AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 518 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  


Quel chance nous avons, nous lecteurs babeliotes, d'avoir, dans ce monde de brutes, la compagnie des livres, et la possibilité de partager nos découvertes et nos analyses.

C'est encore d'un formidable roman de Virginia Woolf dont il faut que je vous parle aujourd'hui. Cette autrice est devenue, au fil du temps, un.e. de ces écrivain.e.s qui figurent mon Panthéon littéraire, c'est à dire ces auteur.e.s dont je rassemble les livres dans une partie de ma bibliothèque (on a le Panthéon qu'on peut).

Les mots me manquent pour dire toute la beauté de ce livre.

Pourtant, aux premières pages, le lecteur de Mrs Dalloway-Les vagues- Les Années- La promenade au Phare que je suis, s'est trouvé déconcerté par cette narration si différente, exubérante et fantaisiste, voire parodique, choisie délibérément par Virginia Woolf, qui disait d'ailleurs, qu'après avoir écrit La Promenade au Phare, ce livre était pour elle une sorte de « récréation d'écrivain ».
Mais, très vite, on se laisse emporter par l'histoire d'Orlando, présentée avec humour comme une biographie, qui va se dérouler depuis le 16ème siècle, où le jeune Orlando devient le courtisan favori de la Reine Elizabeth 1er, puis ambassadeur à Constantinople, se réveille en femme après une semaine de sommeil, vit dans une communauté de Tziganes, se retrouve au 18ème siècle où elle fuit la vanité et la futilité des salons pour le commerce des écrivains et poètes. Puis la voilà au 19ème siècle à l'époque victorienne dont elle critique notamment les moeurs rigides, la nature défigurée par l'industrialisation, mais qui lui fait rencontrer un aventurier des mers, Lord Marmaduke Bonthrop Shelmetdine (sic), qu'elle prénomme affectueusement Shel, avec lequel elle se marie et a un enfant. Et enfin, nous la retrouvons en 1928, année de la rédaction d'Orlando.

Une fois n'est pas coutume, je m'aperçois que je viens de vous « spoiler » ce roman, mais ce n'est pas cette histoire improbable qui est le plus important, c'est ce qu'elle sous-tend.
Je vais essayer de vous livrer les points qui m'ont marqué:

Avant tout, Orlando est, pour moi, un livre d'une folle liberté, une apologie, une défense de la liberté : la liberté revendiquée de la narration romanesque, avec une narratrice prétendument « biographe », qui intervient pour commenter les actions et parfois l'absence d'action, de son personnage, souvent avec un humour, une ironie qui m'ont fait sourire et parfois bien rire (ce dont je ne la croyais pas capable, marqué que je suis par l'image d'une Virginia dépressive et suicidaire). Cette manière de commenter les actions de son personnage me rappelle Sterne, Diderot, ou plus près de nous, Kundera. Et puis, il y a, surtout, cette façon de revendiquer pour chacune et chacun la liberté de choisir sa vie. Poussé à l'extrême ici, on peut être homme ou femme, vivre à une époque ou à une autre, peu importe, ce qui compte c'est la qualité d'être humain qui compte. Certains parlent de ce roman comme un roman féministe. Oui c'est vrai, et d'ailleurs ce livre est dédié à l'autrice féministe Vita Sackville-West avec laquelle Virginia Woolf a eu une liaison passionnée. Mais, plus que cela je trouve que c'est un roman humaniste, et qui plus est, qui prône l'harmonie de l'être humain avec la Nature, et cela nous parle en ces moments où nous sommes confrontés aux dégâts terribles que l'exploitation insensée de notre planète, notre démographie galopante, ont fait à la Nature.


