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EAN : 9782246006848
242 pages
Grasset (04/10/1978)
3.81/5   47 notes
Résumé :
Une étrange maladie de peau qui lui livre bataille depuis qu'il est né, la polio qui le laisse infirme et claudiquant depuis l'enfance, et toutes les frustrations qui s'en suivent, Thierry n'a pas eu l'existence facile. Un don, cependant, qu'il a rageusement développé en rééduquant lui-même sa main malhabile : le dessin. Mais quand il se retrouve élève dans un atelier, à dix-huit ans, un autre péril le menace : le cours est mixte. Diane, sa blondeur, sa beauté, ses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voici un livre ironique et grinçant qui conte la douleur de l'amour pur et mal partagé, les silences, le chant de la tendresse cachée, l'attente d'une passion comme l'on en rencontre plus, (le roman se passe dans les années 50) entre Thierry, souffrant d'une étrange maladie de peau qui lui donne des tâches disgracieuses brunes ou rougeâtres qui suintent parfois plus une polio qui le laissa boitillant, claudiquant .... et la trés belle Diane , blonde aux jupes écossaises , aux attentions équivoques , qui le dorlote pendant leurs cours de dessin, l'invite chez elle en vacances , lui rend visite , pourquoi? Pourquoi ?peut- il se contenter de ses silences de façade , bien confortables , malgré les occasions qui se créent ?
Il écrit une longue lettre deux ans après , se souvient et raconte à Diane, son étoile , " comment " et "combien " il l'a aimée....
C'est un livre dur, poignant, douloureux, à la saveur âcre, bouleversant , un trés beau texte à l'écriture tellement directe et simple que l'on prend une grande claque à chaque page ....
Thierry est une personne lucide, déteste la pitié qu'il pourrait inspirer et refuse de toutes ses forces l'assistance .....le récit est cruel, révélateur , intense , tendu, comme un plaisir doux- amer ...
Je n'en dirai pas plus à propos d'un récit passionnant , lu d'une traite, grinçant et corrosif , cruel dans sa beauté nue jusqu'au tragique .....
Je ne suis pas prête de l'oublier .
Retrouvé, un peu jauni .... dans une caisse de livres qui appartenaient à quelqu'un qui m'était cher , édité en 1978 chez Grasset ..
Je le conseille .
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« Pour Sylvie, en souvenir de tous les sentiments qui nous rapprochent. Mille tendresses. Isabelle »

