Visiblement, Parker et Sven ne sont pas faits pour s'entendre. Dès la première journée de sixième dans un collège où ils ne connaissent personne, ils se détestent. Parker a passé un été difficile : elle s'était beaucoup attachée à
Alaska, une chienne accompagnatrice que ses parents élevaient. de plus, toute la famille a subi un traumatisme important dont le père, plus encore que la mère et que Parker, a du mal à se remettre. Quant à Sven, il sait qu'il se fera remarquer par toute sa classe… Il est épileptique et, un jour ou l'autre, il fera une crise devant tout le monde.
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On se rend compte dès le début que ce roman met en avant la peur de ces deux jeunes, peur du jugement des autres, particulièrement sur les réseaux sociaux, peur de l'inconnu, de la violence, peur à la fois de se faire remarquer et de passer inaperçu, etc. Ils font tous les deux face à des situations nouvelles pour eux et sur lesquelles ils n'ont aucune prise, un SPT pour Parker, le diagnostic de l'épilepsie pour Sven. Quand Parker découvre que
Alaska est devenue la chienne d'assistance de Sven, elle n'en revient pas. Ce qui la désespère, c'est que Sven n'aime pas la chienne qui représente pour lui la concrétisation de son handicap, la plupart du temps invisible, alors qu'elle, qui n'en a pas « besoin » adore cet animal ! Bien sûr, après quelques péripéties, les deux jeunes sympathiseront et trouveront des terrains d'entente.
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J'ai beaucoup aimé ce roman jeunesse de
Anna Woltz qui aborde des sujets délicats en sortant des sentiers battus. Les personnages ne sont pas tout d'une pièce et sont présentés tout en nuances, ce qui les rend crédibles. J'ai trouvé particulièrement intéressant que soient mis en scène des handicaps invisibles : qu'il s'agisse du traumatisme vécu par la famille de Parker ou de l'épilepsie de Sven, il faut qu'ils se confient pour que les autres soient au courant. Les parents tiennent une place importante et n'infantilisent jamais les deux jeunes. L'autrice évite toute niaiserie, sait montrer le désarroi des adultes comme celui des enfants sans excès de pathos, et fait de la chienne un trait d'union entre les jeunes, mais aussi entre les générations. Une vraie réussite à mon avis.
En lice pour le prix des Incorruptibles 2024, CM2/6e