L'autre aspect remarquable, qui traverse tout le livre, c'est la littérature ou plutôt la création littéraire. Orlando est d'abord un grand lecteur (ou une grande lectrice, selon l'époque), puis va s'essayer à l'écriture de différents genres littéraires. Son ambition littéraire est d'abord moquée au 16ème siècle dans un pamphlet de l'auteur Nicolas Greene, qu'Orlando avait reçu chez lui (à ce moment il était un homme). Au 18ème siècle, elle essaie d'avoir les conseils des célèbres Swift et Pope, et du moins célèbre Addison, mais tous préfèrent parler d'autres sujets, et Orlando constate d'ailleurs que leur vie, leurs pôles d'intérêt ne permettent pas de deviner le génie dont ils témoignent dans leurs oeuvres. Et puis le 19ème siècle voit Orlando reprendre l'écriture, et reprendre notamment la rédaction de son grand poème le Chêne, débutée en 1592! Nous la retrouvons enfin, écrivaine reconnue et couronnée par un Prix prestigieux lorsque la rédaction du livre se termine, en 1928. Toutes proportions gardées, cette préoccupation d'écrire une oeuvre fait penser à son contemporain Marcel Proust. En effet, dans La recherche du temps perdu, le narrateur se pose cette question récurrente de l'écriture d'un livre, et ce sont les dernières pages du dernier tome qui en exposent le thème. Il y a aussi chez Proust cette idée forte, exprimée dans le Contre Sainte-Beuve, que la vie publique d'un auteur n'explique en rien le moi profond qui s'exprime dans son oeuvre, idée exprimée aussi au détour de la vie d'Orlando

Enfin, le voyage d'Orlando au fil des siècles nous dépeint les évolutions de la ville de Londres, du paysage urbain, et des campagnes de l'Angleterre, avec notamment la laideur liée à l'industrialisation au 19ème siècle. . Et surtout Virginia Woolf décrit de façon très critique, mais avec finesse, humour et ironie, les évolutions de moeurs depuis le 16ème siècle. Sans entrer dans les détails, je citerais la violence et l'insouciance de l'époque élisabéthaine, la vanité des salons littéraires du 18ème siècle, la pruderie et le rigorisme de l'époque victorienne. Là, c'est la féministe qui parle, et qui critique la condition faite à la femme en ce temps-là: le corps enfermé sous plusieurs couches de vêtements de façon à ne laisser rien paraître de ses formes, la fonction unique de la femme étant la reproduction avec un objectif de faire dix à quinze enfants, etc… Et qui se réjouit que la condition des femmes se soit un peu améliorée au début du 20ème siècle. Je n'ai pu pourtant m'empêcher de penser que 100 ans après, cette liberté soit bâillonnée dans tant de parties du monde, Afghanistan, Iran, Arabie saoudite, et tant de pays musulmans où la femme est contrainte de cacher son corps ses cheveux et même son visage. Et que penser de certaines communautés de notre propre pays.

Il y aurait sans nul doute bien d'autres choses à dire. Par exemple, le caractère toujours positif, optimiste et tolérant d'Orlando, sa curiosité de tout.

Voilà, j'espère vous avoir convaincus, chères lectrices et chers lecteurs de Babelio, de lire ce livre étonnant, flamboyant, grisant de fantaisie sans être futile, et où passe le souffle de la liberté.



Commenter  J’apprécie          388
J'ai trouvé cette lecture marquante pour plusieurs raisons. D'abord, il y a plusieurs passages remarquables qui valent certainement une relecture, notamment les réflexions d'Orlando sur son nouveau statut de femme pendant la traversée qui la ramène à Londres et les dernières dizaines de pages où elle entend «les coups du temps», ce qui induit souvenirs et réflexions. D'ailleurs ce livre ne finit pas, il s'éteint doucement. . . Ensuite Woolf est souvent ironique, masquant d'un sourire les dénonciations qu'elle glisse ici et là, quand elle ne devient pas franchement drôle comme dans la présentation des fiancées d'Orlando, ou encore dans la façon de se débarrasser d'un encombrant archiduc.

Les éléments fantastiques participent grandement à l'enchantement; après la surprise du Grand Gel, l'étonnante longévité des personnages et les apparitions hallucinatoires sont tout aussi jubilatoires. Les apartés du biographe m'ont paru éminemment sympathiques en plus d'établir une belle complicité avec le lecteur; le ton est si juste lors de ces interventions qui ne sont jamais par ailleurs anodines. Les aspirations littéraires d'Orlando qui le suivent tout au long du récit ajoutent non seulement un fil conducteur, mais sont aussi l'occasion de captivantes réflexions sur l'art. Et quelle écriture! Toujours précise, fluide, imagée, changeant de ton sans coupure, vive, louvoyant entre les thèmes sans effort. En somme un livre à l'écriture élégante, d'une originalité renversante, qui sollicite à la fois l'intelligence du lecteur et son sens féérique; quoi demander de mieux?
Commenter  J’apprécie          341
On finit cette sélection des nouveautés poches là vous conseiller pour cet été par, une fois n'est pas coutume un classique et évidemment pas n'importe quelle classique puisque c'est sans doute le livre le plus céléèbre de l'imense Virginia Woolf..

