AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 873 notes
5
35 avis
4
24 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
0 avis
Récit troublant et terrible que l'éveil à la réalité de la ségrégation vécue par Richard Wright enfant, dans les années 20 du Sud raciste des Etats-Unis.
Borné intellectuellement et socialement par une famille bigote aux vues étroites, le petit Richard admet la pauvreté et la faim, comprend l'expression brutale de l'autorité du père, mais ne peut accepter celle du Blanc : « J'avais commencé trop tard à affronter le monde blanc. Il m'était impossible de faire de la servilité une partie machinale de mon comportement. »
Ce témoignage autobiographique est poignant et exceptionnel dans ce qu'il nous raconte, de manière à la fois violente et nuancée, de la peur et l'impuissance face à l'arbitraire et au pouvoir du plus fort, de la résignation de ses frères Noirs, de l'apprentissage de la soumission feinte, mais aussi de la puissance du livre comme arme de rébellion massive.
Commenter  J’apprécie          851
Black Boy est l'autobiographie de Richard Wright, romancier noir américain né en 1908 dans le Sud des États-Unis. le livre est lourd, direct et assez bouleversant tant l'enfance et la vie de jeune homme de l'auteur ont été dures.Il nous permet d'entrevoir ce qu'était la vie d'un "moricaud" en pleine période de ségrégation, de la terreur du Ku Klux Klan et du racisme ordinaire. C'est un roman sublime sur le refus de la soumission, la vie avec la peur au ventre et la honte. Il nous montre aussi l'incroyable volonté d'un homme qui combat contre la faim, l'ignorance, les préjugés (y compris de sa famille), l'injustice.C'est un livre qui nous pousse à refuser un système injuste, quitte à le fuir, plutôt que le combattre quand le combat est de toute façon perdu d'avance. Un livre qui pousse aussi à lire, parce que la littérature est une forme de liberté accessible à tous
Commenter  J’apprécie          730
L'enfance et l'adolescence - dans les années 1910-20 - d'un "moricaud", d'un gamin "nègre" dans le sud des États Unis, le Mississipi....Deux mots terribles qui traduisent tout le racisme, toute la violence de la population de cet État des États-Unis à l'égard des hommes de couleur, deux mots que lecteur retrouvera à chaque page, à tous les âges de ce gamin devenu auteur.
Un racisme faisant partie de la vie.
Un gamin élevé avec son frère par sa mère, le père avait déserté le foyer. Une mère qui les ballota, elle ne pouvait pas faire autrement, de logement sordide en logement sordide, qui les plaça chacun de leur coté chez des tantes, chez la grand-mère. Une mère malade paralysée que le gamin cherchera à soulager
Alors d'autres mots, d'autres violences aussi aussi terribles collent à l'enfance de ce gamin confronté à la faim qui l'obligea très tôt à exercer toutes sortes de petits boulots, à coté de l'école. A six ans il était alcoolique : en buvant dans les bars et en chantant, il faisait rire les consommateurs qui lui payaient à boire. Un gamin qui trouvait son plaisir à l'école, malgré sa violence, une école qu'il fréquenta très irrégulièrement, il ne fit pas pendant des années une année scolaire complète,. Malgré tout il appris à lire presque seul. Un gamin confronté à la religion, que ses oncles et tantes tentèrent de lui faire entrer de force dans le coeur, en le frappant, en le punissant, en le privant. Un nègre confronté comme tous les autres à la mort, la "mort blanche" qui pouvait surgir quand on regardait de travers un Blanc, aux coups si on oubliait de lui dire "Monsieur". Mais aussi un racisme des noirs à l'égard des Juifs.
Une violence "normale" au quotidien.
Des privations, des coups, des menaces, un danger qui construisirent la personnalité de l'auteur, un auteur qui chercha à comprendre cette ségrégation, qui cherche à nous la faire partager, à nous la faire vivre. Un déterminisme contre lequel il se battra, qu'il tentera de surmonter en quittant le Sud, accompagné de sa mère et de son frère pour chercher sa vie au Nord, là ou les nègres devenaient des Noirs.
L'amour sauva le gamin, et anima toute sa vie, l'amour pour son frère et pour sa mère, l'amour pour les livres, pour la liberté, pour les Droits de l'Homme, qu'il découvrit par hasard, dans les bibliothèques à la lecture du nom d'un auteur et de ses oeuvres, un auteur presque tombé dans l'oubli de nos jours, Henry-Louis Mencken.
Roman culte qui permet de mieux connaitre une époque, un pays, roman sombre, mais pas larmoyant, roman surtout sur la combativité, l'espoir, la construction d'une personnalité qui fit de Richard Wright un auteur américain. Une personnalité qui se forgea aussi grâce aux livres et à la littérature : "J'avais soif de livres, de nouvelles façons de voir et de concevoir. L'important n'était pas de croire ou de ne pas croire à mes lectures, mais de ressentir du neuf, d'être affecté par quelque chose qui transformât l'aspect du monde. [....] "Je savais maintenant ce que représentait le fait d'être nègre. J'étais capable de supporter la faim. J'avais appris à vivre dans la haine. Mais de sentir que certains sentiments m'étaient refusés, que l'essence même de la vie était inaccessible, cela me faisait mal, me blessant par dessus tout. Une faim nouvelle était née en moi."
Un classique indispensable

Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          550
"A regarder manger les Blancs, mon estomac vide se contractait, et une colère sourde montait en moi. Pourquoi ne pouvais-je manger quand j'avais faim ? Pourquoi faut-il toujours que j'attende jusqu'à ce que les autres aient fini ? Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi certaines personnes avaient assez à manger et d'autres pas" (page 40).

