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Matthew Wolf-Meyer (Autre)Roger Ekirch (Autre)Jérôme Vidal (Traducteur)
EAN : 9782354802158
200 pages
Editions Amsterdam (21/01/2021)
4.03/5   15 notes
Résumé :
Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La manière de dormir, d'un bloc d'environ huit heures, telle que nous la connaissons, s'est répandue à l'ère de la révolution industrielle avec la généralisation de l'éclairage artificiel des villes et l'imposition d'une nouvelle discipline du travail. À partir d'extraits de journaux intimes, d'oeuvres littéraires (d'Homère à Stevenson, en passant par Shakespeare et Virgile), de dépositions judiciaires et de livres de médecine, Roger Ekirch, professeur d'histoire à l'Institut polytechnique de Virginie, montre que le sommeil était communément jusque-là scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à différentes activités.
(...)
En racontant cette autre « grande transformation », petite histoire dans la grande histoire qu'avait analysée Karl Polanyi, Roger Ekirch décrit l'avènement du capitalisme sous un angle pour le moins original, prouvant que son emprise sur nos vies est bel et bien total, si ce n'est totalisante. Accessoirement, il peut permettre, individuellement, d'appréhender tout autrement notre sommeil et surtout ce qui passe pour dysfonctionnements.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Et si le sommeil monophasique de 8 h n'était qu'une création relativement récente de la société industrielle ? Et si nos ancêtres relativement lointain avaient eu une approche du sommeil différente, généralement biphasique... ? Un premier sommeil réparateur jusqu'à 1 h ou 2 h du matin, suivi d'une phase d'activité plus ou moins calme, dédiée à la prière, à la méditation, à l'amour ou au fonctionnement du foyer, puis à nouveau une période de repos jusqu'au lever habituel...
Cette théorie évoquant l'asservissement de nos besoins physiologiques au mode de fonctionnement de l'usine capitaliste est intéressante à plus d'un titre. D'une part, elle montre les nombreuses lacunes existant dans les études du sommeil dans les temps anciens ; ensuite elle suggère que nombre de "troubles du sommeil", en particulier les insomnies en milieu de nuit, n'en seraient pas et ne relèveraient pas d'un traitement médical. Roger Ekirch, peu connu en Europe, a le mérite d'avoir ouvert une brèche dans la réflexion concernant le sommeil - brèche qui a permis à de nombreux chercheurs, don Matthew Wolf-Meyer (auteur de la postface) de s'engouffrer.
Cet ouvrage est intéressant, facile à lire. Son seul défaut : être une compilation d'études et d'articles rédigés par Roger Ekirch, ce qui rend le discours parfois redondant. La part prise par les notes est lourde aussi dans la pagination.
Ce travail largement documenté a en tout cas éveillé mon intérêt. On a trop souvent tendance à considérer que ce qui est a toujours été... On peut aussi se consoler en se disant que nos lointains ancêtres étaient aussi soumis à des pressions ayant pour conséquence le fait qu'ils ne dormaient pas si bien que ça !!!
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Un essai intéressant qui met en lumière le peu de connaissances et de recherches sur l'histoire du sommeil et la vision romanesque contemporaine qui en découle : le sommeil de nos anciens serait enviable car paisible et profond. Hors, selon les recherches très documentées de l'auteur, il n'en est rien : avant l'ère industrielle, existait le sommeil biphasique chez les occidentaux (deux sommeils entrecoupés d'un réveil d'environ une heure où ils vaquaient à des occupations diverses).
Puis, avec l'industrialisation, la généralisation de l'éclairage artificiel, ce sommeil serait devenu un seul bloc.
Le travail de l'auteur permet de casser les idées reçues, notamment celle d'un sommeil long et reposant ancestral. Il met aussi en lumière l'influence de l'évolution de la société sur la physiologie humaine.
Dommage que cette dernière soit si peu traitée ou au moins mise en parallèle avec son travail.