Virginia Woolf, auteur anglais qui a révolutionné le roman au début du siècle (éclatement de la narration, utilisation systématique du monologue intérieur notamment dans Mrs Dalloway et Les vagues) a la réputation d'être un auteur difficile à aborder. pour des histoires qui nous emmènent toujours aussi loin dans les tréfonds de l'âme humaine.

Un de ses romans sans doute les plus accessible est Orlando qui avait fait l'objet en 1993 - je l'avais vu au cinéma à sa sortie- d'une belle transposition cinématographique de Sally Potter, avec Tilda Swinton dans le rôle-titre.

A travers son héros androgyne, on sait que Wollf tisse en fait le portrait idéalisé de la poétesse Vita Sackville-West avec laquelle elle entretint une liaison passionnée

Virginia Woolf entremêle son style sophistiqué et introspectif à une vraie odyssée picaresque, ironique et également follement romanesque.

On y retrouve l'humour mordant de Virginia Woolf, d'un grotesque assumé, dans ce qui est sans doute un chef d'oeuvre à la fois de singularité et de classicisme .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          310
  L'esprit exécute de folles cabrioles et gambades quand il déborde ainsi de la soucoupe . « 

Oui et c'est un bonheur  !

Que passent les jours et les siècles, que passent les royaumes, les empires, que passent toutes les modes mêmes celles des guerres , et celles des sexes mais que vive la création !

Orlando, c'est un hymne à la vie, à la littérature, à la poésie.

le temps ne passe plus pour Orlando. Pas réellement. Mais il passe vraiment !
« Le temps passa » c'est comme écrire «  il n'arriva rien du tout ».
Alors elle écrit, il écrit, ...écrire !

Et peu importe l'heure à laquelle nous arriverons ! Prenons toutes les routes , seul nous contera la vérité de l'acte !

« Et comme le jour était bref et que le jour était tout... »

L'enfant maladroit et solitaire, heureux et poète, amoureux fou continue de vivre.

Oublie-t-il d'en mourir ? En vérité, il lui faut écrire alors il écrit .

Orlando c'est la nuit qui s'éclaire , c'est les flammes d'un esprit qui illumine un monde.

Orlando c'est la liberté. La joie, l'innocence du génie, la folie.
La beauté, l'intelligence aussi .

Cet extrême sentiment qui nous est donné de vivre.
«  car le philosophe a raison de dire qu'il ne faut rien de plus épais que la lame d'un couteau pour séparer le bonheur de la mélancolie. »
Tellement fort que tout « après » semble déjà vouer à une poussière misérable.
Tellement fort que le temps ne signifie plus, que la raison transperce le coeur et l'âme, tellement fort que l'espace et le temps illuminent tout le Royaume.


L'écriture de Virginia Woolf touche au génie. sa plume se fait tour à tour fleuret, scalpel , caresse, souffle ou vol d'oiseau.
Elle nous conte, elle nous confie, elle nous interroge. Elle nous secoue, nous transporte. Nous chahute.

Trois cent ans passent si vite en son extrême compagnie.

« Le doigt de la mort doit nous toucher pour rendre supportable le chaos de la vie…. »
Et si la mort ne nous atteint pas…. ? Et si nous vivons encore, toujours, si fort, tellement…
Vivre toutes les formes, extrêmement.

Doit on marcher sur les bords de la Serpentine pour garder le reflet d'un visage ?.. Comment oublier la nuit ? Comment rêver ? Comment ne jamais s'éveiller ?
Orlando est liberté. Fragile parfois, invulnérable, parce qu'elle est ce qu'il vit, et elle vit ce qu'il est. Il ne dort pas, elle vit.
« La société est est tout et elle n'est rien . C'est la concoction la plus puissante du monde et la société n'a pas la moindre réalité. Seuls les poètes et les romanciers peuvent traiter avec de tels monstres ».

Et c'est un bonheur que de lire le sort qu'a réservé Virginia Woolf à ces monstres.

Avec art, avec humour, avec lucidité, avec force, avec fantaisie, avec poésie, avec courage , avec génie.

