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Histoires de golf et du Doyen tome 3 sur 3
EAN : 9782264021144
250 pages
10-18 (12/09/1999)
3.59/5   11 notes
Résumé :
Mr. Mulliner tient conversation à Londres, dans l'arrière-salle du "Repos des pêcheurs" où, généralement, ses récits atteignent une certaine profondeur vers l'heure de la fermeture... Imaginez donc ce Mr. Mulliner, les yeux errants sur les verres vides d'un club enfumé ; écoutez-le raconter les mésaventures de ses parents, cela donne neuf récits qui mettent en scène de jeunes aristocrates désoeuvrés, soucieux de bonne tenue et en quête d'aventures amoureuses, de vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mr Mulliner Speaking
Traduction : Claude Alengry

Si Wodehouse a fait beaucoup dans le roman, il n'a pas négligé pour autant la nouvelle, genre qui pouvait, pour le créateur d'un univers tel que celui imaginé par lui, poser pourtant plus d'un traquenard. le roman présente en effet l'avantage de maintenir une intrigue en place, voire de l'entremêler avec une ou deux autres et de développer bien entendu la profondeur psychologique des personnages. Dans le monde de jeunes mondains horriblement chics, d'oncles et de tantes excentriques ou redoutables, d'anciens colonels ou majors de l'Armée des Indes revenus au bercail pour la plus grande gloire de l'Empire britannique, de majordomes exemplaires comme Jeeves (la saga Wooster) et le moins connu Beach (la saga Blandings), sans oublier les récurrents qui n'appartiennent à aucune famille bien définie mais qui, comme l'exécrable Sir Roderick Glossop, s'incrustent ici et là pour (dans le cas de Glossop, spécialiste en la matière) débattre de l'état mental du héros ou (dans le cas des autres) lui faire tout simplement pièce par tous les moyens, un roman constitue un navire magnifiquement gréé et fonçant toutes voiles dehors, que Sa Très Gracieuse Majesté Elizabeth la Grande n'eût pas manqué d'accepter dans sa flotte après avoir élevé P. G. Wodehouse à la dignité de Grand Amiral.

Il est donc assez normal que, devant un recueil de nouvelles du même, le lecteur se montre assez hésitant, se demandant très sérieusement comment diable son Wodehouse préféré et favori va se comporter en cette discipline plus discrète et peu portée, par nature, à cette dilatation, digne d'un ballon gonflé à l'hélium, qu'offre si souvent le roman wodehousien.

Certes, il y a des inégalités. Mais enfin, nous dirons que c'est normal car les plus grands nouvellistes eux-mêmes ont de ces petits moments de découragement passager, et ceci même quand ils ont choisi un genre plus conséquent que la comédie à la Wodehouse . Dans le premier recueil de nouvelles de cette anthologie, "Oncle Fred & C°", le fil rouge est tenu d'une main on ne peut plus ferme par un certain Mr Mulliner, charmant vieux monsieur à l'urbanité parfaite et à la mémoire fabuleuse, parent de divers neveux et nièces qui passent leur temps, semble-t-il, à tomber amoureux avant soit de conclure devant l'autel dans le doux parfum des fleurs, soit de rompre avec pertes et fracas.

Néanmoins, de tous les jeunes gens que Mr Mulliner prend pour héros de ses récits, qu'il conte toujours avec brio dans un pub (à moins que ce ne soit dans un club ? sur ce point, ma mémoire personnelle défaille et je vous prie de m'en excuser ), aucun n'atteint au degré de malice, d'égocentrisme et d'infamie (au sens wodehousien ou pickwickien du terme, me fais-je bien comprendre ? ) que Roberta Wickham, plus communément appelée "Bobbie" par ses amis des deux sexes. Jeune "garçonne" tout droit sortie des Années folles, Bobbie Whickham possède un physique de rêve, des espoirs d'héritage en conséquence, une "mater" qui écrit des romans exécrables sous le pseudonyme de George Masterman (ou quelque chose d'approchant ... ) et certainement un "pater" qui, là aussi je m'en excuse, ne m'est guère resté dans la mémoire . Je la crois, quant à moi, fille unique et c'est, disons-le tout net, bien heureux pour ses éventuels frères et soeurs auxquels, n'en doutons pas, au temps de son enfance pourrie-gâtée, elle eût certainement fait regretter leur naissance.