Très beau roman, offert par Cyrille à l'occasion d'un week-end niçois, et lu il y a déjà un moment, mais non encore "chroniqué" pour cause de déménagement suivi d'accouchement. Pourtant, le bouquin vaut vraiment le détour.

Richard Wright y fait le récit bouleversant de son enfance dans le Mississipi ségrégationniste du début du 20e. le quotidien des Noirs du Sud est fait d'un entremêlement d'humiliations minuscules mais constantes. Les relations entre Noirs et Blancs sont d'une brutalité difficilement imaginable, qu'il s'agisse des échanges verbaux ordinaires, des insultes, des accrochages. La violence crue des lynchages répétés inscrit les individus dans une peur permanente.

Le jeune Richard, au départ, ne se pose pas de questions sur cette situation. Mais en grandissant, il prend progressivement conscience de l'aspect politique et de l'injustice profonde de ce qui est alors véritablement institué en système, un système que seul l'engagement de certains va commencer à ébranler (le roman est écrit en 1945).

Récit autobiographique, critique sociale et, plus encore, travail éblouissant sur la construction de soi. Ce que j'appellerais un roman "avant / après"

"Le rêve que j'échafaudais, tout le système d'éducation du Sud avait pour mission de l'étouffer. L'Etat du Mississippi avait dépensé des millions de dollars pour s'assurer que je n'éprouverais jamais les sentiments que j'étais précisément en train d'éprouver ; je commençais à ressentir ce que les lois de ségrégation des Nègres devaient empêcher de laisser parvenir à ma conscience" (page 288)
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          550
Lu il y a quelques 25 ans auparavant, je me suis replongée dans l'enfance de Richard Wright suite à la demande de mon fils ado qui cherchait un roman traitant de la ségrégation aux Etats-Unis. J'avais déjà très apprécié cette autobiographie à l'époque, et l'intérêt et le plaisir de lecture étaient à nouveau au rendez-vous. On y rencontre un petit garçon, puis jeune garçon, jeune homme très attachant, avec une personnalité déjà très marquée, une capacité à percevoir les autres, un don de l'observation de la nature humaine, des groupes, hors du commun. L'écriture est vraiment intéressante, fluide et élégante, touchante, heurtante quand le sujet le nécessite. le fond est aussi passionnant, on y découvre, par les yeux de ce petit garçon très éveillé et curieux le vécu de la population afro-américaine dans le sud des Etats-Unis dans les années 20. Les humiliations constantes, la violence, l'absence de perspective d'avenir, la pauvreté,... Une excellente leçon de vie, toujours d'actualité, un hymne à la bienveillance humaine, aux respects des valeurs familiales, morales, malgré un environnement difficile et décourageant, et l'illumination de l'instruction, la culture, l'envie d'apprendre, force irréductible et salvatrice, qui entrouve la porte de la résilence.
A mettre entre toutes les mains dès 13 ans, prétexte d'une discussion sur le racisme et les discriminations raciales/culturelles/religieuses.
Commenter  J’apprécie          464
La vie et l'expérience en tant que Noir aux Etats-Unis de Richard Wright, né en 1908, rencontre malheureusement de nombreux échos dans la société actuelle... Que de violence, autant physique que psychologique dans ce récit très dur!
Entre Arkansas et Mississippi, Richard, enfant, s'éveille peu à peu à la conscience d'être Noir dans un pays dominé par les Blancs et apprend, en voyant les lynchages qui se succèdent autour de lui que sa couleur de peau le renvoie à une sous-humanité: Richard est un sous-homme. Et un sous-homme doit baisser les yeux devant un Blanc, doit l'appeler Monsieur s'il ne veut pas risquer d'être battu à mort, et dépend entièrement du bon vouloir du Blanc pour lequel il travaille ou tout simplement qu'il rencontre dans la rue. On est au début du XXième siècle, l'esclavage a été aboli, et les Blancs ne s'en remettent pas. le Klu Klux Klan rôde.
A travers ce récit, Richard Wright s'interroge sur le profond impact psychologique qu'a eu sur son peuple ces siècles d'esclavage et d'oppression. Né dans une famille pauvre et très croyante, il est sans cesse brimé et battu par ses semblables, aveuglés par la terreur d'être rejetés par Dieu mais peut-être, aussi, incapables de compassion, d'amour filial: la plupart n'a pas de racines, séparés de leurs parents ou enfants au gré des ventes d'esclaves, les femmes violées et engrossées par leurs maîtres.
Par cette histoire personnelle, c'est un pan tragique de l'Histoire qui se dessine mais les violences subies, leur arbitraire, cette relation intriquée entre Blancs et Noirs dans ces états sudistes, tout cela nous ramène à aujourd'hui et montre quel énorme travail de réparation il reste à effectuer.

