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EAN : 9782226258113
352 pages
Albin Michel (02/05/2014)
3.46/5   24 notes
Résumé :
Lee, un petit voyou d’une vingtaine d’années, se réveille dans un hôtel miteux, à la périphérie d’une grande ville australienne, avec une balle dans le ventre et une valise pleine de billets, sans avoir le moindre souvenir de ce qui a bien pu se passer. À son chevet, Wild, un médecin morphinomane qui tente d’échapper au désastre de sa propre existence. Les deux hommes établissent vite une camaraderie de circonstance et décident de trouver refuge dans une maison à la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lee, jeune délinquant, a l'impression de faire un cauchemar : il vient de se réveiller dans le lit d'un motel, une balle dans le ventre, et il se demande bien ce qu'il fait là aux côtés d'une valise remplie de billets. Dans ce motel, il y a aussi Wild ; Wild qui a tout perdu depuis son addiction à la morphine : femme, enfant, et son travail de médecin ; Wild qui est en cavale. Josef est le troisième larron de l'intrigue. C'est un vieux gangster à la poursuite de Lee et de l'argent qu'il a dérobé. Voilà trois trajectoires vouées à se rencontrer, d'une manière ou d'un autre.
Faut-il y voir l'empreinte d'une quelconque destinée ? C'est plutôt une catastrophe en marche qui s'annonce : « Les gens ne croient au destin que lorsque l'issue est positive. C'est face à la catastrophe qu'on entrevoit d'autres possibilités, multiples, qu'on imagine des versions plus heureuses. Ce qui est et ce qui aurait pu être se dévisagent avec nostalgie mais sans jamais se rejoindre. » (p. 213.)

Les éditions Albin Michel avaient publié en 2012 « Les affligés », un roman noir éblouissant. Avec « La mauvaise pente », Chris Womersley confirme son talent. Son oeuvre est poignante à plus d'un titre.
Celle-ci est traversée de bout en bout par la question du temps : « Comment savoir qu'on agit comme il faut ? Comment le savoir ? La vie devrait se dérouler à l'envers : au moins, on pourrait voir les conséquences de ses actes en premier. » (p. 288.)
L'auteur, qui a un style percutant, sait également très bien rendre par la linéarité des mots la qualité des ambiances, la manière dont les couleurs viennent habiter l'espace, qu'il s'agisse de l'espace physique ou mental : « Wild savait que toutes les ténèbres n'étaient pas les mêmes. Certaines étaient plus complètes que d'autres, plus galbées, plus denses ou plus compliquées qu'il ne semblait à première vue. Certaines étaient familières, et d'autres pas si faciles à identifier. » (p. 157.)
L'ensemble est poignant, attendrissant parfois, notamment quand la neige se met à tomber, inopinément, ce qui permet à Josef une découverte inédite, lui qui n'avait de cet élément qu'une représentation abstraite, par le biais des mots de sa mère.
L'environnement, inhospitalier et froid, vient faire écho au monde intérieur que porte chacun des protagonistes : l'enfance, les souvenirs, le remords ressurgissent çà et là au détour du chemin : « Soudain, il pensa à une expression de sa mère – c'était quoi ? Tremblement de terre. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Autrefois, quand il était enfant. Tremblement de terre. Les souvenirs sont des monstres étranges, faisant surface inopinément, surgissant de profondeurs inattendues. » (p. 105-106.). Dans cette oeuvre, l'action, la fuite en avant ne sont pas premiers, c'est plutôt le champ de l'introspection que l'auteur veut mettre en valeur, le retour sur soi et son passé.

Mais la blancheur immaculée de la neige, aussi séduisante soit-elle, ne trompe personne : même si elle pare le paysage d'une beauté sculpturale, celle-ci reste fragile et ne peut masquer le délabrement des choses et des êtres : « le jardin était spectaculaire. Avec ses gouttières étincelantes et son toit blanc, même cette baraque délabrée avait embelli, comme si elle avait été destinée à ce décor-là. Sur ce fond de ciel sombre et moutonneux, ce taudis était presque rayonnant. » (p. 296-297.)
Chris Womersley peint ici une fresque aussi grandiose que noire sur une catastrophe en marche, un tremblement de terre souterrain, qu'un tableau blanc viendra accueillir et engloutir, sur le fond d'un ailleurs : « Enfin. Sauvé il serait sauvé il serait. Sauvé. » (p. 331.) Au terme du chemin, il reste le contraste du blanc immaculé et sépulcral d'une neige touffue et la noirceur d'ensemble. Sublime et bouleversant.
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Ce second roman publié en français par Albin Michel et en fait le premier de l'auteur, Chris Womersley. Et quelque part je le comprends assez car, même s'il est très bien, je l'ai trouvé un peu moins prenant et abouti que le fameux Les affligés. Mais il faut avouer que La mauvaise pente est un très bon roman noir qui se déroule dans une ambiance angoissante avec en toile de fond trois hommes, tous porteurs d'une solitude et qui vont se retrouver mêler les uns aux autres.

