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EAN : 9782092492093
64 pages
Nathan (02/09/2021)
3.88/5   140 notes
Résumé :
« J’entends des pas derrière moi. Des pas qui claquent sur le bitume. Depuis le dernier carrefour, c’est sûr. Je ne rêve pas. Quelqu’un me suit. Tic-tic-tic-tic. TAC TAC. Je vais crever d’une crise cardiaque. Le type doit porter des talonnettes ou des chaussures de vieux, genre mocassins. »

Dina, une adolescente de 16 ans, rentre chez elle à pied après une soirée. Elle est seule, il fait nuit, il fait froid et il pleut. Elle marche le plus vite possib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 140 notes
Dina Pisano a seize ans, elle sort d'une soirée dans les quartiers bourgeois de Paris. Elle a peur, peur du jeune homme qui proposait de la raccompagner en voiture à l'issue de la soirée, peur du passant qui marche derrière elle dans la rue, peur de la voiture en stationnement avec une portière ouverte, peur du SDF alcoolisé qui hurle dans la rue, peur d'un inconnu dans le square qui lui adresse la parole…


Est-il encore nécessaire de présenter Jo Witek, une autrice majeure de la littérature adolescente contemporaine ? Jo Witek a tout d'abord travaillé pour le cinéma comme lectrice, adaptatrice et conseillère aux acquisitions de droits vidéo puis elle débute sa carrière de romancière au Seuil jeunesse en 2009 avec le récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée qui a notamment reçu le prix des 12-14 ans de la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde en 2012, suivi de Récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée en 2012. Elle publie quasiment quatre romans pour la jeunesse par an, principalement au Seuil jeunesse - nous pensons notamment à Journal (sentimental) d'un garçon (presque) parfait en 2014 - mais aussi chez Actes sud junior dans la collection Roman ado - nous pensons notamment à Peur express en 2012, Rêves en noir en 2013, Un jour j'irai chercher mon prince en skate en 2013, Un hiver en enfer en 2014, le domaine en 2016, Premier arrêt avant l'avenir en 2019, mention du prix Vendredi - et enfin chez Flammarion avec la série de romans miroirs Mentine.

Elle obtient le prix Babelio en 2021 avec son roman J'ai quatorze ans et ce n'est pas une bonne nouvelle.

Un nouveau roman percutant de Jo Witek dans la collection Court toujours chez Nathan qui interroge, non pas tant les dangers qui menacent les femmes dans l'espace public mais les représentations sociales de genres dans l'espace public et l'éducation donnée aux filles mais aussi aux garçons sur la manière de traiter les filles. C'est brillant. En choisissant le monologue intérieure d'une jeune femme, Jo Witek permet de prendre conscience des peurs inculquées aux filles par une éducation morale mais aussi des peurs des filles à cause des comportements des garçons, tout aussi inculqués par une société patriarcale. le texte bref est un condensé d'émotions brutes, traduites par les seules pensées automatiques d'une jeune héroïne.

Coup de coeur.
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Un roman qui se lit d'une traite dans la petite demi-heure du trajet de retour de la jeune Dina, 16 ans chez elle après une soirée. C'est un monologue de la jeune fille qui se met à angoisser en entendant des pas sur le pavé juste derrière elle. C'est sûr, elle est suivie. C'est forcément un homme, un pervers, qui l'ayant vu arpenter la rue sur ses talons argentés la suit tel un prédateur sur les traces de sa proie. C'est un monologue tour à tour exaspéré par l'inconséquence de certains hommes qui ne voient pas combien leur attitude peut être lourde et pénible mais aussi plein de colère dirigée contre ceux qui abusent de leur force, d'une situation, pour assouvir leur fantasme de domination. C'est enfin un cri de révolte d'une jeune fille qui ne conçoit pas que la rue de son quartier ou le coin de sa maison puisse être lieu d'agression verbale ou physique, que ce régime soit servi principalement aux filles devant se cacher ou avancer tête baissée pour ne pas risquer d'attirer l'attention. Un texte court immanquablement sujet à débat pour permettre aux uns et aux autres d'entrevoir ce que vivent les femmes au coeur de l'espace urbain, de se mettre un peu à leur place pour ressentir l'intensité de ces émotions : peur, colère, sentiment d'injustice et de frustration. Sur le rythme des talons de Dina sur le trottoir, c'est pour Jo Witek l'occasion de faire entendre un véritable cri d'alarme sur l'évolution d'une société qui se veut égalitaire mais qui ne permet pas aux filles de se sentir en sécurité juste en bas de la rue.
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Seule la nuit.

