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Black Road tome 1 sur 2
EAN : 9781632158727
136 pages
Image Comics (11/10/2016)
4/5   3 notes
Résumé :
1000 A.D. The Christian conversion of pagan lands is well underway, turning the Viking north into a bleak war zone of occupation and violence. Magnus The Black is an ex-warrior turned fixer for the Church, only looking to ease his people through this painful time. But when a Vatican official under his care is murdered on the infamous "Black Road", he uncovers a secret, something so big it threatens to change the balance of power in all of Europe.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Brian Wood avait déjà écrit une suite d'histoires consacrées aux vikings dans la série Northlanders, à commencer par Sven the returned. Ce tome contient les épisodes 1 à 4 (sachant que le premier est double), initialement parus en 2016, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Garry Brown, avec une mise en couleurs réalisées par Dave McCaig. Wood et Brown avaient également collaboré dans la série The Massive, à commencer par Black Pacific. Ce tome commence par une page de texte évoquant le contexte de l'évangélisation des villes vikings et l'édification d'une église qualifiée d'Hérésie d'Oakenfort à l'extrémité nord du territoire.

Le récit se déroule en l'an 1000. Il commence par un viking d'une stature gigantesque, en train d'enterrer une femme morte dans une tombe creusée à même le sol qu'il recouvre ensuite de pierres qu'il soulève à main nue. Quelques temps plus tard, Magnus le Noir (c'est le nom de ce viking) séjourne dans le village d'Iskfold. À l'auberge, il est abordé par un individu qui souhaite louer ses services. Il s'agit de servir d'escorte à un cardinal nommé Farina. Celui-ci souhaite emprunter la Route Noire (Black Road du titre) pour se rendre sur la côte d'Hammaruskk, jusqu'à l'Hérésie d'Oakenfort. Magnus accepte le boulot, après s'être assuré que personne ne suit le cardinal, et qu'il ne s'agit pas d'un guet-apens. Avant de partir, Magnus va récupérer ses armes auprès de Kitta, la maure qui s'est établie comme maréchal-ferrant à Iskfold.

Les 2 compagnons de route progressent à cheval sur des routes désertes, devant parfois passer des cours d'eau avec de l'eau jusqu'à la taille. le soir autour d'un bon feu, Magnus interroge le cardinal sur la foi chrétienne. Ce dernier évoque en particulier le rituel du baptême. Au bout de quelques jours, Farina et Magnus sont attaqués par une équipe de brigands. Magnus découvre que leur objectif est de passer le cardinal Farina par le fil de l'épée. Il découvre également que le cardinal lui a caché qu'ils sont suivis par un individu qu'il désigne sous le nom d'ange gardien. le voyage s'annonce très périlleux.

Le lecteur peut être venu à cette série parce qu'il a déjà lu Northlanders et qu'il souhaite retrouver la narration particulière de Brian Wood sur ses histoires de vikings. le nouveau lecteur constate rapidement qu'il y a une forme de décalage entre la période du récit et la manière dont parlent les personnages. Ils n'emploient pas de termes anachroniques, mais leurs tournures de phrase sont modernes, et certains mots de vocabulaire renvoient à des concepts sociaux modernes. de la même manière, il est pris au dépourvu en découvrant que le maréchal-ferrant est une femme, de couleur qui plus est. Il s'agit d'un parti pris narratif sciemment choisi par Brian Wood qui refuse une narration académique trop rigide, ou des personnages trop stéréotypés (d'où le placement d'une femme dans un métier d'homme). Une fois que le lecteur a identifié cette particularité narrative, il s'y adapte facilement et se rend compte qu'elle rend les personnages beaucoup plus vivants. Il se dit que finalement c'est le signe que Brian Wood estime que la nature humaine est inchangée, qu'elle est identique à toutes les époques.

Le lecteur constate également que Kitta n'est le seul personnage à être fortement typé. Magnus est un colosse à la musculature très impressionnante, avec un crâne soigneusement rasé de près et une barbe longue et épaisse. Ses biceps sont plus gros que sa tête, comme une sorte de musculature de superhéros. Il dispose d'une résistance à la souffrance hors du commun (mais en partie expliquée par son stoïcisme pragmatique), et il ne semble pas souffrir du froid (là encore à un degré un peu forcé). le cardinal est à peu près aussi épais qu'une feuille de papier à cigarette, avec un visage fortement ridé et des cheveux gris. L'ange gardien dispose également d'une morphologie unique, et d'une vivacité impressionnante. Les auteurs ont donc choisi de donner une apparence fortement marquée aux principaux personnages, comme si leur personnalité transparaissait au travers de leur apparence physique.

