AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Black Road tome 2 sur 2
EAN : 9781534302266
120 pages
Image Comics (01/08/2017)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Having located Bishop Oakenfort on the extreme northern coast of Norssk, Magnus The Black moves in on this rogue Vatican outpost with the intent to shut it down. But as formidable a Viking warrior as Magnus is, he is still one man versus a fortress. The epic conclusion to the story started with volume 1's "The Holy North".
Que lire après Black Road, tome 2 : A Pagan DeathVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The holy north (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2017, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Garry Brown, avec une mise en couleurs de Dave McCaig, et un lettrage de Steve Wand, soit la même équipe créatrice que le premier tome.

En 1001, dans une région désolée au nord de la Norvège, Magnus le noir est en train de dormir sous sa tente en se remémorant sa peur du noir quand il était petit. Il est réveillé par un bruit de brindille écrasée. Il saisit de suite son épée. Julia fait demi-tour sans aller jusqu'à la tente. le lendemain matin, il est en train d'observer la forteresse d'Oakenfort, à bonne distance, avec Kitta à ses côtés. Elle se plaint de l'attente ; il lui explique qu'il est essentiel d'observer les allées et venues des patrouilles pour connaître leur routine et s'élancer au bon moment. Kitta n'en a que faire de ces atermoiements et de ces précautions, elle s'élance sur une patrouille et en garde 2 en vie pour que Magnus puisse les interroger. Magnus apprend ainsi que l'évêque d'Oakenfort attend un navire qui doit arriver le lendemain et lui apporter une relique inestimable : la lance de Longin.

Magnus et Kitta se rendent sur une falaise surplombant le port d'Oakenfort. Ils voient effectivement arriver 3 navires. Ils assistent au débarquement d'une caisse très protégée par le moyen de palans, à partir du vaisseau central. Kitta assure qu'elle peut s'élancer sur le navire et faire en sorte que cette précieuse cargaison finisse au fond de l'eau. Magnus lui fait observer que cette stratégie ne résoudrait rien. La lance (ou plutôt l'épée) de Longin conserverait sa valeur symbolique, et sa proximité avec Oakenfort renforcerait quand même le prestige de cette place forte et de son évêque qui se fait également appeler Oakenfort.

Le premier tome avait permis de se faire une idée de la dynamique assez particulière de cette série. Après la série Northlanders publiée par Vertigo, Brian Wood lui donne une suite thématique officieuse, en reprenant les mêmes principes. Il raconte donc une aventure historique se déroulant en 1001, mettant en scène un personnage principal viking. Il utilise des anachronismes pour les dialogues, faisant jurer les personnages comme dans un comics contemporain, et il donne au personnage principal une conscience aigüe de sa condition, et de son environnement social, comme s'il pouvait le juger avec des valeurs plus contemporaines. Ce décalage produit un effet de commentaire social direct et décalé. Mais avec le recul, le lecteur se rend compte que cet effet n'est pas plus artificiel que de vouloir prétendre pouvoir recréer le passé de manière authentique, à la fois en ce qui concerne les comportements et les tournures de phrase. La narration visuelle était assurée par des dessins âpres et sans afféteries qui transportait le lecteur dans une société fruste et rugueux, peuplée d'individus durs et besogneux.

Le lecteur retrouve exactement cette ambiance dans ce deuxième tome. Il sourit un peu en voyant la silhouette massive de Magnus le noir, un vrai colosse, très résistant au froid, à l'effort et à la douleur. Garry Brown lui dessine des poings plus gros que la tête, et des biceps plus gros que la tête. Il apparaît comme une force de la nature que rien ne peut arrêter, au point que le lecteur ne peut concevoir qu'il puisse être grièvement blessé. Effectivement sa stature et sa morphologie font que le lecteur peut croire à sa résistance et à son endurance. Par contre il a du mal à croire qu'une telle armoire à glace puisse passer inaperçu dans une foule, avec un simple capuchon. le lecteur admire la manière dont l'artiste arrive à donner vie aux personnages, même si leurs visages sont dessinés grossièrement à coups de traits gras. Il réussit à marier une apparence de dessins exécutés rapidement sans finitions, avec des particularités qui rendent chaque protagoniste unique. Chacun se distingue par sa tenue vestimentaire, par sa chevelure, sa couleur de peau, sa taille, sa morphologie. le lecteur ne risque pas de confondre Kitta avec Julia, ou Oakenfort avec un autre prêtre.