je ne m'attendais pas à un roman si dur, si violent et encore une fois je n'en reviens pas qu'il puisse exister de telles enfances vécues dans la terreur des coups et des insultes, malheureusement. Mais ne dit-on pas que ce sont ces enfants qui seront le plus aptes à affronter les coups durs plus tard? A voir...
Commenter  J’apprécie          350
Je l'ai lu bien jeune et ne sais plus comment entamer cette critique. Pourquoi, alors, présenter une critique, me direz-vous? Parce que je me souviens que ce fut un grand moment de lecture, durant lequel ma conscience d'adolescente se mit en éveil, durant lequel je compris l'absurdité de l'ostracisme. Plus tard, bien plus tard, j'ai croisé des oeuvres littérairement parlant plus difficiles, comme "Homme Invisible, pour qui chantes-tu?" de Ralph Ellison. Et là ce fut le prolongement de l'indignation. Des livres qui font de nous des humains!
Commenter  J’apprécie          330
Richard Wright nous raconte ici son enfance dans le Sud, quelques années seulement après la guerre de Sécession. L'auteur étant noir, on pouvait s'attendre à une violente critique des blancs (tout à fait justifiée par ailleurs). Or, ce n'est pas tout à fait le cas.

Si Richard Wright décrit certaines scènes écoeurantes, certains événements violents, il nous laisse cependant en déduire ce que l'on veut. On ne peut d'ailleurs qu'être envahi par un profond sentiment d'injustice et de dégoût....
Mais cela ne l'empêche nullement d'être dur à l'endroit des noirs également. Et c'est son tour de force : tout le monde est égal, même dans l'infamie.

L'auteur a eu une enfance vraiment difficile. Sa famille était très dure avec lui, y compris sa mère. Il a bien souvent été fouetté. Mais le plus dur pour lui n'était pas tant la violence physique (qui était somme toute une réponse à ses bêtises) que la violence morale dont il a été la victime. Sa famille, religieuse à l'extrême, ne l'a jamais vraiment compris et a toujours tenté de tuer dans l'oeuf cet esprit rebelle et libre. S'ajoutait à cela la faim, toujours présente mais bien-sûr aussi la peur des Blancs.

C'est un livre vraiment passionnant qui dépeint avec une grande justesse et une grande sincérité la vie dans le Sud au début du XXème siècle.
Commenter  J’apprécie          302
Richard Wright retrace sa "jeunesse noire" dans cette auto-biographie sans concession. On se situe au début du XXeme dans le Sud de l'Amérique, donc ségrégationniste.
Richard Wright fut un des précurseurs dans la littérature "noire", et notamment parce qu'il met en exergue, en plus du raciste des blancs, la soumission extrême des noirs.

Je lis peu de livres traitant de l'esclavage, la ségrégation, les colonies parce que je suis envahie par un sentiment de mal aise, de dégoût. J'ai toujours du mal à me faire à l'idée que des hommes ont pu traiter d'autres hommes pire que des animaux. Donc, pour vous dire que cette lecture est bien sûr difficile.

On ressent la faim, les coups, les humiliations, les injustices, les incompréhensions. Quel est son tort à ce jeune garçon ? D'être né noir certes, mais pire que cela de vouloir comprendre alors il questionne : Pourquoi cette soumission des noirs ? Pourquoi ce racisme, cette haine des blancs ? Pourquoi cette injustice sociale, économique et culturelle ?
Alors il écrit ! Alors il raconte !
On crève de faim avec lui, on crève de peur avec lui, on crève d'espérance et d'incompréhension avec lui mais on se nourrit de cette soif de culture, de cet amour de la littérature , de cette logique d'esprit (qui est plutôt avant-gardiste).

Les dernières pages sont magnifiques ! Touchantes, percutantes !
Commenter  J’apprécie          292
Richard Wright retrace son parcours de vie de Noir dans une Amérique, (particulièrement au Sud) encore sous le joug "légal" de la ségrégation raciale. On suit avec dépit son enfance dans une famille éclatée et un contexte extérieur oppressant. Ainsi, il prendra progressivement conscience des multiples formes de discrimination envers ses contemporains, tout en nourrissant son désir d'émancipation, en pensée et par action.
Au delà de la condition des Noirs, Black boy servi par une écriture généreuse et précise est un document poignant sur la nécessité de se maintenir, d'imaginer une autre vie que celle que la triste réalité nous impose.


Commenter  J’apprécie          240




Lecteurs (2708) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1686 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}