Lee est un jeune voyou d'une vingtaine d'années qui vient de sortir de prison. Wild est un médecin qui fuit suite à une accusation d'erreur médicale. Enfin Josef est un vieux gangster qui était en prison avec le premier.

Tout commence dans un motel d'on ne sait quelle région ni même d'on ne sait quel pays (l'Australie ?). Lee est blessé par balles et est inconscient sur son lit. La patronne du motel somme le nouvel arrivé, le médecin qui cherche à se cacher, à soigner le jeune et à l'emmener avec lui. D'une corvée imposée, les deux hommes commencent à s'apprivoiser et à presque apprécier la compagnie. Car les deux en ont beaucoup sur la conscience et la valise pleine de dollars qui accompagnait Lee ne laisse rien présager de bon. Alors à deux la quête d'anonymat paraît plus accessible et la rédemption plus proche encore.

Toute l'intrigue navigue entre un Wild pétri de regrets (car avec une famille laissée en même temps que sa profession) et un Lee revanchard qui serait bien prêt à tuer pour reprendre sa place dans la société. Et dans l'ombre s'approche le redoutable Josef qui lui aussi pourrait faire couler le sang. Dans ce jeu de piste, les trois hommes vivent à l'écart de tout, bien loin des femmes, des considérations existentielles ou même des moindres projets sur l'avenir. La mauvaise pente c'est avant tout de l'ultra réalisme représenté par de l'argent en pagaille, des blessures jamais cicatrisées et de la survie au jour le jour.

Je suis allée voir le film The Rover ce week-end (avec le bellâtre Pattinson) et j'ai tout à fait retrouvé l'atmosphère aride de ce roman. Il n'y a pas de lien mais dans l'amitié de deux hommes forcés de cohabiter, les deux trames s'entremêlent. Dans les deux, un homme plus âgé prend son cadet (qui pourrait être son fils) sous son aile et l'apprentissage est avant tout celui d'une vie où peut primer la confiance.
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Tout commence comme dans un vieux film noir américain des années 40 : dans un motel miteux, la rencontre entre un jeune malfrat blessé par balles et un vieux médecin en disgrâce, morphinomane. La cohabitation entre ces deux fugitifs, la traque d'un tueur sur le retour, lancé à leurs trousses : décors poisseux, corps qui se déglinguent, solitude à deux et dégringolade vers l'enfer. Premier roman de l'australien Chris Womersley, avant Les affligés, La mauvaise pente est moins original que son successeur, moins profond mais pose déjà un univers. Cruauté du monde, destins tous tracés, identités bafouées, drames déclencheurs d'un sort fatal. le style de Womersley est loin d'être léger et certaines scènes (celle du cheval) sont insoutenables dans leur violence crue. Mais la noirceur, aussi terrible soit-elle, est parfois parsemée de quelques traces d'humanité. le livre frappe fort, sans nuances, celles-ci viendront plus tard avec l'expérience d'un auteur qu'on ne peut que suivre de près.
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Quand Wild rencontre Lee celui-ci git dans une chambre d'hotel avec une balle dans le ventre. le médecin en déchéance qu'il est fuit alors au volant de sa voiture avec ce parfait inconnu qui frole la mort. Les deux comparses sont tous les deux en fuite, l'un morphinomane veut échapper à un procès, le second s'enfuit avec une valise pleine d'argent qui ne lui appartient pas. Les deux hommes vont alors cohabiter ensemble sur les routes d'abord et ensuite dans une maison de campagne au milieu de nul part tandis que Joseph est à leur poursuite pour remettre la main sur l'argent dérobé par Lee. Où cette fuite les mènera t'elle ? Joseph les retrouvera t'il ? Toutes les questions se bousculent à la lecture de ce roman...

Quand deux paumés en fuite se rencontrent sans l'avoir désiré, prennent la route et s'apprivoisent l'un l'autre on obtient donc ce suprenant roman de Chris Womersley ! A première vue les deux personnages ont peu de points communs, à première vue seulement car au fil des pages les révélations se font et Wild et Lee ont peut être plus en commun que ce qu'ils pouvaient imaginer au début.

La vraie réussite de ce roman est qu'on ne sait jamais où l'auteur nous emmène ! Chaque chapitre semble chambouler le précédent, tout est toujours remis en question pour semer le doute dans l'esprit du lecteur. Les éléments s'ajoutent, s'enchainent pour offrir peu de répit dans la lecture et garder un rythme soutenu au fil des chapitres. N'espérer pas que la suite est écrit d'avance et simplement... ça en est presque agaçant de ne pas savoir où l'on va clairement dans cette histoire.

L'intrigue est en partie là où on ne l'attend pas et le final est... des plus surprenants. On referme ce livre sans avoir imaginé cette issue, Chris Womersley nous a brillamment emporté dans La mauvaise pente.

