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Critique de Tachan


Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions de L'Homme sans nom pour leur confiance dans l'envoi de ce roman de la jeune autrice Noémie Wiorek qui m'a permis de faire une découverte singulière. 

Née peu ou prou au moment de la chute de l'URSS, Noémie Wiorek a été nourrie à la sève des années 90, au coeur du phénomène Harry Potter. Elle commence ainsi à sérieusement écrire à l'orée de l'adolescence. Elle exerce depuis quelques années le métier de professeur-documentaliste, autre moyen pour elle de donner le goût de la lecture aux jeunes générations. Elle propose ici dans ce tome unique une histoire dépaysante dans un univers froid et rude où le lecteur sera lui aussi mis à rude épreuve.

L'univers que nous propose Noémie Wiorek m'a de suite fait forte impression. A l'image de sa couverture brumeuse et de son titre long et mystérieux, j'ai trouvé l'ambiance longtemps floue et mystérieuse pour ne pas dire opaque. Il m'a fallu un certain temps, assez long je dois dire, pour comprendre où voulait nous mener l'autrice, mais une fois la chose comprise ce fut un vrai plaisir de la lire et de repenser même à ce que j'avais lu auparavant.

L'histoire s'ouvre sur l'opposition entre deux mondes : celui de la cour d'un jeune Prince faiblard et geignard qui a repris la couronne de son frère mort sans vraiment la vouloir et qui est manipulé par une forme de clergé ; et face à lui un groupe de rebelles, mené par Noir et sa seconde Agnieszka, tous deux très mystérieux qui se sont alliés avec des êtres loin d'être humains et qui semblent vouloir la perte du royaume de Morz. Les deux entités sont d'abord présentées de manière fort caricaturale et manichéenne : il y a le gentil prince contre les méchants rebelles. Sauf que petit à petit, au fur et à mesure que l'autrice étoffe son histoire, on découvre une réalité beaucoup plus complexe et riche.

Noémie Wiorek ne se contente pas d'une banale opposition entre le bien et le mal, elle questionne au contraire sur les origines de chacun, imaginant une mythologie riche et subtile, pleine d'une macabre poésie qui prend vraiment aux tripes. Son univers, c'est une sorte de monde post-apocalyptique avec des résonances de Préhistoire et de peuples indigènes qui vivent dans des grottes, ont peur de sorcières vengeresses, et un haut Moyen Âge sombre où un monarque peut être aveuglé par sa foi. Cela donne une ambiance assez pesante qui n'a pas été sans me rappeler celle de la Terre Fracturée de N.K. Jemisin, où de la même façon il y avait une poids assez important de la Terre et de ce qu'elle renferme.

Ici la mythologie repose à la fois sur cette disparition, il y a longtemps, de la neige qui a causé bien des traumatismes, ainsi que sur les sorcières et les créatures totems qui les accompagnent dans leur quête de retour de l'Hiver, ainsi que sur des peuples non humains comme les N'dus qui sont avec les Rebelles. C'est longtemps assez flous et on ne comprend pas bien ce que chacun trame et pourquoi, mais quand le voile se lève dans le seconde partie du roman, tout s'explique et on voit enfin le grand tableau fascinant mais terrifiant que cela forme. Car chez l'autrice rien n'est gratuit. L'espoir est là mais ce n'est pas un espoir lumineux, c'est un espoir qui reste sombre et terriblement réaliste avec son lot de déceptions et de noirceur. J'ai beaucoup ces nuances, j'ai trouvé que ça changeait énormément des discours souvent ultra positifs et naïfs du coup qu'on pouvait trouver à la fin de pas mal de récit de Fantasy. Ici, l'univers est sombre et le reste jusqu'au bout à sa façon, pas besoin de l'édulcorer.

D'ailleurs, cette volonté de ne rien édulcorer, on la retrouve également dans le panel des personnages croisés. Ce sont tous des âmes cassées pour qui la réparation n'est pas vraiment possible et chez qui il y aura toujours une fissure. Comme souvent ces derniers temps, j'ai beaucoup aimé les personnages féminins, la mère du Prince et Agnieszka la seconde de Noir, en tête. Ce sont deux femmes très fortes qui ne se laisse pas enfermer par le carcan de leur sexe. Elles vont au bout de leurs idées et envies envers et contre tout. En prime, Agnieszka a une relation très particulière avec son environnement et avec son "chef", Noir. C'est elle, le héros que l'on va suivre au final et sa construction m'a à nouveau beaucoup rappelé celle de l'héroïne de la Terre Fracturée. J'ai trouvé les personnages masculins moins réussis, soit trop effacés comme Noir, soit trop empreints de folie comme le Prince Jaroslav et son ami Tomislav. (Au passage, tous ses noms en "slav" à un moment m'ont un peu perdue >
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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