Trois semaines plus tôt, Lucile roulait tranquillement dans sa voiture de location, dans une de ces rues interminables, désertes, bordées de pelouses si vertes qu’elles semblent artificielles et d’arbres si beaux qu’ils semblent nourris aux fertilisants.
Soudain, venu de nulle part, un homme, vêtu d’un jean et d’un hoodie, s’était jeté sous ses roues. Lucile avait eu assez de réflexes, malgré la surprise et la peur, pour éviter l’homme, mais elle l’avait quand même effleuré et renversé. Bondissant hors de sa voiture, elle avait couru vers le malheureux. Il n’était pas blessé, mais avait crié après elle pour l’avoir épargné. Lucile, incrédule, avait pensé avoir affaire à un fou et n’avait pas su comment réagir.
— Depuis quand es-tu devenue une accro au portable ? demanda tout à coup Chloé à Lucile. Tout KP67 ne parle que de ça. On dit que tu l’as rapporté de ton voyage et qu’il est unique. Fais voir ?
Lucile rougit et jeta un regard dédaigneux sur Chloé, qui s’écria :
— Tu le gardes précieusement… un souvenir d’un amant de voyage, peut-être ?
Lucile ne put s’empêcher de sourire, et Chloé de s’écrier :
— C’est ça, j’ai deviné ?
— C’est ça, oui, concéda Lucile, remise de son émotion, avec un sourire rusé. Bon, puisqu’il dérange tout le monde, je reprendrai mon ancien portable.
Lucile avait effectivement rapporté ce mystérieux portable de son voyage…
Aujourd’hui, Fanny était loin de la salle plutôt délabrée du foyer des lycéens. Spacieux, confortable, clair, l’espace détente de KP67 possédait une machine à café à faire pâlir un célèbre acteur d’Hollywood et des poufs géants, colorés et moelleux qui n’attendaient qu’une seule chose : qu’on leur saute dessus !