"Je me suis inscrite sur un nouveau tchat. J'ai tapé Marilou. Je trouvais que ce pseudo correspondait bien à la fille que j'avais envie d'être. Plus sexy, plus délurée, plus effrontée aussi.
Marilou, une autre moi-même. Une fille qui l'a tout de suite attiré.
- Bonjour Marilou. C'est joli comme prénom. T'as quel âge ?
J'ai menti :
- Seize. Et toi ?
- Vingt.
Mentait-il lui aussi ? Je ne me suis pas vraiment posé la question, trop heureuse de partager
ma tristesse nocturne avec un garçon. J'ai poursuivi.
- Je viens de me disputer avec ma mère.
Elle refuse que je fasse des photos de mode.
- Elle doit être jalouse de ta beauté.
- Merci. Je crois que tu as raison.
- Je sais de quoi je parle, je suis photographe de mode.
- C'est vrai ?
- Oui, pour des défilés à Paris et des shooting magazines. On peut la voir quelque part ta jolie
frimousse, Marilou ?
Voilà. Ça a commencé comme ça."
Ce court ouvrage parut il y a près de 7 ans est malheureusement plus que jamais d'actualité.
Dans notre société hyper connectée, où la virtualité a pris une place considérable (jeux vidéos, réseaux sociaux, magasins en lignes, sites de rencontres,...) il paraît important de montrer, de rappeler à quel point les dérives peuvent être dangereuses, surtout à l'égard des plus jeunes.
C'est à travers l'histoire de Julie/Marilou que
Jo Witek alerte sur les relations virtuelles, sur la facilité avec laquelle une adolescente lambda peut dialoguer avec un parfait inconnu (malheureusement pas toujours bien intentionné), sur la violence que ce genre de relation peut amener ainsi que sur les sentiments de destruction, d'humiliation qu'elle peut faire naître chez des adultes en construction.
Si le format est court, il n'en reste pas moins efficace et percutant et, à mon sens, parfaitement construit pour un public adolescent.
Parce que le pire n'arrive pas qu'aux autres, qu'il est important de dialoguer et de sensibiliser les plus jeunes aux dangers d'internet (sans tomber dans une psychose démesurée pour autant) je recommande vivement cet ouvrage.