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Emmanuel Jouanne (Traducteur)
EAN : 9782207305546
336 pages
Denoël (24/10/1995)
3.72/5   43 notes
Résumé :
Vous tenez entre les mains le journal intime de Lola Hart. Elle l’a commencé à l’âge de douze ans, quand ses parents le lui ont offert pour son anniversaire. Elle l’a très vite surnommé Anne. Réminiscence d’un célèbre journal écrit par une autre jeune fille juive?
Laissez Lola vous conter son histoire, sa vie faite d’espoir, de chagrins et de peurs, d’amour et de haine, celle d’une adolescente qui ressemble à de nombreuses autres. Sauf qu’elle vit dans une A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre manque singulièrement d'éléments science-fictifs pour le classer en SF et s'approche de par sa thématique (crise économique et politique, violence urbaine, quête identitaire d'une adolescente) bien plus de la littérature, dite "générale".

Je suppose (!) que si en 1993, l'auteur à situé l'histoire dans un futur proche, c'était afin de pouvoir intégrer sa critique sociale de l'Amérique pudibonde dans le cadre anticipateur, parfois bien commode, de "Et SI un jour...", qui permet d'élaborer des conjectures imaginaires, sans stigmatiser directement une réalité qui "se doit" de rester cachée.

Eh bien, c'était loupé ! Womack n'a pas pu, à l'époque, faire éditer son roman dans l'USA bégueule.

Si, treize ans après ma lecture du journal intime de la jeune Lola Hart, qui raconte comment sa famille appartenant à la classe moyenne tombera de son piédestal aisé, m'est restée en mémoire, c'est que le récit m'avait touché...

Lola décrit la façon dont, marche après marche, on descend dans l'enfer social et ghettoïsé, avec sa cohorte d'émeutiers et délinquants, les bris et dommages d'une répression sévère....
Or, c'est avant tout le parcours individuel de Lola, l'amenant à découvrir sa sexualité et les rapports avec les autres...qui avait retenu mon attention dans ces chroniques d'un futur (?) sombre et incendiaire...
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Il existe malheureusement beaucoup d'injustices éditoriales. On se rappellera par exemple des années qu'un certain K.W Jeter a attendu pour enfin pouvoir publier son Dr Adder. Journal de Nuit, et son auteur Jack Womack, entrent dans cette catégorie. Refusé par les éditeurs américains (on comprend vite pourquoi…), Journal de Nuit ne fut publié qu'en 1993 au Royaume-Uni. Il faut attendre deux ans pour le voir arriver dans la prestigieuse collection Présence du Futur de Denoël traduit par l'excellent Emmanuel Jouanne. Depuis, ce livre semblait être tombé dans l'oubli. Jamais réédité, peu des nouveaux lecteurs de science-fiction le connaissaient. Tout comme son auteur du fait. Petit coup de projecteur sur un chef d'oeuvre méconnu remis sur le devant de la scène grâce à la réédition plus que bienvenue de Folio-SF !

Comme son nom l'indique, le récit adopte la forme d'un journal. Mais pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du journal intime d'une petite fille de douze ans, Lola Hart. Celle-ci habite à New York avec sa petite soeur qu'elle surnomme Boob, son père, un scénariste, et sa mère, professeur. Elle fréquente une école privée pour filles, Brearley, et rencontre bien des problèmes au quotidien. Chamailleries avec sa petite soeur, histoires avec ses camarades de classe, ras-le-bol des garçons qui lui tournent autour… Bref, tous les menus soucis qu'une enfant de son âge peut rencontrer. Pourtant, au fur et à mesure des pages, Lola laisse filtrer quelques informations importantes au sujet d'émeutes sur Staten Island ou de SDF brûlés dans la rue. Puis, le président des Etats-Unis est abattu et la descente aux enfers commence.

Avec une fillette pour seul guide, Journal de nuit nous conte la chute d'une nation et la déliquescence d'une famille. Jack Womack s'empare du lecteur des les premières pages en donnant à sa narratrice une force peu commune. A tout juste douze an, la petite Lola nous emmène dans ses tracas de môme. le lecteur s'amuse de ces anecdotes et de l'innocence de l'enfant. Womack affiche un talent extrêmement impressionnant pour restituer les préoccupations et le discours d'une fille de son âge. Que ce soit au niveau du vocabulaire utilisé ou par la forme du récit, le résultat s'avère bluffant. Dans la première partie du roman, il arrive à nous captiver avec des événements insignifiants à nos yeux mais qui, par les mots de Lola, passent pour primordiaux. A ce titre, les relations entre les personnages occupent la place centrale du roman que ce soit à l'intérieur de la cellule familiale ou dans les cercles d'amis successifs de la jeune fille. L'auteur américain dissèque les rapports humains et enfantins avec une effarante efficacité. Il montre de façon éloquente la nécessité de s'intégrer au sein d'un groupe mais aussi le rôle protecteur de la famille vis-à-vis des enfants. Womack n'hésite d'ailleurs aucunement à affronter des sujets sensibles comme la pédophilie, mais d'une façon tout à fait détournée et en jouant sur les non-dits. On retient notamment cette scène glaçante où Lola passe la nuit chez une amie, Katerine. Sans jamais montrer, l'écrivain file la chair de poule et nous fait deviner l'horreur entre les lignes de son récit. Ce procédé se retrouve d'ailleurs dans ce qui constitue la toile de fond du roman, la lente ruine des Etats-Unis.

