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Jean Michelet (Traducteur)
EAN : 9782253047902
921 pages
Le Livre de Poche (01/03/1989)
3.81/5   27 notes
Résumé :
Roman du déchirement et de la nostalgie, de la solitude et du nombre, de la sensualité et de l'imagination.
L'Ange exilé fut l'une des sensations de la vie littéraire américaine en 1929. C'est maintenant devenu un classique. Il raconte la vie secrète du jeune Eugene Gant, en conflit permanent avec une famille tumultueuse, une bourgade étriquée, un univers changeant et problématique. Cette chronique d'apprentissage et d'initiation si apparemment autobiographiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Look homeward, Angel
Traduction : Jean Michelet

Après le traditionnel voyage en Europe qu'il arrache à la bourse de sa mère en 1924, Thomas C. Wolfe rentre au bercail avec tous les textes qu'il a écrits. Il n'a pas pour rien obtenu sa maîtrise en études théâtrales à Harvard et c'est tout naturellement que, en août 1925, il tombe amoureux d'Aline Bernstein, une créatrice de costumes pour le théatre qui a le vent en poupe à New-York et qui est - comme toutes les amours de Wolfe de toutes façons - bien plus âgée que lui (20 ans de plus, très précisément.) Jusqu'à sa mort, il l'appellera "ma Juive" mais leur liaison sera aussi tourmentée que l'exigeait un personnage aussi talentueux mais aussi, il faut le dire parce que c'est vrai, aussi paranoïaque et aussi arrogant que l'était Wolfe.
C'est grâce à l'appui financier et moral de Mrs Bernstein qu'il parvient à rédiger "L'Ange exilé," roman autobiographique qui, après nombre de refus auprès des éditeurs, sera enfin publié par Scribners, à New-York, en octobre 1929. ("L'Ange exilé" est d'ailleurs dédié à Aline.) le succès est fulgurant. le scandale dans le Sud paisible, aussi.
Il faut dire que Wolfe y mélange allègrement tendresse et férocité, indulgence et sévérité, évoquant tour à tour, avec la même rage, son
amour pour son clan et pour son pays natal mais aussi la haine qu'ils
lui inspirent parce que, toujours, il s'est senti "différent" d'eux tous et, par là même, rejeté par eux :
"[...] ... Finalement, il s'avisa que ces gens-là ne lui avaient jamais fait aucun cadeau. (...), qu'il ne leur devait rien, et il résolut de le leur dire, et de retourner l'injure contre l'insolence. Ce qu'il fit. ... [...]"
Plus tard, dans "L'Ange banni", Monk, autre double de l'auteur, tournera en ridicule les réactions furieuses suscitées à Asheville par le texte de "L'Ange exilé" :
"[...] ... Mon Dieu, comment peux-tu avoir ce crime sur la conscience ? Je viens de quitter ta pauvre et chère vieille tante Maggie, elle est alitée, elle est blanche comme un linge et elle ne se relèvera plus du lit où l'a envoyée ta plume criminelle ... Tu as assassiné et
déshonoré tes amis ne reviens jamais ici c'est comme si tu étais mort pour nous tous nous ne voulons plus te voir ... [...]"
Dans un souci d'impartialité, il faut bien reconnaître que, sous le talent incontestable de l'écrivain, ce roman qui pleure le Temps à jamais perdu de l'innocence, celui où le petit Eugène pouvait encore croire en un monde qui l'accepterait et le comprendrait, constitue aussi un réglement de comptes musclé et incisif avec l'idée non peut-être de la Famille mais du Clan. le tour de force de Wolfe est de nous faire admettre l'ambivalence des sentiments qui le brûlent, malgré le recul apporté par l'écriture. Toutes celles et tous ceux qui ont eu maille à partir avec des parents et/ou des frères et soeurs à la fois aimés et haïs entreront de plein pied dans l'histoire mais quant aux autres, tout cela risque de paraître outrancier.
Et pourtant, après avoir lu "L'Ange exilé" - qui se lit en outre lentement en raison du style à la fois poétique, méditatif et parfois exaspérant parce que trop théâtral de son auteur - on comprend mieux pourquoi et comment Thomas C. Wolfe a eu tant d'emprise sur Jack Kérouac et sa génération. Faulkner lui-même déclara, dit-on, un jour, que Thomas Wolfe était l'un des auteurs américains les plus importants du XXème siècle et il ne fait aucun doute qu'il l'admirait. ;o)
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Ce livre est un grand livre mais je l'aurai mal aimé.