Le roman nous a alors emmené dans une fuite quelque peu périlleuse, nous a emmené à la rencontre de deux paumés portés par la force du désespoir pour réussir à s'échapper de tout et le tout porté par une écriture remarquable.
Lien : http://www.ptitblog.net/6/la..
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J'ai en réalité attendu plus de deux ans 1/2 avant de vraiment me plonger dans ce roman acheté à sa parution en France.
Pourquoi ? Je ne saurais trop dire...J'avais été tellement emportée par Les affligés que je devais redouter de lire le premier roman de l'auteur, ou peut-être parce que les premières pages ne m'avaient pas convaincue (je suis persuadée qu'un livre se "rencontre" : il doit être lu au bon moment, et il n'aura pas la même saveur, le même impact, selon le moment où on tourne ses pages).

Ce roman, qui est en fait le premier que Chris Womersley ait écrit avant Les affligés, promet déjà dans sa narration toutes les noirceurs de l'humanité. Des paumés, une situation inextricable pour l'un (pourchassé après avoir dérobé du fric à des malfrats et salement amoché par une balle) comme pour l'autre (toubib révoqué suite à une erreur médicale et franchement accro à la morphine), et un type à leurs trousses.

Ça ne pouvait pas bien tourner et la mort est au rendez-vous (des dernières pages précipitent la chute, inéluctable), mais malgré le destin en marche, c'est de deux hommes qu'il s'agit, deux bonhommes finalement ordinaires, avec leurs doutes et leurs regrets et surtout avec un lien qui se tisse entre eux, comme un début d'amitié.

Alors on oublie les quelques pages du début qui trainent en longueur, on oublie la scène finale avec le cheval, pour ne retenir que la prose de Chris Womersely, délicate et précise dans la noirceur du propos, et les fulgurances poétiques dans ces lignes très sombres.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
En cavale pour de bonnes raisons, unis par le hasard, deux êtres vont apprendre à compter sur l’autre. Womersley plus sombre que dans "Les Affligés".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
13 mai 2014
Le monde selon Chris Womersley est une mer furieuse et magnifique, mais la vie est un naufrage. « La Mauvaise Pente » renouvelle le roman noir, ramené à une épure. A un élixir de chagrin et de désespoir.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Emergeant de profondeurs océaniques, Lee revint lentement à lui. Il lui semblait que c'était en rêve qu'il battait des paupières, face à ses genoux cagneux. La chambre se taisait, comme s'apprêtant à l'accueillir. Telle une grossière figurine d'argile, rigide et très ancienne, il était couché dans ce lit, et il clignait des yeux.
Enfant, s'il avait peur, la nuit, il s'efforçait de respirer de façon à ne pas attirer l'attention de la chose tapie dans l'obscurité. tout doucement. Comme si on pouvait se cacher des fantômes qui hantaient les chemins, à la recherche d'enfants à dévorer. A une certaine époque - il avait quatorze ans -, il se réveillait même parfois parfois avec la sensasion que sa chambre tout entière, arrachée de ses gonds, était propulsée à travers l'espace. A ce moment-là, Claire, sa soeur, se matérialisait à son chevet, plaçait fermement ses mains sur ses épaules et attendait que cessent ces pleurnicheries. Elle ne disait rien. Il n'y avait rien à dire, vu la situation.
Et, là encore, Lee s'efforçait de rester aussi immobile que possible, de se faire tout petit au sein de l'univers, convaincu que la potentielle perturbation de son réveil pourrait affecter le déroulement de la journée. Autant partir du bon pas. Il prolongea encore un peu ce moment. De l'air tiède murmurait dans ses poumons. Il humecta ses lèvres et parcheminées.
Finalement, il s'autorisa à respirer plus normalement et ouvrit les yeux. La chambre était rougeâtre, le jour filtrait à travers un fin voilage. Mur d'un jaune sinistre, fenêtre en aluminium. Une chambre de motel, apparemment.
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Le cœur de Lee s'agita dans sa poitrine. Il sentait la sueur sous ses aisselles, des picotements au cou. Il avait envie de déféquer ou de sangloter, comme si tout son corps était sur le point de le lâcher. (p. 70)
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Il alla sur la passerelle surplombant le parking et posa les mains sur le garde-corps humide. A perte de vue, l'implacable grammaire urbaine des toits en terrasse, antennes, câbles et lumières tremblotantes.
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Le jardin était spectaculaire. Avec ses gouttières étincelantes et son toit blanc, même cette baraque délabrée avait embelli, comme si elle avait été destinée à ce décor-là. Sur ce fond de ciel sombre et moutonneux, ce taudis était presque rayonnant. Il emprunta des chemins touffus. Un filet d’eau glacée dégoulina dans son dos.
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Soudain, il pensa à une expression de sa mère – c’était quoi ? Tremblement de terre. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Autrefois, quand il était enfant. Tremblement de terre. Les souvenirs sont des monstres étranges, faisant surface inopinément, surgissant de profondeurs inattendues.
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