Dina rentre seule en pleine nuit d'une fête et doit affronter le noir, la peur et les autres passants...

À l'orée de son éducation, elle s'imagine alors toutes sortes de dangers prêts à s'abattre sur elle. En premier lieu la peur des hommes, de l'agression et du viol.

Et effectivement, elle entend alors des pas derrière elle... Et décide d'écourter le trajet par le square.

J'ai beaucoup aimé que l'autrice explore les images qui hantent la tête des filles le soir quand elles sont seules dans la rue.

Et qu'elle nous montre comment ce lieu qui devrait être partagé devient un coupe-gorge au sein des représentations de la jeune fille.

Alors oui, Dina a menti à sa mère. Elle porte des escarpins et une tenue de fête. Et elle se trouve seule après minuit.

Il faut dire que sa copine a une nouvelle fois disparu au milieu de la fête avec un garçon et oublié aussitôt de tenir sa promesse de rentrer avec elle.

Mais devoir être obligatoirement accompagnée par un homme, s'habiller en pantalon et basket et ne pas sortir seule le soir, n'est-ce pas accepter l'enfermement que nous impose la société ?

Un livre d'un souffle à partager !
Lien : https://www.nouveautes-jeune..
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: le mode de la série: Un contexte fort et imprévisible, une situation passionnée, ado et l'un des premiers pas vers les tensions de la vie adulte.
Cette collection, " Court toujours", devrait intéresser les faibles lecteurs ados avec ce format court et ses situations du coeur familière.

Une aventure familière pour tous les grands ados, singulièrement simple mais si frissonnante.
L'auteure Jo Witek nous mettra dans la peau d'une ado' revenant d'une soirée seule, la nuit.

Certains lecteurs et lectrices comprendront ce moment choisi par l'auteure où se confondra dans l'esprit un grand moment d'autonomie, de liberté mais aussi de fragilité.
En voix off, dans les pensées de notre personnage qui hâtera le pas, l'auteure nous invitera aux deux appréciations de la nuit sur ce chemin du retour, l'une si fraîche, exaltante, avec le droit de n'être plus au lit à cette heure, de continuer à s'amuser jusqu'à point d'heure et l'autre, peu rassurante, si dangereusement exposée. Dina a 16 ans.
L'héroïne entendra le bruit de ses escarpins sur le chemin et à cette heure, le reste du monde alentour probablement aussi. La nuit camouflera ce qui pourra lui jouer des tours au détours d'une rue.

C'est le silence dans la rue.
Avec le bruit des escarpins, celui d'une autre personne derrière.
Et dans la tête de la jeune fille, c'est le capharnaüm, elle supposera une chose et son contraire avec la peur qui monte, c'est suffisamlent bavard, pour ne pas se sentir seule à cet instant.
La suit-on où est-ce juste une personne qui comme elle rentre tard?

C'est bien vu. Elle s'en voudra de ne pas être suffisamment en état pour se défendre, d'avoir bien profiter, d'avoir un peu bu, d'avoir des escarpins au lieu de baskets. Retournement situation, elle regrettera de s'être autorisée à aller à cette chouette fête et de s'être convaincue de rentrer seule à pied.

Nous serons dans la peau d'une jeune ado mais d'une femme en générale.
L'âge de l'héroïne apportera de l'humour involontaire avec une loghorrée verbale hystérique qui s'emballera avec la rage soudaine (fichue copine qui l'a planté comme ça), avec un ton de propos d'ados que l'on pourrait réserver à une autre occasion et pour de faux: se faire peur avec un film horrifique et un grand tour de roue de fête foraine, le siège la maintenant la tête en bas. On comprendra aussi que tout ce déballage tentera de dédrammatiser la situation, de rationnaliser, de combler le temps aussi, le temps d'arriver et de rire de sa petite frousse.
"... je pourrais me retourner pour vérifier. Ou m'arrêter d'un coup en faisant semblant de chercher un truc dans mon sac. Jauger la distance. Me faire une idée de ses intentions..."

Jo Witek nous placera dans le rôle du Chaperon (de fin de soirée) qui traversera son aventure de forêt mais aussi dans celui du témoin qui pourrait être obligé de prêter secours (il n'y aura en effet pas qu'elle sur ce chemin).
La tension est mesurée, sans trop en faire pour dissuader les filles de sortir le soir, juste ce qu'il faut pour se prévenir des mauvaises rencontres, se chercher pour soi des stratégies de "femmes seules en pleine nuit" - le spray au poivre, un peu de savoirs en auto-défense, l'escorte à deux ou trois pour dissuader les opportuns, un raccompagnement en voiture avec les copains -, pour vivre sa vie d'ado, d'adulte de façon libre et sereine.



