanges avec sa mère adoptive avant qu'elle ne soit obligée de quitter la maison familiale, et avec qui les relations sont loin d'être harmonieuses, équilibrées et heureuses, justement.

Avant de lire cet ouvrage, je ne saisissais uniquement dans cette phrase-titre que l'ironie qui la teinte, comme si Jeanette Winterson voulait faire de son ouvrage un plaidoyer en faveur de son choix de vie et de sa tendance sexuelle (dont elle parle beaucoup, forcément) qui a été l'une des causes de sa rupture avec sa mère adoptive.

Or, si "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" peut s'interpréter ainsi, ce livre est beaucoup plus que cela, surtout quand on apprend l'origine de cette phrase. Très dure à entendre, bien évidemment, elle donne un aperçu de la profondeur dramatique de la vie de Jeanette Winterson, et de la force que celle-ci a dû témoigner pour se sortir de cette situation et avoir droit au bonheur (quitte parfois à tomber un peu dans la justification).
Cet ouvrage autobiographique s'écarte un peu de la tradition de ce genre en proposant de nombreuses réflexions de l'auteur sur la littérature anglaise (qui l'a sauvée de nombreuses fois du désespoir), la société britannique et la politique de l'époque, ce qui permet d'ouvrir un peu le sujet en élaborant un panorama de l'Angleterre des années 1980 et 1990.

Cette tranche de vie, qui décrit ses acteurs d'une manière très lucide (la cruauté et la violence d'une mère adoptive rongée de l'intérieur par un profond désamour de la vie et une obsession des Ecritures et de l'Apocalypse, un père adoptif faible, qui a laissé agir sa femme comme elle l'entendait et n'a jamais fait un geste pour sa fille, mais aussi d'autres, comme la bonté et l'amour de la dernière compagne évoquée par l'auteur), ainsi que ses tourments avec acuité, est certes un peu difficile d'accès, mais elle récompense le lecteur qui sera parvenu à s'approprier cet univers par une profondeur dans l'analyse des sentiments qui ont agité l'auteur, un amour de la vie tout aussi vibrant. Un bel ouvrage touchant et fort, dont on ne sort pas indemne (mais n'est-ce pas le rôle de la littérature ?)
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Jeanette Winterson revient sur son enfance.
Adoptée, elle sera maltraitée par sa mère, pentecôtiste rigoriste, et négligée par son père qui fermera les yeux.
Il y a beaucoup de solitude dans ce récit.
Malgré cette violence, elle arrive à mettre de l'humour en racontant son histoire.
Son homosexualité est abordée et rendra sa mère folle. Ce joli titre "pourquoi être heureux quand on peut être normal" sera une phrase prononcée de manière édifiante par celle-ci.
Puis, elle saute 25 ans de vie sans prévenir et, à la cinquantaine, elle part sur les traces de ses origines et de ses parents biologiques.
Le récit est assez inégal, le regard est distancié presque froid et le style un peu répétitif.
Une autobiographie intéressante mais sans plus.
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Le titre m'a fait sourire dans un premier temps, puis ,dans le second temps, j'ai lu. Et ce que j'ai lu et ressenti au travers de ma lecture est mitigé...
Ce livre, et donc son auteur, Jeanette Winterson, nous décrit sa vie d'enfant adoptée, pendant les années 70 surtout, avec la pauvreté mais aussi la non-maternité de sa mère adoptive, dure, refusant l'amour et ne sachant pas aimer en retour, n'acceptant pas la sexualité de sa fille et se réfugiant dans la religion à tout va, et le fantôme de son père qui ne joue un rôle dans sa vie que lorsque sa femme lui dit de battre sa fille ou de lui ouvrir la porte après avoir passé la nuit sur le pas de porte. Une enfance donc extrêmement difficile à vivre et dépeinte de façon presque "normal", je veux dire par là, sans rancoeur particulière, juste une description naturelle de ce qu'a été sa vie à Accrington avant son départ de la maison et comment cette vie a totalement influencé sa vie d'adulte. Par-dessus cette biographie se greffe sa recherche pour retrouver sa mère biologique, le combat que cela a été aussi.
Ce livre est un combat dans sa totalité et le style m'a un surpris car parfois, je trouve, l'histoire passe d'un moment à un autre presque trop vite...
Par contre, l'amour des mots et des livres transpire dans ces lignes et c'est très agréable à ressentir. Par curiosité, je vais tout de même voir si j'arrive à trouver son autobiographie, Les oranges ne sont pas les seuls fruits.
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En empruntant ce livre à la bibliothèque, je n'avais pas compris que c'était une autobiographie. C'est un genre littéraire que je n'apprécie pas particulièrement. Je ne connais pas cette auteur et dans le premier quart du livre, elle parle de sa précédente autobiographie, qui, a priori, a eu un gros succès en Angleterre. Ne connaissant donc ni ce livre ni l'auteur, j'avoue m'être un peu ennuyé. Par la suite, l'auteur tente de nous raconter son enfance et surtout nous parler de sa mère adoptive maltraitante. Dans le fond, on ne peut être que bouleversé par l'histoire. Mais, malgré tout, je n'ai pas réussi à entrer dans ce roman. Difficile à expliquer, j'ai l'impression que le style ne me plaît juste pas et que je n'arrive pas à m'intéresser à sa vie ... Peut être faut il avoir lu sa précédente autobiographie ? du coup, j'arrête à la moitié mais sans vraiment pouvoir l'expliquer ...
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Il y a des vies qui doivent se raconter, des choses qui doivent se dire pour boucler la boucle. le roman avait eu un très beau succès en grand format et pourtant je ne l'avais pas lu à l'époque. Je découvre enfin cette histoire mais surtout l'auteur grâce à Babelio et aux éditions Points.