Garry Brown réalise des dessins, en détourant les formes d'un trait rapide et irrégulier, comme s'il s'agissait d'une étape intermédiaire entre l'esquisse et le dessin encré avec soin. Il ajoute des gros traits épais et rugueux pour figurer les textures ou les ombres portées. Ce mode de dessin leur donne une apparence âpre et quelque peu mal dégrossie, en adéquation avec la vie dure et difficile dans ces contrées encore majoritairement sauvages. Néanmoins ces dessins à gros traits ne sont pas synonymes d'à peu près ou de précipitation. de séquence en séquence, le lecteur peut observer des détails comme les huttes en bois d'Iskfold, la cotte de maille de Magnus, la tenue vestimentaire ouvragée de l'ange gardien, les toits des maisons à Rome, les habits de l'évêque Oakenfort, etc.

Le parti pris graphique de Garry Brown se trouve totalement justifié lors des scènes de combats qui se déroulent toutes à l'arme blanche ou à l'arc. le choix de traits appuyés et rapides transcrit la brutalité des affrontements, la force primaire utilisée pour frapper, les plaies béantes infligées par des armes basiques. le dessinateur n'a pas besoin de se complaire dans les détails gore pour faire ressortir le choc entre individus, la nécessité de frapper le premier pour survivre, la boucherie sanguinolente qui s'en suit. Tout au long de ces pages, le lecteur constate également que Garry Brown dispose d'un niveau élevé de compétence en tant que metteur en scène. Il sait aussi bien mettre en avant les personnages, varier les angles de vue lors des discussions, ou ouvrir le champ lors du cheminement des personnages. Sa narration visuelle est en parfaite cohérence avec la nature du récit. D'ailleurs le lecteur observe que le scénariste se repose entièrement sur l'artiste pour raconter l'histoire, en limitant le volume de phylactères dans de nombreux passages.

Brian Wood reprend donc le thème des vikings pour une nouvelle histoire, indépendante de celles racontées dans la série Northlanders. Cette fois-ci, il ne s'attache pas à des faits historiques, ou en tout cas il choisit des noms de lieu qui ne sont pas identifiables, qu'il n'est pas possible de placer sur une carte. Il a choisi des personnages fortement typés, ce qui lui permet d'assurer le spectacle et de rester dans le domaine du divertissement. Il a construit une solide intrigue dont la nature n'est pas immédiatement apparente. En découvrant l'histoire de Magnus le Noir, le lecteur se dit qu'il va suivre le destin d'un guerrier plus robuste que les autres. Il y a bien sûr un peu de cela, avec le sort de sa famille, et sa quête de spiritualité. Mais le regard du lecteur est également attiré par le sous-titre présent sur chaque page de titre : une enquête de Magnus le Noir (A Magnus the Black Mystery). le scénariste écrit donc un polar viking.

Il s'agit d'un polar ancré dans l'environnement dans lequel il se situe : l'an 1000 au pays des vikings. Avec cette perspective en tête, le lecteur se dit que l'auteur a repris les conventions propres au détective privé de type dur à cuire (hardboiled) qu'il a transposées à cette époque, avec un guerrier viking plus fort que la normale. Une autre des caractéristiques du polar hardboiled est d'éclairer des aspects peu reluisants de la société. L'intrigue met effectivement en avant les ravages de la christianisation dans ce pays. Les prêtres chrétiens arrivent avec leurs armées pour convaincre de force la populace. Wood se montre très malin car le personnage principal Magnus a perdu la foi dans les dieux nordiques, et il s'interroge sur les pratiques chrétiennes. C'est donc un individu capable de prendre du recul à la fois sur les pratiques religieuses ancestrales de son peuple, mais aussi sur celles des conquérants, sans les rejeter d'office.

Ce premier tome de Black Road reprend l'approche narrative de la série Northlanders, avec une efficacité intacte. Brian Wood a conçu un récit dense, à la fois polar historique, mais aussi regard sur l'expansion de la religion chrétienne, sans oublier de donner une personnalité à ses protagonistes. Il utilise sciemment un parler contemporain pour donner plus de vie à ses personnages et contourner un académisme pesant. Garry Brown se révèle être l'artiste idéal du fait de sa narration compétente, et de l'apparence rugueuse et primale de ses dessins. le lecteur prend plaisir à découvrir un divertissement adulte et intelligent, sans être condescendant. Il apprécie la forme de polar, et relève avec gourmandise les éléments historiques, comme ce village abandonné pour l'hiver et servant de garde-manger en préservant la nourriture pour le retour des habitants avec les beaux jours.
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