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EAN : 9782365833752
486 pages
Nouveau Monde (21/02/2013)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Dans l'ombre de Staline, Beria fut pendant quinze ans le chef de la police secrète soviétique et d'un réseau d'espionnage à l'échelle mondiale. Commandant en chef du NKVD, censeur de la presse et de la culture, ministre de l'Intérieur, administrateur des camps, maréchal de l'URSS, vice-président du conseil des ministres, Beria fut le véritable numéro 2 du régime, redouté même par ses pairs. Originaire de Géorgie, il intègre au début des années 1920 la Tcheka, premiè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Iboo ayant ouvert le sujet du stalinisme, profitons-en pour parler de l'un de ses personnages les moins connus et les plus puissants, qui fut aussi l'artisan de quelques-uns de ses pires crimes : Lavrenti Beria. Homme d'une puissance incommensurable, on sait pourtant peu de choses sûres de sa vie : sur sa mort même il existe trois versions totalement différentes, toutes étayées par des témoins dignes de fois. Un être également terrifiant, que Staline décrivit à Hitler comme « notre Himmler ».

Ce livre, qui fait partie de ses très rares biographies, ne s'appuie donc que sur des témoignages souvent indirects, mais recoupés entre eux. Même si on peut s'interroger sur sa neutralité, il suffit à dresser un portrait plus que convaincant. Naît dans une famille géorgienne pauvre, ce n'est pas comme révolutionnaire clandestin qu'il fait ses premières armes mais comme indicateur de l'Okhrana, la police politique du tsar. A la révolution, il rejoint cependant le parti communiste géorgien. Il s'impose dans la sécurité, se faisant remarquer par la dureté avec laquelle il traite ses prisonniers et la violence des interrogatoires, qu'il mène lui-même. C'est à ce moment que le viol d'adolescentes devient chez lui un véritable passe-temps.

L'ascension de Staline lui fournit une magnifique opportunité. D'abord par le nettoyage qui est réalisé : toutes les figures historiques du mouvement, tous ceux qui ont cru à la révolution sont éliminés. Cela fait de la place pour monter. Ensuite, il faut réécrire l'histoire. Sa spécialité. Sous sa plume Staline, qui n'était alors comme lui qu'un indicateur de l'Okhrana, devient l'âme de tout le mouvement révolutionnaire en Géorgie.

C'est assez pour le faire remarquer. Promu chef du NKVD, il lui est confié la délicate tâche de mener une nouvelle purge pour supprimer… Les auteurs de la purge précédente, au premier rang desquels Nikolaï Iejov, « le gnome sanglant », instigateur des grandes purges staliniennes qui avaient elles-mêmes servies à supprimer… Guenrikh Iagoda, artificier de la purge qui avait suivi la fin de la guerre civile.

A ce poste, il déploie une grande activité et beaucoup d'imagination. C'est lui qui rationalisera les goulags, pour les transformer de machines en tuer à centres de production intensive avec main-d'oeuvre gratuite. Lui qui bâtira l'image du « petit père des peuples » souriants, et le très efficace appareil de propagande. Lui qui élaborera le formidable appareil répressif soviétique. Lui qui développera les réseaux d'espionnages à travers le monde. Lui qui organisera le massacre de Katyn...

In fine, sa puissance finit par représenter une menace pour Staline. Mais celui-ci mourut opportunément, alors qu'il mettait en place un prétendu « complot mingrélien » destiné à faire tomber cet adjoint trop efficace.

Au final, qui fut Beria ? Un homme intelligent, brillant, mais cruel et dépourvu de toute forme de compassion. Un homme qui utilisa les pires moyens pour arriver au pouvoir, et là en profita pour satisfaire ses pires instincts. Un livre plus que très instructif mais très, très éprouvant, réservé aux estomacs solidement accrochés, et qui permet de mesurer la profondeur incroyable et l'étendue du mensonge stalinien.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Chacun de ces véhicules est escorté de quatre gardiens dont les fusils sont armés de baïonnettes. [...] C'est une plaine dégagée, loin de la ville, un endroit où le sol argileux ne convient pas aux cultures. Le camion s'arrête, mais les prisonniers ne sont pas débarqués. Ils doivent de nouveau attendre, parfois des heures. Finalement une élégante automobile fait son apparition et s'immobilise à quelque distance. Maintenant, les patriotes détenus, bousculés par les soldats, reçoivent l'ordre de descendre du camion. Ceux qui n'obéissent pas assez vite sont pressés à coups de crosses et à coups de pieds. Lorsque le dernier d'entre eux a quitté le camion, les hommes sont disposés en colonnes par six et conduits quelques centaines de mètres plus loin. Des tranchées y sont creusées. Les prisonniers s'alignent face à la tranchée. Les officiers Kvantaliani et Antichkine approchent. Aussitôt, l'exécution commence.
Même pour l'exécution massive de cent vingt personnes, on n'utilise pas de mitrailleuses. Toute l'opération doit être menée aussi silencieusement que possible pour que le population de la ville ne l'entende pas.
L'exécution terminée, les gardiens apportent des seaux de chaux vive et des pelles extraites de la cabine du conducteur. Ils versent la chaux sur les corps et les couvrent de terre. S'ils remarquent que quelqu'un vit encore, ils l'achèvent avec une pelle ou une crosse. [...]
En noyant dans le sang le soulèvement qu'il a laissé éclater, Lavrenti a atteint son but. En récompense du service éminent rendu à l'Union Soviétique par la répression du soulèvement de la Géorgie et par l'élimination des parasites nationalistes, Staline décore Lavrenti Pavlovitch Beria de l'ordre du Drapeau Rouge.
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Lavrenti Beria, chef de la police secrète rouge et l'un des meilleurs disciples de Staline, n'est pas plus humain envers les prisonniers de guerre que son alter ego Heinrich Himmler, chef de la Gestapo et l'un des meilleurs disciples d'Hitler. Rien d'étonnant à ce que Staline, lorsqu'il est de bonne humeur, appelle Beria "mon Himmler".
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Le 11 août 1939, une mission militaire franco-britannique arrive à Moscou pour entreprendre les discussions sur une défense commune contre l'Allemagne. Le lendemain, les réprésentants des trois puissances, Angleterre, France et Union soviétique, se rendent à la première réunion au Kremlin pour discuter avec le maréchal Vorochilov de leur action commune contre le Troisème Reich en cas d'attaque contre la Pologne. Exactement au même moment, Molotov exprime à Hitler l'impatience de Staline à signer un traité d'amitié mutuelle avec l'Allemagne nazie. Il propose aussi un accord en vue du partage de la Pologne et invite les réprésentants de Hitler à venir à Moscou.