Peut-être ne l'ai-je pas lu au bon moment. Peut-être cette période chargée au boulot n'était-elle pas la plus propice. Peut-être est-ce la traduction d'un texte écrit dans une autre langue, un peu de sa poésie égarée au passage.
Me resteront, comme deux bornes, aux deux bouts du livre, ces deux éclats de lame, ces deux moments traversés d'émotion, soudaine pour la première, plus attendue pour la seconde et même annoncée, par petites touches, tout au long du texte : la mort des deux jumeaux, Grover et puis Ben.
Plus que le personnage central du livre, Eugène, ce sont ces deux-là dont la mort m'a ému. Je sais, bien sûr, que c'est l'effet de ces morts sur le jeune Eugène, la façon dont il les raconte, ses mots à lui et donc beaucoup de lui-même, qui amenèrent cette émotion. Mais je fus moins touché, je compris moins, je passais pour tout dire à peu près à côté du reste de ses errances et de ses réflexions. Esprit supérieur, trop éloigné, bien trop éloigné du reste de sa famille et de son milieu. Souffrance qui en découle, bien sûr, effort magnifique pour la transcender par les mots, mais pour en extraire une morale, une poésie que je n'ai pas su saisir.
Une seule autre fois, une seule, je fus vraiment touché par sa douleur devant l'amour perdu de Laura. Elle me rappelait les petites trahisons que j'avais ressenties adolescent et jeune adulte, quand j'avais cru aimer et que mon amour m'était resté, à chaque fois, sur les bras. Je retrouvais subrepticement cette émotion lorsqu'il racontait comment Laura était partie avec un autre, comment ce premier grand amour (le seul ? le vrai ?) s'était arraché à lui, laissant la plus grande des brûlures, la cicatrice de toute une vie.
Mais, pour le reste, il me semblait que je ne ressentais pas d'empathie, d'identification à Eugène. Et que je n'étais pas ému par son destin comme je l'avais été, transpercé, par la vie trop tôt enlevée à Grover. Injustice immense, tragique, petit être sans défense qui ne connut pas la vie, ou si peu. Innocent sacrifié sans raison.
Puis, beaucoup plus loin, cette autre émotion quand je réalisais, finalement, comme frappé en pleine figure, que Ben, son jumeau, était en fait aussi mort ce jour-là, le jour de la mort de Grover. Ensuite, durant les vingt ans qui suivirent, il n'était déjà plus qu'un fantôme, qu'une carcasse brinquebalée par la vie et dont l'âme n'était que souffrance, incapable d'embrasser une vie qui ne valait plus, dont il ne voulait plus, depuis le départ de cette autre partie de lui-même. Comme un poison jeté dans son coeur le jour de la mort de Grover et qui avait commencé, dès ce jour-là, à le tuer à petit feu.
Voilà, c'est dit. Ces quelques mots m'ont soulagé. Ils ont fixé ces personnages sur mon cahier. le livre, je peux maintenant le ramener au magasin central de la Médiathèque de Toulouse. Au-delà de la note moyenne que je lui donnerai, au-delà de cette douloureuse sensation d'en être passé un peu à côté, je sais qu'il me restera ces mots, que je ne l'aurai pas complètement perdu, donc.
Et j'en ressens un vrai soulagement.
La vie, parfois, passe sur moi sans aucune trace et c'est un grand tourment, cette sensation que je la laisse filer.
Mais pas Grover et pas Ben. Je les ai un peu rattrapés, à travers les âges. Ils vivent un peu, aussi, à travers ces deux pages. Petite revanche, infime revanche sur leurs souffrances. Mais revanche quand même. Compassion pour ceux qui n'avaient aucunes chances.
Ce présent merveilleux qu'ils me font (et que me fait Thomas Wolfe, bien sûr) : l'empathie de l'homme pour l'Homme, la certitude, quelques instants, qu'il existe vraiment parmi les siens.
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Le premier roman de Thomas Wolfe, achevé en 1928. Un roman largement autobiographique qui se déroule dans le Sud profond en Caroline du Nord (Appalaches) au début du XX ème siècle.
WO Gant, le père, est tailleur de pierre tout comme l'était le père de Wolfe. C'est un Yankee perdu dans ce Sud et qui détonne dans cette bourgade d'Altamont. Il rêve de sculpter un ange mais il n'y arrivera jamais (d'où le titre). La mère est avare et très matérialiste, elle néglige ses enfants. Dans cette famille, tout n'est que désordre et confusion. le fils aîné est alcoolique comme son père. Personne dans la fratrie ne comprend le goût d'Eugene, le héros, pour les études.