L'écriture est juvénile, ronde, féminine. le texte est écrit à l'encre bleue sur la page de couverture.
J'imagine une dédicace d'une jeune femme à une autre.
J'ai commandé « Diane Lanster » sur internet, oui, j'ai beau adorer les librairies, le livre est devenu pour moi un objet de luxe. A quelques exceptions près, je les emprunte ou les achète d'occasion, au gré des marchés ou du web. Pour 1 euro (+ frais de livraison), j'ai racheté le roman de Jean-Didier Wolfromm en édition de poche, que j'ai lu la première fois à l'âge des personnages, aux alentours de la vingtaine. Je me suis souvenue dernièrement de la forte et durable impression que l'oeuvre avait exercée sur moi, et je l'ai cherchée en vain dans ma bibliothèque. Mon chat l'a-t-il dévorée aussi ? Curieuse de savoir si la relecture m'en procurerait encore du plaisir, je l'ai donc rachetée, et la voici dans ma boîte aux lettres. La couverture (un dessin de l'auteur représentant on le suppose Diane) m'émeut. le livre a des odeurs de papier jauni, et contient une dédicace sur la première page.
Dès les premières lignes, les mots percutent et accrochent. Je me souviens. Je me fais la réflexion – pensée qui ne m'aurait pas effleurée à vingt ans, que Jean-Didier Wolfromm, en critique littéraire aguerri, sait que l'intérêt du lecteur se capte et qu'on le retient prisonnier à ce moment précis, ou on le perd à jamais. Ici, comme rarement, l'intérêt ne s'épuise jamais. Il n'y a pas non plus véritablement de progression dramatique. C'est un uppercut de 220 pages. A vingt ans comme à cinquante, malgré tous les livres lus entretemps, je suis fascinée.
Nous sommes fin des années cinquante. le narrateur, Thierry, est infirme. La polio l'a terrassé dans l'enfance, suivie d'une maladie de peau qui lui laisse peu de répit. Sans compter les crises d'asthme et les allergies. le combat à mener passe par la rééducation qui a révélé à l'adolescent un don pour le dessin. le jeune homme s'inscrit dans un atelier préparatoire au concours d'une école des Arts Décoratifs. A ce jour, il n'a vécu que par la maladie, cloîtré dans sa chambre et ses pensées. le jour de la rentrée, il rencontre Diane Lanster. le livre est une longue lettre adressée à celle-ci, quatre ans après leur rencontre, quatre ans d'apprentissage de la cruauté.
On a tous connu dans nos adolescences ingrates des personnes, garçons ou filles, à la Diane Lanster. Celui ou celle qui est insolent de beauté, au charme ravageur auquel personne ne résiste, pour qui tout est facile, qui en est conscient mais semble s'en excuser tout en trouvant cela normal, au destin que l'on imagine dans sa peau de complexé comme flamboyant. Et, lorsque ces êtres élus daignent poser les yeux sur vous, vous manifester un peu d'intérêt parmi leur multitude d'admirateurs, vous en êtes bouleversé, pétri de reconnaissance…
« Diane Lanster » est un roman dénué de toute fioriture, impitoyable, douloureux. Il va bien plus loin que le thème du ver de terre amoureux d'une étoile. Il décrit, sous la plume au scalpel de Thierry, les rapports violents du sentiment qui nait, amical, puis amoureux, pour la première fois, qui vous emporte tour à tour dans une tempête d'émotions contradictoires, sur toute la palette de ces artistes en herbe. le drame de Thierry est de ne pas pouvoir distinguer dans l'affection que Diane lui porte la frontière entre la pitié humiliante et le réel attachement. La force du récit est d'osciller en permanence entre la haine et l'amour, avec la vitesse qu'ont les emportements de la jeunesse, quelle que soit l'époque.
Autour du couple formé par les deux étudiants, gravitent deux autres personnages qui vont devenir les instruments par lesquels la pièce de théâtre deviendra comique ou tragique, dans une atmosphère qui ressemble parfois aux ambiances créées par Cocteau. Diane m'évoque, dans son cadre de vacances de l'île de Porquerolles, son attitude d'allumeuse innocente et perverse à la fois, la Cécile de « Bonjour Tristesse » de Sagan, dont elle pourrait être une cousine bien plus féroce dans son aveuglement forcené face aux ravages qu'elle commet. de la petite jeune fille « bien comme il faut », bourgeoise, superficielle, naïve, au fil des pages, émerge une manipulatrice aux griffes bien acérées qui se grise au succès avec la désinvolture de ceux à qui on a toujours tout pardonné. Elle piétine son monde avec application, moins mue par une volonté de détruire que de laisser faire la vie qui l'a toujours choyée, au mépris des dommages collatéraux. Thierry, par sa lettre, déclaration d'amour et de haine à jamais mêlés, à supposer que Diane la lise, déclare vouloir la « suicider », mais on peut penser que cette hargne passionnelle ne pourra qu'alimenter l'ego flamboyant de la jeune femme, et tout juste lui causer quelques cicatrices qu'elle trouvera charmantes. La puissance du livre tient aussi dans le mystère de la jeune femme, dont on ne saura jamais la part de perversité et d'innocence.
Apprentissage de l'ambivalence des désirs, des pulsions secrètes, de l'indépendance, de la solitude qui nous relie tous, magnifié par un style d'une beauté à couper le souffle. Ecrit en 1978, « Diane Lanster » sera suivi d'un dernier roman en 1990, longtemps après, écrit par l'auteur mort en 1994. Il en avait écrit un autre, quinze ans auparavant. Je comprends qu'il ait fallu un laps de temps aussi long après celui-ci, qui reçut, très justement le Prix Interallié, tant il est réussi. On sait que l'auteur a puisé dans ses fibres le rapport à la maladie et l'évocation de son goût pour le dessin. Mais on est bien loin de l'autofiction complaisante, il y a de l'élégance et de la pudeur dans ce livre-là, dans ces mots nus et le refus de tout effet mélodramatique.
Ils sont très rares les romans que l'on peut lire à presque trente ans d'intervalle en y trouvant la même intensité. Sans doute lors de ma première lecture l'attraction a tenu dans le mystère des relations troubles entre les personnages que je découvrais à peine dans ma propre vie. Aujourd'hui, j'admire le talent de l'auteur à recréer l'ambiance du monde finissant de l'adolescence, de sa quête d'absolu, qui nous habite au grand jour à cet âge, qui nous quitte pour certains, et que d'autres conservent au fond d'eux malgré les années et les expériences accumulées.
« Diane Lanster », contrairement à moi, n'a pas pris une ride. C'est un chef-d'oeuvre à ne pas rater. Une sanguine.
Une dédicace. Amicalement amoureuse, amoureusement amicale. D'Isabelle à Sylvie, âgées peut-être d'une vingtaine d'années. Sylvie s'est séparée du cadeau, la belle amitié n'a pas survécu aux années. Finalement, Isabelle a tapé dans le mille : la vie est cruelle. Ce sont peut-être les enfants de Sylvie qui se sont débarrassé du roman. Nos histoires sont bien peu de choses.
L'idée de savoir ce que mes livres deviendraient après moi, avec pour certains des mots griffonnés sur la première page, témoins d'amitiés et d'amours, me hante depuis un certain temps. Il m'est insupportable de les imaginer éparpillés, tombant aux mains de possibles lecteurs qui ne les verraient même pas. J'ai fait en sorte officiellement voilà trois mois que cela n'arrive pas. Je sais où ils continueront leur vie, qui veillera sur eux. Depuis, je dors mieux.
Thierry, finissant sa lettre, dit adieu à sa jeunesse, à ses premières fois. Ce long cri d'amour et de haine est le constat amer et ébloui de l'irrépressible dévotion à une déesse qu'il a lui-même élevée au rang de mythe fondateur de sa vie, rendant toutes les autres rencontres à jamais ternes et sans joie : Diane Lanster.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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J'ai eu envie de relire ce roman sensible mais cruel, prix Interallié 1978, car j'en gardais un excellent souvenir, quoi que vague, il faut bien le reconnaître. Rien d'étonnant plus de quarante ans après !

