- Ce sera notre petit secret.
Plus que de la joie, c'est un bonheur pur qui est étreignit le cœur de la jeune fille.
Des projets d'avenir.
Un secret.
Si dérisoires soient-il.
Que pouvait-il exister de mieux entre... une mère et sa fille ?
Excuse-moi, poursuivit la jeune fille en se penchant vers elle.
De quoi ? s'étonna Susan.
Dans mon ancien collège, une fille s'est suicidée à cause de fausses rumeurs qui circulaient sur elle. Alors je devrais savoir combien s'est débile de croire tous ce que les gens peuvent raconter.
Lorsque Alfred leur avait promis une "belle pétarade", Eliot et Susan avaient pensé qu'ils engagerait les hostilités à l'aide d'un pétard, d'une fusée d'alarme... de quelque chose de bruyant mais de totalement inoffensif. Comment pouvaient-ils imaginer qu'il sortirait une grenade ?
Il s'en rendirent compte au moment où il la dégoupillait.
Soit une seconde trop tard pour l'en empêcher.
Et Susan eut aussitôt l'impression qu'elle venait de salir la seule belle chose qui existait dans sa vie. Était-elle donc incapable de montrer ce qu'elle ressentait ? D'exprimer d'une façon ou d'une autre ses sentiments ? Ne pouvait-elle pas, au moins une fois, faire preuve d'un peu de spontanéité ? Dresser des plans, calculer, manipuler... C'était fini, tout ça. Sans renier ce qu'elle avait été, elle voulait changer, devenir une meilleure Susan, celle qu'elle avait refoulée pendant si longtemps. Mais, en réagissant comme elle venait de le faire, elle en était à des années-lumières. Et son coeur le lui faisait payer.
Les yeux clos, Helen se massa les sinus entre le pouce et l'index. Depuis la banquette arrière, Susan voyait sa nuque, inclinée sur le côté, la naissance de ses cheveux sous la queue-de-cheval, la peau veloutée de sa joue. L'infime palpitation nerveuse près de l'oreille.
Son cœur se serra. Elle voulait tellement que tout se passe bien. Devenir la fille de cette femme. Devenir une Hooper.
Susan Hooper.