Basé sur les pratiques scandaleuses dans une prison pour adolescentes de 14 à 18 ans (le "Hay Institution" qui a -heureusement- fermé ses portes en 1974),
Charlotte Wood a transposé son roman dans un ancien camp de tondeurs de moutons, au fond du bush, à notre époque. le livre à remporté plusieurs prix littéraires en Australie mais y a également causé de vives discussions.
L'auteure dénonce une contradiction toujours actuelle dans notre société d'aujourd'hui, encore (trop) dominée par les hommes. Si on pardonne de façon générale plus facilement à la gent masculine les frasques extra-conjugales, ces mêmes actes sont étiquetés comme mauvais et vulgaires quand c'est la femme qui en prend l'initiative. Et pire, si ces femmes deviennent victimes et osent s'en ouvrir au monde...
Comme ces dix filles dont il est question dans ce récit et dont le "on" (influent) a voulu se débarrasser.
Il n'est jamais clairement écrit ce que ces jeunes femmes ont vécu, seulement suggéré, par bribes, en sautant de l'une à l'autre. On n'apprend presque rien sur leur vie antérieure sociale, exception faite pour Yolanda et Verla, les protagonistes principales. Mais là aussi, si peu, que le lecteur peine à s'y attacher... et s'en détache d'ailleurs complètement quand, dans la deuxième partie du livre, la faim les pousse, dans un instinct de survie, à des activités obsessionnelles.
C'est alors que mon intérêt est tombé tout à fait. A l'instar de ces jeunes femmes j'avais l'impression de tourner en rond... sans répit.
Et il y a une chose qui m'a franchement agacée. Au début de leur emprisonnement, quand elles disposent encore de toutes leurs forces et vigueur, elles ont, plusieurs fois, l'occasion de s'en prendre à leurs deux geôliers masculins (sensiblement de leur âge et tout sauf musculeux), mais non !, elles subissent sans réagir (ou à peine) les brimades et humiliations, physiques comme morales, jusqu'à n'être plus que des déchets humains.
Ce n'est que la belle plume descriptive de C. Wood (on ressent les sévices subis, on meurt de soif, on se sent crasseux, on avale la poussière, comme les lapins... tellement on ressentît la faim)... qui sauve finalement ce récit, sans réelle histoire, ni épilogue.
Merci à Babelio et aux éditions le Masque dans le cadre d'une masse critique privilégiée.