p.318
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Comme Staline le dit un jour avec un sourire désarmant, "choisir sa victime, préparer le coup avec soin, appliquer une vengeance implacable et ensuite aller se coucher... Il n'y a rien de plus doux au monde"*. C'est le plaisir raffiné d'une très haute sensibilité.

p.183

*Boris Souvarine, Stalin, New York, 1939.
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Video de Thaddeus Wittlin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thaddeus Wittlin
Histoire passionnée de la France de Jean Sévillia aux éditions Pocket
D?après un récent sondage, 82% des Français pensent qu?il existe une « identité nationale française » et 75% d?entre eux se déclarent « fiers d?être français ». Ces sentiments, toutefois, ne s?observent pas dans la même proportion au sein de la classe dirigeante du pays, qui se réfugie derrière les nécessités politiques de la construction européenne ou les contraintes économiques de la mondialisation pour expliquer les limites de son action. le patriotisme se manifeste moins encore dans les milieux culturels, obsédés par le respect de la diversité, le droit à la différence et l?ouverture aux autres, présentés comme des impératifs moraux. Politiquement correct oblige, l?univers des historiens s?est aligné. L?école et l?université enseignent désormais une histoire multiculturelle et transversale, qui s?adresse à des citoyens du monde, et non à des citoyens français. Quant à ceux qui font de l?histoire de France, c?est presque en s?excusant, en prenant garde de prendre leurs distances avec le « roman national » de naguère et en veillant, en tout cas, à ne pas susciter de réactions confinant à l?amour du pays, réflexe qui serait indigne, paraît-il, d?une époque éclairée. Alors c?est pour ceux qui pensent qu?il existe une identité française et qui sont fiers d?être français que ce livre a été écrit. Non pour leur faire croire que le passé national n?a pas ses pages sombres : ce serait faux. Mais pour retrouver, en racontant à grands traits l?histoire de France, des raisons de l?aimer, et même de l?admirer.
http://www.lagriffenoire.com/histoire-passionnee-de-la-france-254611.html
Beria : Chef de la police secrète stalinienne de Thaddeus Wittlin et Yvonnick Denoël aux éditions Nouveau Monde Poche
Dans l'ombre de Staline, Beria fut pendant quinze ans le chef de la police secrète soviétique et d'un réseau d'espionnage à l'échelle mondiale. Commandant en chef du NKVD, censeur de la presse et de la culture, ministre de l'Intérieur, administrateur des camps, maréchal de l'URSS, vice-président du conseil des ministres, Beria fut le véritable numéro 2 du régime, redouté même par ses pairs. Originaire de Géorgie, il intègre au début des années 1920 la Tcheka, première police politique d'Union soviétique. En 1926, il dirige la répression du mouvement nationaliste géorgien, s'attirant ses premières distinctions. Dans les années 1930, il prend le contrôle du Parti communiste géorgien. C'est déjà l'homme de confiance de Staline et l'organisateur des purges d'avant-guerre.
http://www.lagriffenoire.com/beria.html
Goebbels de Peter Longerich et Raymond Clarinard aux éditions Tempus
Ce second volume nous entraîne au c?ur des choix politiques qui maintiennent Goebbels enchaîné à Hitler. L'homme, qui a rassemblé les masses en une communauté nationale derrière le Führer à partir de 1933, cumule les fonctions et ne cesse de renforcer ses pouvoirs durant la Seconde Guerre mondiale où il parvient à imposer le concept de " guerre totale ".
http://www.lagriffenoire.com/goebbels-1937-1945-vol-2.html

Goebbels de Peter Longerich et Raymond Clarinard aux éditions Tempus
Venu de l'aile gauche du nazisme, Joseph Goebbels commence sa carrière dans l'orbite de Gregor Strasser avant de se soumettre inconditionnellement à Hitler. Dès lors, son ascension épouse celle du Führer jusqu'à obtenir en 1933 le ministère de la Propagande, dont il fera l'un des piliers du III e Reich. Archétype du narcissique, d'un orgueil qui n'a d'égal que sa soif de pouvoir, il souffre en regard de violents accès de dépression résultant pour partie de son handicap physique.
http://www.lagriffenoire.com/goebbels-1897-1937-vol-1.html
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