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Dina rentre chez elle, seule et à pieds, après une fête. Il fait nuit, les rues sont vides. Soudain, des bruits de pas derrière elle.

La tension monte, en très peu de pages. Autre grande réussite de Jo Witek : de nous faire entrer dans la tête de sa narratrice. C'est d'ailleurs l'un des talents de cette auteure.
Entre le stress de cette situation, les diverses informations sur le risque d'agression et ses griefs envers sa copine qui l'a abandonnée pour un garçon en plus de lui avoir prêté des chaussures inconfortables.
Ce qui est intéressant, c'est la succession des pensées de Dina. Sa peur l'amène à réfléchir à la place de la femme, au fait que les garçons ne sont même pas conscients de l'inquiétude qu'ils peuvent créer quand ils suivent une route parallèle à celle d'une femme seule, la nuit. Et au fait que les règles imposées par ses parents sont peut-être faites pour la protéger.


Un livre à mettre dans les mains de tous les ados - filles et garçons -, pour qu'eux aussi se posent les bonnes questions avant de se retrouver dans ce type de situation.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La probabilité de l'agression dans la rue est peut-être plus élevée que je ne le pensais. Je n'ai pas répondu au type qui voulait m'accoster, je ne me suis pas retournée non plus ; j'ai quitté le parc dans un grincement pour m'engager à toute vitesse dans la rue.
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Je me demande si les garçons ont aussi peur que nous la nuit : sont-ils terrifiés à l'idée que quelqu'un les frappe, les plaque au sol, les traîne par les cheveux ou se jette sur eux comme une bête enragée ? Faudrait que je me renseigne auprès des copains. Ce n'est pas le vol que je crains. C'est le viol. Cette terrifiante idée du viol en pleine nuit, alimentée par les centaines d'images que j'ai vues défiler sur grand et petit écran. J'ai tout dans la tête. Je suis née avec ça dans le crâne. Cette peur prégnante et obsédante d'être abusée par un homme, de crever dans un cri avec la jupe par-dessus la tête. Ça y est, je vois la tour Eiffel. Elle n'est pas éteinte. Elle brille et scintille sous la lune paisible. Libres toutes deux, tellement libres; je les envie. pg 22/23
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Voilà la place que nous laisse le monde dans l'espace public ! Celle d'un être humain qui se retient de pisser, de crier, de marcher seul, de flâner sans flipper. Se retenir, se contenir, ne jamais déborder, telle est la convenance au féminin. Ça me fout la rage. Parfois, j'en ai assez d'être une fille. pg 26
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Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
Rien, en fait. Si je fais le bilan. Il ne m'est rien arrivé.
Tout s'est passé dans ma tête.
Rien, à part le fait que j'ai menacé un célèbre avocat avec une paire de ciseaux.
Je suis la coupable dans cette affaire.
C'est ça le pire, aux yeux de la loi, ma peur n'existe pas. (p.46)
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Pas la force de faire face à ce cauchemar qu'on m'a mis dans le crâne depuis que je suis toute petite et qu'on n'a cessé d'agiter devant moi pour me couper les ailes. "Ne parle à personne, surtout pas aux messieurs", me disait ma mère quand j'allais chercher le pain, pensant sans doute ainsi me protéger. Mais la peur est née là. Entre la boulangerie et chez moi.
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Videos de Jo Witek (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jo Witek
« Cet épisode a été enregistré avec des adolescents hospitalisés au centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) situé à Bobigny à l'automne-hiver 2023. le livre lu dans cet épisode est « J'entends des pas derrière moi » de Jo Witek paru aux éditions Nathan.
Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage.
Remerciements au docteur Taïeb, responsable du Centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne, à Michèle Sawaya, psychologue, Nancy Andrieu, éducatrice spécialisée, Marc Colaciuri, psychologue, Mohammad Mouma, infirmier, Marie-Lucie Guyard, psychomotricienne, ainsi qu'à Quentin Bardou, comédien.
***
Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre. Cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les enfants, adolescents et adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi invités à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur. Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine). le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024. A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les enfants, adolescents et adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de trois à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail. Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un réalisateur et technicien du spectacle. Ce podcast, d'une vingtaine de minute, est ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP. »
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