Le roman se situe dans un futur plus ou moins proche, semblable en tous points au nôtre, si ce n'est que les U.S.A doivent affronter une agitation sociale croissante. Lola n'y fait dans un premier temps que quelques allusions rapides entre deux confessions de jeune fille. Un S.D.F brûlé, des émeutes dans le Bronx ou à Harlem, une inflation galopante… Les ennuis s'accumulent et finissent par préoccuper notre petite narratrice. Puis ses parents, faute d'argent, l'emmènent vivre dans un quartier défavorisé de New-York. Et le président des Etats-Unis se fait tuer. Son remplaçant aussi. Petit à petit, Lola nous raconte avec ses mots à elle ce qui arrive au monde qui l'entoure. C'est aussi la lente destruction de sa famille qui remplit les pages de son journal. Confrontée à une mère sous antidépresseurs, à un père surmené au bord du gouffre et à une petite soeur qui se renferme sur elle-même, Lola perd tous ses repères et modèles. Pour s'en sortir et face au désaveu de ses anciennes amies friquées, elle rejoint une bande de filles de la rue avec qui elle fait les quatre-cent coups. Plus que la fin d'une famille, on assiste à la perte d'innocence d'une fillette. Womack modifie le lexique qu'elle emploie au fur et à mesure du récit et transforme Lola à la façon du changement que subit l'Amérique. Et comme pour le pays, le changement de la petite sera terrifiant. le génie de l'auteur réside dans ce lent glissement à la fois sociétal, familial et culturel. Sans qu'on s'en aperçoive, tout s'efface. La justice. La sécurité. L'enfance.

Autre thème central, la découverte de la sexualité par Lola. Forcément compliquée à cet âge incertain. En se découvrant homosexuelle, elle va devoir non seulement affronter le regard détestable de ses copines et des adultes mais aussi se débattre avec ses propres démons. de ce côté encore, Jack Womack fait merveille en ne tombant jamais dans le voyeurisme ou le vulgaire mais en restant d'une sensibilité et d'une douceur à toute épreuve. de ce fait, Journal de nuit se fait plaidoyer de la tolérance et d'ouverture aux autres. Finalement, même après tant d'années, le sujet reste d'une actualité brûlante. Et pas qu'à ce niveau. On reste sidéré par la lucidité de l'auteur vis-à-vis de son pays et de son époque mais aussi, et surtout, par sa clairvoyance proprement glaçante. Que ce soit par les émeutes des banlieues ou par la montée de la violence et de la pauvreté, Womack a vu juste. A ce titre, l'envoi d'une amie de Lola dans un camp de redressement juvénile qui la lobotomise, ou peu s'en faut, renvoie à des centres bien réels comme Tranquility Bay. Journal de nuit dénonce violemment l'escalade de la violence et le recours aux méthodes extrêmes. Jamais un livre n'aura été plus urgent à lire.

En véritable virtuose, Jack Womack dresse le portrait d'une Amérique en plein effondrement par les yeux d'une petite fille qui assiste impuissante à la dislocation de sa famille. D'une lucidité incroyable, Journal de Nuit restitue l'horreur d'une fin du monde enrobée par l'innocence d'une enfant. Voici un livre indispensable, un de ceux que l'on peut aisément qualifier de chef-d'oeuvre. A lire avant qu'il ne soit trop tard.
Lien : https://justaword.fr/journal..
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On peut sans doute qualifier Random acts of senseless violence (1993, Journal de nuit en Français) de Jack Womack de fiction sur l'effondrement. Quel effondrement ? Eh bien, justement, tout plein d'effondrements, il y en a pour tous les goûts.

Déjà, le classique effondrement sociétal. Dans le journal de la jeune Lola, 12 ans, on suit New York plongeant petit à petit dans de chaos. On ne connaitra pas les raisons, mais ça sent fort la crise économique extrême alliée à une crise civilisationnelle plus large. L'horreur et la violence sont à tous les coins de rue, les présidents tombent comme des mouches, les gamins incendient les clochards pour s'amuser, l'armée occupe les rues, la ville crame et suffoque, la canicule règne... Lola est aussi prise dans l'engrenage de l'effondrement de sa famille. Son père est scénariste pour Hollywood, mais, dans un tel contexte, il n'y a plus beaucoup de films en production. C'est le point de départ : la perte du job du père, puis le déménagement dans un quartier pauvre, la petite soeur qui déraille, la mère défoncée aux anti-dépresseurs... Évidemment, c'est aussi la vie personnelle de Lola qui s'effondre. Dès qu'elle déménage, la voilà paria dans son ancienne école, sans compter qu'elle a le malheur de bien aimer les filles. Alors elle se fera de nouvelles connaissances, des filles de la rue, et la violence ne cessera de grignoter son existence. Enfin, l'effondrement de son écriture : au fil des pages, le style de Lola part en vrille, sa grammaire fout le camp, et apparait un argot dévorant. Je ne sais pas ce que ça donne dans la traduction française.

