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EAN : 9782246732211
1136 pages
Grasset (14/10/2015)
4.64/5   11 notes
Résumé :
Voici le premier récit complet de la plus grande aventure politique du XXe siècle : celle qui a porté les plus folles espérances et qui a conduit à la plus terrible catastrophe humaine de tous les temps, par sa durée et son ampleur. Le communisme n'a pas seulement régné sur une trentaine de pays et régi la vie de plus d'un tiers de l'humanité, il a également occupé la plupart des esprits pendant des décennies, aux quatre coins du monde. Nulle autre idéologie, nul au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Formidable fresque historique de la pire idéologie criminelle de l'histoire. Comme a dit de façon synthétique Staline “La mort d'un homme est une tragédie, celle d'un million d'hommes est une statistiqueˮ.












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critiques presse (1)
Bibliobs
30 octobre 2015
L'éclairage est systématiquement négatif : mais peut-il y avoir un «bilan globalement positif», quand on parle du communisme ?
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
(Pages 394 et 395) :
LE PCF, PREMIER PARTI COLLABORATEUR DE FRANCE.

"Si Hitler malgré tout déclenche la guerre, alors qu'il sache qu'il trouvera devant lui le peuple de France, les communistes au premier rang", déclare le PCF dans un communiqué publié le 25 août 1939, deux jours après la signature du pacte [Germano-Soviétique]. Le 2 septembre, les députés communistes votent les crédits de guerre et répondent aux ordres de mobilisation. Un mois plus tard, le revirement est complet ; le PCF devient le parti le plus hitlérien de France. Dans une lettre à Edouard Herriot (président de la Chambre des députés), Jacques Duclos demande le 1er octobre1939 l'ouverture de pourparlers de paix avec l'Allemagne. Peu après, Maurice Thorez, le secrétaire général du PCF, ne répond pas à l'ordre de mobilisation et déserte (le 4 octobre). Au lendemain de l'invasion de la France, en mai-juin 1940, et dans les premières semaines de l'occupation, les dirigeants communistes franchissent le pas de la collaboration, avec un zèle que le Kremlin va devoir tempérer.
Jacques Duclos, responsable du parti depuis que Maurice Thorez s'est réfugié à Moscou, revient dans Paris occupé le 15 juin 1940. Il arrive de Belgique, presque derrière les blindés allemands, à bord d'une voiture diplomatique soviétique. Il s'installe à l'ambassade d'URSS d'où il peut recevoir les ordres de Moscou. Le 18 juin, jour de l'appel du général de Gaulle depuis Londres, les communistes prennent contact, eux, avec l'occupant. Ils veulent obtenir la publication légale de L'Humanité. La PC a été dissous et le journal, interdit par le gouvernement français depuis la signature du pacte germano-soviétique.
(...) Le 19 juin, la Kommandantur donne son accord pour la reparution de L'Humanité, à condition que le journal se soumette à la censure allemande. Le 20 juin, les premiers articles reçoivent l'imprimatur de l'occupant, le quotidien peut légalement paraître.
(...) Dans une analyse de la Gestapo, datée de la fin janvier 1941, on peut lire ce commentaire : "Jusqu'en septembre 1940, le PCF s'est limité à la lutte contre le gouvernement français."
(...) Le même jour [le 4 juillet], L'Humanité clandestine appelle à la fraternisation avec l'occupant : "Il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheur, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec les soldats allemands, soit dans la rue, soit au "bistrot" du coin". Bravo, camarades ! Continuez, même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants." Le 6 juillet, les communistes remettent à Abetz la copie des articles qu'ils veulent voir publier dans Ce soir."
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(Pages 165 et 166) :
Au printemps 1919 apparaissent les samedis communistes, soubotniki, un jour de travail supplémentaire, "volontaire", non rémunéré. Ces samedis obligatoires sont d'abord réservés aux communistes, pour qu'ils donnent l'exemple, avant d'être appliqués à tous. En juin 1919, le livret de travail est institué. Il devient impossible pour tout citoyen de plus de 16 ans de changer d'entreprise sans ce document. Un parfait instrument de contrôle social, qui rappelle les méthodes capitalistes du XIXe siècle avec le livret ouvrier.
Au début de 1920, un tour de vis supplémentaire est proposé par Trotski. La Russie soviétique lui doit déjà les camps de concentration et la prise d'otages comme moyen de rétorsion, elle s'engage grâce à lui sur la voie de la militarisation du travail. La notion de "travail libre" est bourgeoise, proclame-t-il, il faut inspirer "à chaque ouvrier le sentiment d'être un soldat du travail, qui n'a pas le droit de disposer librement de lui-même".
(...) Selon lui, le travailleur doit obéir comme un simple soldat. "S'il reçoit un ordre, il doit l'exécuter, précise-t-il. En cas de non-exécution, il sera condamné pour désertion et devra subir le châtiment."