Je suis de nouveau retombé sous le charme tant son écriture me semble juste.

Thierry est un jeune homme qui, malgré des séquelles physiques graves de poliomyélite et une maladie de peau chronique, décide de s'inscrire à une préparation au concours d'entrée à l'école nationale supérieure des arts décoratifs. Il est doué en dessin malgré des mains limitées.

Nous sommes à la fin des années 1950. Thierry rencontre Diane Lanster, une grande et belle jeune femme, qui le prend sous son aile. Elle lui facilite l'accès aux salles de cours, lui apporte du matériel si besoin. Thierry se déplace avec une canne, qui lui est indispensable.

Si Thierry devient vite amoureux d'elle, ce n'est pas réciproque. Les motifs qu'à Diane de l'aider sont incertains.

Autour de ce duo d'inséparables gravitent deux de leurs amis, qui eux sont amants, Nadine et Noël. Ils vont aller jusqu'à former une sorte de quatuor maudit.

En réalité le roman que nous lisons est une longue lettre que Thierry veut adresser à Diane. Il lui demande des comptes sur ce qui s'est passé, lui donnera aussi des éléments de réponse à propos d'un drame survenu.

Ces quatre personnages sont rendus dans toute leur complexité. Si Thierry, le narrateur, est à priori sincère dans son ressenti des événements, il est loin d'être exemplaire. Diane, Nadine et Noël ont aussi leurs côtés cruels...