Difficile de rendre compte de l'intensité de la violence qui habite ces pages. La violence sexuelle, notamment, omniprésente, et la sexualité est inévitablement précoce. Au début, Lola ne comprends pas que tant de gens pètent les plombs apparemment pour rien, mais quand sa situation ne cesse de se dégrader, elle comprend, car elle-même va avoir soir de sang, soif de violence vengeresse envers l'univers tout entier, soif de se débattre et de mordre comme un chien dans un chenil. Heureusement, pour compenser ces horreurs, le regard de Lola est souvent frais, et cette gamine est coriace, on s'attache à ce qu'il lui reste de beau ; le bêtement glauque est esquivé. Jack Womack est subtil, il sait que le racisme n'a pas de couleur.

Random acts of senseless violence est bon roman qui n'a pas de leçon de morale à donner, je ne sais pas trop ce qu'il a à donner d'ailleurs, peut-être simplement une vision radicale de la tension surpeuplée des villes étouffantes et des conséquence de foi vacillante d'une société en elle-même. A placer dans la bibliothèque à côté d'Orange Mécanique, avec lequel il partage le goût du sang et l'inventivité langagière.
Lien : https://lespagesdenomic.blog..
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Une jeune fille commence un journal intime dans lequel elle va raconter, comme on s'y attend, son quotidien. Au fil des jours, des semaines et des mois, se profile une toile de fonds bien plus dense et plus sombre que les événements qu'elle raconte.

Plus le récit avance, plus on sent une oppression poindre et s'intensifier. Bien que l'héroïne soit une jeune ado, le roman ne s'adresse pas du tout aux jeunes ados. le style est complexe car se veut à l'image d'une écriture d'ado. Il y manque intentionnellement de la ponctuation, parfois de petit liens entre les mots et le vocabulaire est truffé de néologismes. Ca rend le texte difficile à lire pour les jeunes mais ça lui donne de la crédibilité et le style tient la route jusqu'à la fin ! !

Ce qui se passe dans cette Amérique est plausible. Des révoltes, des interventions de l'armée (pas toujours à propos), une augmentation exponentielle de la pauvreté, de mauvais calculs économiques de l'état... Tout sonne très juste et je suis ressortie chamboulée de cette lecture. C'est un futur qui semble possible, un futur qu'on craint.

Le côté science-fiction apparaît à mesure de la déchéance de la famille, il s'insinue dans le récit au début discrètement et puis devient de plus en plus imposant.

Ce roman m'a marquée et restera vivant dans ma mémoire un long moment !
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Comme décor, la pollution généralisée, la violence individuelle et collective et le chômage de masse. En gros, tout ce qui fait notre monde mais à un degré nettement supérieur. Et dans ce contexte de réchauffement climatique où les libertés sont suspendues, la police toute puissante et des révoltes urbaines incessantes, dans ce monde où tout se délite, une fille de douze ans tient son journal (qu'elle nomme Anne) et raconte...
Elle raconte le lent glissement de sa famille dans la pauvreté, son déménagement dans un quartier « dangereux », l'exploitation de son père par un employeur « bandit », la santé mentale de sa mère qui se dégrade au fil des jours et sa vie à l'école, ses nouvelles et dangereuses fréquentations et son basculement dans la délinquance...
Ce n'est pas vraiment de la science-fiction. Plutôt une description d'un avenir finalement presque possible. C'est parfois un peu longuet mais cette lenteur dans l'évolution du récit est sans doute voulue et participe à la crédibilité de l'histoire. C'est plutôt bien écrit mais j'avoue que j'ai eu du mal à me passionner pour ce roman au final assez prévisible.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Maman dit que je suis un être de nuit. La première fois qu’elle a dit ça je lui ai demandé ce que ça signifiait et elle a répondu : Chérie tu penses mieux dans le noir comme moi. Je crois qu’elle a raison. Me voilà debout tard ce soir pour pouvoir écrire dans mon nouveau journal. Maman me l’a donné pour mon anniversaire. J’adore écrire.
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Papa a appelé Maman aujourd’hui pour dire qu’il allait bien et qu’il n’y avait pas de problèmes aux abords de son hôtel. Les producteurs ont fini par sortir de leur local quand la Garde est arrivée dans les parages. Il devait les rencontrer ce matin. Il a dit qu’il serait de retour demain puisque tous les problèmes étaient réglés aux abords de l’aéroport. Il dit que ça paraît bien plus grave à la télé mais c’est toujours comme ça chérie Maman a dit.
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Quelques amis de papa ont déclaré à tout le monde combien ils avaient de la chance de l'avoir connu. Sûr qu'ils ont de la chance ils sont toujours en vie
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You don't know who your friends are ... until you're not like them anymore.
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Mama says mine is a night mind.
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