« Pudeur, Pureté et chasteté » pourront toujours tenter de faire taire les trompettes de la vérité...
Elles peuvent toujours s'écrier :
«  Les temps ont changé : les hommes ne veulent plus de nous et les femmes nous détestent. Nous partons, nous partons. ! »
« Moi ( c'est pureté qui parle) pour le perchoir du poulailler, moi ( c'est chasteté) pour les hauteurs encore inviolées du Surey ; moi ( c'est Pudeur) pour n'importe quel recoin aimable, bien pourvu en lierre et en rideaux.
Car c'est là-bas et non pas ici (toutes parlent ensemble, en se prenant la main et en faisant des gestes d'adieu désespérés en direction du lit où gît Orlando endormi) que résident encore, aux fonds des nids et des boudoirs, les bureaux et les tribunaux, ceux qui nous aiment encore, ceux qui nous honorent : vierges et hommes d'affaires, hommes de loi et docteurs, ceux qui interdisent et qui réfutent ; ceux qui vénèrent sans savoir pourquoi et ceux qui approuvent sans comprendre ; la tribu encore nombreuse ( le ciel soit loué) des gens respectables. Qui préfèrent ne pas voir, qui désirent ne pas savoir, qui aiment l'obscurité et nous adorent encore, non sans raison : car c'est nous qui leur
avons donné Richesse, Prospérité, Confort.Vers eux nous allons, et nous vous laissons.Venez mes soeurs, venez ! Ce lieu n'est pas pour nous. »
 
« Elles se retirent en grande hâte, rabattant leurs draperies sur leur tête, comme pour se préserver de quelque chose qu'elles n'osent pas regarder, et elles referment la porte après elles.
Nous restons donc entièrement seuls dans la pièce avec Orlando endormi, et les trompettes.
Celles ci se rangent cote à cote en bon ordre, et d'un seul souffle décuplé, elles exigent :
« La Vérité ! »
Et là dessus Orlando s'éveille
Il s'étire, il se lève.Il apparaît totalement nu à nos yeux et tandis que les trompettes clament «  la Vérité ! » « La Vérité ! » force nous est de l'avouer : il est devenu femme. »

Oui les vieilles rombières Pudeur, pureté et Chasteté pourront toujours s'écrier...
Virginia elle nous écrira toujours.




Astrid Shriqui Garain
Lien : https://dutremblementdesarch..
Commenter  J’apprécie          230
j'ai lu Orlando il y a très longtemps mais je n'oublierais jamais ces moments de lecture : au premier tiers du livre, j'ai refermé le livre, l'ai rouvert, suis revenue en arrière nerveusement pour relire certaines phrases ......... j'étais complètement perdue ! quand j'ai compris ce qui se passait j'étais sidérée .... jamais un livre ne m'a fait cet effet là !!! si vous avez envie qu'on vous surprenne, qu'on vous secoue, qu'on vous fasse tourbillonner, si vous avez envie de vous perdre,de vous abandonner dans l'univers d'un auteur, de sentir le vin couler doucement mais surement dans vos veines, d'être à la merci d'un auteur, lisez ce livre.
Commenter  J’apprécie          170
Orlando” de Virginia Woolf est un roman surprenant. L'intrigue débute au XVIème siècle. Orlando est alors un adolescent, aristocrate qui bénéficie des largesses de la reine Elizabeth. “Car le vieille femme aimait Orlando, et la Reine qui savait reconnaître un homme quand elle en voyait un (…) rêva pour lui d'une splendide carrière. Elle lui donna des terres, elle le dota de maisons.” Lors du grand gel qui s'abattit sur l'Angleterre durant le règne de Jacques Ier, Orlando tomba éperdument amoureux d'une princesse russe : Sacha. Celle-ci trahit Orlando qui, éperdu de douleur, décide de fuir la gente féminine. C'est pour cette raison que, deux siècles plus tard, Orlando demande au roi Charles de le nommer ambassadeur à Constantinople. C'est dans cette ville qu'Orlando se réveille en femme après une longue léthargie. Elle retourne alors en Angleterre au moment où s'éveille le XIXème siècle : “Tandis que frappaient les 9ème, 10ème et 11ème coups, une ombre énorme croula et couvrit Londres. Et quand le 12ème coup de minuit sonna, la nuit était complète. Un noir déluge tumultueux avait noyé la ville. Tout n'était que ténèbres, que doute, que chaos. le XVIIIème siècle avait vécu, le XIXème venait de naître.” Orlando commence alors à apprivoiser sa nouvelle identité.

