Je l'ai lu à petites doses. C'est un livre suranné mais plein d'humour britannique.
Un couple d'américains fortunés se partage la garde de leur enfant : leur petit trésor. Quand c'est monsieur qui l'a par droit de justice, madame fait tout son possible pour le lui reprendre et l'horrible rejeton en profite !
M. Ford finit par le récupérer et le mettre dans une école anglaise en pension.
Mme Ford cherche un stratagème pour le reprendre. C'est Pierre, l'amie de Cynthia, qui doit s'en charger. Il se fait embaucher comme pion dans le collège pour gagner la confiance du petit et c'est une suite rocambolesque de quiproquos car plusieurs personnes sont aussi intéressés par la capture du petit Lingot d'Or car le père et la mère ont offert une prime conséquente pour l'avoir à nouveau avec eux. C'est très drôle.
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Grande lectrice de Wodehouse, je peux dire que cet opus se distingue vraiment de ses autres livres. Toujours de l'humour, mais, aussi de l'aventure et des sentiments. Très agréable à lire, d'autant que le style est beaucoup moins suranné que dans certains de ses livres. Je le recommande, c'est un souffle de fraîcheur.
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Le lendemain matin, à huit heures tapant, je débutai. Ma première journée eut comme effet de raser définitivement toutes les idées préconçues que je pouvais avoir sur les attributions d'un répétiteur de collège privé.
Jusque-là, j'avais considéré ce travail comme une sinécure. Mais c'est que je l'avais regardé d'un point de vue purement objectif. Mon opinion était basée sur les observations faites pendant que j'étais moi-même élève à mon propre collège, lorsque je trouvais que les maîtres faisaient partie de cette race enviable qui va se coucher quad elle veut, qui n'a pas d'examens à préparer, et qui ne peut être privée de sortie. Il me semblait que ces trois faits, et plus spécialement le dernier, formaient une base excellente sur laquelle construire la Vie parfaite.
Je n'étais pas au collège de Sanstead depuis deux jours que des doutes envahissaient déjà mon esprit.
L'élève, observant le répétiteur debout au milieu de la cour dans une magnifique paresse à ce qu'il lui semble, ne se doute pas une minute que cet infortuné est en réalité en train d'accomplir un travail extrêmement dur. Il est "de service". Et "être de service" c'est une chose dont on se souvient, surtout lorsqu'il s'agit d'un homme comme moi qui, toute sa vie, n'a suivi que son bon plaisir, préservé des incidents et des petites contrariétés de l'existence par un revenu respectable.
Sanstead se chargea de mon éducation. Il m’étonna. Il me montra de mille façons à quel point j’étais devenu falot et sans valeur dans la vie, sans même m’en douter. Il se peut que d’autres professions demandent plus de dépense d’énergie, mais pour l’homme à qui son revenu a permis de mener une vie oisive et luxueuse, un peu de métier de pion suffit comme merveilleux tonique.
J’en avais besoin et je fus servi.
On aurait dit que M. Abney avait réalisé d’intuition combien la discipline du travail serait excellente pour mon âme, car ce doux homme me permit, non seulement de faire ma propre tâche, mais encore la plus grande partie de la sienne. Je me suis entretenu de cette question avec plusieurs répétiteurs depuis lors, et j’ai appris que les directeurs de collèges privés pouvaient se diviser en deux classes : celle des travailleurs, et celle des coureurs-à-Londres. De toute évidence M. Abney appartenait à la seconde. Je me demande même si on aurait pu trouver dans toute l’Angleterre, en cherchant du sud au nord et de l’est à l’ouest, un seul homme qui pût représenter mieux cette classe qu’il ne le faisait : c’est bien simple, Londres l’attirait comme l’aimant attire une épingle.
"Etre de service" implique bien des choses pour un homme seul. Il lui faut répondre aux questions les plus saugrenues ; s'interposer dans les combats ; empêcher les "grands" de torturer les "petits" ; prévoir les lancements de pierres, les empiétements sur le gazon, les farces à la cuisinière, les taquineries au chien, le chahut, et, en particulier, décourager toutes les formes possibles de hara-kiri comme par exemple celles qui consistent à monter aux arbres, à se servir du robinet comme échelle, à se pencher trop en dehors de la fenêtre, à descendre l'escalier par la rampe, à manger des crayons, et à boire-de-l'encre-parce-que-l'autre-m'a-défié.
A certaines heures de la journée, il y a bien d'autres hauts fait à accomplir. Il faut faire le menuisier, aider à malaxer le pudding, jouer au football, lire les prières, faire les cours, courir comme un chien de berger pour ramener au logis les isolés à l'heure des repas, et aller inspecter les dortoirs pour voir si toutes les lumières sont éteintes. Et je n'en cite que peu !
Les collèges diffèrent. Sanstead appartenait à la catégorie des plus pénibles. Les fugues constantes de M. Abney ajoutaient aux fardeaux de ses subordonnés, et sa vénération pour l'aristocratie plus encore. Ses efforts pour que Sanstead fût un lieu où les fragiles rejetons des classes dirigeantes pussent sentir le moins possible la perte temporaire de leurs aristocratiques mamans le conduisaient à une indulgence bienveillante qui aurait tenté les anges eux-mêmes.
Bande annonce de la série Blandings, adaptation des romans de PG Wodehouse