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Citations sur De la maladie (18)

Il devrait exister, nous disons-nous, des romans consacrés à la grippe et des épopées à la typhoïde, des odes à la pneumonie et des poèmes lyriques à la rage de dents. Or il n'en est rien.
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Il y a, avoue-le (car la maladie est le confessionnal suprême) une franchise toute enfantine dans la maladie : des choses sont dites, des vérités échappent étourdiment que la prudente respectabilité de la santé dissimule.
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La littérature s’évertue à répéter qu’elle a pour objet l’esprit, prétendant que le corps est une paroi de verre transparente à travers laquelle l’âme peut percevoir distinctement et que, mis à part une ou deux passions comme le
désir et la cupidité, le corps est néant, quantité négligeable et inexistante. Mais, précisément, c’est l’inverse qui est vrai. Jour et nuit, le corps se manifeste, s’émousse ou s’affûte, se rembrunit ou pâlit, se change en cire dans la chaleur du mois de juin avant de redevenir suif dans les ténèbres de février.
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Cependant, en temps normal, nous devons avec affabilité entretenir cette comédie et redoubler d’efforts pour communiquer, civiliser, partager, cultiver le désert, éduquer les indigènes, travailler ensemble le jour et, la nuit, prendre du bon temps. Mais la maladie met fin à cette mascarade. Elle oblige aussitôt à s’aliter ou, enfoncé dans de moelleux oreillers sur un fauteuil, à décoller les pieds du sol, ne serait-ce que de trois centimètres, pour les poser sur un autre siège, et alors nous cessons d’appartenir à l’armée des gens d’aplomb : nous devenons des déserteurs.
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Lorsqu’elle tombe amoureuse, n’importe quelle écolière peut faire appel à Shakespeare ou à Keats pour s’exprimer ; mais qu’une personne souffrante tente de décrire un mal de tête à son médecin et le langage aussitôt lui fait défaut. N’ayant rien à sa disposition, la voilà obligée d’inventer elle-même des mots et, sa douleur dans une main et un morceau de son pur dans l’autre elle espère faire naître de leur entrechoquement un vocable entièrement neuf.
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La maladie oblige aussitôt à s'aliter ou, enfoncé dans de moelleux oreillers sur un fauteuil, à décoller les pieds du sol, ne serait-ce que de 3 centimètres, pour les poser sur un autre siège, et alors nous cessons d'appartenir à l'armée des gens d'aplomb : nous devenons des déserteurs. Eux marchent au combat. Quant à nous, nous flottons avec les bouts de bois au gré du courant - pêle-mêle avec les feuilles mortes sur la pelouse, irresponsable, indifférent et en mesure, peut-être pour la première fois depuis des années, de regarder autour de nous, de regarder en l'air, de regarder, par exemple, le ciel.
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La maladie nous rend peu enclins aux longues campagnes que la prose
exige. Nous ne pouvons commander à toutes nos facultés et maintenir notre raison, notre jugement et notre mémoire au garde-à-vous pendant qu’un chapitre après l’autre défile, et que, l’un à peine agencé, il nous faut guetter l’arrivée du suivant, jusqu’à ce que la structure globale – voûtes, tours et remparts – se dresse solidement sur ses fondations.
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Des ressources inestimables sont employées à des fins étrangères à tout plaisir ou à tout avantage humain. Même si nous restions tous à plat ventre, sans bouger, le ciel n’en continuerait pas moins de jouer avec ses reflets bleus et or.
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Prenons la rose. Nous l'avons vue si souvent s'épanouir dans un vase, l'associant à la beauté dans toute sa splendeur, que nous en avons oublié la manière dont elle se tient en terre, immobile, impassible, un après-midi entier. Son port révèle une parfaite dignité et une grande maîtrise de soi. La carnation de ses pétales est exemplaire. Soudain, en voilà peut-être un qui se détache posément ; et toutes les fleurs, les pourpres voluptueuses, les crèmes à la chair de cire dans laquelle la cuiller a laissé un serpentin de jus cerise, les glaïeuls, les dahlias, les lis ecclésiastiques et sacerdotaux, celles aux faux cols guindés dans des tons d'abricot et d'ambre, toutes inclinent délicatement la tête au gré de la brise – toutes, à l'exception du massif tournesol, qui salue fièrement le soleil à midi et peut-être à minuit rebute la lune. Telles sont les fleurs ; et ce sont elles, immobiles et pleines d'assurance entre toutes, que les êtres humains ont élues pour compagnes, elles qui symbolisent leurs passions, décorent leurs fêtes et reposent (comme si elles avaient quelque expérience du chagrin) sur l'oreiller des morts. Il est admirable de relever que les poètes tirent la religion de la nature, que les gens vivent à la campagne pour que les plantes leur enseignent la vertu. C'est dans leur indifférence qu'elles nous apportent un réconfort.
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Chacun recèle en lui une forêt vierge, une étendue de neige où nul oiseau n’a laissé son empreinte.
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