Je ne connaissais rien de ce livre ni de l'auteur. A la lecture de ce roman, je me rends bien vite compte que nous ne trouvons plus dans une biographie sans l'être totalement. Un ouvrage qui fait écho à son premier roman qui inspirait très largement de sa vie. Aujourd'hui, l'auteur doit parler mais non plus via un personnage, c'est sa propre voix qu'elle nous faire entendre, ses propres souvenirs ou en tout cas ceux qui lui restent de son enfance, son adolescence...Vie meurtrie, enfant adoptée, elle ne trouvera jamais sa place au près des siens. Rêvant de grands espaces et espérant une vie meilleure, elle rêve encore et encore. A chaque chapitre un thème et dans celui-ci des moments clés de sa vie. Provenant d'un milieu ouvrier pauvre, diabolisée par sa mère, ignorée par son père, elle aura peu de refuge dans la vie sauf dans les livres qui lui apporteront tant.

L'écriture y est très fluide et j'ai vraiment eu l'impression de lire un roman que la vie de l'auteur.
Peut-être que maintenant j'aurai bien plus apprécié cet ouvrage si j'avais lu d'autres livres de l'auteur (ce que je vais faire au plus vite).
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Entre essai, autobiographie et recueil de souvenirs, Jeanette winterson, avec Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? livre un récit bouleversant sur l'adoption, l'enfance et la différence.

Avec beaucoup de recul, l'auteur revient sur son premier livre paru à ses vingt cinq ans où elle évoquait sans fioriture son adoption puis son enfance dans une famille austère et évangélique. Sa mère est obsédée par la Bible et ne montre aucun sentiment tandis que son père se replie sur lui même.
Ses premiers sentiments, sa sexualité différente, et surtout sa mère hostile l'ont poussé à partir et à se construire par ses propres moyens.

Dans Pourquoi être heureux quand on peux être normal, l'auteur revient sur la façon dont elle a quitté ses parents, comment elle s'est ensuite construite et comment après toutes ces années, et aidée par sa compagne, elle a réussi à retrouver sa mère biologique et à tisser un lien avec elle.

La lecture, la découverte de la poésie et de la littérature anglaise ont toujours été un pilier dans sa vie et elle en parle merveilleusement bien.
Pourtant, j'ai parfois été lassé par certains propos de l'auteur, certaines répétitions notamment sur la relation avec sa mère adoptive.

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C'est l'histoire de Jeanette adoptée par les Winterson. A certains égards, Mrs Winterson rappelle Folcoche: elle est cruelle et revêche. Elle ne dispense aucun amour, aucune tendresse à ses proches. Elle fait vivre une vie infernale à Jeanette, faite de privations. Les livres sont interdits; ils ne doivent pas corrompre son esprit. Elle la prive d'instants heureux. Elle finit même pas lui assener « Pourquoi être heureux quand on peut être normal » quand sa fille évoque la possibilité d'être heureuse avec une compagne. Elle est obsédée par la fin du monde (elle est pentecôtiste), la foi est la seule voie possible et la Bible est l'autorité suprême.

C'est l'histoire de Jeanette qui s'émancipe, apprend seule, fait ses propres expériences (souvent douloureuses) et gagne sa liberté.



« J'ai eu besoin des mots parce que les familles malheureuses sont des conspirations du silence. »

« La fiction et la poésie sont des médicaments, des remèdes. Elles guérissent l'entaille pratiquée par la réalité sur l'imagination. »

« Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu'il existe deux types d'écriture; celle que l'on écrit et celle qui nous écrit. Celle qui nous écrit est dangereuse. Nous allons là où ne nous voulons pas aller. Nous regardons où nous ne voulons pas regarder. »

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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Contrairement à mon idée l'essence du livre ne tient pas uniquement dans cetitre qui n'enfinit pas.
Si peu de temps après la lecture de @Morwenna, fictive, je ne m'attendais pas à feuilleter celle de Jeanette similaire sur au moins une chose, le pouvoir salvateur des livres.
La narratrice réussit à donner de l'envergure à son récit en y intégrant le quotidien d'une petite ville ouvrière anglaise, coincée entre deux époques: une adoption ratée au beau milieu du 20ème siècle, dans une famille plus que modeste mais tellement "normale" ! Alors comment grandir, apprendre, aimer et surtout se construire?
Bien qu'elle écrive que la rage l'habite, je n'ai pas ressentie d'animosité incontrôlable à l'égard de ces parents adoptifs, ni plus ni moins que les griefs de chacun de nous envers nos géniteurs. Par contre, cette soif de choisir sa voie, sa vie, est remarquable.
Peut être lirais-je plus tard Les Oranges.
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Un témoignage que j'ai trouvé très impressionnant
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Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

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