En rédigeant ce récit réservé à la consommation familiale, j'ai toujours eu pour but d'employer le mot juste à la juste place et d'éviter à mes lecteurs les phrases faibles et inexpressives quand ils sont en droit d'attendre une tournure énergique.
Je vais, à cette fin, reprendre la fin du chapitre précédent et corriger "apparut à la porte" en "se rua dans ma chambre". Donc, dans un éclair rouge, Esmond Haddock se rua dans ma chambre. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un type se ruer. C'est en général l'apanage des chevaux de bataille, mais Esmond Haddock n'en était pas loin. Ses pieds bottés frappaient le tapis dans une sorte de danse rythmique, assez proche de celle de Poppy Kegley-Bassington, et il avait à peine besoin des cris de chasse dont il m'assourdit pour me dire que j'avais devant moi un oiseau aussi exultant qu'un oiseau peut exulter.
-Jeeves, dis-je, ce sont de graves nouvelles, mais elles viennent à un moment où je suis prêt à les recevoir. Je viens de voir Esmond Haddock terrasser cinq tantes, et je sens qu'après ce spectacle il serait honteux, pour un Wooster, de reculer devant une seule. Je vais descendre et faire l'Esmond Haddock avec tante Agatha. Mais si vous voyez que les choses commencent à mal tourner, vous me prêterez votre matraque, n'est-ce pas Jeeves ?
J'ouvris donc la porte et fus immédiatement renversé par un corps solide muni d'une langue de fourmilier.
Bande annonce de la série Blandings, adaptation des romans de PG Wodehouse