Ce n'est pas que Bobbie soit méchante. Non, simplement, en vrai poison, elle ne pense qu'à elle. Tout, pour elle, tourne (et doit tourner) autour de sa jolie petite personne qui, cela, j'ai oublié de le préciser et je le fais sans plus attendre, est affublée de surcroît d'une parfaite tête de linotte. Avec ça, comme tous les narcissiques et passé le seuil du choix de la toilette ou du chapeau qui la mettra le plus en valeur, aucun sens des responsabilités . Sur les routes encore paisibles de cette époque, elle roule comme la petite folle qu'elle est - et se voit même, en plein Londres, verbalisé pour excès de conduite. Une idée, toujours plaisante (à ses yeux en tous cas) et très embarrassante (aux yeux d'autrui), lui passe-t-elle par les méninges que hop ! elle la met séance tenante, à exécution, sans s'interroger un seul instant sur les conséquences éventuelles.

Ou, pour être scrupuleusement exact, elle la fait exécuter par un pauvre naïf, en général amoureux transi de ses charmes, lequel se retrouve ainsi dans une situation impossible, dont il ne parvient jamais à se sortir sans quelques plaies et bosses. Tantôt, elle prend sur elle d'amener, dans le repaire familial de Budleigh Court, en même temps que le pauvre Roland Attwater, soupirant qu'elle compte présenter à sa "mater", un serpent que le malheureux vient de recevoir en cadeau de remerciement (ne cherchez pas à comprendre, lisez : c'est tout de même du Wodehouse et, chez l'auteur anglais, oui, il arrive qu'on vous expédie des serpents, venimeux ou non, en remerciement de tel ou tel acte de courtoisie de votre part). le serpent, Bobbie le baptise illico Sydney - la sifflante initiale, sans doute, l'aura inspirée - et s'empresse d'aller le fourrer dans le lit d'un autre invité de sa mère, Sir Claude Lynn (accessoirement rival de Roland, soit-dit en passant et pour compliquer un peu les choses). Pourquoi agit-elle de pareille manière ? vous demanderez-vous. Mais pour tester Sir Claude, bien entendu. Bobbie croyait en effet avoir quelques vues sur lui. Mais outre sa façon un peu ... hum ... paniquée de réagir à la découverte de Ssssssydey blotti dans ses draps, le pyjama que portait ce soir-là Sir Claude a achevé de le disqualifier aux yeux de Bobbie ...

Après cela, Roland Attwater suivra discrètement l'avis de son Oncle Joseph et épousera sa cousine Lucy, qui l'aime depuis le berceau - ou c'est tout comme.

A ceux qui auraient pu se sentir émoustillés par l'excentricité avérée de Bobbie Wickham, qu'ils soient heureux : la jeune tornade trouvera encore le moyen de sévir dans "Le Terrible Ravissement de la Mater" (Nouvelle N° huit) et "L'Agonie d'Ambrose" (N° 9, je crois). "Le Terriblement ravissement de la Mater", soulignons-le, est un véritable sommet dans l'art wodehousien. Si vous ne riez pas à sa lecture, il ne vous reste qu'une chose à faire : avaler illico trois ou quatre flacons de somnifères après avoir rédigé un testament où, pour amuser vos héritiers (et bien les embêter), vous pourriez peut-être les prier de demander aux Pompes funèbres de couper votre dépouille mortelle en deux morceaux, le premier étant destiné à être inhumé auprès de votre défunte et sainte Maman, le second étant voué à une urne d'un joli bleu grisé qu'il faudra déposer près de celle de votre époux bien-aimé, de votre épouse bien-aimée ou encore de quelque autre parent bien-aimé. Vous rendriez ainsi un bel hommage à la gaieté et à l'humour, souvent féroce sous ses airs bien tranquilles et bien polis, de notre irrésistible Pelham Granville Wodehouse. Et puis, je vous raconte pas la scène dans le bureau de notaire ...