Travailler ou mourir, voilà la nouvelle alternative. A en croire Trotski, la capacité du socialisme d'enrôler une main-d'oeuvre de force est un avantage décisif sur le capitalisme. Le retard de la Russie en matière de développement économique devait être compensé grâce au pouvoir de contrainte étatique.
(...) Trotski précise sa pensée au congrès des syndicats, en avril : "On dit que le travail coercitif est improductif. Si cela était vrai, toute l'économie socialiste serait condamnée, car il n'est pas d'autre voie vers le socialisme que la répartition autoritaire de la main-d'oeuvre par l'autorité économique supérieure de l'Etat. Si cette main-d'oeuvre organisée et répartie autoritairement doit être improductive, alors mettez une croix sur le socialisme."
Jamais l'aveu n'a été aussi clair.
(...) Il [Trotski] plaide pour la suppression des droits syndicaux et la subordination des syndicats à l'appareil du parti-Etat. L'idée fera son chemin, les syndicats allaient bientôt devenir de simples courroies de transmission du pouvoir.
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(Pages 145 à 147) :
Alors qu'en l'été 1920, la moisson est très mauvaise dans toute la Russie, Moscou n'en augmente pas moins le niveau des réquisitions.
Pour Tambov, le seuil a été fixé à 11 millions de pouds de céréales.
S'ils s'en acquittent, les paysans disposeraient d'à peine 10 % de leurs besoins en nourriture, en semence, en fourrage pour l'année à venir. La province connaît ses premières émeutes de la faim.
(...) Les paysans enrôlés de force par la conscription décrétée par Trotski se sentent plus proches des révoltés que des bolcheviks fanatiques. L'exemple de Tambov risque de faire tache d'huile. Moscou décide de frapper fort. Le 27 avril 1921, le Politburo, l'instance suprême du parti, sous la présidence de Lénine, nomme le général Toukhatchevski commandant en chef de la région, avec une véritable armée à sa disposition : cinquante mille hommes de troupes, trois trains blindés, trois unités de chars, plusieurs automitrailleuses, 70 canons de campagne, un soutien aérien, de quoi lui permettre de mater la rébellion en un mois.
(...) En juin 1921, les deux généraux ont rempli leur mission pour l'essentiel, l'insurrection a été vaincue à l'exception de quelques poches de résistance.
(...) Le lendemain de cet ordre [destiné à terroriser ce dernier carré], le 11 juin, Toukhatchevski informe Moscou de sa décision d'utiliser des gaz asphyxiants contre les derniers insurgés : "Les débris des bandes défaites et des bandits isolés se rassemblent dans la forêt et se livrent à des attaquent contre les habitants paisibles.
1) La forêt où les bandits se cachent doit être nettoyée au moyen de gaz asphyxiant ; tout doit être calculé de façon que la nappe de gaz pénètre dans la forêt et extermine tout ce qui s'y cache.
2) L'inspecteur de l'artillerie doit immédiatement fournir les quantités requises de gaz asphyxiants ainsi que les spécialistes compétents."
L'ordre n°171, signé Toukhatchevski et Antonov-Ovseïenko, met immédiatement ce plan à exécution. Un mois plus tard, le 19 juillet, il est annulé. Certains dirigeants bolcheviques auraient eu, semble-t-il, des états d'âme après avoir autorisé ces méthodes barbares. Trop tard, le mal est fait, les derniers résistants de Tambov avaient été gazés.
Sept camps de concentration ont été ouverts pour y parquer les "familles des bandits insurgés". En juillet 1921, ils sont 50 000 à y être enfermés, en majorité des femmes, des enfants et des vieillards. Les conditions d'internement sont telles que le typhus, le choléra et la faim font des ravages. Le taux de mortalité y atteint de 15 à 20 % par mois.
Des villages entiers sont réprimés, les hommes sont exécutés ou déportés dans les premiers camps installés par le pouvoir au-delà du cercle polaire.
L'ampleur exacte de la répression n'est pas connue. Certaines sources font état de 15 000 exécutions et de 100 000 emprisonnés ou déportés, d'autres estiment les pertes totales de la région à 240 000 personnes.
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(Pages 168, 169 et 171) :
Les troubles gagnent la garnison de Kronstadt. Le 1er mars, un meeting regroupant des habitants de la ville et les marins de la base navale adopte une résolution aux accents politiques : élections libres aux soviets ; liberté de parole et de presse pour les ouvriers, les paysans, les socialistes-révolutionnaires de gauche, les anarchistes, les syndicats ; libération des prisonniers politiques ouvriers et paysans ; abolition des privilèges du parti communiste ; égalité des rations des travailleurs ; droit des paysans et des artisans non exploiteurs à disposer du produit de leur travail.
