Citations sur Le journal du diable (46)
Quand Wittman songeait au déplacement et à l'internement de plus de cent dix mille citoyens des États-Unis d'origine japonaise, après l'attaque de Pearl Harbor, il n'avait aucun mal a comprendre comment le nazisme avait pu se répandre en Allemagne. Combien il était facile pour le patriotisme de se transformer en un racisme consacré par la loi.
Seul parmi les condamnés, l'écrivain le plus prolifique de l'histoire du Troisième Reich n'eut aucun dernier mot.
On lui passa la capuche sur la tête. La trappe s'ouvrit. Rosenberg tomba.
Quelques heures plus tard on emporta son cadavre avec ceux des autres vers Munich, où il fut incinéré. Ces cendres furent jetées dans une rivière.
(…) Nuremberg avait également une autre symbolique. C'était là que les nazis avaient pris l'habitude d'organiser leur congrès à la gloire du renouveau de l'Allemagne. C'était là que les nazis avaient déchu les juifs de leur citoyenneté en 1935. Et désormais, c'était à Nuremberg que les responsables allaient devoir rendre compte de leurs crimes.
« C'est incroyable, le nombre de biens provenant de toute l'Europe qui ont été préservés ici, écrivit Rosenberg un jour de 1943 après avoir visité l'un des entrepôts de spoliation en Estonie. Les œuvres littéraires les plus précieuses, des manuscrits de Diderot, des lettres de Verdi, Rossini, Napoléon III, etc. Et, bien sûr, toute cette littérature incendiaire juive et jésuitique à notre encontre. » Il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la satisfaction. Son unité si « ridiculement petite » avait tant accompli en si peu d'années !
Ils pillèrent la maison du poète Alexandre Pouchkine. Ils garèrent leurs motos dans l'ancienne résidence de Tchaïkovski et utilisèrent les partitions du compositeur ainsi que des manuscrits rares de Tolstoï, trouvés dans sa maison Yasnaya Polyana, pour faire du feu.
Mais à l'automne 1941, les fonctionnaires sous la direction de Lohse commencèrent à soulever des objections contre les massacres opérés par les forces de sécurité déchaînées de Himmler.
Le principal point de discorde ne concernait pas l'assassinat des juifs en tant que tel. Aucun nazi n'aurait voulu paraître clément envers les juifs. Mais les fonctionnaires se plaignaient de ne pas avoir été consultés en amont ; ou du fait que, les massacres étant conduits en plein jour, cela perturbait l'ordre public de leurs villes, ou parce qu'ils voulaient que certains juifs fussent exemptés afin d'être employés au travail forcé.
Des fourgons noirs aux vitre teintées se mirent à patrouiller dans les rues à la nuit tombée, arrêtant des juifs, des partisans, des enfants perdus. Les habitants du ghetto découvrirent avec horreur que ces véhicules expérimentaient en fait le gazage des victimes : ils étaient conçus de façon que les gaz d'échappement du moteur soit rejetés dans la partie arrière fermée du fourgon, afin d'en asphyxier les passagers. Les juifs surnommèrent ces fourgons les « destructeurs d'âmes ».
Au poste de contrôle, ils durent remettre leurs biens, jusqu'à leurs alliances et leurs vêtements. On les emmenait en les frappant par groupes de dix jusqu'à un ravin connu sous le nom de Babi Yar. En tout, trente-trois mille sept cent soixante et une personnes furent fusillées en quelques jours à peine. « Puisque les corps furent ensuite exhumés et brûlés sur des bûchers et que les os qui résistèrent au feu furent écrasés jusqu'à se mélanger à la terre, écrivit plus tard l'historien Timothy Snyder, ce compte n'inclut que les autres restes. »
Babi Yar ne fut qu'un des nombreux massacres de masse de la seconde moitié de 1941.
Auschwitz-Birkenau... Les Allemands y avaient construit un système d'extermination si efficace que son créateur le breveta.
Sur place, il avait affaire à des Untermenschen, des " sous-hommes ". Les contacts entre les races devaient être limités et les relations sexuelles étaient inconcevables. " Ce peuple doit être gouverné d'une main de fer, afin de nous aider à gagner la guerre dès maintenant, dit-il. Nous n'avons pas libéré l'Ukraine pour le sauver, mais pour assurer à l'Allemagne un espace de vie nécessaire et une source d'alimentation. "