Après bien des vicissitudes et la mort de plusieurs membres de la famille, le héros se prépare à aller vers le Nord pour étudier à Harvard et se dédier à la littérature.
Un tableau féroce et vivant de la société sudiste de l'époque. On a beaucoup reproché à Wolfe son ingratitude pour sa terre natale!
Un héros très touchant et sympathique, qui peste contre l'étroitesse d'esprit de sa famille et de sa ville, et qui trouve l'évasion dans les voyages et la littérature.
Une magnifique reconstitution de la vie en province dans le sud des Etats Unis. l'école primaire, le drugstore, la grand-rue, les pensions de famille, les vérandas, les millionnaires nordistes, les noirs pauvres, la démocratisation de l'automobile, la Prohibition..
Une oeuvre très riche.
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Le héros de "L'Ange exilé" est Eugène Grant (le double de l'auteur). Il habite la petite ville d'Altamont. Son père, qui boit et court les filles, ne désire que goûter à toutes les expériences; sa mère, au contraire, travaille sans répit, affamée de posséder toujours plus. le petit Eugène découvre le bonheur dans cette ville du Sud avec sa lumière particulière, son éternité et son flot d'existences banales dont les racines se perdent dans le temps mais il ne connaîtra la qualité de ce bonheur que plus tard, quand il sera parti pour l'université. La ville et la vie qu'il y a menée lui apparaîtront alors comme un paradis perdu, un paradis gardé par l'Ange. Cette prise de conscience donne son sens au livre qui devient le chant de l'exil et de la solitude, car nous sommes "muets devant nos souvenirs, nous cherchons le grand langage oublié, le bout du chemin perdu qui mène au ciel, une pierre, une feuille, une porte introuvable? Où? Quand?" L'ange plane éternellement devant la porte close et il ne reste plus que l'immense contrée de l'exil.
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la richesse inventive de la grande littérature dans cette belle autobiographie.......
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Chacun de nous est la somme de ce qu'il n'a pas calculé : qu'on nous rende à la nudité et à la nuit et l'on verra naître en Crète il y a quatre milles ans l'amour qui mourut hier au Texas.
Le germe de notre destruction s'épanouit dans le désert, la simple salutaire pousse au pied d'un rocher de montagne et nos vies sont hantées pas une souillon de Géorgie parce qu'à Londres, un malandrin échappa au gibet. Tout moment est le fruit de quarante milles années. Les jours avec leur moisson de minutes, retournent vers la mort comme des mouches bourdonnantes et chaque moment comme une fenêtre ouverte sur la mort.
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Les gens insipides l'épouvantaient : il ne craignait pas autant l'ennui présent dans sa propre vie que celui qu'il trouvait dans la vie des autres [...]. Elles le terrifiaient et elles l'exaspéraient en se montrant capable de survivre, de prospérer, dans une atmosphère si horriblement déprimante qu'elle lui donnait mal au coeur.
Ainsi tout son paysage, tous les décors dans lesquels sa vie se déroulait, portaient maintenant la marque puissante et arbitraire de goûts et de dégoûts acquis Dieu sait comment, à travers on ne sait quelles affinités secrètes de pensée, de sentiment, ou d'imagination. Une rue pouvait donc lui sembler "bonne" - s'illuminer d'une vie joyeuse, abondante et fière; une autre était inexplicablement "mauvaise", lui inspirait une sorte de crainte, d'apathie, d'accablement.
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Look Homeward Angel, a story of the Buried Life.
- By God, (cried Eugene) I shall spend the rest of my life getting my heart back, healing and forgetting every scar you put upon me when I was a child... I shall get me some order out of this jungle of my life: I shall find my way out of it yet, though it takes me twenty years more - alone."
" - Alone? " said Eliza, with the old suspicion. "Where are you going?"
" - Ah he said, "you were not looking, were you? I've gone."
- Par Dieu, s'écria Eugene, je passerai le reste de ma vie à reprendre confiance en moi, à cicatriser et oublier toutes les blessures que vous m'avez infligées quand j'étais enfant.. Je mettrai de l'ordre dans cette jungle de ma vie: je trouverai ma voie un jour, même s'il me faut encore vingt ans, et je la trouverai seul.
- " Seul? demanda Eliza, ses soupçons reprenant le dessus. Où vas-tu?"
" - Ah, répondit-il, tu ne regardais pas, n'est-ce pas? Je suis déjà parti."
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