Pour Lénine, les insurgés de Kronstadt sont des fous, forcément. Il donne l'ordre de les liquider. Quinze jours seront nécessaires au pouvoir pour venir à bout de la révolte. Les marins de Kronstadt ont une telle aura révolutionnaire dans le pays que les troupes envoyées pour prendre leur forteresse se battent mollement, quand elles ne se solidarisent pas avec eux. Plusieurs assauts sont donnés, en vain. Le 7 mars, Toukhatchevski qui commande les opérations ordonne de "traiter les mutins avec sévérité, de les fusiller sans merci". Il faut "attaquer avec des gaz asphyxiants et des obus chimiques", précise-t-il, pour neutraliser les navires de guerre aux mains des insurgés. Le général inaugure à Kronstadt la méthode radicale qu'il va employer, quelques mois plus tard, contre les paysans de Tambov. L'assaut final est donné le 16 mars par 50 000 soldats d'élite. Les combats font rage dix-huit heures durant, la forteresse est finalement "libérée" le 18 au matin. Un symbole : cinquante ans auparavant, jour pour jour, le 18 mars 1871, commençait la Commune de Paris. Celle dont rêvaient les marins de Kronstadt s'achève dans le sang.
Cinq cents mutins de Kronstadt sont immédiatement exécutés, sur ordre de Zinoviev. Le peloton d'exécution est une brigade de jeunes communistes (les komsomols), les soldats de l'Armée rouge ayant refusé de faire la sale besogne. Dans les semaines qui suivent, 2 000 autres marins sont passés par les armes, des centaines sont envoyés sur ordre de Lénine au camp de concentration de Solovki, sur une île de la mer Blanche. Huit mille soldats de Kronstadt ont réussi à fuir par les glaces jusqu'en Finlande. Ceux-là sont saufs, pour quelques temps. Nombre d'entre eux croiront à la clémence du pouvoir soviétique et à ses offres d'amnistie. Ils reviendront plus tard en Russie, pour y être exécutés ou envoyés en camp. La propagande du régime a tout fait pour flétrir la mémoire des insurgés. L'historiographie officielle fera passer les marins pour des gardes blancs, des mencheviks, des anarchistes, voire des espions à la solde des Français. On expliquera que le parti et l'Etat avaient tout tenté pour éviter l'effusion de sang, que tous leurs appels pacifiques avaient été rejetés, et que c'était contraints et forcés qu'ils avaient dû avoir recours à la violence.
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(Pages 121 et 122) :
Dans ce climat de violence généralisées, l'assassinat du tsar et de sa famille, à Ekaterinbourg, dans la nuit du 16 juillet 1918, paraît presque une péripétie. Le régicide appartient au rituel de la révolution, en tout cas les bolcheviks, tout à leur admiration du modèle français, le croient. La mort de Nicolas II, de sa femme et de leurs cinq enfants révèle cependant une différence de nature entre les Jacobins d'hier et les marxistes-léninistes. Louis XVI avait eu droit à un procès, il lui fut accordé une journée de grâce avant son exécution, sa mort fut publique.
Rien de tout cela n'a été consenti au tsar. Le meurtre s'est fait nuitamment, en catimini dans la cave d'une maison bourgeoise, par surprise, sans qu'aucune sentence ait été prononcée par une juridiction quelconque. Le pouvoir bolchevique aurait-il eu honte de son acte ? Le communiqué officiel de l'exécution, publié le 19 juillet, mentionne d'ailleurs la seule mort de Nicolas II, et précise que "la femme et le fils de Nicolas Romanov ont été placés en lieu sûr". Ce mensonge qui va perdurer pendant des années illustre le comportement ambivalent des bolcheviks face à "l'ennemi". L'assassinat du tsar est un signal fort à destination de ceux qui rêvent d'un retour en arrière possible. Dans le même temps, en prétendant avoir épargné la vie de son fils, le tsarévitch, l'héritier du trône, les meurtriers ménagent l'espoir des partisans de l'empire. Un double effet contraire. Le nouveau pouvoir inaugure là une pratique qui va se généraliser et que copieront ensuite tous les régimes communistes dans leur manière totalitaire.
(...) Ce secret renforce le pouvoir discrétionnaire de vie et de mort sur tous. Par la suite, la plupart des régimes communistes ne cacheront jamais leur intention de châtier "l'ennemi", parfois ils mettront même en scène la répression (procès), mais ils dissimuleront les moyens utilisés : exécutions et enterrement des victimes en cachette, transport de déportés en toute discrétion, familles laissées dans l'ignorance du destin des suppliciés...
Tout cela est volontaire et vise à terroriser. La violence de l'arbitraire devient totale puisque "l'ennemi" ne sait pas vraiment pourquoi il est condamné, il ignore jusqu'au sort qui lui est réservé. Privé de son destin, l'individu se trouve nié dans son être même, il n'est plus qu'une "chose" aux mains du parti-Etat tout-puissant.
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Thierry Wolton Prix Jan Michalski 2017 nous parle d'«Une histoire mondiale du communisme»
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