Parmi les nouvelles ne mettant pas en scène la belle et inénarrable Bobbie, mention spéciale à "Péril sur le Tee" (la numéro 6), où une jeune femme au style physique carrément opposé à Miss Whickham - le style "golfeuse imbattable", fermez les yeux et imaginez un instant ... - et répondant au doux nom d'Agnes Flack, organise un match entre deux de ses prétendants, le tout arbitré par un troisième, le robuste et bouchérisant (si je puis me permettre mais je suis en verve, que voulez-vous, alors, tant pis, vous n'y couperez pas ) McMurdo. le texte, bien que tout à fait dans la manière de son auteur, m'a, je ne sais trop pourquoi, évoqué l'ambiance des "Contes Noirs du Golfe". Ou plutôt si, je sais : comme son confrère anglais mais dans un autre genre, Jean Ray avait parfaitement saisi l'esprit complètement à la masse des amateurs de golf. Cela dit, il paraît que c'est un sport complet et si j'avais su, dans ma jeunesse folle, je l'eusse pratiqué ...

La nouvelle N° 3, "L'Histoire de Cedric", ledit Cedric étant un cousin direct et légèrement bedonnant de Mr Mulliner lui-même, constitue l'une des plus belles variations sur la manière de se retrouver marié en n'ayant pas même son mot à dire - mais, je vous rassure tout de suite, pas avec l'une de ces Bobbie Wickham de malheur quoique si jolies. Et puis, vous savez, Mr Mulliner nous rapporte tout de même neuf nouvelles. Alors, si vous ne trouvez pas votre bonheur là-dedans, c'est que, franchement, vous ne méritez même pas de lire le seul nom du grand, de l'inoubliable, de l'excentrique, du génial et de l'assez mal-connu, de ce côté-ci du Channel, Pelham Granville Wodehouse. Ergo, vous devez appartenir à l'épouvantable race des bonnets de nuit professionnels, encore appelés éteignoirs congénitaux , et je n'ai plus qu'un mot à vous dire ou plutôt qu'une seul smiley à vous exprimer : Et que je ne vous reprenne plus à rôder par ici, non mais, des fois ! ;o)
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[...] ... - "Un serpent ?" dit Lady Wickham, intéressée.

- Un serpent.

- Dans votre lit ?

- Dans mon lit.

- Très inhabituel," dit Lady Wickham avec une note de mécontentement.

Sir Claude, roulant les yeux et laissant errer son regard le long du couloir, aperçut Roland qui se faisait tout petit parmi les ombres. Il pointa un doigt dans sa direction avec une telle brusquerie que son hôtesse n'évita de récolter un mauvais coup que grâce à une feinte de corps.

- "Voilà l'homme !" s'écria-t-il.

Lady Wickham, déjà contrariée, montra des signes d'acidité.

- "Mon cher Claude," dit-elle, avec une certaine âpreté, "veuillez parvenir à une décision définitive. Il y a un instant, vous disiez qu'il y avait un serpent dans votre chambre ; maintenant, vous dites que c'était un homme. De plus, ne voyez-vous pas qu'il s'agit de Mr Attwater ? Que ferait-il dans votre chambre ?

- Je vais vous dire, ce qu'il y faisait. Il mettait ce satané serpent dans mon lit. Je l'ai surpris.

- Surpris ? dans votre lit ?

- Dans mon armoire. Caché. Je l'en ai sorti."

Tous les yeux étaient tournés vers Roland. Les siens étaient tournés avec un regard plein de supplication muette vers Roberta Wickham.

Gentilhomme d'une galanterie parfaite, rien, bien sûr, n'aurait pu le contraindre à trahir la jeune fille ; mais elle comprendrait certainement que le moment était venu pour elle d'intervenir et de blanchir le nom d'un honnête homme par une explication complète.

Il avait été trop optimiste. L'étonnement éclaira d'une lueur charmante les yeux adorables de Miss Wickham. Mais sa bouche également adorable ne s'ouvrit point.

- "Mais Mr Attwater n'a pas de serpent," soutint Lady Wickham. "C'est un homme de lettres bien connu. Les hommes de lettres bien connus," dit-elle comme si elle énonçait un fait assez généralement admis, "n'amènent pas de serpents avec eux quand ils vont en visite."

Une nouvelle voix se joignit à la discussion.

- "Je prie Milady de m'excuser."

C'était la voix de Simmons, grave et respectueuse.

- "Je prie Milady de m'excuser, mais je crois savoir que Mr Attwater avait en réalité un serpent en sa possession. Thomas, qui monta ses bagages dans sa chambre, fit mention d'une boîte en carton semblant contenir quelque chose de vivant." ... [...]
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