Malgré une apparence grossière, les dessins comportent un nombre significatif d'informations visuelles, suffisant pour donner de la consistance aux environnements, pour permettre au lecteur de se projeter dans cette reconstitution historique. L'artiste sait transcrire l'allure générale des bâtiments et des navires. Ses dessins ne constituent pas une description photographique, mais ils sont suffisants pour convaincre le lecteur qu'il s'agit d'un navire viking, ou d'une ville fortifiée moyenâgeuse. Il peut sentir la dureté et la froideur du sol sur lequel Magnus a planté sa tante. Il peut voir l'aridité autour de la place forte d'Oakenfort et le dénuement des arbres, ainsi que la rareté de la végétation. Il ressent la résistance spongieuse des rues en terre, et il constate la présence des flaques d'eau qui ne s'assèchent pas. Il ressent la viscosité de la boue à la manière dont elle colle aux chausses de Magnus et d'Oakenfort. Il regarde Julia et Magnus progresser dans l'herbe de la lande qui ondule. Dave McCaig complète les dessins avec adresse, sans les écraser, sans donner l'impression que les couleurs pallient les déficiences ou les manquements de formes encrées bâclées. Il utilise essentiellement des teintes verdâtres et brunâtres pour rendre compte de la luminosité particulière de cette région du monde située très au nord. Il ajoute un peu de reliefs aux surfaces pas sous la forme de dégradés lissés, mais sous la forme de gros coups de pinceaux, en cohérence les traits du dessinateur. Il faut que le lecteur prenne un peu de recul pour se rendre compte que traits et couleurs tirent discrètement les dessins vers une forme douce d'expressionnisme, ce qui souligne les états d'esprit, la volonté farouche de Magnus, le décalage de la pensée de ceux à qui il s'adresse.

Bien qu'ils donnent une impression d'exécution grossière et rapide, les dessins et les couleurs plongent le lecteur dans un monde consistant, face à des personnages au caractère décidé. le lecteur prend donc plaisir à découvrir le comportement de Magnus et la manière dont il va exécuter sa vengeance. Dans un premier temps, il ne comprend pas forcément pourquoi il s'expose ainsi, plutôt que d'exécuter froidement Oakenfort en toute sécurité. Il n'arrive pas à deviner ce qu'il attend de Julia. Par contre, Brian Wood explicite la manière dont Magnus envisage son partenariat avec Kitta. À nouveau le lecteur ne peut pas réprimer un sourire en voyant le rôle joué par cette dernière, celui dévolu à une héroïne contemporaine, plutôt qu'à une femme maure à cette époque. Déjà son métier de forgeronne était peu plausible. Cela reste logique avec le choix de raconter le récit avec une sensibilité moderne, plutôt qu'une reconstitution historique hasardeuse à base d'hypothèses invérifiables.

Le lecteur retrouve donc les réflexions de Magnus sur la nouvelle religion (le christianisme) qui est imposée aux populations locales, et dont il estime qu'elle va devenir la religion dominante du fait des moyens dont disposent les colonisateurs. Il considère donc la situation et l'évolution de la religion, avec un regard analytique particulièrement affuté. Il utilise également sa force herculéenne et sa résistance physique pour se battre et résister aux mauvais traitements qu'il subit. Ce récit conserve donc une forme d'aventure, dans laquelle un individu aux capacités physiques supérieures aux autres se mesure à des individus se positionnant comme des ennemis. Toutefois le lecteur se demande bien pour quelle raison Brian Wood a apposé la mention A Magnus the black mystery, en ouverture de chaque chapitre. En effet arrivé au terme de ce tome, il ne voit pas en quoi il s'agissait d'une enquête. Il se souvient alors que le terme de mystère peut aussi renvoyer à un rite ou enseignement mystique, caché à ceux qui n'y sont pas initiés, ou au plan divin de salut dans la religion chrétienne. Effectivement de ce point de vue, Magnus s'expose au credo de cette nouvelle religion et accepte de le considérer dans ce qu'il peut avoir de paradoxal, entre les valeurs professées, et la manière dont se conduise une partie des envoyés de cette église. le scénariste réussit à maintenir un équilibre précaire entre le questionnement mystique de Magnus, sa capacité à renoncer à sa foi païenne, et une religion imposée par la force. Il ne s'agit effectivement pas tant d'un questionnement sur la foi, que d'une sensibilité mystique que l'auteur ne tourne jamais en dérision.

Ce deuxième tome apporte une résolution satisfaisante à l'histoire de Magnus le noir, de sa vengeance de la forteresse d'Oakenfort avec son évêque souhaitant établir son indépendance, et de la jeune Julia. Les dessins âpres et rugueux de Garry Brown immergent le lecteur dans cet environnement et cette époque, avec une conviction inattendue au regard de leur apparence de surface, bien complété par le travail tout aussi sophistiqué du metteur en couleurs Dave McCaig. Brian Wood a conçu sa narration de manière à s'appuyer sur les compétences des artistes, développant régulièrement des scènes essentiellement visuelles. Il réalise un amalgame assez improbable à base de personnage principal fort et introverti, dans l'action mais aussi dans une quête mystique crédible, de reconstitution historique, de dialogues contemporains, et de destin peu clément. En fonction de sa sensibilité, le lecteur éprouve des sursauts d'incrédulité, 4 étoiles, ou se laisse convaincre par le charme de cette narration personnelle et sophistiquée.
Commenter  J’apprécie          40


Video de Brian Wood (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Brian Wood
Nortlanders de Brian wood ed: Urban
autres livres classés : résistanceVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}