AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nadael


Jour après jour l'astre solaire poursuit sa course folle, faisant miroiter ses reflets changeants sur la mer, elle-même en perpétuel mouvement. Allégorie de la vie. Trajectoire de l'homme. de l'aube au crépuscule, de l'enfance à la vieillesse, il grandit, il apprend, il pense, il se construit. Son existence est traversée de joies, de peines, de souffrances, de tendresse, de cruauté, de solitude, d'amours, d'amitiés, d'incertitudes, d'illusions et de désillusions... des remous incessants qui se fracassent dans son corps et dans sa tête, à l'image des vagues se brisant contre les rochers. Tantôt elles bercent, tantôt elles sèment la confusion, toujours les vagues ondulent et agitent l'esprit.
Le lecteur entend le ressac comme un écho, la résonnance de voix intérieures qui se mêlent à la sienne. Car Virginia Woolf explore la conscience de six personnages à travers leurs pensées profondes. Elle guette leur métamorphose au fil du temps. Pas d'actions, pas d'interractions, pas de dialogues entre les personnages, juste la voix intérieure de chacun, sa perception du monde, sa quête, ses désirs, son interprétation des choses...
Ils se sont connus sur les bancs de l'école ; Bernard aime raconter des histoires, Neville jamais satisfait cherche inlassablement l'amour, Suzanne est attachée aux arbres, à la nature, au foyer, à ses enfants, Jinny est belle et séductrice, elle prend soin de son apparence, Louis c'est l'étranger venu d'Australie, il paraît venir d'une autre époque, d'un autre temps, sans cesse rattrapé par la réalité qui le déçoit, quant à Rhoda, elle est insaisissable, mystérieuse ou angoissée, elle se tient souvent à l'écart. Et puis, il y a Perceval, le lumineux Perceval dont on n' entend jamais la voix mais qui est essentiel dans le coeur des six autres... Chaque chemin de vie nous est donc conté, avec ses soubresauts, mais les faits importent peu, ce qui compte c'est le ressenti.
Virginia Woolf nous emmène dans les profondeurs de l'être humain, et nous inonde de lumière en offrant des descriptions poétiques de la nature. Ce roman singulier au style si expérimental ne se lit pas comme un livre classique, l'enchevêtrement de monologues intérieurs lui confèrent une certaine monotonie. Il est nécessaire d'oublier ses habitudes de lecture et se laisser envahir par la voix de chacun, pénétrer leurs pensées, être en accord avec la nature environnante. La musique qui nous paraît discordante finit par s'harmoniser. le tumulte du flux et du reflux des vagues, indomptables, contribue à la richesse d'une vie, lui donne de la substance, de la couleur, de la chaleur, de la force aussi, permettant d'entrevoir la mort avec sérénité.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
Commenter  J’apprécie          506



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}