Comme mon résumé vous l'aura montré, “Orlando” est une fable, un conte où le personnage traverse les époques et se métamorphose. le personnage reste néanmoins le même, Orlando reste passionné(e) par la nature et la littérature. Depuis son plus jeune âge, le personnage admire les écrivains et rêve d'en devenir un. Ce personnage ambigu sexuellement et qui deviendra une femme de lettres, permet à Virginia Woolf de rendre hommage à sa très chère amie Vita Sackville-West. Certains éléments de sa biographie sont reconnaissables : la reine Elizabeth avait donné le château de Knole aux Sackville-West au XVIème siècle, l'amour d'Orlando pour Sacha évoque l'histoire de Vita et de son amie d'enfance Violet Trefusis, Orlando est ambassadeur à Constantinople tout comme le mari de Vita. Ouvertement bisexuelle, Vita put, comme Orlando, profiter des avantages des deux sexes : “(…) il est certain qu'elle récolta ainsi double moisson ; les plaisirs de la vie furent accrus pour elle, et ses expériences multipliées. Elle échangeait contre la rigueur des pantalons la séduction des jupons, et connaissait la joie d'être aimée des deux sexes également.” La liberté de Vita fascinait Virginia Woolf. “Orlando” lui permet d'expérimenter la multiplication des identités, des réalités et des possibilités. Néanmoins cette allégorie des différents “moi” se teinte de mélancolie, le “moi” profond d'Orlando reste insaisissable.

Durant tout le roman, Orlando est traversé(e) de moments mélancoliques. le personnage pense souvent à la brièveté de la vie, il est méditatif, replié sur soi. Même la littérature qu'il vénère n'est pas une source de plaisir. Orlando est en mal de littérature, en mal d'écrire. le roman se conclut sur un ton totalement mélancolique. On est alors en 1928 et le monde a beaucoup changé. Orlando vit toujours dans le même château où rien n'a été modifié. Mais les objets semblent lui échapper, elle se sent repoussée par les pièces du château. Tout se rattache au passé, les souvenirs affleurent sans cesse, Orlando ne vit plus dans le temps présent. Cette part du personnage est très proche du caractère de Virginia Woolf qui a mis en valeur dans son oeuvre l'éphémère de nos sensations, de nos vies.

Orlando” parle donc des sujets de prédilection de Virginia Woolf : la brièveté de nos vies, la difficulté de créer et le questionnement sur l'identité. “(…)la plus longue lettre d'amour de l'histoire“, comme le fils de Vita définissait “Orlando”, est un roman certes complexe mais il est surtout d'une poésie folle.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
Commenter  J’apprécie          170
Un merveilleux récit impossible à résumer. Même si le sujet: un homme qui traverse les siècles et se transforme en femme, peut paraitre rocambolesque, déjanté, ce n'est pas là le plus important. le plus important, c'est l'art et la manière : à savoir comment le récit se déroule sous le regard amusé de Virginia face à la société de son temps, et le ton, tour à tour ironique, mordant, lyrique et poétique. Elle reste toujours empathique, laissant parfois deviner la part autobiographique de son récit tout en restant à distance. Même l'acte d'écrire et le romancier sont mis dans le creuset et elle joue avec son lecteur. À aucun moment on ne s'ennuie et je sais déjà que je prendrais un plaisir rare à le relire, ce qui caractérise les chefs-d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          140
J'ai découvert Virginia Woolf en lisant Les Vagues, l'année dernière. Cette lecture a été un bouleversement… Je suis littéralement tombée amoureuse de sa façon d'écrire et de voir le monde ! J'ai donc depuis entrepris de lire toutes ses oeuvres et Orlando a été une de mes lectures de cet été.

Orlando, c'est l'histoire d'un personnage qui, en plus de vivre 300 ans, naît homme et meurt femme. Mais ne vous y méprenez pas, il n'est absolument pas question de fantastique ! Si Orlando vit 300 ans… C'est simplement parce que sa vie devait durer 300 ans. Si Orlando devient femme, c'est simplement parce qu'elle se réveille un jour femme, après avoir été homme. Et nous n'avons besoin d'aucune explication. Ce personnage hors du commun — transposition fantasmée de Vita Sackville-West, poétesse et amante de Virginia — traverse les siècles comme s'ils étaient des années, à la recherche du Temps, sûrement, et des mots qui feront de lui/elle un-e poète-sse reconnu-e.