Ce roman, aux accents probablement autobiographiques, n'a rien perdu de sa force. Si vous le croisez, donnez-lui une chance !
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Fin des années cinquante, et on découvre le narrateur de ce beau texte : Thierry. Il est handicapé, la polio est passée par lui quand il était enfant. Ajoutons à cela un asthme qui le ronge de l'intérieur et une maladie de peau qui transforme la plus grande partie de son corps en désastre, entre taches de différentes couleurs et crevasses suintantes …

Malgré tout, et surtout malgré ses handicaps, il présente de sérieux dons pour le dessin et s'inscrit dans un cours qui prépare au concours de l'Ecole des Arts Décoratifs. Jusque là plus ou moins cloîtré dans sa chambre, il doit s'ouvrir au monde.
Et ce monde est mixte. Il le découvrira à travers une apparition : Diane Lanster… Il en deviendra fou amoureux, lui, contrefait à la peau répugnante. Elle l'aime bien, et lui, il l'aime tout court… il y a très peu de différence en fait, sur le papier entre « aimer » et « aimer bien », juste « bien », mais dans la vie…

Diane, une étoile pour Thierry et le roman prend la forme d'une longue lettre à Diane. On découvre l'aversion de Thierry pour tout ce qui est assimilable de près ou de loin à de l'assistance, voire de la pitié. Alors, pourquoi Diane est-t-elle toujours installée, en cours, auprès de lui ? Pourquoi l'invite-t-elle en vacances dans la maison familiale sur la Côte d'Azur ? Pourquoi est-elle une des seules à lui rendre visite quand il est malade ? Pourquoi ? Pourquoi…
« Diane Lanster », plus qu'un mélo… le roman de la découverte de l'autre à travers la fascination d'un jeune homme au physique disgracieux pour bien belle jeune femme…inaccessible étoile.

Un style efficace. Touchant.
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Moi aussi j'ai été marquée par ce livre. Je ne me rappelle même plus quel hasard l'a mis entre mes mains, mais je sais qu'il est peu connu, et toutes les personnes à qui je l'ai prêté sont tombées sous le charme vénéneux de cette ironie , de cette cruauté, de cette sincérité absolues.

Oui, bien sûr, le ver de terre amoureux d'une étoile...mais comme le disent tous les admirateurs du livre, le poncif est vite oublié. Ce que l'on retient surtout c'est l'urgence d'être aimé, et le déchirement , pour le narrateur, de voir la pitié, l'intérêt intellectuel ou même un certain sadisme tenir lieu d'amour. du vitriol qui ronge de l'intérieur sa peau monstrueuse . Un saccage.

Je vais relire Diane Lanster. Un jour . Sûrement. C'est une sorte d'appel à la désobéissance civique. Une résistance au diktat de la beauté et de l'apparence qui nous tient sous le joug...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Faut- il un début à toute vie?
Je me serais passé de mon enfance où il ne m'arriva rien....Une enfance sans saveur et sans souvenir autre que cette nuit de novembre oú il fit soudain quarante et un degrés à l'ombre de mon corps terrassé par la paralysie....
Sept ans que j'avais vécu avec ma peau tachetée mais cela n'avait pas suffi, il fallait que j'affronte une nouvelle guerre plus secrète , plus sournoise que celle qui éclatait en explosions bigarrées à ma surface .....
Une nuit et tous les jeudis gâchés jusqu'à 18, 19, 20, 35, 102 ans peut - être?
Mais mon médecin pensa polio et sauva mon poumon et mon cœur sinon mes jambes et mes mains ...."
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Elle était grande, Diane, plus que moi, même assise, son pantalon de velours touchait presque ma jambe. Vous étiez là, posée à côté de moi muette et pour la première fois de ma vie je compris, dans la fraîcheur du soir, dans cette lumière du premier printemps, dans ses couleurs, que vous étiez belle. Je ne vous voyais pas mais je ne vous ai peut-être jamais mieux regardée qu'à cet instant précis.
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Faut-il un début à toute vie ? Je me serais passé de mon enfance où il ne m’arriva rien. Une enfance sans saveur et sans souvenir autre que cette nuit de novembre où il fit soudain quarante et un degrés à l’ombre de mon corps terrassé par la paralysie.
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Pourtant je n'aurais pas aimé être normal. On m'aurait pris pour n'importe lequel des soupirants de Diane. Alors que dans la rue, juxtaposé à elle, si hautaine, si droite et moi si tordu, si appliqué à marcher droit, nous formions un couple plus amusant qu'émouvant, nous intriguions et j'en étais heureux.
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Seule Diane parvenait à m'apaiser d'un regard qui comprenait, d'un sourire qui calmait. Nous partagions un secret que je ne lui avais jamais dit.
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