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Critique de BillDOE


Début des années soixante, l'Amérique découvre le LSD, Tom Wolfe raconte…
Ken Kesey à la suite d'un stage universitaire dans un hôpital psychiatrique découvre l'existence du LSD et écrit « vol au-dessus d'un nid de coucou ». Rapidement il rassemble autour de lui une communauté de marginaux, de rebelles, une jeunesse épris de libertés, les Merry Pranksters et dont le projet sera d'accéder à l'ultra conscience, une pensée universelle et omnisciente qu'a notamment décrite Aldous Huxley dans son ouvrage « les portes de la perception » (1954). Lui-même avait fait certaines expérimentations hallucinatoires lors de la prise de mescaline. Pour Ken Kesey, le LSD sera l'élément déterminant dans sa démarche. Ils font l'acquisition d'un bus Harvester 1939 (les cars jaunes de ramassage scolaire), le repeignent aux couleurs Day-Glow, l'équipent de micros, hauts parleurs, magnétophones, caméras et partent sur les routes des États-Unis se filmer. En ressortira un documentaire de 40 heures.
On est dans une démarche culturelle créatrice et avant-gardiste.
Le magnétisme de Ken Kesey charme, fédère cette communauté comme le gourou d'une secte dédiée aux plaisirs de la chair et des sens, et à la recherche perpétuelle d'un bonheur hors des sentiers battus. Il rassemble autour de lui une jeunesse égarée assoiffée d'aventures qui n'a pas encore trouvé sa voie. C'est au moment où l'on attend plus rien de la vie, qu'elle a le plus à donner. Mais il n'y a pas que des « pommés », Allen Ginsberg, Neal Cassady et d'autres célébrités vont se joindre au mouvement.
Ils rejettent le modèle parental, les clichés. Ils entretiennent une anarchie chaotique pour qu'il en naisse une nouvelle société, un avenir beaucoup plus trippant, rempli de surprises et d'innovations.
Au lieu de se conformer au schéma : travail-mariage-pavillon-enfant-famille, ils cherchent un autre chemin, une autre voie, n'y a-t-il pas une vie par-delà la vie ? N'y a-t-il pas derrière cet avenir conformiste une autre façon de la vivre ? Si la vie est un décor, qu'y a-t-il derrière ?
Ils expérimentent donc le LSD ou acide qu'ils distribuent lors de grandes réunions (Acid test) où des groupes de musique jouent sur scène, à commencer par les Grateful Dead menés par Jerry Garcia. Janis Joplin, Big Brother and the Holding Company ne sont pas loin. Un mouvement musical naitra et des gens comme Frank Zappa et les Mothers of invention, Jefferson airplains et bien d'autres s'en inspireront largement. le courant musical psychédélique vient de naitre.
Ils découvrent le stroboscope lors de leurs soirées déjantées. Les flashs des lumières qui s'allument et s'éteignent au rythme des battements du coeur les plongent dans des transes similaires à celles des drogues qu'ils prennent.
Ken Kesey initie l'idée d'une synchronisation des pensées du groupe. Plusieurs pensées qui n'en font plus qu'une grâce au LSD. Il promeut le Kaïros. le concept de Kaïros apparaît chez les Grecs sous les traits d'un petit dieu ailé de l'opportunité, qu'il faut saisir quand il passe. (Wikipédia)
Toute cette aventure n'est pas sans affoler les populations et surtout la police. Car, bien sûr, la drogue est un fléau, un mal (nécessaire ?!?). Les gens qui militent pour le bien de l'humanité sont souvent les dictateurs du bonheur de masse.
Mais comme le LSD est encore légale, ils n'ont comme charge contre eux que la détention et la consommation de Marijuana. C'est ce qui poussera Ken Kesey à fuir au Mexique puis à être condamné à quelques mois de prison dans une ferme d'état lors de son retour.
L'ouvrage de Tom Wolfe est un formidable reportage sur cette période de l'histoire des États-Unis, partagée entre la guerre du Viêt-Nam et les hippies, le psychédélisme, la beat génération.
L'auteur décrit parfaitement les situations avec humour et ironie. Certains passages partent haut dans les sphères d'un trip sous acide et Tom Wolfe s'autorise beaucoup de libertés dans la narration. Il ne prend jamais parti et ne juge pas les comportements. Mais il intellectualise parfois son récit, on reconnait en cela son dandisme new-yorkais.
Lui qui a dénoncé, parodié dans « le gauchisme de Park Avenue » les « radical chic » (notre « gauche-caviar »), en apparait un digne représentant, une émanation de cette « boboïtude », dans sa perception des agissements des Merry Pranksters. Se vautrer dans la fange, mais en costume trois pièces ivoires.
Mais c'est là tout le génie de l'auteur, inventeur du new journalisme, de prendre les choses sous l'angle de la raillerie, de les moquer avec bienveillance.
Traduction de Daniel Mauroc.
Editions du Seuil, 520 pages.
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