C’est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n’est qu’un plaisir superficiel.
Je me sens libre. J’écris ce que j’aime, un point c’est tout.
Ce que je désire, c'est du calme. Des occasions de contemplation. J'obtiens cela parfois vers trois heures du matin ; je m'éveille toujours à cette heure, j'ouvre ma fenêtre, je regarde le ciel au-dessus des pommiers.
Pourquoi la vie est-elle donc si tragique ? Si semblable à une bordure de trottoir au-dessus d'un gouffre ? Je regarde en bas, le vertige me gagne; je me demande comment j'arriverai jamais au terme de ma route. Pourquoi cette impression ? Maintenant que je l'ai exprimée, je ne la ressens plus.
Peu importent les manques et les faux pas. Du train où je vais je suis obligée d'aller au but de la façon la plus directe et la plus précise, et par conséquent je dois saisir les mots, les viser et les tirer en moins de temps qu'il ne faut pour tremper ma plume dans l'encrier.
Mais écrire est toujours difficile.
Mais la seule vie qui soit passionnante est la vie imaginaire. Une fois que les roues recommencent à tourner dans ma tête, je n'ai presque plus besoin d'argent ni de robe, ni même d'un buffet, pas plus que d'un lit à Rodmell ou d'un sofa.
Pas grand chose à dire. La vérité, c'est que toute la vie, cet été, est dans mon cerveau. Ecrire m'exalte. Trois heures passent comme dix minutes.
De plus en plus, je fais mienne cette sentence de Montaigne : "C'est la vie qui compte."
Quand on lit, l'esprit est comme une hélice d'avion, si rapide qu'on ne la voit pas, subconsciente - état auquel on parvient rarement.