Je savais déjà que Virginia Woolf était une écrivaine merveilleuse, mais j'ai encore une fois été subjuguée par la beauté de son écriture, par son génie, et son humour — qui transparait énormément dans Orlando, bien que le personnage soit habité des douloureuses obsessions qui sont les siennes. Lorsque Orlando devient une femme, c'est l'occasion pour elle de faire s'interroger son personnage sur ses anciens privilèges en tant qu'homme et de réfléchir à sa place de femme dans la société. Mais le fait qu'Orlando vive 300 ans lui permet également de dresser un portrait aussi drôle qu'intelligent de l'Angleterre victorienne à celle des années 1920 ! J'ai particulièrement apprécié les lignes magnifiques qui relatent le passage du XVIII au XIXème siècle...

Si vous n'avez jamais lu Virginia Woolf, je vous conseille donc vraiment de vous procurer ce roman qui est — à mon avis — un bon reflet de l'écriture et de l'univers de cette écrivaine de génie, à la pensée indubitablement en avance sur son temps. Dans tous les cas, il ne fait aucun doute pour moi qu'Orlando est un chef-d'oeuvre que je relirai avec plaisir !
Commenter  J’apprécie          92
Mon premier Virginia Woolf et un pur bonheur à lire !
J'ai particulièrement apprécié les "dialogues" entre le biographe d'Orlando et le lecteur. Humour anglais !
Un livre sur le temps qui passe (trois siècles quand même !), le sens de la vie, l'évolution spirituelle d'Orlando et les rapports homme/femme.
Je m'en vais continuer l'exploration des oeuvres de cette auteure !
Commenter  J’apprécie          50
Je ne sais pas pourquoi, j'avais une dent contre Virginia Woolf alors que je n'avais rien lu d'elle!!!! une sombre histoire de critique de l'Ulysse de Joyce que j'avais entendu quelque part ( Blasphème!!) et un toute petite pointe d'un petit fond de jalousie à chaque fois qu'il est question d'écrivaine ( ben quoi?). Jusqu'à Tild Swinton. Cette bonne femme ne se trompe pas dans ces choix, un vrai guide de la beauté et du génie à découvrir. je prends donc et je rougis de honte devant ma bassesse. Si toutes les oeuvres de Virgniia Woolf ressemblent à Orlando, alors je suis (ou étais...ça suffit l'autoflagellation) une sombre idiote. Orlando est l'histoire....ou plutôt ce sont les histoires...d'Orlando, jeune aristocrate rêveur et poète de l'ère Élisabéthaine, qui ne pense qu'à l'art et à l'écriture qui, pris sous l'aile de la reine, devient Lord comblé d'honneur, tombe fou amoureux, subit une déception amoureuse, s'éxile volontairement à Constantinople où il est ambassadeur nourrissant tous les fantasmes, avant de fuir subitement après être devenu une femme....vit dans une tribu de bohémiens, jusqu'à ce que son amour des mots le (ou la ...pardon) ramène dans son Angleterre natale. Elle reprend en main son domaine, s'essaie à l'écriture, devient mécène, rencontre l'homme de sa vie qui doit s'en aller tout de suite ( mais c'est pas grave, lui aussi est libre et rêveur), et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on arrive aux années 1920....et Orlando a toujours 30 ans, rêve toujours de nature et d'écriture, trimbale toujours avec elle/lui son manuscrit. C'est plein d'humour, plein de joie, c'est pétillant, frétillant, foisonnant, riche, on en perd son souffle et il est impossible de lâcher le livre. Et savoir que Tilda Swinton incarne Orlando? Bonheur suprême.
Commenter  J’apprécie          51




Lecteurs (1658) Voir plus



Quiz Voir plus

Virginia Woolf

Virginia Woolf a grandi dans une famille que nous qualifierions de :

classique
monoparentale
recomposée

10 questions
195 lecteurs ont répondu
Thème : Virginia WoolfCréer un quiz sur ce livre

{* *}