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Où en sommes-nous avec le sommeil? Depuis si longtemps que nous en avons perdu le souvenir, on nous répète la même histoire de règles à suivre et de standards à respecter pour pouvoir bien dormir. Pourtant, rien n'est moins évident que ce récit. Une étude rigoureuse qui fait la part des choses, revient sur des idées préconçues et met en garde. le sommeil doit être réparateur et aujourd'hui nous le laminons, nous le bradons, nous l'abandonnons au profit d'autres activités. L'insomnie est à notre porte, menaçante. Autant savoir !
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C'est en lisant le livre de Marie Darrieussecq que j'ai trouvé les références de cet essai, entre autres.
En effet la lecture de "Pas dormir" m'a incité à en savoir un peu plus sur ces problèmes de sommeil que je rencontre, comme de nombreuses personnes.
Bien m'en a pris car cet essai, précis et documenté m'a aidé à comprendre cette évolution du sommeil, lié à l'industrialisation de notre société.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
06 juillet 2021
Longtemps, l’humanité a divisé ses nuits en deux étapes ; ce n’est qu’avec la révolution industrielle, et le besoin de gagner du temps de travail, que la norme s’impose d’un sommeil continu – la phase d’éveil devenant l’insomnie pathologique.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai soutenu l'idée selon laquelle le sommeil consolidé est inextricablement lié à l'émergence du capitalisme industriel dans les pays de l'Atlantique Nord, et que sa diffusion à l'échelle planétaire en tant que fondement normatif et biologique du sommeil est liée à des forme d'impérialisme temporel (d’imposition à l'échelle planétaire qu'une certaine organisation du temps), qui favorise certains types de vie quotidienne au détriment d’autres. (Matthew Wolf-Meyer-Postface)
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Le sommeil est - à un degré plus ou moins important - affecté par la société et ses normes, lesquelles ne sont pas des réalités naturelles, mais des productions artificielles ayant un caractère idéologique. Il ne s'agit pas de dire que les chercheurs en sciences sociales qui s'intéressent au sommeil nient l'importance de la biologie humaine, mais plutôt d'affirmer que le sommeil est fondamentalement une réalité plastique, sujette à variations au cours de la vie et au sein de l'espèce humaine. En cela, les chercheurs qui s'intéressent au sommeil d'un point de vue sociologique font montre d'une plus grande ouverture d'esprit que nombre de scientifiques et de médecins du sommeil - lesquels épousent en effet bien souvent en théorie et en pratique la norme du sommeil nocturne d'un bloc. Parce qu'ils ne sont pas captifs du désir de leurs patients de voir leurs troubles du sommeil diagnostiqués et traités, désir qui implique une norme permettant d'évaluer le caractère anormal du sommeil, les chercheurs en sciences sociales et humaines ont eu toute latitude pour s'écarter des sentiers battus dans leurs efforts pour reconceptualiser ce que le sommeil est, ce qu'il a été et ce qu'il pourrait être. (p.124)
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À la différence d'autres cultures non occidentales qui ont institutionnalisé leurs rêves, l'intelligente que nous avons de nos visions nocturnes a progressivement décru et, avec elle, une meilleure compréhension de nos pulsions et émotions les plus intimes. Quand bien même les rêves ne seraient pas la “voie royale“permettant d'accéder à l’inconscient, comme Freud le postulait, ils ont constitué néanmoins pour d'innombrables générations un chemin d'accès privilégié à la conscience de soi.
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L’indifférence des historiens à l’égard du sommeil est si profondément ancrée que pour ce qui concerne la période antérieure au XIXe siècle, des questions aussi élémentaires que celles du moment du sommeil et de sa durée constituent toujours une énigme.
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Non seulement la diffusion très large de la lumière artificielle a créé un environnement hostile au sommeil segmenté, mais le sommeil lui-même est de plus en plus menacé par l’affairement caractéristique de notre mode de vie.
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