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Critique de Munin


Munin
06 septembre 2011
L'histoire se passe dans un futur tellement lointain qu'il ressemble à un passé éloigné : des éléments de science très avancée voisinent avec des thèmes plus "fantasy", donnant un cachet mi-archaïque, mi-futuriste à l'univers. Severian, un homme manifestement puissant, profite de sa mémoire éidétique pour faire le récit de son enfance et de sa jeunesse, alors qu'il était apprenti de l'ordre des Enquêteurs de vérité et des exécuteurs de Pénitence, plus connus sous le nom de bourreaux. Comme tous les autres orphelins éduqués par l'ordre, Severian ne connaît du monde que la vieille citadelle et la tour Matachine, qui est la résidence des bourreaux. Son apprentissage se passe sans réel incident, jusqu'à ce que la Tour Matachine accueille une condamnée pour laquelle Severian va se prendre d'affection, au point de commettre une grave faute : lui permettre d'échapper à sa condamnation en se suicidant. Severian sera, pour cette faute, nommé bourreau dans une ville de province lointaine, qu'il lui faudra rejoindre à pied. Là commence sa véritable aventure...
Superbement écrit, l'Ombre du Bourreau est un récit d'apprentissage complètement dépaysant, dans un monde à la fois exotique et familier, dont les trouvailles, monstres et merveilles marqueront durablement le lecteur. Les personnages du roman, Thecla, le Dr Thalos, Maître Palaemon, et tous les autres, sont tous des figures fascinantes, finement composées, quelle que soit leur importance dans le récit. Mais, surtout, c'est le personnage de Severian - et, par la même, la qualité d'écrivain de G. Wolfe, qui retient l'attention : malgré sa mémoire photographique, Severian ne fait pas un récit fidèle de ses aventures. Tout d'abord, il ne décrit que ce qui le surprend, et le récit laisse donc dans l'ombre des éléments de Teur considérés comme normaux pour lui. Mais aussi, Severian se met en scène, occulte des faits, se justifie, et le lecteur attentif repère les contradictions, interprète les non-dits, et finit par découvrir un récit dans le récit qui lui permet d'avoir un deuxième éclairage sur les motivations et les choix du narrateur. On revient au récit d'apprentissage, et on découvre une construction en poupée-gigogne. Que s'est-il passé dans la cellule de Thecla ? Quels sont les pouvoirs de la Griffe du Conciliateur ? A ces questions s'ajoutent aussi l'intrigue plus vaste, liée à la domination de Teur, à l'extinction progressive du Soleil, qui prennent de plus en plus d'importance à mesure que le regard de Severian embrasse d'éléments. A la fois intimiste et riche en rebondissements, le récit, merveilleusement ciselé, surprend toujours, jusqu'à la conclusion.
Le second cycle, proposé dans la suite du 2e volume de l'intégrale, est moins convaincant, mais il possède quand même ses qualités. On peut toutefois se satisfaire des quatre volets de l'histoire de Severian, superbes et originaux.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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